Chapitre III - Rencontre avec Hab'zazzel (Partie 2/2)
Vaisseau amiral de la flotte Elfante
Le vaisseau trônait fièrement en orbite, le palais était visible depuis l’espace. Il était grand, circulaire et composé de plusieurs petits blocs. Tout était construit dans un marbre impeccable, selon les directives du roi Ivorien Ier. La reine Ivoriaah III s’avança pour prendre place sur son trône derrière le siège du pilote.
—Amiral ? demanda Ivoriaah.
—Oui ma reine ?
—Avez-vous localisé le monde dont je vous ai parlé ?
—Oui ma reine, le cap est configuré, le saut hyperspatial va avoir lieu d’ici quelques secondes. Répondit l’Amiral.
—Parfait, dans ce cas, dites à vos troupes de se tenir prêt. Nous allons débarquer à la surface dès que ce sera possible. Ce peuple de sauvage détient une amie.
Le tunnel hyperspatial s’ouvrit, le vaisseau amiral s’y engouffra instantanément, le pilote fixait ses écrans avec attention, il ne voulait pas détruire le vaisseau en se relâchant. Chaque voyage était très éprouvant. La sueur perlait sur son front et sa trompe s’agitait pour évacuer ce liquide insupportable.
—Que vous arrive-t-il ? demanda la reine au pilote.
—Rien ma reine. Répondit-il.
—Ne me mentez pas, je vois votre trompe s’agiter.
—En effet ma reine, je transpire. Veuillez m’excuser. Avoua le pilote gêné.
—Oh si ce n’est que ça.
—Oui ma reine, ce n’est que ça. Répondit-il en tapotant les boutons de sa console.
Le voyage progressa, ils étaient déjà arrivés à la moitié du chemin quand un tremblement survint. Le vaisseau avait été secoué par quelque chose. Le pilote était paniqué devant ses écrans. Il appuyait frénétiquement sur tous les boutons et déclencha l’alerte générale.
—Que se passe-t-il ? demanda la reine.
—Je ne sais pas ma reine. Hasarda le pilote paniqué.
—Ne vous payions nous pas pour que vous sachiez justement ?
—Si ma reine, je travaille sur le souci. Je … commença-t-il
Alors que le pilote en prenait pour son matricule, une onde de choc parcourut le vaisseau. Quelque chose avait heurté le vaisseau, quelque chose qui se déplaçait dans l’hyperespace sans problèmes. Les tremblements du vaisseau reprirent. Le pilote coupa les moteurs supraluminiques et fit un état des systèmes une fois qu’ils furent sortis de l’hyperespace.
—Ma reine, nous avons un problème.
—Quel est donc ce problème ?
—Nous avons heurté un objet dans l’hyperespace.
—Comment cela est-il possible ? demanda la Reine.
—Je ne sais pas, c’est la première fois que je vis pareille situation. Il n’y a pas de précédent.
—Dans ce cas, trouvez ce qui s’est passé et reprenez la route. Une amie compte sur nous. Ordonna la reine.
—Très bien ma reine. Voulez-vous que l’on scanne l’hyperespace à la recherche de la chose que l’on a percutée ?
—Ah parce qu’il vous fallait un ordre ? railla la reine.
—Je m’en occupe tout de suite, nous ne pourrons pas repartir avant la fin du scan.
—Combien de temps devrait-il prendre ?
—Quelques minutes tout au plus.
—Parfait, calculez notre nouvelle trajectoire et préparez les canons à plasma.
—Pourquoi activer les canons ma reine ? Aucun vaisseau n’est dans les environs. Indiqua le pilote en proie au doute.
—Ne discutez pas, activez ces canons.
Les canons activés, le scan toujours en cours, un nouveau tremblement se fit sentir : quelque chose bousculait le vaisseau. Celui-ci tanguait comme un bateau sur les océans. La panique gagna rapidement l’équipage Elfantoh. Les soldats rejoignirent leur poste de combat et se tinrent prêts à tirer sur la chose qui causait ces secousses. Les scanners ne révélaient rien, rien d’autre que le vide spatial et ce sur les cinq dimensions scannées.
—Ma reine ?
—Oui ?
—Les scans sont terminés. Aucun résultat. Il n’y a rien dehors, chuchota le pilote comme craignant d’être entendu par la chose responsable des secousses.
—Dans ce cas, repartons immédiatement ! Nul besoin de rester là.
—Tout de suite ma reine.
Le pilote activa les moteurs, la vitesse du vaisseau augmentait rapidement. Une nouvelle fenêtre d’hyperespace s’ouvrit devant le vaisseau et celui-ci se précipita dedans. La seconde suivante, un tentacule géant sortit de la fenêtre, il tenait fermement le vaisseau Elfantoh.
