Chapitre Quinze.

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15. Ressemblances.

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(Point de vue Coraline)

 Le soleil brille, les oiseaux chantent et même si la neige recouvre toujours Freihet, mon humeur est au beau fixe. J’espère qu’il en sera de même tout au long de cette longue semaine de congés bien mérité. Je finalise mon maquillage devant ma coiffeuse et une fois que je le trouve parfait, je rejoins ma mère dans la cuisine.

— Mais tu es magnifique, remarque-t-elle.

— Je sors avec Opaline tu n’as pas oublié ? demandé-je en rougissant. On a prévu coiffeur et après faire quelques boutiques, tu veux venir avec nous ? proposé-je.

— Non, je suis bien trop vieille pour cela, s’amuse-t-elle. Profites-en bien.

— Arrête M’man, t’es pas vieille, souligné-je. En plus Opaline l’a proposé donc tu ne nous dérangeras pas.

— Il faut que je prépare mon départ, je prends l’avion ce soir, explique-t-elle. Peut-être que tu peux inviter Opaline à manger, ça me ferait plaisir de la revoir, sourit-elle.

— Je vais voir avec elle, bon allez j’y vais avant d’être en retard. À toute à l’heure, dis-je en embrassant sa joue.

— Bonne chasse, dit-elle avec un petit sourire.

Je sors de l’appartement en souriant et secouant la tête. J’adore ma mère, elle est si drôle et prévenante. Même si mon cœur se serre à l’idée de la voir partir quelques jours avant Noël. Mais je veux qu’elle profite, elle aussi, de sa vie. Pas qu’elle se sente coincée avec moi. Je me dirige vers le point de rendez-vous convenu avec Opaline à savoir, notre lieu de travail. Lorsque j’arrive, elle est déjà là.

— Waouh, c’est pour moi que tu t’es fait si belle ? me charrie-t-elle.

— Quoi ? Je n’ai rien fais de spécial, dis-je en haussant les épaules.

— C’est cela oui, dit-elle en embrassant ma joue. À côté de toi je ressemble à un sac, mais ça me convient, rit-elle.

J’avise sa tenue et hausse un sourcil.

— Petites bottes à talon, robe pull noire au-dessus du genou, collant opaque manteau de la même couleur, des yeux légèrement maquillés et un rouge à lèvre prune, à part cela tu ressemble à un sac, ricané-je.

— Roh, c’est bon, raille-t-elle. Tu connais un bon coiffeur ?

— Pas vraiment, parfois on va chez Angèle avec ma mère, et son équipe est super, dis-je.

— Alors allons-y, dit-elle en prenant mon bras. Au fait comment va Monika ? Elle n’a pas voulu venir ?

— Non, elle prépare son départ, d’ailleurs elle t’invite à manger ce soir, pensé-je.

— D’accord, ça me fera plaisir de passer une soirée avec vous deux, j’adore ta mère, avoue-t-elle.

— Moi aussi, ris-je.

Nous entrons dans le salon de coiffure, déposons nos affaires et passons entre les mains d’experts. J’ai décidé de raccourcir un peu mes pointes et Opaline décide de colorer ses cheveux.

— Tu fais quoi pour Noël du coup, questionne-t-elle le temps que la couleur pose.

— Pour l’instant rien, normalement je devais le faire avec maman, mais comme son voyage a été avancé…

— Viens avec moi chez Jace, propose-t-elle. Normalement on devait retournés à Fordommer mais il a eu sa grand-mère au téléphone hier soir et le village est presque enseveli sous la neige, grimace-t-elle.

— Jace ne dira rien ? hésité-je.

— Bien sûr que non, il sera même heureux d’être entouré de deux femmes, rit-elle.

Je secoue la tête en riant à mon tour. La proposition d’Opaline me fait chaud au cœur, je sais qu’entourée de mes deux meilleurs amis, l’ambiance ne pourra être qu’excellente. Maintenant, il ne me reste plus qu’à leur trouver des cadeaux, c’est la moindre des choses.

— Je te trouve vraiment rayonnante, murmure Opaline me tirant de mes pensées.

— C’est parce que je suis contente de passer l’après-midi avec toi, dis-je en souriant.

