Chapitre 47
Toulouse, Haute-Garonne
Le week-end était arrivé sans avancée significative dans l’enquête. Samira et son équipe n’avaient pu consacrer autant de temps que souhaité aux recherches documentaires et la période des vacances estivales allongeait les délais pour accéder aux pièces archivées.
Philippe et Brigitte avaient annoncé leur arrivée pour le dimanche soir, mais prévoyaient d’aller directement à la propriété familiale. Rendez-vous avait été pris pour le lundi matin. Ange et Philippe avaient planifié de se rendre à l’hôpital de Carcassonne pour consulter les dossiers médicaux, puis sur le chemin du retour, de visiter à nouveau le couvent pour que Philippe puisse s’entretenir avec Béatrice Moreau. Pendant ce temps, Brigitte et Julie avaient prévu une journée entre filles, avec une escapade jusqu’à Albi, où Julie avait fait ses études secondaires.
Le trajet de Lesbos jusqu’à Toulouse n’était pas simple. Julie devait d’abord prendre un ferry de Lesbos à Chios, puis un avion pour Athènes, un autre pour Paris et enfin une navette Paris-Toulouse.
Elle avait donc décidé de dormir chez elle, à Paris, le vendredi soir et de ne rejoindre Toulouse que le samedi, en fin de journée, pour avoir le temps de mettre un peu d’ordre dans ses affaires avant de s’octroyer quelques jours de repos.
Ange disposait d’un peu de temps pour finir de ranger et nettoyer. En fin de matinée, l’appartement lui semblait dans un état acceptable et il décida de se rendre à pied au marché Victor-Hugo afin de s’y restaurer et de rapporter quelques produits raffinés pour le dîner. En voyage, il savait Julie peu soucieuse de son alimentation, et il se doutait qu’elle apprécierait quelques douceurs pour leurs retrouvailles. Il avait également dans l’idée de passer chez le caviste pour choisir quelques bonnes bouteilles pour accompagner la soirée.
Julie avait prévu d’arriver par la navette d’Air France, vers dix-huit heures. Ange avait encore deux heures à tuer. Il prit un roman et s’installa sur sa terrasse avec un verre de vin blanc frais. Après deux chapitres, son esprit ne put s’empêcher de revenir à la nonne violée. Cette affaire était loin d’être la plus complexe ou la plus importante qu’il ait eu à résoudre. Elle n’était pas remontée dans la hiérarchie, et c’est surtout sur son initiative que les choses avançaient. Pour le moment, ni Mélodie, ni la Mère Supérieure n’avaient voulu porter plainte. Tant que Claire Parayre montrerait de l’intérêt pour le dossier, il pourrait continuer sinon le dossier finirait en cold case (*).
Il se demanda ce que cette affaire avait de spécial pour retenir ainsi son attention. Certes, il avait un peu de compassion pour la religieuse, mais il avait traité des dossiers bien plus sordides et en règle générale, il essayait de ne pas trop mettre d’affect dans son travail, pour se protéger et ne pas ramener dans le privé toutes les tares de l’espèce humaine qu’il côtoyait dans sa vie professionnelle. Il dut se rendre à l’évidence, il était attiré par le parcours de Béatrice Moreau, passée de femme jeune et jolie, mais reléguée à des tâches ménagères, négligée par son mari à Mélodie, libertine assumée. Il n’avait pas de problème d’ordre moral avec cette facette de sa personnalité, bien au contraire, d’autant que de toute évidence, elle n’avait jamais tiré de revenu de cette activité. Il essayait de se projeter dans cette vie de plaisirs brutalement stoppée. L’accident avait d’évidence constitué un tournant dans l’existence de Béatrice, mais on ne rentre pas au couvent à la suite d’un accident, aussi grave soit-il. Il y avait nécessairement autre chose. Ils n’avaient que peu de pistes à explorer. Espérer que la religieuse accepte d’en dire plus, ou bien retrouver Van Den Brouck, à moins qu’ils puissent identifier la mystérieuse messagère, en espérant qu’elle ait quelque chose à leur apprendre.
Le bruit de son livre tombant sur le sol le réveilla. Tout à ses pensées, il avait fini par s’assoupir. Il regarda l’heure. Dix-sept heures trente. Il était temps de se mettre en route pour Blagnac. Il ne craignait pas les embouteillages, sachant qu’il pourrait toujours abuser du deux-tons et du gyro, mais il ne voulait pas faire attendre sa compagne, désireux qu’il était de la tenir dans ses bras. Ange et Julie n’étaient plus de jeunes amoureux, mais leur mode de vie de couple « à temps partiel », la journaliste passant l’essentiel de son temps de travail en voyage, faisait qu’ils étaient toujours heureux de se retrouver.
Un peu avant dix-huit heures, il était dans le hall des arrivées de l’aéroport. Le tableau d’affichage annonçait que l’avion venait juste d’atterrir. Il savait que Julie n’aurait pas de bagages à récupérer. Il se dit qu’il ne s’était pas écoulé plus d’une semaine depuis qu’il s’était retrouvé au même endroit pour accueillir Philippe. La porte s’ouvrit livrant le passage aux premiers passagers. Julie, grande voyageuse, était toujours dans les premiers rangs. Il l’aperçut très rapidement et lui fit un geste machinal. Il se dit qu’il était heureux comme un ado à un premier rendez-vous.
