Un saule pleureur s'agitait, avait-il peur ? Était-il de mauvaise humeur ? Lucas s'approcha pour connaître la teneur de sa douleur. Il posa sa main sur son tronc creux et n'en crut pas ses yeux. L'arbre aussitôt s'apaisa et ses battements de coeur se calèrent au rythme du sien en douceur. Il sentait ses pulsations ralentirent, et un souffle chaud l'envahir. Ce petit agité allait-il lui parler ? Pas nécessaire de laisser maux s'échapper à tout va quand on sait écouter les mots murmurer tout bas.

Le bellâtre avait envie de retrouver de la fraîcheur et de puiser à toute heure son énergie vitale dans l'eau de vie, son éternel bonheur. Lucas observa l'eau à ses pieds et constata que le filet qui serpentait au milieu des rochers était tout simplement en train de s'amenuiser. Que se passait-il ? À son tour son regard fut inquiet. Son souffle s'accélèra, son rythme cardiaque augmenta. La panique le gagna. Dans un élan non contrôlé, il cria à plein poumons. Ainsi il évacua un son en accord avec le saule moribond, un appel de détresse, un SOS.

Le chagrin ne pouvait l'emporter, hors de question de l'abandonnerIl avait nullement l'intention de le laisser souffrir sans agir. Il l'entoura de ses bras, écouta sa complainte se déverser sur son être. Découvrant son histoire, les larmes s'échappèrent et devalèrent le long de ses joues. Elles gouttaient à ses pieds. Peu à peu le débit augmenta et le filet d'eau se mua en un ruisseau, le bruit du clapotis redonna de l'énergie à ce grand solitaire. Il venait de trouver une âme charitable , une de celle prête à l'écouter se plaindre, le laisser geindre puis le secouer pour qu'il puisse à nouveau respirer.