Chapitre Seize.

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16. Créatures.

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(Point de vue Jace.)

La nuit est tombée depuis des heures déjà et pourtant je n’arrive pas à trouver le sommeil. Mes sens sont tous en alerte rouge, et je ressens l’étau se resserrer de plus en plus autour de moi. Dans la nuit, une nouvelle pièce a été ajoutée au puzzle et cela m’inquiète de ne pas en savoir plus. Mais je suis obligé de m’y préparer, dans moins de deux semaines, les pièces devraient s’aligner et les choses deviendront beaucoup plus claires. J’ai donc jusqu’à l’anniversaire des filles pour me préparer mentalement à ce qui va me tomber dessus. Parce que je sais que je n’en sortirai pas indemne. Pour l’instant je fais les cent pas dans mon appartement en essayant de trouver par quoi m’occuper l’esprit. La télévision ne m’intéresse pas et vu l’heure il ne doit plus y avoir de bon programme. Lire ne me permettrait pas de m’évader de mes pensées. Je secoue la tête et me résigne à aller enfiler un jogging. Courir me permettra peut-être de trouver des réponses. Une fois changé, j’attrape mes écouteurs sans fil et sors de mon appartement avant de le verrouiller. Je sors ensuite par la porte arrière qui donne sur le centre-ville et me dirige vers le petit bois à la sortie de celle-ci.

Une fois que j’arrive sur le sentier, je mets de l’électro et commence à courir. Le croissant de lune ne m’offre que peu de visibilité mais ce n’est pas grave. Mes sens sont assez développés pour m’aider à me repérer. J’accélère le pas et une fois à une bonne distance de la ville, je me laisse submergé par mon instinct. La visibilité se fait plus nette, les odeurs aussi et mes foulées s’agrandissent. J’inspire l’air froid de la forêt et continue d’accéléré. Mon souffle se fait de plus en plus court et brûle ma trachée, mon cœur bat de plus en plus vite et je sens mon sang affluer plus vite dans mon corps. J’apprécie ce moment de solitude, ce moment où seul ma vitesse compte. Où mes pensées ne sont qu’un lointain souvenir.  Où l’avenir ne m’atteint pas. La musique pulse à mes oreilles se reflétant presque au battement de mon cœur. Une fois que je me sens assez fatigué, je fais demi-tour et regagne mon appartement en n’oubliant pas de me calmer et de retrouver une apparence à peu près potable. En rentrant dans l’immeuble, je songe à ce que je vais devoir préparer pour le repas de Noël et me fais une liste mentale de ce qu’il me manque. J’ai tellement hâte de passer ces fêtes de fin d’années avec Opaline, comme lorsque que l’on était enfant, enfin nos familles en moins. Il faudra aussi que je pense à appeler ma grand-mère, afin de m’assurer que tout va bien pour elle.

J’entre dans mon appartement et vais dans la cuisine pour boire de l’eau. J’ouvre aussi ma fenêtre pour faire entrer un peu d’air frais, j’ai trop chaud. La nuit est paisible, tout le monde dort et le silence règne. J’en profite pour fermer les yeux et inspirer longuement. J’entends le bruit de l’aiguille des secondes sur l’horloge murale et me laisse bercer par celui-ci. Mais ma tranquillité ne dure pas longtemps et un long et déchirant hurlement bestial viens briser le silence de la nuit. Je serre la mâchoire et les poings d’impuissance. Plus les jours passent et plus l’insécurité avance aux frontières de Freihet. Et j’ai peur pour la suite. Je finis mon verre et ferme la fenêtre avant d’aller me rafraîchir sous la douche. Je ne mets pas l’eau trop chaude et avance sous le jet qui détends doucement mes muscles. J’entends la sonnette de mon appartement et éteins rapidement le jet. Je vérifie l’heure sur mon téléphone et attends quelques secondes avant que le bruit strident ne résonne à nouveau dans l’entrée. J’enfile rapidement une serviette autour de ma taille et sors en trombe de la salle bain. Je devine facilement qui peut se trouver devant ma porte à plus de trois heures du matin et n’hésite pas à ouvrir à peine vêtu. Mais en ouvrant la porte je suis surpris d’y voir deux personnes et non pas une comme prévu.

— Tu comptes nous laissez geler sur place ? grogne Opaline.

