L'encre sur le papier

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Une fois devant la porte, il respira calmement afin de reprendre son souffle.

— Je suis là maman !

Sa mère fut rassurée de son retour. Il avait beau ne plus être un enfant, elle ne pouvait pas s’empêcher d’être parfois un peu trop protectrice.

— Alors comment était cette promenade ?

— Bien, c’était sympa…

Il y eut un léger silence.

— Ah au fait, monsieur Eriksen a téléphoné.

— Le directeur ? J’ai fait une bêtise ? Se questionna Dimitri.

— Ne fais pas cette tête-là, c’était pour moi. Je dois allez à un séminaire la semaine prochaine mais … Je devrai te laisser seul à la maison durant toute la semaine. Ça fait quand même long …

— Ne t’en fais pas maman, je sais me débrouiller tout seul tu sais. Et puis, l’école n’est pas loin... C’est important pour toi d’y aller non ?

— C’est vrai mais…

Elle regarda son fils, c’est vrai encore une fois elle constata à quel point il avait grandi.

— Bon, tu as raison, c’est mieux que j’y aille. Mais je préviendrai quand même la voisine. Au moindre souci, tu n’hésites pas d’accord ?

— Promis !

La discussion étant close, il monta dans sa chambre et s’installa sur son lit. Il sortit le livre et le stylo de son sac et les posa devant lui. Il tourna les pages jusqu’à arriver sur celle où il avait lui-même écrit.

« Je vois que tu as fait au plus vite en te contentant d’écrire une lettre. Mais c’est suffisant. Je suis heureuse de savoir que quelqu’un va protéger son monde bien que, par cette lettre, je sais à présent que je ne pourrai pas sauver mon monde. Mais toi, tu le pourras ! A présent, tu peux écrire sans crainte dans le livre, il a été activé et Eukos ne peut plus ressentir cette aura. »

Ce texte, se trouvant sous le D qu’il avait lui-même écrit, n’était pas là tout à l’heure. Si jusqu’à présent, il avait essayé de trouver une explication à tout ce qui s’était passé, cette fois-ci, il ne sut pas quoi en penser.

Il posa la pointe du stylo sur le papier et il n’y eut effectivement aucune lumière étrange.

« Bonjour ! »

« Bonjour aussi ! »

Il ne savait pas trop quoi dire d’autres. La communication n’était pas vraiment son fort.

«Tu sais que je m’appelle Niatha mais, puis-je savoir à qui ai-je l’honneur ? »

« Je m’appelle Dimitri et j’ai 16 ans. »

« Oh, nous avons le même âge alors ! »

« Ah oui, c’est vrai. »

Il jeta un bref coup d’œil par la fenêtre.

« Et donc, qu’est-ce que je dois faire exactement ? »

Bien qu’il ne puisse la voir ou l’entendre, elle laissa échapper un petit rire.

« Je vois que tu es motivé, j’en suis ravie ! Cependant…De mon côté, je suis encore en pleine recherche de la Spirit Melodica. Une fois que je l’aurai en ma possession, je pourrai t’indiquer ce que tu dois faire. »

« D’accord ! »

« Dit m’en plus sur ton monde ! »

« Eh bien, actuellement nous sommes en 2018 mais je ne suis pas sûr que ce repère temporel puisse vraiment t’être utile. Où je me trouve actuellement il fait plutôt froid et je ne sais pas vraiment quoi te dire de plus. »

« Ton monde a donc déjà bien vécu, je vois. Moi, j’habite un endroit où il fait plutôt chaud ! Mais je serais curieuse de pouvoir visiter les contrées du nord. Enfin je n’en aurais plus l’occasion mais peu importe ! Il y a donc de la neige et des montagnes de glaces ?»

Curieuse de nature, Niatha assaillit le garçon de questions.

« Pour le moment il n’y a plus trop de neige. Les températures commencent doucement à remonter en vue de la saison prochaine ! »

« Oh je vois, vous avez encore des changements non maitrisés de température ! Ici, nous utilisons un régulateur qui nous permet de garder un climat plutôt stable selon chaque région! »

De son côté Dimitri était fasciné, tout ce dont elle parlait lui semblait tellement irréaliste.

