Secret stellaire
La dernière camionnette venait tout juste de partir. Finalement le déménagement s’était fait plus rapidement que prévue.
— Et voilà, j’ai vidé la dernière caisse !
Une femme d’une quarantaine d’année se laissa tomber dans un petit fauteuil au motif linéaire. Elle s’étira puis tourna la tête vers le fond la pièce.
— Dimitri ?
— Oui maman ?
— Je vais terminer de passer l’aspirateur, tu peux aller vider tes caisses si tu en as encore.
Il répondit par un hochement de tête puis, appuya sur le bouton, le bourdonnement s’arrêta laissant juste le salon bercé par les crépitements du feu. Dimitri retira ses chaussures et les déposa au pied de l’escalier avant de monter dans sa chambre. Un à un, il rangea ses livres par ordre alphabétique dans sa bibliothèque. Il acheva son installation dans sa nouvelle maison en plaçant soigneusement son télescope devant la fenêtre. Il regarda dehors, la vue était magnifique. La ville de Gravdal sur les îles Lofoten en Norvège offrait un cadre magnifique, montagne et océan cohabitaient dans une nature luxuriante.
On frappa à la porte de sa chambre et le jeune homme vint ouvrir.
— C’est bon, tu as terminé ?
Il se retourna et acquiesça puis quitta la fenêtre, par laquelle il était en train d’observer l’horizon, pour s’asseoir sur son lit.
— Je dois passer à l’école pour régler quelques petits détails, tu n’as qu’à aller faire un tour en ville. Qui sait, tu te feras peut-être des amis.
Madame Aasen avait trouvé un emploi au Vest-Lofoten Videregående skole section Gravdal en tant que professeur d’anglais. C’était également le lycée que fréquenterait son fils dès demain.
— Mmmh, d’accord.
Ils descendirent l’un derrière l’autre, enfilèrent manteau, écharpe et bonnet puis sortirent de la maison. N’habitant pas très loin de son lieu de travail, la mère de Dimitri décida de s’y rendre à pied. Lui, partit se promener dans la direction opposée.
Il marcha un bon moment avant de débouler sur une petite plage, où seul le bruit des vagues venait briser le silence de l’endroit. Il prix une bonne bouffée d’air frais et s’installa sur un rocher pour contempler la mer. Ses yeux faisaient des vas et vient au rythme de l’eau qui caressait la plage.
Ce moment sembla durer à peine quelques secondes pour le jeune homme alors que, déjà, à l’horizon, ion pouvait voir le soleil se coucher. Il descendit de son promontoire improvisé et réemprunta le même chemin qu’à l’aller. Il tourna la clé dans la serrure et après un petit « clic », ouvrit la porte.
— Je suis rentré !
— Ah Dimitri. Tu veux bien mettre la table, le repas est presque prêt.
Il entra dans la cuisine où sa mère était affairée à cuisiner du Finnebiff. Étant son plat préféré, il ne put s’empêcher de sourire. Il savait que sa mère faisait tout pour qu’il se sente bien dans sa nouvelle vie.
— Alors tu as rencontré des gens ? dit-elle tout en remplissant son assiette.
— Mmmh, non pas vraiment… Mais j’ai fait un petit tour de la ville.
— Tu verras, je suis sûr que tu te ferras plein d’amis dès demain !
Il n’eut pas l’air aussi enthousiaste que sa mère et se servit à son tour.
— Papa revient bientôt ?
— Je ne sais pas trop, avec les vents actuels je pense qu’ils vont faire un petit détour avant de rentrer.
— D’accord…
Une fois le repas terminé et la table débarrassée, Dimitri monta dans sa chambre pour y observer les étoiles. Rien ne le rendait plus heureux que de pouvoir contempler le ciel. Ce soir-là, il eut droit à un magnifique spectacle mêlant constellations et aurores boréales. Il avait déjà eu l’occasion d’assister à ce spectacle plusieurs fois mais, cette fois-ci, quelque chose attira son attention. Les étoiles lui semblèrent bizarres mais, à cause des maisons avoisinantes, il ne pouvait observer le ciel dans son intégralité.
— Allez, au lit. Tu dois te lever tôt demain et pas question d’être fatigué pour ton premier jour d’école n’est-ce pas.
— D’accord.
Elle vint déposer un baiser sur son front et, après avoir pris quelques notes dans son carnet, il se mit au lit. Il regarda une dernière fois son télescope avant de s’endormir.
*
Le lendemain, Dimitri fût réveillé, avant son réveil, par une douce odeur de pain grillé. Il passa se rafraîchir à la salle de bain puis, s’habilla avant de descendre.
— Bonjour, mon chéri ! Bien dormi ? Pas trop stressé ?
— Non, ça va.
Contrairement à sa mère qui semblait toute excitée, cette rentrée ne lui faisait ni chaud ni froid. Outre le fait qu’il devrait sûrement se présenter à ses camardes, il n’espérait pas se faire d’amis dès son entrée dans la classe. Ni même dans les jours à venir. Mais de toute façon, il avait l’habitude de ne pas en avoir.
Il rangea son repas de midi dans son sac et enfila son manteau.
— Allez en route vers une nouvelle journée pleine de rencontres ! dit sa mère en ouvrant la porte.
Il s’installa à l’avant de la voiture et observa le paysage.
— Je resterai plus tard à l’école aujourd’hui, tu peux rentrer à pied si tu veux.
— Je pensais aller à la bibliothèque…
— Je passerai te chercher dès que j’ai terminé alors.
— D’accord.
Madame Aasen, entra dans la cours de l’école et se gara dans une place de parking encore libre.
— Passe une bonne journée !
— Toi aussi.