—Vous avez vu ça ma reine ?
—Oui, qu’est-ce donc ?
—On dirait un poulpe ma reine ! lui répondit le pilote.
—J’ai bien vu, mais celui-ci a l’air étrangement grand non ?
—Je crois que l’on peut dire cela ma reine. Puis-je ordonner que l’on tire sur cette créature ?
—Vous attendiez quoi ? Que la structure ne tienne plus ?
Le vaisseau commença à tirer juste à l’instant où le tentacule qui le tenait se resserrait sur lui. Les boucliers n’étaient d’aucune utilité, ils ne semblaient même pas être en panne : ils étaient juste inefficaces sur la créature qui les traversais sans problème. Les rayons plasma touchèrent la créature, elle lâcha prise et disparut dans la fenêtre après avoir lâché un nuage d’une très étrange substance noire qui n’était visible que parce que la fenêtre dégageait une lumière bleu clair dans le vide.
Dans le palais * Planète Oph’owr
—Ainsi vous avez découvert tout ça juste sur des mesures satellitaires professeur ?
—Oui, cela m’a pris quelques années mais c’est exact.
—Félicitations ! Dommage qu’il n’existe aucune distinction pour les travaux scientifiques majeurs. Vous l’auriez à coup sûr mérité.
—Je vous remercie Maitre. Ravi de découvrir un esprit sensible à tant d’années de travail acharné.
—Bon allez les tourtereaux ! On se concentre. Comment on trouve la trace de la créature ? demandai-je.
—J’imagine qu’il faudrait recalibrer le satellite et tenter de scanner l’Univers. Mais cela va prendre la nuit de recalibrer le capteur. Indiqua le professeur.
—Dans ce cas, allons-y ! Calibrons ces capteurs et allons dormir, j’imagine que l’on peut toujours compter sur votre aide pour notre problème de corps non ? demandai-je.
—Oh ! Parbleu ! J’avais complètement oublié ce détail !
—Ce détail … non mais tu entends ça Yanh ?
—Oui j’entends bien …
Les miaulements ne furent compris par personne sauf Esdraël.
Le professeur se mit à chercher frénétiquement un objet. Il ouvrait tous les tiroirs disponibles, allumait des consoles un peu partout dans la pièce et finit par trouver ce qu’il voulait. Il pressa un bouton rouge de belle taille et une porte s’ouvrit. Il y avait encore un panneau indiquant « ne surtout pas utiliser avec un animal, nombreux incidents rapportés ».
—Je sais que ce n’est pas rassurant mais, ces incidents sont très vieux vous savez, expliqua le professeur Mhed.
—Je pense parler en notre nom à tous les deux en disant que nous ne voulons pas de détails. Répondis-je un peu inquiet.
Yanh acquiesça, nous avançâmes vers la porte, entrâmes et des picotements me parcoururent. D’un coup d’un seul je me trouvais de nouveau dans mon corps de chat. La situation était de nouveau à peu près normale. Le professeur me fixait comme pour vérifier que je n’allais pas me liquéfier sur place.
—Je suis soulagée !
—Maitre ! enfin je suis de retour dans mon corps ! sauta de joie le jeune Yanh.
—Oui allez bon, tu te calmes. Nous avons des problèmes, amène donc ce chat avec toi et allez dormir. Ya-t-il un endroit où nous pourrions passer la nuit professeur ? demanda le maitre.
—Hum. Très certainement, je vais vous faire accompagner.
Il appuya sur un bouton, rien ne se passa immédiatement mais quelques instants après le colonel arriva dans le laboratoire visiblement exaspéré par cet appel.
—Ramenez-les en prison colonel. Ils voulaient dormir.
—En prison ? hurla le maitre Blue qui semblait scandalisée.
—Oui. Le colonel va changer le mode des cellules. Mettez-les en mode chambre d’hôtel.
—Si j’en ai bonne envie ! grommela le colonel.
Vaisseau amiral de la flotte Elfante
Alors que le vaisseau progressait, un signal apparut sur les détecteurs : quelque chose approchait. L’équipage se tenait en alerte depuis le récent problème qui les avait poussés à quitter l’hyperespace. Le détecteur produisait une série de petits « bip ».
—Qu’y a-t-il cette fois ? s’exaspéra la reine en réponse au détecteur.
—C’est un signal d’alerte. Une chose énorme s’approche, la calma le pilote.
—Enorme comment ?
—Au moins aussi grosse que le monstre de tout à l’heure. Je crains d’ailleurs que ce ne soit encore lui.
—Que nous veut-il ? Qu’est-ce donc ? demanda la reine.
—Je ne sais pas, il n’y a qu’un seul précédent et il n’est pas clair, ironisa le pilote.
—Ah bon ? Quel précédent ?