— Non, non, hésité-je surpris. Entrez.

Je remarque que Coraline semble bouleversée et Opaline respire la colère. Qu’est-ce qu’il a bien pu se passer encore.

— Ce n’est pas une légende, commence ma meilleure amie a deux doigts de tout envoyer valser. Il y a bien des créatures qui vivent ici ! s’énerve-t-elle.

— Comment ça des créatures ? m’inquiété-je.

— On viens d’en croiser deux en venant chez toi, c’est…

Elle aide Cora à s’installer sur le canapé en cuir blanc avant de se tourner vers moi les bras en l’air.

— Tu te rends compte ? Il y a des putains de créatures en centre-ville, articule-t-elle en état de choc.

— Qu’est-ce que vous faisiez dehors si tard ? Et qu’est-ce que vous faites ici, surtout ?

— Je ne sais pas comment, mais j’ai senti que Cora n’allait pas bien, je suis donc allée chez elle et je l’ai trouvée en plein cauchemar, m’explique Opaline. Nous avons un peu bavardé mais nous pensions avoir peut-être des réponses plus claires avec toi, conclut-elle.

— Des réponses sur quoi ? demandé-je en haussant un sourcil perdu.

— Sur ce qu’il se passe ? Pourquoi est-ce que nous faisons des cauchemars, enfin plus réels pour moi, pourquoi est-ce que j’ai senti cet appel à l’aide ce soir et pourquoi est-ce qu’on a vu deux gros monstres presque en bas de chez toi ? déblatère-t-elle sans respirer.

— Calme-toi Ope, tu es trop nerveuse, assieds-toi je vous apporte du thé, dis-je en me tournant pour rejoindre la cuisine.

— Non mais tu te fous de moi ? hurle-t-elle. Regarde dans quel état se trouve Cora, regarde-moi Jace, menace-t-elle.

Je baisse mes yeux et remarque à quel point elle est au bord de la panique. Ses cheveux colorés emmêlés, ses yeux larmoyants et ses habits complétement débraillés. J’ai déjà vu ma meilleure amie au réveil, mais là ça n’a rien à voir. Je plonge dans ses iris charbonneuses qui cherchent des réponses.

— Je ne sais pas quoi te dire, Ope, avoué-je.

— Ne me mens pas, gronde-t-elle.

Je hausse simplement les épaules et retourne dans la cuisine. L’eau chaude, je sors trois tasses et y glisse les sachets de thé. Je verse l’eau et remarque à quel point mes mains tremblent. J’inspire et expire profondément. Je retourne vers les filles qui n’ont presque pas bougées depuis mon absence.

— Quelle genre de bêtes étaient-ce ? questionné-je.

— Je n’en sais rien, nous avons vu juste des grosses masses et deux paires d’yeux, décrit Opaline.

— Ce n’était pas des chiens ? tenté-je.

— Tu me crois assez conne pour confondre des chiens avec ces monstres ? crache-t-elle.

— Non, excuse-moi.

Je passe une main sur mon visage, las. J’ignore quoi dire pour essayer de la détendre et ainsi comprendre ce qu’il se passe. Je sais que vu son état, elle risque fort de passer ses nerfs sur moi, si je m’y frotte de trop près.

— Cora, tu te sens comment ? détourné-je la conversation.

— Perdue, avoue-t-elle.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? C’est à cause d’un cauchemar, c’est ça ?

— Oui… Je n’arrive pas à comprendre, commence-t-elle. J’ai fait du mal à quelqu’un et je ne le voulais même pas, mais…

— C’était plus fort qu’elle, j’ai vécu le même rêve il y a dix jours environ, reprends Opaline.

— Mais ce ne sont que des rêves, non ? questionné-je simplement.

— Je ne pense pas, je pense que c’est beaucoup plus que cela, explique Opaline en s’installant à côté de la blonde. J’ai ce sentiment que…

— Que ? l’invité-je à poursuivre.

— Qu’il va se passer quelque chose de grave, chuchote-t-elle.

Je m’installe à ses côtés et la prends dans mes bras. Je caresse lentement ses cheveux et essaie de lui transmettre toute ma force et mon courage. Helgener sait qu’elle va en avoir besoin. J’observe Coraline avec ses yeux dans le vague avant de ressentir un frisson me parcourir le corps.