Entre se présenter à ses camarades et professeurs, se remettre à jour dans ses nouveaux cours et, surtout, l’envie d’en savoir plus sur ce qu’il avait vu la veille, cette première journée de cours lui sembla durer une éternité. Il griffonna des constellations dans la marge de ses feuilles tout en prenant des notes de ses cours. Quand vint enfin l’heure de la délivrance, il se rendit à la bibliothèque pour faire ses quelques devoirs et lire les différents ouvrages astronomique qu’on pouvait y trouver.
Malheureusement aucun de tous les livres qu’il consulta ne semblaient aborder le sujet ni même lui offrir le moindre indice sur une éventuelle constellation. Il regarda ses notes et fini pas douter de ce qu’il avait vu. Peut-être avait-il simplement mal positionnées les étoiles sur son dessin.
Sa montre affichait 17h45, sa mère n’allait pas tarder à arriver. Il rangea tous les livres là où il les avait trouvés et sortit du bâtiment. Sa mère arriva quelques minutes plus tard.
— Alors cette première journée ? Tu n’étais pas trop perdu ? Tu as pu discuter avec tes camarades ?
— Je n’ai pas eu trop de mal à suivre, ça va.
Il s’appuya contre la portière pour regarder dehors.
— Il esquive encore ma deuxième question, pensa tristement sa mère. Bon, je vais nous préparer de la soupe pour nous réchauffer qu’en penses-tu ?
— Oui, c’est une bonne idée.
Comme il faisait déjà noir dehors, il sorti observer les étoiles sur le balcon afin d’avoir un meilleur angle de vue. Il chercha quelques minutes avant de retrouver la fameuse constellation qu’il avait redessinée dans son carnet. Il jeta un coup d’œil en direction de celle-ci. Il ne s’était pas trompé, son dessin était tout à fait correct mais, aucun livre n’en parlait.
— Mais c’est pas possible, pensa-t-il.
Il s’appuya sur le balcon et regarda le paysage qui l’entourait d’un air songeur.
— Il faudrait que je trouve un endroit plus dégagé… soupira Dimitri tout en contemplant le ciel.
— Dimitri, à table !
— J’arrive maman !
Il rentra ses affaires et descendit dans la cuisine.
— Alors tu as découvert une nouvelle étoile, plaisanta sa mère.
— On ne voit pas grand-chose depuis la maison c’est dommage, dit-il tout en remuant sa cuillère dans son bol.
— Ça te dirais que je te montre un endroit dont m’a parlé un collègue, il parait qu’on a une très belle vue sur la ville ! Ça nous ferait une petite promenade digestive.
— Oui pourquoi pas.
Quand la table fût débarrassée, ils enfilèrent des vêtements chauds et se rendirent au fameux point de vue qui ne se trouvait qu’à une vingtaine de minutes à pied. Dimitri avait pris son carnet et de quoi écrire avec lui, il ne s’en séparait jamais.
Le professeur de mathématique n’avait pas mentit à madame Aasen, c’était vraiment un très beau point de vue. De là, la ville semblait refléter la voie lactée. Enfin, c’est comme ça que la voyait Dimitri.
— Regarde ces aurores boréales Dimitri ! Tu ne trouves pas qu’elles sont vraiment...
Elle s’interrompit voyant que son fils était monté un peu plus haut pour griffonner dans son carnet.
— Si je prends juste les lumières les plus intenses et que je reporte comme ça, peut-être que... Oui, ça a l’air de correspondre !
L’adolescent était plongé dans ses pensées quand sa mère vint poser sa main sur son épaule. Il sursauta ce qui l’a fit rigoler et il rangea son carnet.
— Il faudra qu’on revienne ici avec papa quand il sera là!
Il affichait un grand sourire, comme à chaque fois qu’il parlait de son père. Sa mère sourit à son tour. Ils restèrent là, tous les deux, à contempler la vue encore un bon moment.
— Et si on rentrait, il commence à se faire tard.
Il acquiesça d’un signe de tête et ils revinrent sur leurs pas.
— Maman?
— Oui?
— Est-ce que tu as un plan de la ville ?
— Mmmh, si je me souviens bien, je pense qu’on m’en avait donné un à l’office du tourisme lors de notre première visite. Je regarderai quand on sera rentré.
— D’accord, merci!
Elle ne lui posa pas plus de questions, son fils avait toujours eut ses petits secrets et son univers et elle le respectait.
Ils regagnèrent leur domicile vers 22h. Dimitri alla prendre un verre d’eau dans la cuisine pendant que sa mère fouillait dans les tiroirs du bureau.
— Mais où est-ce que je l’ai mise, murmura-t-elle, ici peut-être? Non plus... Ah je sais, s’exclama-t-elle.
Elle ouvrit une armoire et en sortie une petite boite en carton.
— Et voilà mon chéri, dit-elle en la posant sur la table de la cuisine.
— Merci maman!
Il déposa un baiser sur sa joue et monta dans sa chambre, il déplia la carte et sortie son carnet avant de commencer à écrire et faire des schémas sur un bloc de feuilles.
Il avait vu juste! La constellation qu’il avait observée ces derniers jours et qu’il n’avait trouvée nulle part, coïncidait étrangement au dessin qu’il avait fait des lumières de la ville. Certains endroits semblaient être éclairés d’une lumière bleutée, comme si une partie du ciel s’était détaché pour venir briller à ces endroits. On ne pouvait distinguer ce phénomène qu’en prenant un peu de hauteur, depuis la rue, rien ne semblait anormal.
Vers 23h30, quand elle eut terminé ses corrections, madame Aasen monta se coucher. Elle s’approcha de la chambre de son fils, de laquelle émanait de la lumière. Elle ouvrit doucement la porte.