« Je suis désolée, je dois te laisser ! Maître Eukos va bientôt rentrer et il ne doit pas découvrir ce livre. »

« A bientôt »

Elle était déjà partie. Dimitri resta planté devant le livre encore un bon moment après son départ. Puis il rangea aussi le sien et descendit au salon.

*

La semaine s’écoula en un clin d’œil. Ils se parlaient tous les jours de plus en plus souvent. Au début c’était un simple petit bonjour mais à présent ils prenaient plaisir à se raconter toutes leurs journées.

« Salut ! »

« Coucou Dimitri ! »

Le jeune homme lui avait appris quelques mots qu’elle adorait utiliser.

« J’attendais avec impatiente que tu rentres de l’école, raconte-moi ta journée ! »

« Elle a été plutôt calme. On a fait de la trigonométrie au cours de math, des analyses de peintures en cours science sociale, et on a fait un match de basket en cours de sport. »

« Oh, le basket, c’est le jeu auquel vous avez déjà joué mercredi non ? Avec une balle et des paniers, c’est ça ? »

« Oui, c’est vrai, je t’avais déjà parlé de mon dernier cours de sport ! Et toi, des nouvelles de la Spirit Melodica ? »

« J’aurais voulu te donner de bonnes nouvelles, mais ça s’annonce plus difficile que je ne l’aurais imaginé. Maître Eukos a vraiment pris toutes les précautions, j’espère qu’il n’a pas de toute quand à ma loyauté… Enfin il est juste très prudent… »

« Ne t’en fais pas, tu l’as dit toi-même, si j’ai le livre entre mes mains c’est que tu vas y arriver. »

« Tu as raison ! Je vais essayer de chercher dans les souterrains, il s’y rend de plus en plus régulièrement ces temps-ci ! »

« Bonne chance ! »

« Merci Dimitri. »

*

Le samedi, madame Aasen était occupée à préparer ses affaires pour son séminaire. Dimitri décida donc de retourner sur la petite plage où il s’était rendu à son arrivée.

« Hey, tu es là ? »

« Oui ! »

« Quelles nouvelles ? »

« J’ai fouillé une partie des souterrains mais sans succès, je continuerai mon enquête demain car aujourd’hui Maître Eukos a l’air d’y être occupé ! »

Bien qu’elle ne fût absolument pas d’accord avec les agissements d’Eukos, Niatha avait toujours beaucoup de respect pour lui et, ne pouvait se résoudre à ne pas l’appeler maître Eukos.

« J’espère que tu trouveras quelque chose. »

« Moi aussi, il semble se rapprocher de plus en plus e son but… »

« Tu y arriveras, tu es une personne exceptionnelle et très intelligente ! Regarde les énigmes que tu as créée, elles m’ont fait pas mal réfléchir et j’ai parfois eut de la chance ! »

« Merci beaucoup Dimitri ! Mais je suis sûr que toi aussi tu es un garçon très intelligent ! Et aussi très gentil ! »

Il y eut un petit moment où aucun des deux ne se décida à écrire.

« D’ailleurs, je me demandais, comment as-tu compris où j’avais caché le livre ? »

« Pour le coup ce fut un peu du hasard ! Enfin j’adore regarder le ciel et les étoiles et cette étrange constellation que je ne connaissais pas a attiré mon regard ! C’est toi qui l’a créée ?»

« Oh, toi aussi tu es passionné par le ciel ! Voilà un nouveau point commun dans ce cas. Oui, en fait c’est tout bête mais si l’on relit les étoiles entre elle, ça forme une lettre de notre alphabet. J’ai choisis le E pour espoir. »

« Oh ! Mais tu comprends quand même ce que j’écris ? »

— Et moi aussi d ‘ailleurs, pensa-t-il.

« Bien sûr, en fait votre alphabet et un ancien langage chez nous. Ça m’a surprise au début mais le monde à ses propres secrets ! »

« Je serais tellement curieux de remonter le temps et découvrir ton monde ! »

« Et moi le tiens ! Mais le mien doit disparaitre pour que le tiens puisse exister alors c’est impossible… »

Il y eut encore un petit moment de blanc.

« Tu sais ce que j’aime le plus avec les étoiles ? »

« Dis-moi.»