— À d’autre oui, ricane-t-elle. Il n’y a pas un mec là-dessous ? questionne-t-elle suspicieuse.

— Le jour où un homme sera responsable de ma joie, je te promets que tu seras la première au courant, me moqué-je.

— J’espère bien, je ne suis pas ta meilleure amie pour rien, affirme-t-elle. Et tu es sûre de ne pas vouloir venir chez moi ce soir ?

— Non, vraiment, affirmé-je. Je vais profiter un peu de l’appartement et promis je viens chez toi lundi matin à la première heure.

— Comme tu veux, hausse-t-elle les épaules. De toute façon si tu changes d’avis, tu sais où me trouver, dit-elle avec un clin d’œil.

J’attends que le coiffeur finisse de sécher ses cheveux et admire le résultat.

— Cette couleur te va à merveille, dis-je émerveillée.

— Tu es sûre ? Ce n’est pas trop choquant ? s’inquiète-t-elle.

— Non, c’est parfait, affirmé-je.

Le violine qu’elle a choisi fait ressortir encore plus ses iris charbonneux et donne encore plus d’éclat à sa peau diaphane. Elle joue quelques instants avec sa frange franchement coupée et me sourit.

— Merci Cora.

— Pourquoi ? demandé-je surprise.

— D’être toi et de m’accepter, sourit-elle.

Je me lève et vais la prendre dans mes bras. Grâce à ses talons nous faisons la même taille et l’idée me fait sourire. Nous remercions l’équipe et après avoir mis nos manteaux, nous sortons bras dessus bras dessous pour faire les boutiques. Nous traînons toutes les deux dans les étales ouverts du marché de Noël et en profitons pour faire quelques photographies de la grande roue située devant la cathédrale.

— On devrait en faire une ensemble, proposé-je heureuse.

— Si tu veux, hésite-t-elle.

— Quoi ? questionné-je la voix un peu grave.

— Je ne m’aime pas en photo, avoue Opaline.

— Tut tut tut, pas de ça avec moi, grondé-je. Allez viens qu’on immortalise ce moment, dis-je en me plaçant à ses côtés.

Nous en faisons quelques-unes avant qu’Opaline ne réussisse enfin à se détendre. Elle sourit, grimace et nous rions aux larmes. Une fois que nous avons assez ri, nous reprenons notre marche et elle m’abandonne devant une bijouterie.

— Je reviens, dit-elle mystérieusement en entrant.

J’en profite pour regarder la capitale s’animer avec les heures qui passent. Les touristes ont fait leur retour avant de devoir repartir après les fêtes. Certains enfants s’amusent dans la neige, des nombreux bonhommes de neige ont d’ailleurs envahit la ville. Les jeunes rient et buvant des boissons chaudes, d’autres sortent de la cathédrale les yeux ébahit. Une main se pose sur mon épaule et je sursaute en poussant un petit cri.

— C’est bon, j’ai ce qu’il me faut, annonce Opaline radieuse.

— On va où maintenant ? demandé-je en voyant le soleil se coucher par-delà la plage.

— Où tu veux, sourit-elle. Vu l’heure on devrait peut-être aller chez toi et profiter de ce bon dîner concocter par Monika, se réjouit-elle.

— Oui, tu as raison, approuvé-je.

— J’ai toujours raison, reprit-elle moqueuse.

— On va dire ça, raillé-je.

Elle affiche une mine outrée à laquelle je réponds par un grand éclat de rire. Nous regardons une dernière fois les étales des vendeurs et admirons les lumières de la grande roue avant de rentrer avant de finir gelée sur place.

— Alors les filles cette après-midi ? questionne ma mère en nous voyant entrer.

— Parfaite, répondons-nous en même temps.

Ma mère sourit avant de retourner dans la cuisine dans laquelle nous la suivons. Une douce odeur de sauce tomate vient chatouiller mes narines et je devine qu’elle a préparer sa spécialité, des pâtes au saumon et la bolognaise.

— Monika, j’ai un petit cadeau pour vous, murmure Opaline gênée.

— Ah bon ? s’étonne ma mère en se tournant vers moi.

— J’en savais rien, avoué-je en haussant les épaules.