— Il est l’heure d’aller ...
Dimitri s’était endormi sur son bureau. Elle attrapa une couverture qu’elle déposa sur ses épaules.
— Si tu pouvais voir les gens comme tu admire les étoiles.
Elle passa sa main dans les cheveux de son fils avant d’éteindre la lampe et de refermer doucement la porte.
— Tu verrais que les plus belles étoiles ne brillent pas que dans le ciel.
*
— Bonjour maman.
— Bonjour mon chéri, bien dormi?
— Oui! Je n’ai pas cours après-midi alors j’irai me promener un peu en ville.
— D’accord.
Sa mère fut ravie de la voir sortir de plus en plus souvent, lui qui d’habitude restait seul dans sa chambre. Finalement ce déménagement semblait plutôt bénéfique pour toute la famille.
Dimitri n’écouta ses cours qu’à moitié, son esprit était bien trop absorbé par ses récentes découvertes. Il n’était même pas sûr de trouver quelque chose au bout de cette piste, ni même qu’il ne s’agissait finalement pas que de simple coïncidences.
Une fois que la sonnerie retentie, il rangea ses affaires dans son sac et retourna chez lui pour dîner et faire rapidement ses devoirs. Il monta se changer, pas question de faire demi-tour au bout de trois pas à cause d’un vent glacial ou de tout autre condition météorologique. Pull bien chaud, grosse chaussettes, écharpe, gants et bonnet, il était paré à braver n’importe quelle tempête de neige qui viendrait lui barrer la route.
Une fois dehors, il sortit son plan et se mit en route. Selon ses estimations, il devait aller là où il avait reporté la position de le plus grosse et brillante étoile de la constellation. Il s’arrêta à plusieurs reprises afin de vérifier qu’il prenait le bon chemin et, ainsi, éviter de devoir revenir sur ses pas.
— Ça doit être ici!
Il leva les yeux de sa carte. Devant lui se trouvait une église peinte en rouge semblant perdue au milieu des arbres.
Il décida d’en faire le tour, à la recherche du moindre indice. Malheureusement pour lui, cette église était tout ce qu’il y a des plus banales.
— Mmmh, je devrais sûrement aller voir dans les alentours.
Ses pas suivirent ses pensées, il inspecta les bois qui bordaient l’édifice. Ne sachant pas vraiment ce qu’il cherchait, il se promena en regardant tout autour de lui. Des arbres, des végétaux, des pierres souvent couvertes de mousses,... rien ne semblait inhabituels. Pourtant il était persuadé que quelque chose se cachait là, juste sous ses yeux. Il marcha pendant plusieurs heures, repassant souvent aux mêmes endroits.
— Je tourne en rond... Il n’y a décidément rien par ici...
Il enjamba un tronc et sortie du bois pour se retrouver à nouveau devant l’église. Il s’approcha de la porte et donna un coup de clinche afin de voir si c’était ouvert. La porte s’ouvrit sans résistance et il entra. Dimitri fit rapidement le tour des lieux mais ne trouva rien non plus. Quelque peu découragé, il s’installa sur un des bancs et sorti son carnet.
— Je me suis peut-être trompé d’endroit ou, j’ai oublié quelque chose... Mmmh... non ça me semble juste... ou alors, peut-être que... non ça ne fonctionne pas comme ça...
Il feuilleta son carnet encore et encore et fini par le remettre dans son sac.
— Il n’y a rien, j’ai été stupide d’imaginer que tout ça avait un sens...
Il se leva et ramassa son sac.
— Bon, il est temps de rentrer, soupira-t-il avec résignation.
Une fois dehors, il constata qu’il était effectivement temps de rentrer car il faisait déjà assez sombre. Il regarda une dernière fois autour de lui et quelque chose l’interpella. Une légère lueur semblait scintiller un peu plus loin dans les bois. Il s’en approcha, curieux de voir ce qui pouvait briller. Il avança prudemment ne quittant pas la lumière des yeux de peur qu’elle ne disparaisse. Il s’abaissa devant un simple rocher dans laquelle était coincée une étrange pierre. Il enleva la mousse qui le recouvrait ce qui laissa apparaître plusieurs encoches vides. Il essaya d’extraire la petite pierre de ce qui ressemblait à présent plus à une stèle qu’à un rocher mais, elle ne bougea pas d’un millimètre. Il regarda autour de lui et gratta le sol à plusieurs endroits. Il y trouva des pierres similaires à celle présente dans le rocher.
— Je n’avais pas vu ça tout à l’heure...
Il les observa et en pris une entre ses doigts. Ces étranges pierres étaient, en plein jour, quasiment impossible à voir mais, une fois la nuit tombée, quand une aurore boréale venait illuminer le ciel les pierres en prenaient la couleur.
Il utilisa la lumière de son téléphone pour éclairer son carnet et plus précisément la page où il avait dessiné la constellation. Dimitri, inséra les pierres une à une de sorte à ce qu’elles représentent chacune l’une des étoiles de son schéma.
— Mince!
Il regarda autour de lui.
— Il en manque une...
Il se leva et s’éloigna un petit peu, remua le sol avec son pied et fini pas voir quelque chose briller au pied d’un arbre.
— C’est donc là que tu te cachais!
A cause de l’obscurité, on ne pouvait pas le voir mais à ce moment-là, Dimitri affichait un grand sourire. Il ramassa la pierre, enleva ses gants, gratta la terre qui se trouvait dessus et vint l’insérer dans une des encoches. Il regarda attentivement, les yeux pétillants mais rien ne se passa.
— Les pierres sont peut-être trop sales...
