Respectons l'environnement
"Respectons l'environnement". C'est écrit, comme un ordre ou peut-être une prière (ou une publicité ?) dans une belle police incurvée qui cherche à ressembler à une écriture manuelle.
Hélas, bien vite la réalité s'impose à Elise. Ce n'est pas une écriture manuelle. C'est imprimé, sans doute une impression laser, sur un autocollant de la poste, un de ces autocollants qui ont remplacé les timbres, et sont distribués dans les bureaux de poste en sous-effectifs par des automates branchés sur le secteur 24 heures sur 24. Avec, en petit, à côté du QR code qui a remplacé la valeur du timbre, la mention "lettre verte". Verte ? Combien a-t-il fallu de ressources et de pollution pour construire un tel automate au lieu d'embaucher un être humain ? Quelle est la toxicité de l'encre utilisée ? Quelle est celle de la colle de ces vignettes autocollantes qui ne nécessitent pas le coup de langue que nous avions autrefois l'habitude de donner au dos des simples timbres à la gomme inoffensive ? Qu'est devenue la feuille de plastique sur laquelle cette vignette était collée ? Quelle est la consommation électrique de cet automate ?
Hélas, ce n'est pas le pire. Cette vignette n'est pas collée sur une bête enveloppe en papier kraft, ni même sur un colis en carton, elle trône en haut et à droite d'une enveloppe en plastique. Oui, en plastique. Noire à l'intérieur, blanche à l'extérieur, et suffisamment solide et bien fermée pour qu'on soit obligé d'utiliser des ciseaux pour l'ouvrir, ce qui rend la réutilisation illusoire. Peut-on vraiment respecter l'environnement avec une enveloppe en plastique, alors qu'un continent de plastique, ou plutôt plusieurs continents de plastique sont en train de se former dans nos océans, et que des particules de micro-plastique se retrouvent partout dans notre environnement, notre nourriture, l'eau, l'air, le sol ?
C'est d'autant plus dommage que cette enveloppe en plastique vient d'un magasin censé promouvoir la maison zéro déchet... en terme de détritus pourtant, Elise vient pour sa part de multiplier par 10 sa poubelle du mois juste avec cette enveloppe. Elle avait pourtant l'air sympathique cette petite boutique familiale bio en ligne implantée dans une petite ville du jura et proposant des produits zéro déchets...
D'ailleurs l'option zéro déchets, c'est justement ce qui avait poussé Elise à choisir cette boutique plutôt qu'une autre pour acheter de nouveaux masques. Elle cherchait plus précisément des masques bio sans emballage plastique... et cela semblait difficile à trouver ailleurs que sur la toile... Dans son magasin bio préféré, pourtant bien avancé dans les produits en vrac, elle n'avait pu trouver que des masques non bio, ce qui l'avait bien étonnée... plus exactement deux masques dans un grand sachet plastique. Elle avait par contre trouvé à la petite mercerie du centre ville un masque fait main, et sans emballage... mais pas bio non plus.
Elie avait donc commandé 3 masques fait main, avec des chutes de tissus bio, par ce sympathique propriétaire d'une boutique familiale du jura, masques qu'elle venait hélas de recevoir dans une enveloppe plastique digne d'un film d'horreur environnementale. Au final, la voici maintenant l'heureuse propriétaire de 6 masques, dont 3 seulement en tissus bio, un grand sachet plastique, et une enveloppe en plastique bien solide avec une étiquette autocollante de la poste portant la mention "Respectons l'environnement". Sic transit gloria mundi.
Post Scriptum :
Pour finir sur une note optimiste, précisons qu'Elise sait maintenant comment obtenir des masques en tissus bio tout en évitant le plastique et en respectant autant que possible l'environnement. C'est grâce à son amie Catherine, qui lui a tout simplement appris à les coudre elle-même. Il ne lui reste donc plus qu'à trouver une machine à coudre d'occasion et des chutes de tissus bio !
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