Opaline s’approche et lui tends l’un des paquets qu’elle a acheté au marché.

— Ce n’est pas grand-chose, commence-t-elle doucement.

Ma mère le prend en souriant avant de l’ouvrir. C’est un sachet plein de sucre d’orge rouge et blanc. Ma mère en raffole.

— Merci Opaline, je prendrai bien soin de les déguster dans l’avion, s’amuse-t-elle. Maintenant à table, dit-elle cérémonieusement.

***

Ma mère et Opaline sont parties. Je me retrouve seule dans le grand appartement, dans lequel j’ai grandi et pourtant, je ne me sens pas vraiment sereine. Je sais que tant que je n’aurai pas reçu un message de ma mère m’indiquant son arrivée je ne dormirai pas et décide donc de m’installer sur le canapé pour regarder la télévision. Je repense au dîner que nous venons de partager et je suis heureuse de voir la complicité d’Opaline et de ma mère. Elle qui n’a jamais approuvé mes anciennes amies -qui n’en était pas vraiment vu qu’aujourd’hui je n’ai plus de leurs nouvelles- a totalement accrochée avec Opaline. Et rien ne pourrait me faire plus plaisir. Je décide de regarder une comédie romantique, même si je ne suis pas fan de ce genre de film. Mes yeux dévient surtout vers la fenêtre du salon, d’où j’admire les gros flocons de neige tomber en masse du ciel. Cela ne me rassure pas du tout et mon moral tombe au plus bas.

J’aurai dû demander à Ope de rester pour la nuit. Je pensais être assez forte pour me retrouver seule mais cela ne semble pas être le cas. Mon téléphone vibre sur la table basse, à côté de mon thé brûlant et j’espère que c’est ma mère qui m’annonce que son vol est reporté. Mais c’est Opaline qui m’écris.

« J’espère que tu vas bien. N’oublie pas que ma porte t’est ouverte en cas de besoin. Bises, Ope. »

Je souris devant ses quelques mots, qui remontent légèrement mon moral. Je ne réponds pas sachant qu’elle n’attend pas de réponse, qu’elle ne faisait qu’un rappel de ce qu’elle m’a dit dans l’après-midi. Je m’allonge dans le canapé en me couvrant d’un plaid épais et en serrant contre moi un oreiller. Je regarde d’un œil distrait les images qui défilent dans l’écran. Souriant de temps à autre devant une réplique drôle. Avant que mes yeux ne se ferment totalement.

Une clairière m’accueille et j’ai la chance de voir un magnifique couché de soleil ainsi que le croissant de lune haut dans le ciel. Les fleurs se sont closes et les arbres commencent à s’étendre par leurs ombres. Je m’installe au bord de la rivière et respire l’air pur et frais que m’offre ce petit coin de paradis. La nuit se fait de plus en plus sombre, mais je me sens à l’abri, j’ai le sentiment d’être protégée. Je regarde la lune qui s’entoure peu à peu d’étoiles et admire Vénus qui brille de milles feux.

Un craquement se fait entendre derrière moi et je sursaute. Un souffle lourd, une respiration chaude qui viens frôler ma nuque et je reste immobile. Je sais qu’il ne m’arrivera rien. Que la lune me protégera. Quelque chose d’humide se pose sur mon cou et m’arrache un frisson qui parcours ma colonne vertébrale. Je tremble mais ne réagit pas. J’avale difficilement ma salive. Je serre l’herbe sous mes poings en gardant les yeux rivés sur l’astre dans le ciel. Son aura m’entoure et la chose derrière moi avance à mes côtés. Je ne tourne pas le regard, de peur de revoir ces yeux sombres et retiens mon souffle. Un bruit sourd se fait à la place de la chose et un soupire s’échappe d’elle. Je me décide enfin à regarder et aperçois une grosse masse touffue. Avec le peu de luminosité je devine un pelage sombre dans les tons brun, peut-être. Lui aussi regarde le ciel, les yeux tristes. Mais je ne bouge pas, j’ignore ce qu’il peut me faire. Ses yeux se posent sur moi et mon souffle se bloque dans ma gorge lorsque je rencontre ses yeux émeraudes. La panique me gagne des pieds à la tête, mais je ne peux plus bouger. Je sens la puissance de la lune me traverser de part en part, me clouée au sol de toute ses forces. Sa force m’envahir et me donner du courage. Et je vois ses rayons lumineux se poser sur la bête à mes côtés. Celle-ci grogne avant de se crispée. Ses poils se hérissent sur son dos. Ses yeux hurlent de douleur. Mes larmes montent à mes yeux. Et je comprends. Ce n’est pas la lune qui lui fait du mal. C’est moi. Je le vois se tordre devant moi, me grognant dessus de colère, de rage. Une voix en moi, me pousse à lui faire du mal, à le tuer avant que lui ne le fasses. Mais il se bat, il puise dans ses dernières forces pour pousser un hurlement qui déchire le silence, le ciel et mon âme.

