Tristesse

2 minutes de lecture

« Je n’y arriverai jamais. 2 jours pour trouver un thème…je leur ai déjà tout proposé…ils sont impossibles à satisfaire »

Envoyé à Maman.

Quelques notes de piano.

Nouveau message de Maman :

« Je sais que tu vas trouver. Fais une pause, sors t’aérer, tu vas forcément trouver »

Emmy soupire et range son portable dans son sac.
Elle est déjà dehors. Elle a déjà déambulé dans toutes les rues de la ville. Elle a déjà surfé sur tous les sites. Elle a déjà appelé toutes ses amies. Rien. Rien ne vient, ou du moins, rien qui ne leur plaisent.

Jérôme et Coralie sont des clients. Un gros contrat, pour un gros mariage, avec un gros budget, et à la clé, une grosse prime, qui lui permettrait enfin de partir en vacances. Trois ans qu’elle travaille pour Sophie, et son agence de wedding planner. Et pas de pause de plus de 3 jours.
Cette fois, elle veut partir, loin, longtemps. Il lui faut absolument trouver l’idée qui les fera signer.

En voyant un bus sur lequel trône une publicité pour une agence de voyage, Emmy éclate en sanglots. Tous ses rêves d’évasion s’envolent petit à petit.

- Ça va pas Mademoiselle ?

Emmy ne répond pas. N’entend même pas la personne qui lui parle.

- Tenez, prenez un mouchoir.
- Merci.
- Vous avez un problème ?
- Non, oui, enfin non.
- Vous avez un problème. C’est une affirmation.
- …..
- Vous permettez que je m’assoies ?
- …..

Sans lever le regard, Emmy aperçoit un pantalon blanc près de son jean bleu. Comment peut-on s’habiller en blanc alors qu’il fait un temps épouvantable ? et comment peut-elle penser à ça alors qu’elle doit avoir l’idée du siècle dans les 48h.

- Une peine de cœur ?
Emmy renifle.
- Un souci de santé ?
Elle secoue la tête.
- Le boulot ?
Elle acquiesce.
- Je vois. Vous voulez changer de boulot, mais votre patron vous trouve tellement excellente qu’il ne veut pas vous laisser partir.

Un léger sourire se dessine sur ses lèvres.

- Non ? Alors…vous êtes tellement nulle que vous allez être virée et que vous allez vous retrouver à la rue.

Un petit pouffement résonne.

- Vous pouvez me raconter si le cœur vous en dit. Parfois ça soulage de parler.
- C’est gentil, mais non, il faut que je réfléchisse. Merci pour le mouchoir.

La jeune femme se lève, sans avoir pris la peine de regarder le visage de celui qui était près d’elle.
Une pluie fine tombe sur ses lunettes. Entre larmes et gouttes, elle ne voit plus où elle met les pieds. Elle quitte le parc pour se diriger vers la gare. Elle connait le chemin par cœur et pourrait y aller les yeux fermés.

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