Le Souffle du Vide
Je suis rentrée chez moi, mais rien n'est comme d'habitude. La maison me paraît plus grande, comme un espace vide qui me reflète. Le silence me pèse, et je le déteste. D’habitude, il y a toujours ce bruit, le fond sonore de la ville, les voix dans la rue, mais aujourd’hui, il n’y a rien. Même les oiseaux semblent avoir oublié de chanter.
Je dépose mon sac dans l’entrée sans vraiment y prêter attention, mes pensées encore ailleurs. Ces fissures… ce n’est pas juste un détail. C’est comme si tout était en train de se fissurer autour de moi, et je n’arrive pas à comprendre pourquoi. Je me sens à la fois perdue et connectée à quelque chose que je ne peux pas expliquer. Un frisson me parcourt la colonne vertébrale. Je me demande si Noah ressent ça aussi. Ou si c’est moi seule qui suis dans ce décalage.
Je m’assois sur le canapé, mon regard perdu dans le vide. Le temps passe, mais rien n’évolue. J’ai l’impression d’être dans un monde parallèle, où la réalité se plie autour de moi. J’ai envie de hurler, mais ma bouche reste fermée. Je me sens comme un spectateur de ma propre vie, comme si tout ça m’échappait.
Le téléphone vibre dans ma poche, me sortant de mes pensées. C’est un message de Noah. Pas un mot, juste un lien. Je clique dessus, la page s'ouvre et c'est… une vidéo. La qualité est mauvaise, l’image floue. Mais ce que je vois me fait l’effet d’un choc. C’est comme un rêve trop réaliste, un rêve qui te réveille avec le cœur battant.
La vidéo montre un endroit. Un parc. Pas celui derrière l’école, mais un autre. Je ne le reconnais pas, mais c’est étrange, il y a quelque chose de familier. Il fait nuit, et la lumière semble étrange, presque irréelle. La caméra bouge, puis s’arrête sur un arbre. Pas un arbre ordinaire. Celui-là, il brille d’une lueur bleue, une lueur froide qui me glace le sang. Et juste en dessous de l’arbre, je vois des fissures, les mêmes que celles dans le parc. Les mêmes que celles dans l’air.
Je me sens terrifiée. Pourquoi il m’envoie ça ? Comment il sait pour les fissures ? J’ai l’impression qu’il a capté quelque chose que je ne comprends pas encore. Mes doigts tremblent alors que je cherche à répondre, mais il n’y a pas de mots. Juste une question qui me brûle la gorge : Pourquoi moi ?
Je décide d’aller faire un tour, prendre l’air. C’est comme si l’angoisse me serrait la poitrine, comme si je devais absolument comprendre ce qui se passe avant que tout n’explose. Je mets mes chaussures, mais avant de sortir, je prends une décision. J’appelle ma mère, mais elle ne répond pas. Je laisse un message vocal, mais au fond, je sais qu’elle ne m’entend pas vraiment.
La rue est déserte ce soir. Comme si la ville elle-même avait cessé de respirer. Le vent est frais, mais il n’y a pas de bruit. Juste l’écho de mes pas, qui me fait me sentir encore plus seule. Je tourne au coin de la rue et je me dirige instinctivement vers le parc. Pas celui derrière l’école, non, je vais vers celui que j’ai vu dans la vidéo. Il est là, à quelques minutes de marche, et tout mon corps me dit de m’y rendre.
Quand j’arrive, je n’ai aucune idée de ce que je vais trouver. Je me sens étrangère dans ce parc. Tout est trop calme, trop figé. L’ombre des arbres semble s’étirer anormalement. Mais ce n’est pas ce qui me fait peur. C’est cette sensation que le temps s’est arrêté. Le parc est vide. Pas une âme. Il est à la fois là et… ailleurs.
Je me faufile entre les arbres, mes yeux scrutant chaque recoin. Et là, au loin, je vois quelque chose qui me fait frissonner. L’arbre. Celui de la vidéo. Il est là, et il brille. Je m’arrête net, le cœur battant. Je ne rêve pas. Ce n’est pas une illusion. C’est réel.
Je m’avance lentement, comme si un sort invisible m’attirait. Mes pas se font plus lourds, comme si la gravité elle-même devenait plus intense. Et plus je m’approche, plus je ressens cette sensation étrange, comme si je me trouvais dans un autre monde. Un monde où tout est déformé, où les règles de la réalité n’ont plus de sens.
Je m’arrête à quelques mètres de l’arbre. C’est fascinant, effrayant, hypnotisant. Il brille d’une lueur bleue, mais il ne semble pas réel. Comme si quelque chose d’autre l’habitait. Une vibration étrange m’envahit, et je tends la main pour toucher l’écorce. Mon doigt frôle la surface, et soudain, une secousse me traverse. Comme une décharge électrique. Je sursaute et recule brusquement, les yeux écarquillés.
C’est là que je le vois. Une fissure. Mais pas dans l’air, cette fois. Elle est devant moi, sur le sol, et elle s’ouvre lentement. Une fente sombre qui engloutit tout sur son passage. Je la fixe, hypnotisée, tandis qu’elle s’élargit, lentement, inexorablement. Une voix dans ma tête me dit de partir, de courir, mais je ne peux pas bouger. C’est comme si cette fissure m’appelait. Elle est la porte vers quelque chose que je ne comprends pas, quelque chose que je dois savoir.
Soudain, une silhouette apparaît devant moi. Une ombre qui émerge du néant. Noah. Il est là, dans la lumière bleue, comme une apparition. Ses yeux sont sombres, intenses, mais je lis dans son regard une sorte de compréhension, comme s’il savait exactement ce qui allait se passer.
« Tu vois ce que je vois ? » me demande-t-il, sa voix basse mais claire.
Je ne sais pas quoi répondre. Je ne sais même pas si je devrais répondre. Tout semble flou, flippant, irréel. La fissure devant moi s’ouvre encore plus. Et cette fois, je sais que je n’ai plus le choix
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