Chapitre 1 - Introduction : Morceau de vie… Morceau choisi
Il est 11h15, je viens de me lever et de prendre ma douche, je suis en vacances.
Je suis réveillée depuis 8h30, j'ai passé 2h45 dans mon lit à ne rien faire, enfin si, j'ai vérifié mes comptes (je n'aurais pas dû d'ailleurs…), j'ai regardé deux épisodes de Good girls et j'ai lu trois chapitres d'un Roman Français de Beigbeder. J'adore cet auteur. J'ai fuit le monde dans lequel évoluent ses personnages depuis longtemps car je ne peux y pas vivre. J'ai essayé, mais à l'époque j'aimais trop les gens pour leur marcher dessus alors ils finissaient par m'anéantir. Avant je croyais encore en l'amitié et en l'honnêteté. Je n'y crois plus vraiment, c'est vrai, mais je ne pense pas que je pourrais retourner dans ce monde… Enfin quoiqu'il en soit j'adore Beigbeder parce que ses personnages sont réels, Octave existe vraiment, je l'ai croisé ! Pas vraiment lui bien sûr mais des "Octave" il y en a plein les services com' des grandes boîtes parisiennes…
J'ai travaillé dans le service Marketing d'une entreprise d'informatique, ce fut mon premier échec professionnel ! J'adorais mon job, j'étais en alternance avec une école privée de spécialisation en marketing et je bossais en même temps dans cette entreprise puis à la fin de l'année j'ai obtenu le Saint Graal, un CDI.
Le service dans lequel j'évoluais était incroyable. Du haut de mes 21 ans, je m'occupais d'assister la responsable com', notamment dans tout l'événementiel interne, c'était tellement dingue… Je dois dire que j'étais plutôt douée jusqu'à ce que ce rêve devienne un vrai cauchemar. Notre entreprise a été rachetée par une grosse boîte allemande et bien sûr en tant que service communication nous étions au taquet ! On était en charge de concevoir un stand de 200 m2 environ selon la charte de notre maison mère, de prévoir des cocktails pour nos gros clients, d'approvisionner le stand en plaquettes publicitaires. C'était un des plus grands salons de télécommunications de l'époque. Nous avions bossé comme des forcenés et la veille de l'ouverture de ce salon le PDG nous a invité à boire un verre dans une grande discothèque parisienne que nous avions privatisée ; mais à 0h00 tout était terminé. Nous n'avions pas autant travaillé pour juste entendre un discours et boire un verre… Alors voilà on est parti, une vingtaine je pense, faire le tour des pubs de Paris. De pub en pub, de verre en verre, ma cheffe et amie, une grande blonde, mince, drôle un peu névrosée mais hyper fun bref, la femme parfaite, m'a montré un homme, commercial dans une filiale de la boîte et m'a lancé :
- Isa, je suis raide dingue de ce mec !!!
- Yep Steph c'est vrai qu'il est à tomber mais attention il a vraiment l'air de le savoir
- Je m'en fous c'est lui que je veux !!!
- OK alors fonce !
On a bu, on a dansé, toute la nuit. Steph tentait quelques approches mais Benoît n'avait pas l'air si facile… Enfin pas avec elle…
Dans le troisième pub il s'est approché de moi, au bar, alors que les autres était en train de danser.
- Salut, tu es dans quel service ?
- Marketing.
- Oh oh la haute sphère ! Moi c'est Benoît.
- Ouais enfin je ne suis qu'assistante, on m'appelle Isa !
- Tu es belle. Tu me plais. On file à l'anglaise ?
- [...]
Et meeerdeeee !!!! Pourquoi ça tombait sur moi ! On était dix nanas, elles étaient toutes plus canons les unes que les autres et c'est moi qu'il venait voir !!!
- Désolée Ben je ne suis pas libre et tu vois la blonde hyper sexie là-bas ? C'est ma cheffe et tu lui plais et si tu plais à ma cheffe tu ne peux pas me plaire !!!
- Je sais, j'ai remarqué elle me colle aux basques depuis le cocktail. Mais c'est pas elle que j'veux, c'est toi !
