Non mais sérieux, j'ai l'impression d'être devenue une parodie de Tolstoi en un tour de main. Elle est où la fille indépendante, fière et sûre d'elle qui sait toujours ce qu'elle veut ?
Ah d'accord, c'est une crise personnelle. Rien de bien méchant, cet existentalisme dévergondé qui me découpe en petits morceaux à chaque heure du jour ou de la nuit. Y'a rien de mal à ça, "ça va passer".
Un tourbillon de pensées obsédantes, une lutte de pouvoir entre mon passé qui se fait la malle et un futur comme aspiré dans un éternel recommencement du présent.
Je suis seule à me remettre en question.
Je suis seule à vivre ça, je suis pas normale.
Je suis seule à explorer ce tout et son contraire, à comprendre que la perfection se trouve dans l'imperfection, à ne plus avoir de repères.
Je suis seule à savourer le vertige de la liberté. Ou le vestige d'avoir été libre.
Bref, je suis seule à supplicier le ciel de m'absoudre de cette crise pas comme les autres, parce que je ne suis pas comme les autres, parce que les autres ne pensent pas comme moi, parce que je suis seule et que j'aime ça, alors que les autres souffrent de solitude.
Parce que je suis seule à me sentir perdue.
Seule à traverser un désert avec des oasis invisibles, marchant au gré du vent qui déplace des montagnes de sable que j'essaie de situer sur une carte, un mode d'emploi.
Car bien sûr je suis seule à avoir eu quarante ans, disons quarante cinq parce que ça fait déjà cinq ans que ça dure, ce néant ; et j'en suis convaincue je ne m'en sortirai jamais, sinon j'aurais déjà trouvé la clé.
Alors je me laisse vivre, patiemment attendre son heure, patiemment attendre le prochain wagon sur la route qui mène nulle part, sauf chez celle qui, autrefois, ne se voyait même pas vivre en paix, ne se voyait pas tout court, émerveillée par un rien du tout, alors que ce rien aujourd'hui c'est tout ?!...
Comme on dit... la suite au prochain épisode !