—Nous.
Un silence pesant s’installa. Les membres d’équipage avaient bien compris, le pilote venait d’être irrespectueux avec la reine Ivoriaah. Il allait le regretter. La reine fusillait désormais le pilote du regard. Elle leva sa main droite et deux gardes apparurent.
—Pouvez-vous enfermer cet individu ? Mettez-le dans la cellule la plus sûre du vaisseau, qu’il ne s’échappe pas. Nous le laisserons sur un monde désertique quand nous en croiserons un, ordonna la reine.
—Non ma reine pitié ! supplia le pilote. Je suis désolé.
—Allez venez avec nous, demanda un des gardes en le saisissant.
Le pilote fut ainsi enfermé dans une cellule encore en essai : un prototype de cellule dimensionnelle. Le pilote était désormais dans un univers de poche.
—Avons-nous un autre pilote messieurs ?
—Oui ma reine, j’ai déjà piloté à la spatio-école, acquiesça un des gardes en levant la main.
—Parfait ! Prenez les commandes dans ce cas, vous êtes mon nouveau pilote.
A peine le nouveau pilote avait-il pris les commande qu’une secousse survint. Cette fois elle ne fut pas anodine, une conduite de carburant se rompit sur le pont. Des techniciens se ruèrent pour la colmater, mais à peine l’eurent-ils touchée qu’une seconde secousse vint les arrêter et stopper les moteurs.
—Ma reine, je crois que nous avons un énorme problème.
—Cessez donc de répéter cela, vous les pilotes êtes décidément incapables de trouver des solutions ?
—J’en ai une ma reine, j’ai déjà envoyé un message de détresse.
—Rien de plus immédiat ? de plus efficace ? grommela-t-elle.
—Les moteurs sont hors service, les boucliers vont nous lâcher et la coque externe est abîmée, inventoria-t-il.
—C’est donc mauvais ?
—Très.
Un nouveau choc survint, il déchira la coque en deux, et le vide s’empara bientôt de tous les membres d’équipages et de la reine. Le détecteur émettait un « bip » encore plus fréquent qu’auparavant : quelque chose approchait. La chose ingéra les débris, et repartit dans la direction opposée comme si le petit déjeuner n’avait pas suffi à la rassasier. Il ne restait que quelques débris flottant seuls dans le vide spatial.
Laboratoire du professeur Mhed * Planète Oph’owr
Le professeur était déjà au travail quand nous arrivâmes. La nuit avait été reposante, le maitre observa une photo sur le mur, une photo qu’elle n’avait pas remarquée la veille. Elle était légendée : « Lombricorne des plaines – Lumbricornis parasitoïdes ». le maitre resta figée à observer cette créature et à se demander quel être aurait pu avoir l’idée de concevoir telle créature. Le lombricorne ressemblait en tout point à un simple ver de terre, à la seule nuance qu’il faisait plusieurs mètres de longs, possédait une terrible mâchoire dentée et une corne digne des plus belles licornes.
——Vous avez vraiment cette espèce sur votre monde ? demanda le maitre avec intérêt.
—Oui ! Fascinante créature, elle se reproduit en piquant les autres espèces avec sa corne pour y introduire des œufs qui vont parasiter la victime et la digérer lentement. Il est impossible à l’heure actuelle de se débarrasser d’un tel parasite, il se lie immédiatement au système nerveux de l’hôte.
—Je vois, une belle saloperie si je puis me permettre le mot.
—En effet, j’ai été imaginatif en créant cette chose, mentionnai-je fièrement tout haut.
Un des ordinateurs émit une sonnerie, venant ainsi couper mes divagations. Nul ne releva ce que je venais de dire, probablement étais-ce mieux pour moi. Seul Yanh me fixait suite à cette révélation. Le professeur Mhed s’approcha du moniteur holographique et lut à haute voix.
—Sommes en grand danger, assistance demandée, sommes attaqués dans l’hyperespace... le message s’arrête là.
—Professeur, de qui vient ce message ? l’interrogea le maitre en s’approchant également du moniteur.
—Je ne sais pas, on dirait un congénère de la prisonnière qui s’est évadée…
—Il faut absolument aller voir ça ! supplia le maitre.
—Je ne sais pas trop, emprunter un vaisseau à la garde requiert de bonnes raisons.
Le professeur connecta le satellite et fit quelques relevés. Les résultats ne tardèrent pas, le signal avait été mis tout près de la planète et il ne faudrait que quelques heures pour atteindre sa source. Il soupirait et d’un coup poussa un cri de victoire.
—Je l’ai trouvé !
—Qui ça ? La créature ? demanda le maitre.
—Oui ! Il était à la source du signal de détresse. Il faut donc bien aller là-bas. Je me charge de nous dégoter un vaisseau.
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