- Ouais mais moi ce que je veux c'est garder mon job !
- Ok mais si tu changes d'avis, je suis là.
Mais putain qu'est ce que j'ai fait pour ça ? Je sentais que tout ça allait encore prendre une sale tournure ! Ça m'étaitt déjà arrivé au lycée avec le crush de ma meilleure amie de l'époque et ça s'était terminé en harcèlement pendant deux mois car elle croyait que j'avais craqué pour cet abruti, elle m'avait viré de notre groupe d'amies juste parce q'un connard avait fait une fixette sur la mauvaise personne, le temps d'une soirée... Enfin c'est une autre histoire, pas assez intéressante pour qu'on s'y attarde...
Mais là on n'était plus au lycée, les enjeux n'étaient plus les mêmes !!! Il fallait que je me sorte de là.
Il était 6h quand je suis arrivée chez moi. Douche, petit-déjeuner, brossage de dents et direction Villepinte pour le salon. Jacques le grand chef du service communication est arrivé, il est directement venu nous voir Steph et moi.
- Bordel vous avez fait quoi ? Vous avez vu vos têtes ? Vous n'avez pas dormi de la nuit ou quoi ?
- [...]
- Je vous préviens vous avez intérêt à assurer.
On va crever… Steph et moi on ne touchait pas à la coke, ni aux amphét ni à aucune drogue en fait. Mon mec de l'époque avait bien essayé de m'entraîner dans sa déchéance, mais à part pour l'herbe, je n'avais jamais cédé.
On s'est installées chacune devant une borne et on a attendu les clients, il était encore tôt, il n'y avait pas grand monde, heureusement on avait un peu de temps pour récupérer.
Deux heures plus tard, Benoît est arrivé à son tour, grand sourire, quelques heures de sommeil derrière lui, il avait l'air frais.
Il a fait le tour du stand, a dit bonjour à tout le monde, ayant reconnu quelques uns de ses clients, il leur a offert une coupe, les a salués puis est allé voir le PDG de sa filiale. Ils avaient l'air très proches, accolades, rires… L'entrevue terminée il s'est dirigé vers Steph, l'a embrassé sur une joue, lui a passé la main dans le dos, et a discuté avec elle.
Aaahh ; c'est bon il a compris, elle lui plaisait finalement.
Mais d'un coup sans que je ne l'ai vu arriver, il s'est assis à côté de moi. Discrètement, il m'a embrassé sur le coin de la lèvre, a passé sa main dans mes cheveux, hmmm il est tellement… NON NON NON Il n'est rien du tout, c'est le putain de crush de ma cheffe !!!
- Tu joues à quoi là ?
- Qu'est ce qu'il y a ça ne te plaît pas ?
- Pas du tout. Je dois te le dire en quelle langue ? Je suis très heureuse avec mon mec (gros mensonge) je n'ai pas besoin de toi.
- Je veux t'emmener en vacances. Villa 5 étoiles dans le sud de la France, piscine, transat, toi et moi pendant une semaine, juste le temps pour toi de découvrir à quel point tu peux être heureuse avec moi.
- Ah ah ; mais on ne se connait pas. Tu m'as vu deux heures en tout et pour tout. T'es barge !!!
- Je pars dans deux semaines. J'espère vraiment que tu vas changer d'avis.
Ce type était complètement à l'ouest, et tellement sûr de lui… Steph ne nous a pas vu, elle est occupée avec un client, elle souriait, elle minaudait, elle était tellement à l'aise et tellement belle...
Comment Benoît pouvait-il préférer une gamine d'1m60, rondouillarde et qui s'excusait presque d'être elle-même. Je ne comprenais vraiment rien aux hommes. Finalement mon boss a tellement eu pitié de moi qu'il m'a renvoyé à la maison pour dormir quelques heures.
- De toutes façons, vu ton état de fatigue, tu ne sers pas à grand chose ici. Vas te reposer. Quand tu reviendras, tu passeras chercher des plaquettes au bureau, il va en manquer pour demain.
Soulagement, sommeil, hmmm, ça faisait tellement de bien.