Julie lui sembla plus séduisante qu’à son départ. Le soleil de Grèce avait donné de l’éclat à sa peau brune. Elle portait sa tenue de détente favorite, un jean ajusté, élimé et déchiré aux genoux, une chemise d’homme, blanche, largement ouverte sur son buste bronzé et des sandales à lanières de cuir. Un grand sac besace en vieux cuir fauve constituait son seul bagage. Sa chevelure était plus sauvage que jamais. Qu’elle est belle, se dit le policier.
— Salut mon ange, je ne t'ai pas trop manqué ? Tu n’as pas vraiment bonne mine pour un homme qui vit au sud. Tu devrais prendre un peu plus le soleil !
— Toi, par contre, tu en as bien profité ! et si, tu m’as manqué. J’ai failli me consoler avec Claire Parayre.
— Oh, mon chou ! tu aurais dû, tu sais bien que je ne t’en voudrais pas pour ça, le taquina Julie.
— Donne-moi ton sac, comment s’est passé le voyage ?
— À côté de ce que j’ai fait hier, le vol d’aujourd’hui, c’était comme prendre le métro. J’ai même eu droit à une main baladeuse dans la file d’embarquement. Mon voisin de droite était un homme âgé qui a cherché toutes les excuses pour mater dans mon décolleté. Pour le punir, j’ai renversé la moitié de mon verre d’eau sur son pantalon. Bien fait pour lui.
— Pauvre homme, je me mets à sa place, j’aurais sûrement fait pareil.
— Tu auras droit à plus, mais pour ça, il faut me ramener à la maison.
— Allez, passe-moi ton sac.
— Pas question, il y a toute ma vie dedans.
À l’extérieur, un policier en tenue, suspicieux, tournait autour de la voiture que le commissaire avait laissée comme à son habitude sur une place réservée. Il montra sa carte au fonctionnaire qui se mit au garde à vous. Julie jeta son sac sur le siège arrière pendant que Ange se mettait au volant.
— Tu es dur avec les simples flics. Ta tête va finir punaisée dans le vestiaire, pleine de petits trous.
— Je m’en fous. J’ai horreur des parkings.
Arrivés à l’appartement, Julie laissa tomber son sac dans l’entrée et se débarrassa de ses sandales.
— Tu me sers à boire ? demanda-t-elle à Ange.
— Qu’est-ce que tu veux, du vin blanc ? J’ai un excellent Gaillac. C’est Claire qui me l’a fait découvrir.
— Tu veux me rendre jalouse ? Tu perds ton temps. Si ça se trouve, Claire sera dans mon lit avant que tu ne sois dans le sien !
— Alors, dans ce cas, on pourrait s’y retrouver tous les trois ? ou même tous les cinq. Tu sais que Philippe et Brigitte viennent passer quelques jours dans la région. Ils arrivent demain soir.
— Oui, j’ai parlé avec Brigitte hier, j’avais du temps à occuper à Athènes. Alors ce verre, ça vient ?
Ange revint avec deux verres de vin à la robe dorée. Julie s’était débarrassée de sa chemise. Avec son soutien-gorge de dentelle sur son vieux jean, elle était irrésistible.
— Tu as eu de la chance de trouver un logement suffisamment haut, il n’y a pas de vis-à-vis ! dit-elle en dégrafant sa lingerie.
Ange se glissa derrière elle et posa le verre de vin frais entre ses seins. La réaction fut immédiate.
— Coquin, tu ne peux pas résister !
— Quand c’est si joliment proposé, on ne peut pas refuser.
Julie prit le verre et gouta le vin.
— C’est vrai qu’il est bon, dit-elle. Très minéral. J’aime beaucoup. Comment s’appelle-t-il ?
— Loin de l’œil, c’est de circonstance, non ?
Ils restèrent quelques minutes à contempler les toits de la ville rose, le temps de finir leurs verres.
— Je vais prendre une douche, tu m’accompagnes ?
— Et comment, je n’attendais que ça.
En plus de la situation élevée, Ange avait prêté une attention particulière à la salle de bain. Il ne voulait pas de baignoire, mais une grande douche à l’italienne. Il connaissait le goût de sa compagne pour les séances coquines sous l’eau chaude. Il savait que cela datait de l’époque où elle était encore étudiante et qu’elle partageait un petit logement avec Brigitte à Paris. Il la regarda se tortiller pour faire glisser le jean serré sur ses hanches, entrainant la culotte dans le même mouvement. Quand elle eut réussi, elle jeta le pantalon au loin d’un geste de la jambe et se retourna vers son homme.
— Allez, je vais t’aider sinon, tu vas me faire attendre !
Les deux amants se glissèrent rapidement sous l’eau puis Julie entreprit de savonner entièrement le corps du policier. Il ne lui fallut pas longtemps pour se concentrer sur le sexe érigé, sans négliger les fesses musclées, allant même s’aventurer à agacer la rosette.
— Il faut que ce soit bien propre si je dois y mettre la langue.
Ange lui rendit la pareille, noyant la courte toison sous la mousse de savon.
— Il faudra que je rectifie ça, si on doit aller à la plage, dit la journaliste.
— La plage, je ne sais pas, mais la piscine de ton amie est naturiste. Ceci dit, elle a un joli petit buisson, bien entretenu.
Julie fit couler l’eau à nouveau et s’accroupit pour prendre le sexe tendu dans sa bouche. Elle offrit à Ange une longue fellation, accueillant la semence sur sa langue.
— Les filles c’est bien, mais il me manquait ça.
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