Chapitre 12
Le Sidobre et Castres, Tarn
Le Sidobre est un plateau granitique situé un peu à l’est de Castres. Ange et Philippe marchaient entre des blocs de pierre monumentaux, sous le couvert de la forêt, appréciable par cette chaude journée.
— Chacun de ces rocs a un nom et une légende particulière. Celui-ci, la Peyro Clabado, fait plus de 700 tonnes et on se demande comment il est resté en équilibre.
Le policier ne paraissait pas très sensible à la géologie du site.
— Qu’est-ce qui te préoccupe ? demanda son ami.
— Ce qui peut bien pousser une religieuse à quitter son couvent en pleine nuit pour participer à un gang bang.
— Je me pose la question, moi aussi. Elle est nécessairement sortie de son plein gré, et elle a dû répondre à une sollicitation extérieure. Elle n’a pas résisté, ses blessures ne sont pas des blessures de défense.
— Oui, il faudra sûrement remonter dans son passé pour savoir qui peut avoir encore une telle influence sur elle, compléta Ange. Penses-tu que la Supérieure pourra nous en dire plus sur elle ?
— Je ne sais pas, mais mon cousin aura sans doute plus de résultats que nous. Les sœurs ont un grand respect pour les moines de l’abbaye.
— Je ne peux pas vraiment me prévaloir de mon statut à ce stade, mais de toute façon, je finirai pas obtenir l’information. Qu’est-ce que tu as fait de l’échantillon de sang ?
— Je l’ai toujours dans ma poche.
— Vu les conditions dans lesquelles il a été prélevé, je ne pense pas qu’il ait une valeur légale, mais il pourrait quand même nous fournir quelques informations. Il n’y a pas de labo au commissariat de Castres, mais peut-être qu’on pourrait tenter notre chance à l’hôpital ?
— Je n’y connais personne, mais avec nos deux cartes de visite, on devrait pouvoir se faire ouvrir quelques portes.
— On tente le coup alors.
Moins de trente minutes plus tard, les deux hommes étaient redescendus du plateau et se présentaient à la réception de l’hôpital, demandant à parler au responsable du laboratoire de biologie. La réceptionniste passa un coup de téléphone, et après avoir décliné leurs identités et qualités, les dirigea vers un ascenseur.
— Le laboratoire est au niveau inférieur, c’est indiqué. On vous y attend.
Philppe remercia.
— Bonjour, je suis le Docteur Lacaze, que puis-je faire pour vous ?
— Je suis le Docteur de Loubennes, et voici le commissaire Segafredi de la PJ de Toulouse. Nous aurions besoin d’une analyse d’un échantillon de sang. Je ne peux pas vous donner beaucoup de détails.
— En fait, ajouta Ange, nous voudrions surtout savoir si ce sang contient des substances narcotiques ou autre drogue notoire.
— Vous n’avez pas de labo à Toulouse ?
— Bien sûr, mais nous aimerions avoir la réponse rapidement. C’est possible ?
— Oui, bien entendu, je vais faire le nécessaire immédiatement.
Le biologiste appela l’un de ses assistants et lui donna quelques instructions, puis Philippe lui tendit le flacon.
— Nous allons rechercher les produits les plus connus, nous devrions avoir une réponse très rapidement. Vous avez un numéro où je pourrai vous joindre ?
Philippe communiqua le numéro de son portable.
— Je vous appelle dans une heure, peut-être même un peu plus tôt.
— Merci Docteur, conclut Ange.
Les deux hommes sortirent de l’hôpital pour rejoindre leur voiture. Le téléphone de Philippe sonna dans sa poche. Le médecin décrocha. Il écouta son correspondant pendant quelques instants avant de répondre.
— Merci ma sœur, nous venons tout de suite.
Puis à l’intention d’Ange.
— C’était l’infirmière du couvent. La soeur est réveillée. Elle peut nous parler. On y va ?
— Et comment !
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