Lundi. Le salon était terminé, j'ai passé le week-end à dormir.
La vie au bureau revint à la normale. Arrivée à 10 heures, boulot jusqu'à 21h00, restau chinois avec Steph, Xavier et Julien. After chez les garçons histoire de fumer un petit joint, boire un p’tit rhum et refaire le monde. De toute façon Alex devait encore comater dans le canapé une bouteille de whisky et une seringue de je ne sais quoi dans le sang… Je n'en pouvais plus de pleurer et chanter sur le balcon en écoutant Stairway to heaven en boucle. J'étais mieux partout ailleurs que chez moi.
Mardi. Steph et moi travaillions sur la maquette de la nouvelle fiche produit. Tout d'un coup, elle me lança :
- Je vais inviter Benoît au restau.
- Tu es sûre de toi, je suis certaine que tu peux trouver quelqu'un de mieux.
Je ne voulais pas lui faire de mal, je voyais qu'elle était pleine d'espoir, je ne lui ai pas dit ce qui c'était passé la semaine dernière.
- Je ne sais pas pourquoi je n'arrive pas à l'enlever de ma tête. Je te jure ça devient une obsession.
- OK fais comme tu le sens !
- Je vais lui envoyer un mail.
Quinze minutes plus tard le mail était parti.
" Un dîner cette semaine toi et moi. Partant ?"
Pause déjeuner. J'ai rejoint Julien et Xavier, il faisait un temps magnifique, on a pris un sandwich, on s'est installé dans le parc près des fontaines. Je me souviens de ces moments comme si c'était hier. Ces deux là étaient le feu et l'eau, Xavier était brun, extraverti et déluré, Julien était blond, calme et réfléchit. On parlait, on riait, on se détendait, le bonheur.
14h00 retour au bureau. Je vais voir mes mails.
Merde, un courrier de Benoît.
"Tu n'as pas changé d'avis ?"
Réponse immédiate : "NON"
Le message a été clair, pas de réponse.
Steph était aussi de retour, elle a mangé avec Jacques et Valérie la Directrice Commerciale. Elle lu ses mails.
- Pas de réponse - me dit-elle triste… Elle était vraiment accro.
- On se remet au travail, j'ai quelques nouvelles idées pour la trame.
Dans l'après-midi Steph me regarda d'un coup avec un grand sourire :
- Il vient de me répondre : "Jeudi 20h30, je passe te chercher chez toi.
- Ok c'est bien.
- Merci l'enthousiasme !
Mais quelle ordure… Il voulait être sûr que je n'avais pas changé d'avis avant de lui répondre ! Je ne pouvais pas le dire à Steph, elle aurait été trop déçue. Finalement j'ai fait comme ci j'étais heureuse pour elle et je lui ai dit d'être prudente.
Le vendredi matin, Steph était radieuse, elle avait passé une merveilleuse soirée.
- Il est adorable, drôle et super intéressant. Il lui a proposé de passer le week-end avec lui à La Baule, il a réservé un hôtel.
- Ça y est je vais enfin pouvoir vivre ma grande histoire d'amour, me dit-elle.
Peut-être que cette soirée lui a permit de mieux la connaître, de se rendre compte qu'elle était une belle personne.
Cet après-midi là, Ben est passé au bureau parce qu'il avait rendez-vous avec Jacques. Il s'est approché de moi pour me dire bonjour et m'a glissé à l'oreille "Dommage c'est avec toi que j'aurais aimé partir en week-end."
- Mais c'est pas vrai, il est malade ce mec ! Baise ma putain de cheffe, rend la heureuse et laisse-moi en dehors de ça !!!
Je lui ai souri lâchement alors que j'aurais dû lui balancer cette phrase à la gueule ! Ça m'aurait sûrement évité tout ce qui va suivre !
Le lundi, Steph est arrivée au travail, mine déconfite. Lunettes de soleil alors qu'il pleuvait.
Qu'est-ce qu'il s'était passé ? Qu'est ce qu'il lui avait dit ?
- Isa je peux te voir cinq minutes à la machine à café ?