« C’est un peu bête comme façon de voir les choses mais… Ce que j’aime le plus avec les étoiles, c’est que même dans l’obscurité, elles continuent de briller et de guider les gens. Même si on ne les voit pas derrière un ciel couvert, on sait qu’elles sont là. A briller et à veiller sur nous… »

« C’est vrai ! »

« En fait, une étoile c’est un peu comme un ami tu ne trouves pas ? »

« Euh, peut-être, oui … »

Dimitri ne savait pas trop ce qu’il devait répondre, l’amitié était quelque chose qu’il lui était inconnu. Niatha voyant sa réponse hasardeuse continua à écrire.

« En tout cas, je suis contente de t’avoir rencontré ! Tu es la plus belle étoile que j’ai pu voir ! »

« Toi aussi Niatha ! »

C’était donc ça l’amitié, ce sentiment de joie, de complicité. De pouvoir parler de tout et de rien et, se sentir simplement heureux d’être ensemble. Il sourit.

Ils discutèrent toute l’après-midi et, une fois que Dimitri fut rentré chez lui, toute la soirée jusqu’à tard le soir.

*

Dimanche, comme elle l’avait dit à son ami, Niatha profita d’une réunion qu’avait Eukos pour faire un tour rapide dans les souterrains. Une fois qu’elle fut sûre qu’il avait bel et bien quitté les lieux, elle descendit. Elle fouilla chaque pièce avec minutie pendant des heures. Le temps passa à une vitesse folle, mais arriva enfin à la dernière salle. Elle ouvrit les coffres, fouilla dans des tissus qui trainaient et soudain son regard s’arrêta sur un étrange tableau. Elle s’en approcha et le fit glisser, il y avait un coffre derrière. Elle n’eut pas trop de mal à comprendre comment l’ouvrir.

— Enfin ! pensa-t-elle

Sa joie ne fut que de courte durée, des pas résonnèrent dans le couleur. Elle referma le coffre sans rien prendre et remis le tableau en place.

— Niatha ? Qu’est-ce que tu fais ici …

— Je … je me disais que comme vous passiez beaucoup de temps dans les souterrains, j’allais faire un peu de ménage.

Il inspecta la jeune fille qui tenait un balai, s’approcha d’elle et regarda vers le tableau.

— Merci.

Il passa sa main dans les cheveux de Niatha qui en fut assez surprise.

— Je sais que je suis assez occupé pour le moment et que tu te retrouves seule assez souvent mais bientôt je continuerai à t’enseigner.

Elle le remercia d’un hochement de tête.

— Je vais allez préparer le repas !

Elle quitta la pièce et rejoignit la cuisine. Eukos s’approcha du tableau, le fixa puis, ayant toute confiance en Niatha, s’installa à son bureau.

« Dimitri ? »

« Oui ? »

« Je sais où elle est, mais je n’ai pas eu le temps de la prendre… Demain, je dois accompagner Maître Eukos je ne saurai donc pas te parler mais je profiterai de la réception qu’il organise le soir pour dérober l’objet ! »

« Bonne nouvelle ! »

« Oui… »

« Ça ne va pas ? »

« Si mais… j’ai peur de ne pas faire les bons choix… De ne pas y arriver… »

« Tu as toujours écouté ton cœur et jusqu’ici tu as fait ce qu’il te semblait juste. Je suis sûr que tu me sauveras, que tu sauveras mon monde ! »

Elle prit une grande respiration, c’est vrai que depuis le départ c’était son objectif. Elle ne pouvait pas abandonner.

« Tu as raison !

Ils discutèrent encore un bon moment avant d’aller tous les deux se coucher.

*

La semaine commença dans l’angoisse pour Dimitri qui ne cessa de penser à Niatha. S’il avait le livre c’est qu’elle allait réussir, enfin c’est ce qu’elle lui avait dit mais au fond de lui, il ne pouvait s’empêcher de penser à elle.

Il sortit le livre à plusieurs reprises dans la journée, n’écrivant rien mais se contenant de relire ce qu’elle avait écrit. Il y avait beaucoup trop de monde autour de lui. Il se sentit observer toute la journée, de la cours de récréation jusqu’à l’épicerie du coin où il passa après les cours. Il fut plus serein une fois qu’il eut passé la porte et qu’il la referma à clé derrière lui.

