MOUTONS (II)
Âme
Contemple mon corps
Tout plat, incrusté dans le sol.
D'un air vide elle se penche
Puis, tel une feuille de papier
Soulève délicatement mon crâne
Et se met à m'enrouler.
Une fois compacté en un rouleau bien serré,
Mon corps se voit transporté puis rangé
Dans la case libre d'une étagère prévue à cet effet.
L'âme est partie, et des plis de la bobine
S'échappent un à un de petits moutons blancs
Unissant leurs forces, ils parviennent en tirant
À extraire le rouleau qui s'étale sur le sol
Déroulé, je me questionne
Mais déjà les nuages
Sur leurs petites pattes noires
S'affairent de tous côtés
Soufflent à travers de petits goulots à valves
Afin de me regonfler.
Une fois mon épaisseur retrouvée
Je m'assois, un peu déboussolé
Puis je me lève et me dirige
Dans un couloir à la vue dégagée.
Par la vitre transparente je reconnais ma tour
Mais un détail me tarabiscote
Elle qui était si grande, est maintenant si réduite...
Que s'est-il donc passé?
À force de chercher, je finis par comprendre
Par construction géometrique, qu'il s'agit de la distance
Responsable de cette si frappante illusion:
J'étais proche, la tour était immense
Je suis loin, elle me paraît minuscule.
~Koh
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