Il s’accroupit devant le rocher, passa sa manche dessus et effleura la plus grosse pierre avec son index. Les pierres se mirent à briller et le rocher commença à sortir du sol. Surpris, Dimitri tomba en arrière.
Le rocher continua de s’élever pendant quelques secondes avant de se stopper. Dimitri prit ce qui ressemblait à un livre. Il enleva la poussière de la couverture et s’apprêtait à l’ouvrir quand son téléphone sonna.
— Allô ?
— Dimitri ! Dieu merci, tu vas bien. Qu’est-ce que tu fais dehors si tard, j’étais morte d’inquiétude !
— Désolé maman, je rentre tout de suite !
Il rangea le livre dans son sac, passa sa main sur la plus grosse pierre ce qui fit redescendre le rocher. Il retira toutes les petites pierres et les prit également avec lui puis, arracha de la mousse et recouvra le rocher.
Madame Aasen attendait son fils sur le pas de la porte, en scrutant l’horizon. Quand elle le vit enfin revenir elle le prit dans ses bras.
— Ne me fait plus de frayeur pareille !
— Désolé, je n’ai pas vu le temps passé…
— Je ne veux plus que tu sortes loin de la maison si tard !
— D’accord maman. Pardon…
Le repas se passa dans le plus grand silence. Une fois terminé, Dimitri s’empressa de monter dans sa chambre.
— J’espère ne pas avoir été trop dur avec lui, pensa sa mère avant de se mettre à corriger la dernière interrogation de ses élèves.
Dimitri mit les petites pierres dans une pochette en tissu qui trainait sur son étagère puis, il s’installa en tailleur sur son lit et sortit le livre de son sac. La couverture semblait être faite d’une matière holographique qui changeait de teinte selon l’inclinaison mais, au touché, cela ressemblait plus à du cuir.
Après avoir inspecté l’extérieur du manuscrit sous tous les angles, il l’ouvrit délicatement. Il y eut une lumière aveuglante pendant quelques secondes puis un texte s’inscrivit sur les premières pages.
«Je m’appelle Niatha et si tu tiens ce livre entre tes mains c’est que j’ai échoué dans ma mission. Mais peut-être que toi, tu ne verras pas le monde connaître le même sort que le mien. Laisse-moi d’abord te conter mon histoire.
Jadis, dans un monde dont tu ne peux même pas imaginer l’existence, habitait un peuple mêlant magie et technologie dans son quotidien. Ce peuple est connu sous différents noms, disons que nous sommes la civilisation Alpha. La plupart des Alphas, tout comme moi, habitaient dans la cité d’Asthemanya. Cependant, bien que beaucoup pensaient qu’aucun danger ne pourrait nous menacer, nul n’avait envisagé que notre plus grand malheur arriverait au cœur même d’Asthemanya…
A l’âge de 12 ans, j’ai eu le privilège d’être choisie comme disciple par Eukos, l’un des Alphas les plus puissants de notre monde. Bien que je dû renoncer à mes parents, c’était un honneur autant pour moi que pour eux que je puisse apprendre d’un maître tel que lui. Il avait une vision du monde bien à lui, et en plus de m’enseigner magie et technologie, il m’instruisait dans beaucoup d’autres domaines. C’est lui qui a fait naitre en moi de nombreuses passions tel que l’observation des étoiles et du ciel, qui, je l’espère, sont toujours aussi belles dans ton monde.
Au début, je buvais ses paroles. Je lui étais entièrement dévouée et ne remettais rien en question. Cependant, alors que je venais d’avoir 16 ans, quelque chose changea dans ma façon de penser et dans sa façon d’être. Depuis longtemps, il travaillait sur un projet secret qui lui permettrait, en échange de la destruction notre monde, de régner sur le suivant. Celui qui renaitrait des cendres de son prédécesseur. Il me jugea assez mature pour me faire part de ce projet, me promettant même qu’il y aurait une place à ses côtés dans ce nouveau monde. Je ne pouvais pas concevoir le fait de sacrifier tout un monde pour assouvir un besoin de puissance. Je commençai à chercher un moyen de l’arrêter tout en l’aidant dans ses recherches afin de ne pas éveiller ses soupçons.
Les jours passèrent les uns après les autres et je fini par découvrir l’existence d’un objet appelé « Spirit melodica ». Selon mes sources, cet objet permettrait d’enfermer l’esprit de quelqu’un à l’intérieur. C’était risqué mais je n’avais pas d’autres solutions. Il me fallait à présent m’infiltrer dans la chambre des sages, dirigeants de notre monde, afin d’y dérober cet objet. J’ai longuement hésité entre demander de l’aide ou agir seule mais les chances que quelqu’un ait foi en moi était infime. Je décidai donc d’agir seule.
Une fois la nuit tombée, je quittai discrètement ma chambre pour me rendre au temple principal, là où se trouvait la chambre des sages. De par mes nombreuses visites avec maître Eukos, je connaissais l’endroit comme ma poche et n’eut aucun mal à m’infiltrer et à désactiver les pièges. Jusque-là tout ce passa bien mais ce qui s’ensuivit me hante encore aujourd’hui. La porte, à ma grande surprise, n’était pas verrouillée. J’entrai dans la pièce avec prudence et découvrit que l’emplacement où devait se trouver la « spirit melodica » était vide et, que le sol était jonché des corps inertes de 4 des 8 grands sages. Je fis quelques pas en arrière, terrorisée par cet effroyable spectacle et me cognai dans ce que je pensai au début être la porte. Cependant une porte ne parlait pas…
— C’est ça que tu étais venue chercher … Niatha.