— Tu deviens un peu trop parano, se dit-il.

Il fit ses devoirs, se prépara à manger puis, passa la soirée devant la télé avec le livre posé à côté de lui.

— Minuit … Toujours pas de nouvelles…

Il éteignit la télé et monta dans sa chambre où, une fois qu’il fut en pyjama, il continua d’attendre.

« Dimitri ? Tu es là ? »

Il était passé une heure, il dormait à moitié mais sursauta quand il vit des lettres apparaître.

« Niatha ! J’étais inquiet ! Tu vas bien ? »

Elle fut surprise de le savoir si inquiet.

— Tu as donc attendu jusqu’à maintenant, pensa-t-elle.

« Je l’ai ! »

Dimitri sourit et se redressa.

« Quelle est la suite du plan ? »

« Pour le moment il faut que tu fasse quelque chose de très important. »

« ??? »

« J’ai observé le mécanisme de la sphère mais je ne peux pas t’en dire plus. Il faut que tu écrives quelques part ce que je vais mettre en dessous. Il faut que ce soit ailleurs que dans le livre, sur un papier par exemple et surtout, il faudra que tu le garde avec toi car tu en auras besoin au moment voulut ! »

Sous ces quelques lignes, elle dessina des constellations à côté desquelles elle écrivit une note de musique.

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Je ne peux pas t’en dire plus pour le moment mais garde ces informations avec toi. Je t’expliquerai le moment venu ! »

« D’accord ! »

Il recopia ce qu’elle lui avait demandé sur un morceau de papier qu’il glissa ensuite dans la poche de sa veste.

« Je suis désolé de ne pas parler plus longtemps avec toi mais je tombe de sommeil. »

« Merci de m’avoir attendu ! Nous touchons au but ! Bonne nuit Dimitri. »

« Bonne nuit Niatha ! »

Il posa le livre sur table de nuit et s’endormit en quelques secondes.

*

Si son réveil n’avait pas sonné, Dimitri serait encore resté au lit au moins une bonne heure.

— Bon, allez !

Il sortit de sous sa couette, s’étira pendant quelques secondes et, une fois qu’il fut habillé, descendit déjeuner. Tout comme chaque début de semaine, la journée fut plutôt calme bien que beaucoup de professeurs décidèrent de distribuer une tonne de devoirs.

Dimitri ne tarda pas à rentrer chez lui. En chemin, il croisa sa voisine.

— Ah bonjour mon grand, tu vas bien ?

— Bonjour madame Nilsen, oui et vous ?

— Oh oui, ça peut aller. Tu sais la vieillesse ça donne des petits bobos au quotidien.

Il lui sourit.

— Oh tiens, j’ai vu un homme rentrer chez toi cette après-midi, ça devait sans doute être ton père. Ta mère m’a dit qu’il devait rentrer prochainement.

— Papa ? pansa-t-il.

— Bon je ne vais pas te retenir plus longtemps. Bonne soirée.

— Merci vous aussi !

Elle continua son chemin et lui, accéléra le pas.

— Papa ?

Aucune réponse. Pourtant, il y avait bien une des paires de chaussure de son père au pied de l’escalier. Il entra dans le salon et remarqua que les tiroirs de la commode étaient tous grands ouverts. Tout comme la plupart des armoires.

— Ah Dimitri, c’est toi.

Aucun doute, c’était bien son père. Il le sera dans ses bras.

— Tu cherchais quelque chose ?

— Euh, non.

Il inspecta la pièce.

— Enfin si mais c’est bon j’ai trouvé où ta mère l’avait rangé.

— Alors comment ça s’est passé ? demanda-t-il avec enthousiasme.

— Bien, très bien même !

— Pas de tempête cette fois-ci ? plaisanta-t-il.

— Non, tout va bien.

— D’accord.

Dimitri ne fut pas très convaincu par ses réponses. D’habitude son père prenait beaucoup de plaisir à lui raconter ses aventures. Il en conclut qu’il devait peut-être juste être fatigué.

— Je vais préparer à manger. Des pizzas, ça te va ?

— Hum, oui si tu veux.