Je me réveille en sueur et en larme dans le salon. Mon cœur bat à tout rompre et j’attrape ma tête entre mes mains, qui tambourine. J’entends des coups frappés à la porte mais je ne peux pas me lever, je n’en ai pas la force. Un bruit sourd me parviens dans mon dos avant qu’une masse ne me fonce dessus.

— Cora, est-ce que tu vas bien ?

— Ope, Ope, articulé-je en reprenant mon souffle.

— Je suis là, ne t’inquiètes pas, dit-elle en caressant mes cheveux.

J’ignore combien de temps je reste dans ses bras. Je sais juste que depuis son arrivée ma tête ne me fait plus souffrir et que ma respiration retrouve un rythme normal. Je lève mes yeux humides vers mon amie et la regarde comme-ci il s’agissait d’une apparition.

— Qu’est ce que tu fais là ? questionné-je la voix rauque.

— Je… Je voulais m’assurer que tu allais bien, mentit-elle. Et j’ai entendu tes cris derrière la porte, j’ai paniqué…

— J’ai fait un cauchemar, avoué-je.

— Je sais, comprit-elle. Tu veux en parler ?

— Je ne sais pas, hésité-je. J’ai soif.

Elle me tend mon thé qui a eu le temps de refroidir et j’en avale quelques gorgées.

— Tu sais que moi aussi je fais des cauchemars, n’est-ce pas ?

— Oui, dis-je doucement.

— Alors racontes-moi les tiens et je te dirais les miens, propose-t-elle.

— Racontes-moi plutôt ce cauchemar que tu as fait, il y a une semaine, tu étais en panique, l’invité-je d’un petit regard.

— Oh, dit-elle doucement. Je m’en souviens plus très bien…

— Ne me ment pas Ope, je sais qu’ils ne s’oublient pas comme ça, avoué-je.

— Très bien, déclare-t-elle. Cette fois-là, j’étais sur la plage, j’admirai la pleine lune qui disparaissait avec l’arrivée du lever de soleil, j’ai… J’ai senti que je n’étais plus seule et j’ai vu cette horrible gueule derrière moi. Des dents acérées, et… Je sais pas ce qu’il sait passé, je suis tombée à terre, j’ai croiser un regard glacial, je me sentais impuissante et j’ai vu cette gueule s’ouvrir pour me mordre, une force s’est emparée de moi et je lui ai fait du mal, mais je ne le voulais pas, panique-t-elle. Enfin pas avant que je comprenne qu’il m’avait retrouvée, raconte-t-elle tremblante.

— Qui t’as retrouvée ? l’interrogé-je perdue.

— Je ne sais pas, c’est juste ce que m’as hurlé mon instinct avant que je me réveille : « cours, fuit, tues, il t’a retrouvée. » quelque chose dans ce genre-là, avoue-t-elle. Quoi ? ajoute-t-elle devant ma mine sûrement déconfite.

— Ope, commencé-je à mon tour stressée. Je fais les mêmes rêves que toi, murmuré-je.

Ses yeux s’ébahissent et sa tête me réponds par la négative.

— C’est impossible, murmure-t-elle.

— Et si c’était plus que cela ? chuchoté-je à mon tour.

***

Petit mot de l'auteure:

N'hésitez pas à laisser votre ressenti sur le chapitre :)

Bises, Nana.

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