— Tu vas chopper froid, me signale Opaline.

— Ne t’inquiètes pas, j’ai la peau dure, ris-je doucement.

Mais je finis par me lever pour aller enfiler un débardeur ainsi qu’un boxer et un short. Lorsque je reviens dans le salon, je les trouve l’une contre l’autre endormies. Je dépose une couverture chaude sur elle et embrasse doucement le haut de leur tête avant d’aller moi aussi me coucher.

***

— Tu es sûre que cela ne te dérange pas ? questionne Coraline.

— Non, je serai ravi de passer Noël avec toi, la rassuré-je. Tu te sens mieux ce matin ?

— Un peu, sourit-elle. Je crois que j’ai trouvé le cadeau parfait pour Opaline, dit-elle ravie.

— Et je peux savoir ce que c’est ? chuchoté-je.

— Non, tu le verras en même temps qu’elle, annonce-t-elle fièrement.

Je m’éloigne dans la cuisine en riant et secouant la tête.

— Au fait Jace, m’interpelle-t-elle. Merci pour hier soir.

— Il n’y a pas de quoi, souris-je. Entre amis c’est normal.

Je vais dans la cuisine et prépare le repas de midi. Les filles étaient tellement épuisées qu’elles ont dormis jusqu’à onze heure trente. Opaline a paniqué en voyant l’heure et est à présent sous la douche. Cora vient de terminer son thé devant la fenêtre du salon.

— C’est dommage, dit-elle en entrant.

— De ?

— Que tu n’aies pas de balcon, je suis sûre que ce côté de la cathédrale doit aussi être magnifique.

— Oh tu sais, je suis au rez-de-chaussée donc je ne vois pas grand-chose, avoué-je.

— Et cela ne te dérange pas ? s’intéresse-t-elle.

— Un peu, c’est pour cela que je cherche un nouvel appartement, plus grand aussi, déclaré-je.

— Si tu veux je veux bien te sous-louer ma chambre d’ami, s’incruste Opaline.

— Sous-louer ? Même pas en rêve, ris-je.

— J’ai faim, déclare-t-elle simplement.

— C’est en train de chauffer, mesdames vous aurez l’honneur de déguster mes pizzas maison, ensuite je vous mettrais à la porte car j’ai des choses à faire, déclaré-je.

— Genre installer un sapin de Noël ? ricane ma meilleure amie.

— Entre autres, approuvé-je. Au fait Ope, cette couleur te va à ravir, dis-je avec un clin d’œil.

Je la vois rougir et un immense sourire se plaque sur mon visage. Je ne l’aurais jamais crue capable d’une telle spontanéité. Comme quoi, je peux encore être surpris. Et cela me rassure en quelque sorte. De savoir que des choses bougent.

Une fois le repas finit et les filles parties à l’appartement de Cora pour qu’elle récupère des affaires, le temps de son installation chez Opaline, je vais m’habiller et préparer les achats de Noël. La nuit est presque en train de tomber lorsque je rentre chez moi, les bras chargés du sapin. Je l’installe près du canapé et de la fenêtre et le décor. Une fois finit, je décide de manger les restes du midi et m’installe dans le canapé. Bizarrement, j’ai presque parcouru la ville entière cette après-midi, mais je ne ressens aucune trace de fatigue. Je décide donc d’enfiler un jogging et d’aller faire un tour dans le sous-bois histoire de bien m’épuisé et de pouvoir dormir comme un bébé. Mais lorsque j’arrive sur le sentier, je remarque que j’ai oublié mes écouteurs et peste dans ma barbe. Ce n’est pas possible d’être aussi peu attentif.  J’hésite à retourner chez moi et revenir ensuite. Même si j’ai à peine deux minutes de marche. Mais tant pis, je ferai un plus petit tour. Je commence par trottiner doucement, pour m’échauffer. La lune n’éclaire pas vraiment le chemin et je suis obligé de me fier qu’à ma vue, qui elle s’est très vite adaptée à la pénombre. Une fois assez sûr, j’accélère le pas, laissant le petit vent fouetter mon visage et le peu de neige crisser sous mes longues foulées. Je trouve rapidement mon rythme et cette nuit pas question de vitesse mais plus de longueur. Il faut que je fatigue mon corps de ce trop plein d’énergie.