Dimitri sortie deux pizzas du congélateur et les mit dans le four. Il s’installa sur la table du salon pour faire ses devoirs. Son père, installé dans le canapé lisait le journal et relevait de temps en temps la tête.

Le four sonna en même temps qu’il termina son dernier problème de math.

— Timing parfait, pensa-t-il.

Le repas fut plutôt calme jusqu’à ce que monsieur Aasen rompe le silence.

— Dit moi Dimitri.

— Oui ?

— Ta mère m’a dit que tu avais trouvé un livre il n’y a pas longtemps. Je peux le voir ?

— Le livre ? Ah oui, je l’ai oublié dans mon casier mais je le ramènerai après l’école demain si tu veux !

— D’accord.

Quand ils eurent terminés, Dimitri se leva d’un bond.

— Je vais débarrasser. Tu peux allez te reposer tu dois être fatigué.

— Oui c’est vrai, c’est gentil, merci !

Son père monta dans sa chambre et Dimitri fit de même quand il eut terminé.

— Papa est vraiment bizarre ce soir… Et, je n’ai jamais parlé de ce livre à maman…

Il ferma sa porte à clé comme à chaque fois qu’il ne voulait pas être dérangé.

« Hey Niatha, désolé de ne pas t’avoir parlé plus tôt mais mon père vient de rentrer. Quoiqu’on n’a pas vraiment beaucoup discuté… Il était plutôt étrange même… Enfin bon, tu vas bien ? »

« Etrange comment ?! »

« Euh pas comme d’habitude mais ça doit être la fatigue ! »

La jeune fille sembla troublée.

« Ecoute, il y a quelque chose dont je ne t’ai pas parlé pour ne pas t’alarmer mais… Maître Eukos a le pouvoir de prendre l’apparence d’autres personnes… »

« Quoi ? Et tu crois que… »

« Je n’en sais rien mais ne prend aucun risque. »

Dimitri hésita puis il se dit que, outre le fait qu’il était peu bavard ce soir, il avait un comportement assez suspect.

« D’accord, je connais un endroit où passer la nuit ! »

Il retira ce dont il n’avait pas besoin de son sac d’école et le ferma. Il retira son gilet, et enfila un sweatshirt bien chaud. Il avait également glissé le petit bout de papier dans la poche de son pantalon.

— Heureusement que j’ai un manteau et une paire de chaussures qui trainent dans ma chambre !

Pas question de prendre le risque de se faire attraper ! Il ouvrit sa fenêtre et s’accrocha au rebord. Le sol n’étant pas très loin, Dimitri se laissa tomber sur son oreiller qui amorti sa chute. Il jeta un dernier coup d’œil vers sa maison.

— Si tu es vraiment mon père, je sais que tu seras très inquiet que je sois partit…

Il se mit à courir à travers la ville à moitié éclairée et finit par atteindre son école. Le gymnase n’était jamais fermé à clé, s’était la cachette idéale. Il lui suffisait de se lever avant l’arrivée du concierge et de prétendre est venu réviser un peu plus tôt.

« C’est bon, j’ai réussi à m’enfuir. »

« Je suis soulagée ! Désolée de ne pas t’en avoir parlé plus tôt, je ne voulais pas que tu vois le mal partout et puis je n’étais pas certaine qu’il ait conservé ce pouvoir dans ton monde… On dirait bien qu’il est plus puissant que je ne l’aurais pensé ! »

« Ne t’en fais pas, j’irai jusqu’au bout ! Il ne me fait pas peur. »

Le garçon fut lui-même surpris par cet élan soudain de courage qui, à une autre époque fit sourire Niatha.

« Bon je vais essayer de comprendre comment utiliser la sphère cette nuit tant que Maître Eukos dort. »

« Bonne chance, à demain ! »

Dimitri rangea la livre dans son sac qui lui servit ensuite d’oreiller. C’était mieux que rien.

*

Tout comme il l’avait prévu, le garçon se leva aux aurores et quitta le gymnase discrètement. Il s’installa dans la cours et fit mine d’étudier en attendant que quelqu’un vienne ouvrir les portes de l’établissement. Une fois cela fait, il se dirigea vers son casier devant lequel il s’arrêta net.

— Mais… qui a… Eukos !

