De l'autre côté se trouvait une salle qui aurait pu passer pour un jardin ; non aussi impressionnant que celui créé par Elrick mais tout aussi stupéfiant.

Dans un coin, près de la porte d'entrée, se trouvait une fontaine à eau qui coulait du haut du mur, telle une fuite d'eau qui tombait en cascade et finissait par plonger dans un petit bassin au sol. Sur les murs, le plafond, le sol, ainsi que sur chaque mètres de la pièce se répandaient des fleurs, des buissons, et d'autres végétaux qui s'épanouissaient librement. Au milieu de ce paysage sauvage était planté un bureau qu'on aurait pu croire abandonné.

Dessus était posé l'objet tant convoité depuis des jours qui lui semblait être des mois. Le coffret, plus petit qu'elle se l'était imaginé se trouvait là, à l'attendre. Une petite boîte en bois gravée de minuscules détails, qui tenait dans la paume de sa main.
Enfin !
Après tant de risques elle y était arrivée. Tant de doutes et de remises en question pour avoir ceci en sa possession. Elle allait pouvoir retrouver Yélé.

Nayala se sentit submergée par les émotions. Elle était à la fois contente, soulagée, fière mais aussi légèrement triste. Une point de déception, qui n'était rien en comparaison de la liberté de Yélé, de laisser derrière elle des personnes qui passeraient leurs vies à l'intérieur de cet endroit hideux.

Elle allait ranger la boîte dans sa sacoche quand elle fut piquée du curiosité. Elle voulait savoir pour quel objet de si grande importance et de si grande valeur elle avait fait tout ceci. La boîte ne possédait pas de système de sécurité donc l'ouverture ne lui posa aucun soucis. Ce qu'elle y trouva, par contre, la laissa perplexe : Une bague.

Elle avait fait tout ça pour un simple bijoux...

- Vous y êtes arrivée...

Nayala fit trois bonds en arrière. Dans l’entrebâillement de la porte se trouvait un homme, qui ne semblait pas étonné de la voir ici. Il s'approcha sans la regarder, jusqu'à la contourner, pour aller s’asseoir de l'autre côté du bureau. Il ne fallu pas plus à Nayala pour saisir l'occasion. Elle mit la petite boîte rapidement dans sa poche puis partit en toute hâte.

Rectification, c'est ce qu'elle tenta de faire. A peine fut-elle dans la pièce précédente qu'elle percuta de plein fouet une autre personne et tomba au sol. Elle se remit aisément sur ses deux pieds puis essaya de forcer le passage vers la sortie, en vain. L'homme ne la laisserai pas passer.

Sa respiration s'accéléra de nouveau, cela l'empêcha d'avoir des pensées cohérentes et de réfléchir à une solution. Ses gestes étaient moins précis, elle était désespérée et aucune tentative ne parvint à la faire franchir le colosse.

Elle tenta le tout pour le tout en sortant sa flûte de sa poche mais n'eut même pas le temps de s'en servir qu'une main s'en empara, l'arrachant à sa propriétaire. Elle se débattait comme elle pouvait pendant de longues minutes, jusqu'à ce que les murs se mettent à trembler. Sensation presque imperceptible qui les fit tous s'arrêter.

- Déjà ? Interrogea l'un des deux hommes présent dans la pièce.

Elle cru entendre un ricanement mais leur discussion fut coupée par l'homme restait dans la pièce secrète. Il n'avait vraisemblablement pas bougé de son siège et n'avait, semble-t-il, pas senti la secousse. A sa voix il paraissait s'impatienter quand il demanda d'emmener la jeune femme à lui.

Tout se mit à tourner autour de Nayala, ses oreilles bourdonnaient et tout espoir de réussite fut anéanti. Elle avait donc échoué si près du but. Son état l'empêcha de sentir l'un des deux hommes la prendre par le bras et la mener dans la pièce où elle se tenait un instant plus tôt.

Elle reprit ses esprit quand une voix lui demanda de s'asseoir. Elle ne comptait pas se laisser faire facilement mais ne voulait pas fuir pour autant.

Maintenant qu'elle avait été attrapée elle décida de resta digne malgré tout. Elle avait une bonne raison d'avoir agi ainsi et ne montrerait aucun signe de regret, de honte ou encore de soumission.

Nayala regarda la chaise qu'on lui proposait mais ne s'y assit pas. Elle se contenta de la déplacer sur le côté avant de s'avancer vers le bureau pour y déposer le petit coffret. Puis, elle regarda droit dans les yeux celui qui se tenait en face d'elle.

Il lui sembla strict et sévère mais, si son attitude énerva cet homme, se fut l'un des deux autres qui attira toute l'attention en éclatant d'un rire roque avant de s'esclaffer :

- J'aurai dû vous prévenir que mademoiselle n'aime pas qu'on lui demande de s'asseoir !

Cette voix ! Elle lui était bien trop familière. Cela aurait était difficile de l'oublier.

Elle fit volte-face dans sa direction pour observer cette personne. Un homme à l'allure svelte, les cheveux noirs tressés et la peau pâle. Il l'a fixée en retour de ses yeux bleus sournois. Il avait beau devoir être superbe selon les critères de beauté actuels, Nayala ne le remarqua pas, trop occupée à réfléchir au sens de tout ceci. Impossible qu'elle se trompe, cette voix grave et narquoise, qui se moquait de vous en permanence, ne pouvait appartenir qu'à une seule personne :

- Ah ! Je crois que je suis démasquée monsieur, ricana-t-il.

L’intéressé, qui était toujours assis derrière son bureau, souffla en passant ses mains nerveusement dans sa longue chevelure sombre. Il paraissait fatigué de la situation ou alors agacé par son partenaire.

Nayala ne chercha pas à deviner. Les yeux de l'inconnu glacials et perçants auraient pu la geler sur place si sa propre colère ne faisait pas déjà bouillir tout le sang présent dans ses veines. Elle attrapa le coffret, posé sur la bureau, et le balança vers l'homme, qu'elle avait reconnu être celui venu chez elle.

- Rendez-moi Yélé maintenant, exigea-t-elle.