Talons hauts et punaise
C'est au son des oiseaux que j'attends mon bus, entre le PMU et la mairie. Au milieu piaillent les sixièmes.
Léo a piqué sa carte de cantine à Anna et ils se courent après en criant. Mon casque peine à me faire oublier ces idiots, malgré un Métallica à fond de balle.
Julie arrive avec ses nouveaux escarpins, faisant crier ses copines, au moment où mon casque décide de rendre l'âme.
Merde, j'ai oublié de le charger hier soir. À la place j'écoute Théo, quatorze ans, parler du match de rugby de samedi, qu'à a troisième mi-temps ça va y aller fort. Carla lui a promis une bonne pipe s'ils remportent le match.
Heureusement pour ma santé mentale, le bus arrive enfin.
Les segpa se précipitent sur les places du premier rang avec un enthousiasme qui ferait pâlir de jalousie les pauvres professeurs qui doivent s'occuper d'eux.
Je galère à me faufiler entre les places assises pour finir par m'avachir dans l'une d'entre elles.
Au croisement d'un village et de deux champs de maïs un cri strident perce le brouhaha du bus.
- Une punaise !
Ça y est, c'est l'enfer. Ça se la balance d'un bout-à l'autre du bus, avant qu'un courageux élève aux biceps saillants écrase vulgairement la pauvre bestiole.
Désolé ma grande, dans ce monde, les beaux ont le droit de vie et de mort sur les moches
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