Son casier avait été forcé et la moitié de ses affaires jonchaient sur le sol. Une surveillante arriva pendant qu’il ramassait ses affaires.

— Inadmissible, tout bonnement inadmissible ! Quel est ton prénom jeune homme ?

— Euh … Dimitri, Dimitri Aansen.

— Ah tu es le fils de madame Aansen n’est-ce pas ?

— Euh, oui.

— Bon je vais aller prévenir le directeur de cet incident, regarde si rien ne t’a été volé. Tu peux utiliser le casier …

Elle regarda autour d’elle.

— Tiens là-bas, ce casier est libre.

Elle le lui montra du doigt et il déménagea ses affaires jusqu’à son nouveau casier.

— Désolé Niatha mais on discutera après les cours ! Pensa Dimitri en regardant le livre dans son sac.

Il profita du temps qui lui restait avant le début des cours pour aller cacher le livre et le stylo.

Il revint quelques minutes avant que la cloche ne sonne. La matinée passa en un clin d’œil. Comme Dimitri n’avait pas cours cette après-midi, il décida de manger un bout à la cantine.

— Bon, pas question de rentrer à la maison… Je ferais mieux de trouver une autre cachette que le gymnase…

Il débarrassa son tableau et quitta le bâtiment.

— Monsieur Aansen !

Il se retourna. C’était la surveillante de ce matin.

— Le directeur a demandé à vous voir dans son bureau à propos de l’incident.

— D’accord je vais y aller merci.

Il rentra à nouveau dans le bâtiment et monta l’escalier. Une fois devant la porte, où une plaque indiquait qu’il se trouvait bel et bien devant le bureau du directeur, il donna 3 petits coups secs.

— Entrez ! Cria une voix grave.

Le jeune homme fit ce qu’on lui demanda.

— Ah Dimitri c’est toi. Assieds-toi donc.

— Vous vouliez me voir à propos de mon casier monsieur ?

— Oui tout à fait, un malheureux incident. Rien ne t’a été volé j’espère.

— Je ne pense pas, non.

Le directeur se leva de sa chaise et fit quelques pas dans son bureau avant de s’approcher du garçon.

— Tu n’avais rien de précieux dedans de toute façon.

— Euh … non…

— Même pas un livre très convoité par une certaine personne.

Il se leva d’un bond de sa chaise.

— Donne-moi le livre et le stylo et il ne t’arrivera rien… Cela fait si longtemps que j’erre dans ce monde à la recherche des deux objets qui ont ruiné mon plan. Je ne pensais pas que vos technologies bien que médiocre m’aurait permis de te retrouver si vite. Comment appelez-vous ça ? GPS ? C’est affligeant …

Dimitri attrapa son sac et se précipita vers la porte mais Eukos l’intercepta.

— Allons, allons, nous n’allons pas nous quitter aussi rapidement.

Dimitri serra les dents. Il n’aurait pas pensé que son téléphone le trahirait.

— C’était donc bien vous hier soir et non mon père !

— Tu n’es pas si bête que ça. Mais je t’ai observé bien avant. Seulement tu n’as rien remarqué pensant avoir à faire à de simples curieux.

Il se sentit de plus en plus stupide d’avoir agi aussi imprudemment.

— Bon assez discuté, donnes les moi maintenant !

Il afficha un léger sourire et soutenu le regard d’Eukos.

— Malheureusement pour vous, j’ai pris mes précautions !

Furieux il l’attrapa par le cou et le plaqua contre le mur.

— Il a beaucoup trop de force ! Pensa Dimitri sentant la main se serrer de plus en plus fort.

— Espèce de petite vermine ! C’est donc pour un humain comme toi que Niatha a renoncé à notre projet et qu’elle m’a trahit !

— Sans moi, vous ne saurez jamais où sont cachés le livre et le stylo, dit-il le souffle court.

— Peu m’importe ! Je trouverai avec ou sans toi… J’ai déjà attendu des siècles durant, un de plus ou un de moins…

— Vous n’y arriverez pas !

— Tu es bien naïf et arrogeant ! J’ai toutes les ressources nécessaires pour cela. Penses-tu réellement que je me sois tourner les pouces durant toutes ces années de recherches ?