— Maître Eukos ! C’est vous. Je voulais juste m’assurer que votre plan ne puisse être mis en échec.
Je pris sur moi pour parler avec le plus de conviction possible sans montrer la moindre peur ou hésitation.
— Douterais-tu de ma puissance ?
— Non maître… je… »
— Allez, au lit Dimitri !
— Oui maman !
Dimitri aurait voulu continuer sa lecture mais, il ne voulait pas prendre le risque de mettre sa mère encore plus en colère qu’elle ne l’était à cause de cet après-midi. Il mit le livre dans son sac et éteignit la lampe.
— Bonne nuit !
— Bonne nuit mon chéri !
*
Le lendemain, Dimitri mourrait d’impatience de lire la suite. Il repensait à cette histoire, se demandant sans cesse, si c’était un roman, un canular ou si elle était vraiment réelle…
Enfin vint le moment qu’il attendait temps, après plusieurs heures de cours, il avait en début d’après-midi, une heure d’étude qu’il décida de passer à la bibliothèque. Il s’installa dans un petit coin tranquille et se remit à sa lecture.
« Il me regarda puis tourna son regard vers l’étrange sphère qu’il tenait dans sa main
— Mais je conçois que cet objet est certes mieux entre nos mains qu’ici. Encore une fois tu m’as démontrée que j’avais bien fait de te prendre comme disciple ma chère Niatha.
Je le remerciai d’un hochement de tête et nous retournâmes rapidement chez mon maître. Il prit soin de mettre l’étrange sphère dorée à l’abri. Moi-même à l’heure actuelle je ne sais pas où elle se trouve mais je la trouverai ! Je protègerai notre monde mais dans le cas où j’arriverais trop tard, j’espère que ce livre parviendra tout de même à quelqu’un. Toi, celui ou celle qui empêchera Eukos d’assouvir un nouveau monde… Ton monde ! Si ce livre est entre tes mains c’est que j’ai échoué, mais je ferai tout mon possible pour t’aider dans ta quête et éviter de voir un autre monde souffrir à cause d’un seul homme.
Cependant, pour mener à bien cette mission commune, nous aurons besoin de communiquer. Pour cela, tu devras trouver le stylo que je tiens actuellement dans mes mains. Je vais t’expliquer comment le trouver, mais d’abord je tiens à te mettre en garde. Si tu acceptes cette mission, que tu trouves le stylo et que tu commences à écrire, Eukos sentira que le pouvoir de notre peuple s’est réveillé. Il saura te localiser quelques secondes à cet instant. C’est une durée infime mais ça peut lui suffire à te trouver. C’est pour cela qu’il te faudra écrire ton premier mot le plus loin possible de chez toi et partir au plus vite. Ensuite, une fois à l’abri nous pourrons communiquer. Ne prend pas de risque, je t’en supplie, active le livre et puis va-t’en loin.
C’est une mission périlleuse, tu peux tout à fait refuser et remettre le livre à sa place où le confier à quelqu’un d’autre. Peut-importe l’époque ou la personne, je lirai le premier mot dès demain, tu n’as donc aucun remord à avoir si tu décides de refuser. Le choix t’appartient… Si tu acceptes, tu dois être conscient que ta vie sera en danger dès le moment où l’encre effleurera le papier. Qu’il te faudra être extrêmement prudent et réfléchit. Mais je suppose que si tu as réussi à trouver le livre c’est que tu es une personne intelligente, enfin j’ose l’espérer.
Bien, si tu acceptes, les lignes qui suivent t’indiqueront où trouver ce fameux stylo. »
— Hé, qu’est-ce que tu lis ?
Dimitri referma le livre et le cacha sous un autre qu’il avait ouvert à côté.
— Rien de spécial ! Je révise euh…
Il regarda le livre qu’il avait ouvert sans même faire attention à ce qu’il avait choisis.
— Je révise mon cours d’histoire.
La jeune fille qui portait de grosse lunette se pencha pour essayer de savoir. Vue sa taille, elle devait être âgée d’au moins 2 ans de moins que Dimitri.
— Mmmh, t’es sûr ? Tu ne dois pas savoir bien réviser avec un livre à l’envers.
— Je… euh…
Il feinta de regarder sa montre.
— Je dois partir !
Il rangea les livres dans son sac et quitta la bibliothèque. Une fois dans le couloir, il chercha un endroit tranquille pour lire. A défaut d’une bibliothèque remplit de curieux, Dimitri s’installa sur un banc dans le couloir. Il ouvrit son sac et plongea la main dedans quand il fut interrompu dans son action.
— Excusez-moi jeune homme.
Il releva la tête et regarda son interlocuteur. Un homme d’une soixantaine d’années portant une blouse blanche.
— Un prof de science ? pensa-t-il ? ou un scientifique fou !
Il esquissa un léger sourire sur son visage.
— Oui ?
— Si vous n’êtes pas trop occupé, pourrais-je solliciter votre aide pour porter quelques caisses jusqu’à ma classe.
C’était donc bien un professeur, le garçon aurait préféré la deuxième hypothèse.
— Oui bien sûr.
Dimitri l’accompagna jusqu’au sous-sol et l’aida à transporter ses caisses en carton jusqu’au premier étages, il dû faire quelques aller-retour.
— Et voilà, c’est la dernière. Encore un tout grand merci mon garçon !
— De rien, ce n’était pas grand-chose.
— Pour un vieillard comme moi c’est déjà beaucoup, répondit-il en rigolant. Bon je ne vais pas te retenir plus longtemps, tu as peut-être cours.
— Ah, oui ! Au revoir.
— Au revoir.
