14.Scène de crime
Anubis, pendant ce temps, est arrivé dans les quartiers de Hache-Kaa-Thée. Il n’est pas le seul : l’assistant du médecin-chef et des infirmiers sont là, pendant que deux gardes empêchent les collègues de saccager la scène de crime. Esméralda avait raison de sonner le ban et l’arrière-ban des spécialistes. Du sang a été étalé, des traces de mains énormes ont maculé les murs et « le comptoir » en bois qu’il utilise quand il se fait réchauffer un truc en dehors des repas au mess. L’odeur de viande avariée empeste le studio du bibliothécaire.
C’est assez déconcertant pour le dieu qui en général ne voit que des morts, enfin, je veux dire que des âmes. Là, il est confronté à un mort, mais pas mort ! Hache-Kaa-Thée respire. Difficilement mais il est vivant. Pour combien de temps ? Il est à présent prêt à être transporté sur un brancard sur coussin d’air par les infirmiers. Les échantillons de sang sont rangés dans un caisson aéroporté et sont poussés. Tous sortent.
Anubis se gratte le crâne dubitatif. C’est vraiment étrange. Esméralda devançant ses questions lui explique qu’il ne manque personne. Ils sont tous vivants. Certains bio signes sont assez swinguants mais pour les autres, tout est normal. Il n’est pas encore l’heure de se lever, sauf ceux dont c’est le quart.
Curieux, il se précipite vers le petit réfrigérateur cubique. Il l’ouvre et trouve des sachets de viande sous vide. L’un d’eux est éventré ! Il remarque une trace de dents ! Il s’affole : ce qui a mordu dedans ne fait pas partie du vaisseau. Il est formel. Il a fouiné dans les dossiers du personnel pour savoir s’il aurait des problèmes avec d’éventuels incroyants.
Décidément leur voyage inaugural, après la Fête du Nom s’annonce vraiment très pourri ! Et pire encore ! À son retour, il cassera la figure à Fatum ! Ce dieu du Destin, quel casse-pied ! Il plonge toujours les Mortels dans les pires embrouilles et cette fois, lui Anubis, est enfoncé dedans jusqu’aux oreilles ! Et il rossera quelques déesses grecques pour se divertir ! La petite Athéna, avec ses armes, sous prétexte qu’elle est sortie de la cuisse de Zeus, se croit tout permis ! Il coursera quelques Paons sacrés ! Leur maîtresse se pavane aux bras de Zeus, toujours lui ! En attendant, il ne sait pas quoi faire. Et ces marques ! Personne ne les a trouvées étranges…
Il se promène dans les couloirs, humant, flairant une drôle d’odeur. Mais rien de précis. Une sensation, peut-être. Ses pas le conduisent dans les quartiers de Sébeknefer. Il ouvre la porte. Elle dort, en travers du lit, avec ses vêtements du jour. Qu’elle est négligée ! D’un claquement de doigts il la met en pyjama. Un uniforme de nuit réglementaire. Pas de fantaisie alors que d’autres… Il s’assoit dans le fauteuil à bascule, celui de Florimond Béocène, un ancien amour… on y est bien. Le balancement régulier l’aide à réfléchir.
Il sombre dans un état de veille avancée, et son esprit vagabonde. Il observe, détaché, le vaisseau peu à peu se réveiller. Certains vont aller assurer la relève de ceux qui iront prendre un repos bien mérité. Il ne remarque plus rien d’anormal. Officiellement, le jour se lève… Les lampes des couloirs passent en mode diurne, comme sur une planète. Il trouve ce phénomène fascinant ; il n’avait jamais fait attention à ça, sur l’Olympe. Il faudra s’y pencher et questionner Esméralda. Elle doit savoir plein de trucs en rapport avec cela.
Sébeknefer ronfle toujours. Il décide de contacter un vaisseau en utilisant sa console de communications personnelle. Hermès, le dieu des facteurs lui a montré comment faire. Il sort son carnet d’anti sèches pour retrouver le mode d’emploi. Après plusieurs essais infructueux, il finit par réussir accrocher celui qu’il veut.
- Olympus Mons, vous m’entendez, c’est Anubis. Je suis sur place. Il se passe des choses inquiétantes. On a commencé par donner un nom au vaisseau ; le Capitaine Santander est mort. Sébeknefer et ses officiers sont hors de combat, ivres morts. Et un truc louche se balade dans mon navire. On fait quoi ?
- Anubis, c’est Sekhmet ! Tout va bien. On vous suit à la trace. Tu n’as rien à craindre pour eux. On va récupérer ton Jeannot. Tu devrais le dire à Sébeknefer. Elle a le droit de savoir que son petit frère a été enlevé par des Pirates et qu’aucune rançon n’a été demandée, à ce jour.
- Anubis, c’est Hermès ! Bonjour, Sacré Toutou ! Pour le monstre, Fatum est inquiet : il reconnaît ne pas l’avoir prédit. Il n’a pas de parade. Cependant, il pense que vous trouverez les réponses. Ce truc ne doit pas sortir… Vous réglez ce problème en interne.
- Anubis, la première chose à faire, coupe Mars, c’est de déterminer la nature de cette créature. Tu sais ce que c’est, tu peux l’éliminer. Il faudra sans doute que ce soit toi. Ne laisse pas nos petites vermines s’approcher. Un grain de sable imprévu n’est bon pour personne. Surtout pour des Mortels.
- Embrasse ta fille pour moi, Vieux Grigou, murmure le Piaf Sacré.
Anubis voit rouge en l’entendant ! Il est toujours là où personne ne l’attend ! C’est insupportable. Il faudra qu’ils aient une petite explication. Il devrait, cette fois-ci lui mettre la pâtée, pour remettre les compteurs à zéro.
Il sait qu’il doit donc trouver une solution. Sébeknefer bouge dans son sommeil. Son doudou tombe sur le tapis aimanté par le sol… Il regarde la pendule analogique projetée sur le mur, seule source de lumière dans les quartiers de sa fille. 10 h 30. Elle a assez dormi. Il est temps pour elle d’affronter la réalité et de lui fournir les conseils. Il appuie sur le bouton qui génère la lumière du jour.
Un violent rayon de soleil illumine la pièce. Sébeknefer se redresse brutalement.
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