Eh bien non vois-tu. Prendre l’apparence de qui ont le souhaite a bien des avantages. Il m’a suffi de prendre l’apparence d’homme influant, de signer quelques paperasses de temps à autres et de prendre des décisions et en échange je menais mon enquête.

Dimitri eut l’air surpris de cette révélation.

— C’est grâce à cela que j’ai autant de faciliter à traquer ton signal GPS. Bien que si j’avais eu l’entièreté de mes pouvoirs cela aurait été encore plus rapide…

Le lycéen était dans une impasse, il avait de plus en plus de mal à respirer.

— Adieu !

Eukos renforça sa poigne et au même moment on frappa à la porte. Il grogna et relâcha le garçon qui tomba par terre.

— Monsieur le directeur, les parents de la nouvelle élève vienne d’arriver pour la réunion.

Il jeta un coup d’œil vers le garçon qui faisait semblant d’être évanouit.

— Bien allons-y !

Il ferma la porte et Dimitri se releva en se tenant le cou. Il se précipita vers la porte.

— Fermée !

Il déposa son téléphone sur le bureau du directeur et ouvrit la fenêtre.

— Tu ne gagneras pas !

Il s’accrocha au rebord et tomba dans un buisson. Il courut le plus loin possible de l’école, passa chercher le livre et le stylo puis repris sa course sans but. Il finit par arriver près d’un bâtiment qui devait être démoli le mois prochain. Il en fit le tour et réussit à forcer la porte de derrière qui n’était pas très bien fermée. En observant les lieux, il en déduit que ça devait être une ancienne agence de location de bateau avant d’être abandonné.

Il raconta sa journée à Niatha qui fut soulagée qu’il ait finalement réussit à s’en sortir.

« Je suis désolée, je n’aurais pas dû t’embarquer dans cette histoire… Si seulement j’avais été plus forte… »

« Tu n’as rien à te reprocher, c’est avant tout ma décision. Tu as fait tout ce que tu pouvais et c’est déjà beaucoup ! On va y arriver, je te le promets ! »

La situation devenant de plus en plus dangereuse pour son ami, Niatha redoubla d’effort pour décrypter le fonctionnement de la Spirit Melodica. Dimitri passa l’après-midi à attendre. Pas la peine de prendre le risque de sortir.

« J’ai réussi ! »

Il regarda les lettres apparaitre petit à petit.

« Nous n’avons plus le temps pour les énigmes. »

Elle se contenta d’écrire les coordonnées qui, après analyse de la carte, semblait indiquer une petite île nommée Høgholmen.

« Parfait ! »

Il regarda autour de lui, le soleil était déjà bas et, ayant abandonné son téléphone, il n’avait plus aucune source lumineuse.

« Il commence à faire sombre, je partirai demain dès que le soleil serra levé ! Je vais te laisser pour aujourd’hui, je n’ai plus assez de lumière pour voir ce qui est écrit. »

Effectivement les derniers mots de Dimitri étaient un peu tordus. La jeune fille se contenta d’écrire « Bonne chance » à son ami.

*

Les premiers rayons du soleil vinrent caresser le visage de Dimitri qui s’étira quelques minutes avant de se lever. Le sol en plus d’être froid, n’était pas des plus confortable mais il avait quand même réussit à dormir quelques heures.

Il poussa l’armorie qu’il avait placée derrière la porte et ouvrit celle-ci. Une fois à l’extérieur, il jeta un coup d’œil autour de lui. Il devait plus ou moins être 7h, les rues commençaient doucement à s’animer.

— Pas de temps à perdre, pensa-t-il.

Il se dirigea vers l’embarcadère, achetant au passage de quoi manger. Le bungalow de location était encore fermé… Pas le temps d’attendre, il s’éloigna et trouva une petite barque abandonnée.

— Ça fera l’affaire !

Il aurait gagné du temps avec un bateau à moteur mais attendre c’était prendre le risque d’être retrouvé par Eukos. De plus, il valait mieux ne faire confiance à personne pour le moment.

Il rama encore et encore et finit par atteindre l’île de Høgholmen. Il tira la barque de l’eau afin qu’elle ne se fasse pas emporter et qu’il n’ait pas à rester coincé sur cette île.

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