Dimitri quitta la classe et rejoignit ses camarades pour son cours de géographie. Le cours fut tellement passionnant qu’il ne pensa pas une seconde à sa lecture. Ce ne fut pas le cas de son dernier cours de la journée, sa prof de science était de ces personnes endormantes qui remplacent tout somnifère. Elle ne faisait que lire son texte sans conviction et, la moitié de la classe avait décidé de succomber à Morphée.
La sonnerie libératrice sonna enfin, ne manquant pas au passage de réveiller les endormis. Dimitri attrapa toutes ses affaires et sortie attendre sa mère devant l’entrée principale.
— Alors, tu as passé une bonne journée ?
— Oui, ça a été et toi ?
— Oh, oui très bien.
— Tant mieux alors !
Son fils semblait un poil plus bavard que d’habitude.
— Oui, dit-elle en souriant.
Ils arrivèrent à la voiture, Madame Aasen posa une pile de classeur sur la banquette arrière puis ils se mirent en route pour leur domicile. Une fois rentrée, Dimitri enleva ses chaussures et monta dans sa chambre.
— Je dois faire des courses, tu veux venir ?
— Ah, désolé, pas aujourd’hui, j’ai beaucoup de devoirs à faire !
— D’accord. Tu as besoin de quelques choses ?
— Je ne pense pas.
Il réfléchit.
— Ah si ! Tu pourrais reprendre une boite de cartouches d’encre, s’il te plait.
— Je te prendrai ça. A toute à l’heure !
— Oui !
N’ayant pas réellement de devoirs, il s’installa sur son lit et repris sa lecture.
« Au douzième coup battant,
Eclairées par la planète d’argent,
Les pierres brilleront,
Le secret te révèleront.»
— Evidemment, encore une énigme, se dit-il en se prenant de plus en plus au jeu.
« Je ne peux confier ce stylo à n’importe qui et j’espère que tu n’es justement pas n’importe qui.
Le premier mot que tu écriras sera retranscrit chez moi dès demain, je serai donc bientôt fixée sur mon destin et espère de tout cœur que le tiens ne sera pas aussi sombre.
Bonne chance, que les étoiles, de la plus petite à la plus grande guident tes pas dans l’obscurité !
Niatha »
Dimitri feuilleta les pages suivantes, vraisemblablement toutes vierges. Il referma le livre, se coucha sur son lit et fixa le plafond tout en réfléchissant. Il finit par s’endormir et fut réveillé par le claquement de la porte d’entrée.
— Je suis rentrée !
Il se leva, s’étira et jeta un dernier coup d’œil au livre avant de descendre. Il rangea les courses tout en continuant à repenser à cette énigme.
— Alors tu as terminé tes devoirs ?
— Mes … euh oui ! C’était assez rapide à faire finalement.
— Tant mieux ! Tiens passe-moi la farine, s’il te plait.
Il attrapa le sachet et le lui apporta.
— Je peux t’aider à faire le souper ?
— J’avais pensé qu’on aurait pu aller manger un petit bout dehors aujourd’hui.
— Ouai, pourquoi pas… Ça fait longtemps !
Dimitri et sa mère avait pour tradition d’aller au restaurant, juste tous les deux, une fois par mois. Mais, avec le déménagement, leur petite tradition était passée à la trappe. Ils enfilèrent leurs manteaux et quittèrent la maison pour se rendre dans une poissonnerie qui avait plutôt bonne réputation dans la région.
Bien qu’il discuta pas mal avec sa mère durant tout le repas, il ne pouvait s’empêcher de réfléchir à l’énigme de temps en temps. Soudain, alors qu’il était plongé dans ses pensées, il eut une illumination et tapa légèrement du poing sur la table.
— Mais oui, c’est ça ! pensa-t-il.
— Il y a un problème Dimitri ?
— Ah… euh… non… je… je me demandais juste si j’avais bien fermé mon casier tout à l’heure ! bredouilla le garçon.
— Tu veux qu’on aille vérifier en rentrant?
— Non, non je pense que c’est bon !
— D’accord.
Le serveur vint débarrasser la table et prendre commande de leurs desserts.
— Donc quand la lune brillera à minuit, il faudra qu’elle éclaire les pierres… résonnait-il.
— Dimitri ? Youhou, tu es parmi nous ?
— Hein ?! Euh, oui ! Désolé…
— Souhaitez-vous prendre un dessert jeune homme ?
— Je vais prendre un…
Il regarda la carte des desserts.
— Un Tilslørte bondepiker, s’il vous plait.
— C’est noté.
Il ramassa les menus et partie en cuisine.
— Tu as l’air dans la lune ce soir, quelque chose ne va pas ?
— Tout va très bien, je repensais juste à un cours. Rien d’important.
Elle appuya son menton sur ses mains et le regarda quelques secondes.
— Mmmh, d’accord si tu le dis. Mais si tu as un souci tu peux m’en parler.
— Oui je sais, mais tout va bien je t’assure.
— Un Tilslørte bondepiker et un café gourmand, voici.
Le serveur déposa les desserts et l’addition sur la table puis passa prendre la commande d’une autre table.
Une fois la note réglée, ils sortirent.
— Il ne fait pas très chaud ce soir dis-donc.
— Ni très clair, le ciel est couvert…
— C’est vrai, on ne voit pas un seul rayon de lune. Ne tardons pas à rentrer, le brouillard commence à se lever !
*
Dimitri enleva ses chaussures, les rangea au pied de l’escalier et monta celui-ci.
— Je vais me coucher, je suis fatigué.
— Bonne nuit !