Oh là là quoi ? Qu'est-ce qu'il avait dit ? Pourquoi je sentais que tout ça allait me péter à la gueule ?
- Écoute Steph je suis désolée de…
- De quoi ? Tu étais au courant ?
- Au courant de quoi ? Non ! Dis-moi ? Je ne comprends pas ? Tu avais l'air si contente vendredi. Je t'avais dit de faire attention...
- C'est un salaud ! Je suis dingue de lui…
- Quoi ? Explique. Je ne comprends rien !!!
- On a passé un week-end merveilleux. Un hôtel de fou. Il était au petit soin, Champagne sur la plage, restaurant. Il m'a fait l'amour comme personne ne l'a jamais fait. Un vrai film romantique j'te jure. Mais dimanche matin, il nous commande le petit déjeuner au lit, on vient de baiser, on discute, on rit, il me dit qu'il est heureux et qu'il a passé des moments fabuleux. Qu'il est tombé raide de moi et la BAM, il me balance la bombe : il ne faut surtout pas que notre relation s'ébruite. Il est fiancé depuis deux ans avec la fille du PDG de la filiale et il en sera bientôt le Directeur.
Aaaaahhhh ; mais j'y crois pas ! Il est pire que ce que je croyais !!!
- Mais Steph tu as dit quoi ? Tu vas faire quoi ?
- J'ai pleuré et je lui ai demandé de me ramener chez moi tout de suite. On a fait nos bagages et on est rentré. On n'a pas dit un mot du trajet. Quand il m'a déposé devant chez moi il m'a dit qu'il ne voulait pas que ça se termine entre nous et que je compte beaucoup pour lui… Blablabla… Il m'a dit qu'il partait bientôt en vacances seul dans le sud et qu'il voulait que je vienne avec lui.
- Et moi non plus je ne veux pas que ça se termine, Isa, mais je ne veux pas non plus être sa maîtresse. Qu'est-ce que je vais faire ?
- Mais largue-le ! Ne le laisse pas faire ! Il te prend pour une conne !
- Je ne sais pas… Je ne crois pas que j'y arriverai…
Les jours ont passé, ma collègue s'est enfoncée dans sa relation avec Benoît, pleurant ou souriant selon les disponibilités de Ben… Elle a passé cette semaine de "rêve" avec lui, elle est devenue son objet, sa distraction.
Il passait souvent au bureau pour venir nous voir. Mon accueil était froid voir glacial. Je me sentais tellement mal à l'aise.
Notre service a fusionné avec le service d'une autre filiale et Steph était en concurrence avec d'autres responsables de la communication. Elle vivait très mal la situation, elle se sentaot menacée et devenait très irritable. Elle avait complètement changé avec moi, elle pensait que j'étais jalouse de sa relation avec lui. Elle m'envoyait des mails me disant que j'étais une incapable, elle passait ses nerfs sur moi, me convoquait dans le bureau de Jacques pour m'humilier avec des propos blessant devant lui.
Je savais au fond de moi qu'elle aavait tort mais je perdais mes moyens, je perdais confiance en moi. Du coup je faisais des erreurs, des oublis que je n'aurais jamais faits avant. Elle m'usait, elle me tuait à petit feu, je me rendais compte que Jacques lui mangeait dans la main. Tout le monde le savait, tout le monde avait peur pour sa place, tout le monde se taisait…
Ma vie à ce moment là n'était que souffrance, je pleurais au travail, je pleurais à la maison. Je passais beaucoup de temps avec Julien et Xavier. Ils étaient mon énergie, mon oxygène, j'avais besoin d'eux. Xavier me faisait rire, Julien me rassurait. Malgré ça je ne supportais plus d'être traitée comme ça.
Voilà comment s'est terminée ma première expérience en entreprise. J'étais douée, j'aurais pu prendre confiance en moi mais au lieu de ça elle m'a envoyée plus bas que terre. J'ai imprimé ses mails, j'ai menacé des prud'hommes, j'ai encaissé l'argent et je suis partie, laissant là mon amour propre, ma confiance et ma motivation…
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