Cela doit bien faire une demi-heure que je cours, m’enfonçant un peu plus dans le bois mal éclairé, mais je ne suis pas encore prêt à faire demi-tour. Je ralenti légèrement la cadence et essaie de me concentrer sur les bruits environnants. La forêt semble endormie, seul le bruit du vent à travers les quelques feuilles encore présentes perturbe le silence. Mais quelque chose ne va pas. Je distingue une forte odeur, quelque chose de désagréable. Et sans le voir, je peux l’entendre. Les entendre. Deux souffles rauques et rapide. Je reste immobile, fixe la forêt de mes yeux perçants et aperçois des ombres à quelques mètres de moi. Ils semblent beaucoup plus gros que moi et surtout ils sont deux. Le combat n’est pas très équitable. Je les vois fouiller, s’approcher. Ils ne m’ont pas encore vu. J’en profite donc pour bouger et me coller contre l’arbre derrière moi. S’ils s’approchent encore, il faudra que je les prenne par surprise. Je distingue leurs gueules et devine qu’il s’agit des mêmes créatures que Cora et Opaline ont aperçues en venant chez moi, hier soir.

L’un des deux relève sa tête et me vois. Ses babines se redressent laissant apparaître une paire de crocs acérés. Par Helgener, faites que je puisse m’en sortir. L’autre reste en retrait, il semble craintif. Peut-être que si le premier m’attaque et que je me défends, il n’interviendra pas. J’essaie d’estimer mes chances que cela se produise et décide de voir ce que va tenter le plus grand des deux. Il s’approche encore et je décide d’attaquer avant que ma chance ne s’évapore. Je ne suis peut-être pas aussi gros que lui, mais ma vue est excellente et je sais que j’ai l’avantage. Il faut juste que je détourne son attention pour tenter la fuite. Je sens ses crocs se planter dans mon dos et grogne pour l’attraper à la patte. Je le frappe ensuite au visage et lorsqu’il est sonné en profite pour m’échapper. Ils n’ont pas mon odorat, ni ma vitesse. Mon cœur accélère ainsi que mes foulées. Mon souffle brûle ma trachée mais cela m’importe peu. Je ne me suis jamais senti si vivant. J’arrive rapidement à l’orée du sous-bois. J’essaie de reprendre mon souffle, de m’apaiser et de calmer mon cœur. Sans cela, il me sera impossible de retourner tout de suite en ville. Ce serait beaucoup trop dangereux. J’entends leurs pas arriver derrière moi et regarde une dernière fois le ciel en pensant à la chose qui me rend le plus humain au monde : Opaline. Il n’y a qu’elle qui compte et je me dois de faire cela. Je me sens apaisé et me retourne une dernière fois, pour regarder ces créatures avant de rentrer chez moi au plus vite.

Une fois dans l’appartement je me débarrasse de mes vêtements tâchés de sang et regarde les dégâts dans le miroir. Il ne m’a pas raté ce salaud. J’essaie de désinfecter la plaie, non sans gémir et grimacer et décide d’aller sous la douche. En sortant, je commence à apercevoir les démarcations d’un futur cocard à l’œil droit. Je vais être beau sur les photos de Noël avec ça, pesté-je contre moi-même. Je cherche d’éventuelles autres blessures mais n’en vois aucunes. Comment je vais faire pour me sortir de là maintenant ? Il va me falloir le meilleur mensonge du monde pour convaincre mes amies. Surtout depuis qu’Opaline est devenue plus suspicieuse à mon encontre. Mais avant cela, une bonne nuit de repos me permettra peut-être d’y voir plus clair demain. Ce combat m’a éreinté, beaucoup plus que ma course. Et je remercie silencieusement mon adversaire d’avoir réussi à extraire mon trop plein d’énergie. Car sans cela, j’aurai cumulé une énième nuit blanche.

***

Hello!

Bon on avance, on avance, je sais que vous vous posez 10000 questions et... C'est le but x)

Alooors?

Qu'imaginez-vous dans le prochain chapitre?

Je pense repasser à 1 chapitre par semaine, j'ai un peu plus de mal à avancer donc pour ne pas perdre l'avance que j'ai c'est le meilleur choix!

Bises & prenez soin de vous!

Tynah.

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