Sa mère avait, comme souvent, pas mal de leçon à préparer. Elle s’installa sur la table de la salle à manger et feuilleta ses classeurs. Un étage plus haut, Dimitri regardait par la fenêtre espérant que le ciel finirait ne pas se dégager. Il resta éveillé jusque minuit mais aucun rayon de lune ne parvint à percer. Il se résolut à aller se coucher, un peu déçu.
Le lendemain, elle n’était toujours pas décidée à se montrer, au grand damne du garçon. Il regarda le calendrier lunaire et espérait qu’elle se montrerait rapidement avant que le cycle ne se termine.
— Demain ça sera la pleine lune, l’occasion idéale pour avoir une lune étincelante !
*
Dès son réveil, Dimitri eut bonne espoir de voir la lune ce soir car le ciel était déjà bien dégagé.
— Il semblerait qu’on va bien terminer la semaine, sous un beau ciel bleu !
— Oui, répondit-il en souriant.
Ils restèrent tous les deux, plantés devant la fenêtre de la cuisine à contempler le ciel.
— Bon, allez, zou ! On va être en retard.
Encorne une journée qui sembla une éternité. Plus le week-end se rapprochait, plus Dimitri regardait le ciel. Quand un nuage pointait le bout de son nez, il le chassait intérieurement.
Durant toute la soirée, il ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil dehors au moindre passage à proximité d’une fenêtre.
— On se regarde un film pour décompresser un peu ?
Il regarda l’heure sur l’horloge de la cuisine.
— Oui, on peut. Il y a quoi ce soir ?
Elle feuilleta le programme.
— Bon alors il y a pas mal de choses intéressantes mais, on en a déjà vu pas mal je pense. Mmmh, alors Flowers on a vu, Hanabira aussi et, si je me souviens bien, Shoegazer est passé il n’y a pas longtemps.
Dimitri vint regarder à son tour, par-dessus l’épaule de sa mère.
— On a aussi vu born to kill and love et Odessei. Ah, par contre Shade of Darkness on ne l’a pas vu ! Ça a l’air sympa !
— Va pour ça alors !
Ils s’installèrent, bien emmitouflés dans des couvertures et regardèrent le film. Ce fut tellement passionnant que Dimitri en oublia son obsession de regarder le ciel. Bien sûr, dès que la télévision fût éteinte, elle revint à la charge et il se précipita à la fenêtre.
— Super ! pensa-t-il.
Il déposa un baiser sur la joue de sa mère.
— Bonne nuit !
— Bonne nuit, dit-elle surprise par tant de hâte.
Une fois dans sa chambre, il s’installa sur son lit et fixa l’écran de son téléphone, regardant les secondes défiler une à une. Quand, enfin, l’écran afficha 23h59, il se leva d’un bond et attrapa les pierres. Il les posa sur le rebord de sa fenêtre qu’il venait tout juste d’ouvrir.
— 55, 56, 57, 58, 59…minuit !
Les pierres prirent une couleur bleutée et se mirent à briller mais rien ne sembla indiquer le moindre chemin. Dimitri prit l’une des pierres et, en l’ayant inspectée sous tous les angles, découvrit que des chiffres étaient gravés sur la partie plate de celle-ci. Il les retourna toutes afin de vérifier si ce n’était pas juste une coïncidence.
— Bon… 988, 13, 111, 68, 506 et 126… Qu’est-ce que ça peut bien être ?
Il prit note des chiffres sur son carnet, au cas où, les pierres s’arrêteraient de briller, qui sait combien de temps cela pouvait durer. Une fois qu’il eut tout retranscrit, il retourna à son observation.
— Il doit y avoir un ordre… Mais lequel ?
Il observa chacune des pierres et imagina toutes les combinaisons possibles.
— J’ai du manquer une information !
Il parcourut le texte écrit par Niatha et s’arrêta sur la dernière phrase qu’il relut à haute voix.
— Que les étoiles, de la plus petite à la plus grande, guident tes pas dans l’obscurité… Mais oui !
Il retourna près de la fenêtre et placa les pierres par ordre de taille. La différence n’était pas bien grande, mais avec une bonne règle, il n’eut aucune difficulté à les classer.
— Si je ne me suis pas trompé, ça doit donner…Mmmh… 68 111 126 13 506 988
Encore une nouvelle énigme à résoudre. L’auteur de ces lignes ne prenait visiblement aucun risque.
Les pierres commençant à faiblir, il s’empressa de noter sa découverte puis referma la fenêtre car, il fallait bien le reconnaitre, il ne faisait pas très chaud dehors.
Dimitri s’installa à son bureau et tenta d’élucider le mystère des nombres. Il avait beau réfléchir, il avait du mal à aligner ses pensées. Il rangea rapidement son bureau puis alla se coucher.
— Comme disait mamy, la nuit porte conseil !
Ce fut sa dernière pensée avant de fermer les yeux.
*
Durant le petit déjeuner, madame Aansen regarda le courrier qu’elle venait d’aller chercher dans la boite aux lettres.
— Facture, facture, … Ah tiens, une lettre de papa pour toi !
Dimitri s’empressa de la lire.
— Alors, qu’est-ce qu’il dit ?
— Il revient d’ici deux à trois semaines.
— Il a envoyé ça quand ?
— Mmmh, vendredi dernier.
— Donc déjà une semaine ! Il sera de retour la semaine prochaine ou la suivante… Ça va aller vite !
Dimitri affichait un grand sourire, cela faisait déjà 2 mois que son père était partie en mer. Il termina de manger puis monta s’habiller. Il posa la lettre sur son bureau et continua à réfléchir à cette mystérieuse suite de chiffres.
