GALÈRE
L'océan te tiraille en tout sens
Après des mois à flotter, à la dérive
Les vagues ont finit par te lâcher
Au beau milieu d'un port tumultueux
Habitué au doux balancement du large
Tu te retrouves bazardé en tout sens
Pauvre pantin paumé, tamponne les paquebots
La terre est si proche,
Pourquoi n'as tu pas pieds?
Plus haut, sur les rochers, tu apperçois ton amie
Un visage béni, prêt à te hisser de l'eau
Te sortir de la mer où tu allais sombrer
Ta motivation renaît telle une flamme sans pareil
Et tu nages comme tu n'as jamais nagé
Vers cette lueur d'espoir
Une main finit par t'attraper
Envahi par le soulagement
Tu te mets à rire et à chanter
Tout est si bien, plus besoin de lutter
Contre l'écume qui ne t'emporte plus
Contre le courant qui ne t'eclabousse plus
Te voilà enfin sauvé.
Et ton corps finit par se lasser
Du sel qui l'entoure, il veut reprendre pied
Il ne te reste plus qu'a monter sur les rochers
Pourquoi ce bras auquel tu t'aggrippe
Commence-t'il tout à coup à glisser?
Tu t'accroches à deux mains, et deux mains te retiennent
Mais l'eau poisseuse du port
Telle de l'huile, a lissé toute accroche
Et plus on te tire, et plus tu t'extirpes
Plus tes mains glissent, et plus ça s'empire
Pieds qui glissent sur les algues qui recouvrent le rocher
Mains qui glissent sur les bras qui devaient te sauver
Et les vagues qui se pressent contre ton corps lessivé
La marée monte, mais toi, tu n'arrives pas à monter
La haine surgit contre tant d'injustice
Contre cette eau qui t'oppresse, ces algues qui te gènent
Contre ces bras inutiles qui t'empèchent de changer prise
Contre le soleil qui t'aveugle, la mouette dans le ciel
Qui vole, elle, si tranquille, pendant que toi tu galères
Contre ce port si mal fait, contre la mer si cruelle
Contre ton corps fatigué, et ta propre incapacité
Tout s'embrouille dans cette haine
Et tes pas qui s'entremèlent
Il n'y a plus que le sol qui te nargues
Si proche, toujours, et encore...
~KOH & ~LYA
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