Versailles

La journée du commandant avait été particulièrement chargée. Ange avait délégué une bonne partie des tâches liées à l’organisation de l’intervention du lendemain, mais il n’en était pas moins resté une longue séquence de réunions téléphoniques avec les différents acteurs impliqués. L’intervention au haras avait été confiée aux gendarmes des Yvelines, Salma assurant le rôle d’agent de liaison. Les pandores connaissaient bien les lieux et l’individu à appréhender, mais le palefrenier risquait de se montrer récalcitrant. Rommel, alias Landraud, était sous la responsabilité d’Ivo, assisté d’un groupe d’intervention du commissariat des Mureaux. Marie et Franck avaient en charge le fils Delaveaux, avec l’appui de Costelli, du Vésinet. Ange s’était réservé Nangis, le chef de la bande. Le commissaire Dupré lui avait obtenu le soutien d’une équipe de la BRI.

Boris, pour sa part, avait pour mission d’assurer la surveillance électronique de tous les suspects et d’informer les différentes équipes des mouvements éventuels des individus à interpeler.

Le brigadier Demange assurerait, comme à son habitude, le rôle de chauffeur du commandant, accompagné pour cette fois de la journaliste et de son photographe.

Ange avait prévu un briefing à 18 heures, avec toute son équipe et les représentant de chaque groupe de complément. À l’heure dite, il ne manquait personne à l’appel. Le commissaire Dupré lui-même assura l’introduction de la réunion avant de s’effacer en laissant Ange et Ivo présenter le plan établi, les rôles et responsabilités ainsi que le timing précis. Une heure plus tard, il n’y avait plus de questions et le commandant mit un terme à la réunion.

Lorsque les renforts eurent quitté la salle, Ange donna ses dernières consignes à son équipe, et s’assura que les équipements étaient bien disponibles et en état d’usage, mettant un point d’honneur à vérifier lui-même les gilets pare-balles destinés aux deux journalistes.

Il termina en envoyant un SMS à Julie.

— Rendez-vous demain matin à la DRPJ. 4h30 précises.

La jeune femme répondit immédiatement.

— Bien reçu. Nous y serons.

Il était près de vingt heures lorsque le commandant proposa à toute l’équipe d’aller dîner rapidement à la brasserie voisine.

Ange savait son groupe tendu. Ils n’avaient jamais eu l’occasion d’agir de cette façon, en coordination avec autant de services différents. Son second avait l’expérience des interventions musclées, mais il n’en était pas de même pour Salma et Marie. À Rambouillet, les gendarmes auraient le commandement sur le terrain et Salma n’aurait qu’un rôle de coordination et de communication. De même, au Vésinet, c’est le groupe de Costelli qui mènerait l’action, mais le commandant avait tout de même une appréhension qui lui faisait une boule dans l’estomac. Il toucha à peine à la choucroute royale, laissant la part du lion à Boris et Ivo.

— Allez, tout le monde au lit. Je vous attend tous en forme demain matin avant le lever du soleil ! N’oubliez pas de régler votre réveil.

Un quart d’heure plus tard, il était allongé sur son lit, sachant qu’il ne trouverait pas le sommeil, pas avec le stress qu’il avait accumulé ces deux derniers jours. Il fit un rapide calcul et constata qu’il n’avait pas dormi plus d’une dizaine d’heures durant les trois dernières nuits.

Ange se dit qu’avec un peu de chance, il pourrait se rattraper avec une charmante jeune femme dans son lit. Il attrapa son portable qu’il avait posé à côté de lui et un instant, il eut envie d’appeler Julie, mais se ravisa. Il devait bien reconnaître que la journaliste ne le laissait pas indifférent.