Alors qu’il était en pleine réflexion, il tourna son regard vers la lettre, comme pour demander de l’aide à son père qui était un grand amateur de casse-tête. Son regard se posa sur un endroit en particulier. Il avait beau avoir lu la lettre au moins trois fois, sous le coup de l’émotion, il n’avait pas vraiment remarqué la suite de chiffre écrite dans le coin supérieur droit.
— Les coordonnées ! Mais oui, bien sûr !
Le garçon se sentit un peu bête, c’était tellement évident.
— Tu aurais trouvé tout de suite toi ! pensa-t-il en regardant la lettre.
Il descendit au bureau et alluma l’ordinateur.
— Tu fais quoi ?
Sa mère passa la tête dans la pièce.
— Je regarde les coordonnées envoyé par papa pour savoir où il est.
— Bon, je vais aller faire un peu de repassage.
Dimitri tapa les coordonnées et découvrit que le lieu en question se trouvait non loin du promontoire où il avait été avec sa mère il y a peu.
— Tant mieux, ça veut dire que je peux facilement y aller aujourd’hui !
Il remonta à nouveau dans sa chambre et prépara un sac à dos avec tout ce qui lui sembla utile. Le livre, son carnet, les pierres, son téléphone, une carte, … Il emprunta même discrètement une petite pelle de jardinage à sa mère.
— Ca peut toujours servir, se dit-il en repensant à la fois où il avait dû chercher les pierres.
Il ferma son sac. Il était prêt mais restait l’une des étapes les plus délicates… Avoir l’approbation de sa mère.
— Dimitri, tu peux descendre ?
Il posa son sac sur son lit et descendit comme demandé par sa mère.
— Oui maman ?
— Alors tu as trouvé où était ton père ?
— Ah…euh… oui mais j’ai oublié le nom.
— D’accord, dit-elle en rigolant. Tu veux bien ranger ton linge ?
Il acquiesça d’un signe de tête et prit le panier. Quand il eut tout rangé, il redescendit.
— Dit maman ?
— Oui ?
— Je peux aller ma balader un peu cette après-midi ?
— Oh je serais bien venue avec toi mais j’ai encore pas mal de corrections à faire.
— Je ne comptais pas faire une longue ballade. Enfin, je voulais surtout retourner au point de vue. Je connais le chemin !
— Bon, d’accord mais ne rentre pas trop tard d’accord ?
— Promis !
Après le diner, il enfila son manteau et son bonnet et prit son sac à dos. S’il trouvait ce fameux stylo, il saurait enfin si toute cette histoire est réelle ou, si ce n’était qu’un simple canular sacrement bien monté. Il marcha à vive allure jusqu’au sommet du promontoire puis, ayant entré les coordonnées sur son téléphone, sortie du sentier.
Il marcha encore un bon moment avant d’arriver là où il devait y avoir quelque chose. Il était évident qu’il n’allait pas avoir un panneau pour le féliciter d’avoir trouvé la réponse mais là, c’était vraiment le néant. Pas un seul arbre ou buisson, rien qui pourrait indiquer un autre indice. Il décida de consulter son carnet afin de vérifier les coordonnées mais, en ouvrant son sac, il remarqua que les pierres brillaient d’une étrange lueur mauve. Enfin, elles semblaient plutôt clignotées.
Il en sortie une et la leva vers le ciel, face au soleil.
— Encore une histoire de rayonnement peut-être !
Son clignotement sembla plus lent. Il la rapprocha du sol et il accéléra à nouveau.
— D’accord, j’ai compris !
Il se mit à quatre pattes sur le sol et le sonda avec la pierre. Elle accéléra, décèlera et ainsi de suite plusieurs fois jusqu’à enfin, s’arrêter de clignoter et briller en continue.
— Ici ! s’écria-t-il.
Il sortit la petite pelle qu’il fut bien content d’avoir emportée et commença à gratter le sol. Au bout de 5 grosses minutes, il percuta quelque chose et décida de terminer à la main. Dans le sol était enfoncé un rocher en forme de cylindre avec 6 encoches. Il n’y avait aucun doute à avoir, c’était le même genre de système que pour le livre. Il enfonça les pierres par ordre de taille et le rocher se fissura.
— Mince ! dit Dimitri en serrant des dents, pensant avoir fait une bêtise.
Finalement le rocher laissa apparaitre un objet doré. Rassuré, le garçon enleva les débris et récupéra ses pierres ainsi qu’un stylo… LE stylo. Lui permettrait-il vraiment de parler à cette dénommée Niatha ? Il regarda l’objet, aussi excité qu’anxieux et repensa à la mise en garde de la jeune fille.
— Ecrire puis partir… D’accord.
Il jeta un coup d’œil autour de lui et reboucha grossièrement le trou.
— Bon… A nous deux !
Il ouvrit le livre, pris le stylo et passa son regard de l’un à l’autre.
— Bon allez !
Il respira une bonne bouffée d’air frais, souffla puis approcha doucement la pointe du stylo du papier. Quand il fut à quelques millimètres, il la posa d’un coup sec et inscrivit simplement un D. Le livre, tout comme la fois où il l’avait ouvert, s’illumina. Une fois fait, il referma le livre d’un coup, remit tout dans son sac et se mit à courir le plus vite qu’il le pouvait. Il ne savait pas si quelque chose allait se passer ou si quelqu’un allait réellement apparaitre, mais il ne préférait pas rester là pour vérifier.
Quand il fut assez loin, il jeta un coup d’œil en arrière. Tout semblait normal.
— Ouai bon, un peu d’exercice me fera le plus grand bien de toute façon !
Il ne voulait pas l’admettre mais, au fond, il y croyait à toute cette histoire. Il se remit à courir. Une fois les escaliers dévalés, il s’arrêta et préféra juste marcher rapidement jusqu’à chez lui.
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