Les mots sucrés salés
Sur le long étalage des mots de la vie
J'ai choisi mes phrases comme on choisit un fruit
Juteuses à souhait dans des bouches de nuit
Dans des lits de passage sous un ciel de pluie
Pour oublier les amertumes de l'ennui
Me fondre dans le noir par amour du délit
Que reste t-il de toutes ces larmes perdues ?
Recueils de baisers qui s'échappent des mouchoirs
Et s'en vont se jeter dans des mers de déboires
Inondant les cœurs fragiles des ingénues
Quand les rêves s'en vont, arrive le début
De l'abandon parfois sur le bord d'un trottoir
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Les fleurs n'ont pas le même goût que le bonheur
En bouquets et rubans dans les mains des mariées
Ah ! jeunes filles au bras du père traiteur
Mangez le temps présent de vos belles années
Viendra le jour où sous le portail d'une église
Vous porterez du sapin sous votre chemise
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Et que dire de ce corps qui vous abandonne
No man's land de peau sur un fond de guérilla
Des beaux mots déchus du pouvoir de leur éclat
La raison est partie vers une autre personne
Du bras trop faible pour entourer la tendresse
Aux yeux trop vides pour remarquer la détresse
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Donnez-moi un don pour faire de mon époque
Une lumière sur les arts et sur la vie
Aux notes décrochées de la portée baroque
Vienne le silence sourd de la symphonie
Je veux vider mon passé dans les encriers
De la lie noire naisse un arc-en-ciel d'été
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Éterniser les mots ! Quel est donc ce programme ?
Peut-on trouver dans une lettre un semblant d'âme ?
La poésie sied bien à la réponse au drame
Quel est donc ce secret qui chavire nos cœurs ?
Quand rien ne se crée mieux autour du mot bonheur
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La plaine étire sa colonne vertébrale
Et le matin brumeux installe son piédestal
La beauté n'a d'équivalent que le miroir
Le cœur des hommes résonne alors jusqu'au soir
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Je suis le diable et je me sens mal aimé
Depuis la nuit des temps la luxure est restée
Le mot d'amour, excellence de la bravoure
Le bataille du corps sur l'esprit qui savoure
Sa gentille victoire autour d'un feu de camp
En brûlant vivement les âmes et les gens
N'ayez pas peur de moi, je jure sur sa tête
Que Dieu est complice et participe à la fête
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J'accuse les hommes et les femmes. Pourtant,
Leur cupidité les disculpe de leurs crimes
De penser que le brillant n'est que dans l'argent
Le sommet d'un arbre vaut bien toutes les cimes
Jamais vu de coffres-forts dans les cimetières
Que des fleurs sauvages, du granit et des pierres
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Le lac de Lamartine m'a sonné les matines
Bleu
Un visage apparu du fond de mon sommeil
Blanc
Le visage sans vie de Julie, j'imagine
Gris
De ce drame sont nés des poèmes vermeils
Rouge
Le sang n'a pas coulé mais de l'eau dans le cœur
A étouffé ses poumons et le cœur des lecteurs
Noir
* Julie Charles : grand amour de Lamartine décédée de la tuberculose
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On ne s'évade pas de ses rêves. On fuit
Le jour nous délivre et nous enlève nos chaînes
Le sommeil est un leurre du gardien de la nuit
Pour nous faire croire au bonheur, il nous entraîne
Dans les recoins de nos souvenirs assombris
La poussière de l'oubli camoufle nos peines
Alors je rêve en conscience évanouie
Ce sentiment désagréable d'être mort
Là, une présence entre moi et le plafond
Veut m'arracher du lit, veut définir mon sort
Je me réveille encor quand la lune s'endort
Et que le soleil installe ses rayons d'or
Alors je respire en conscience assoupie
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Sous l'épais manteau de nuages
Passe le vol des oies sauvages
Il annonce le froid d'automne
Mon cœur est triste et monotone
Dessus l'épais manteau de neige
Le ciel émeut à l'unisson
Un soleil bleu fait le manège
Entre le sol et l'horizon
Sous l'épais manteau de verdure
Le printemps a défait sa robe
Alentour chante la nature
Quand les mots sous moi se dérobent
Sous l'épais manteau de soleil
L'été n'est plus qu'une fournaise
La terre a soif et mal à l'aise
Pleure sa tonnelle arc-en-ciel
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Ombres tachetées du froid des ciels
S'évadent sur le dos des pans de glace
Ô beauté ! des espaces artificiels
Résonne en mon cœur et puis s'efface
Changement de caractère de la lune
Le doigt posé sur son croissant
Je comprends que mon infortune
Vient de l'absence évidemment
Assaisonne le soleil de blé vert
Nourris-toi de la viande du vent
Chaque seconde est éphémère
Amuse-toi et crie souvent
Lève la tête vers la terre, enfin
Accroche tes pieds aux nuages
Regarde passer les oies sauvages
Et pleure de n'être qu'un humain
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Voile tacheté du froid des ciels
Pose ta soie sur les pans de glace
Beauté des lois artificielles
Résonne en mon cœur et puis s'efface
Change la surface de la lune
Le doigt déposé sur le croissant
Caresse le sol en ne dévoilant
Du cratère l'ombre de la dune
Colore le soleil de blé vert
Nourris toi de la viande du vent
Mange les eaux salées de la mer
Abreuve ton âme de courants
Lève les yeux vers la terre, enfin
Accroche sous tes pieds des nuages
Regarde passer les oies sauvages
Et pleure de n'être qu'un humain
---------------------
Là-bas au cœur des villes des murmures lointains
De balcons en fenêtres s'élève la clameur
Belle oraison qui ressemble au bonheur
Le chant des hommes et des femmes à vingt heures
Sous les bulles opaques des visages soumis
Que de mains décroisées sans espoir de retour
Quand les yeux se ferment aux lueurs de la vie
La nuit arrive emportant les souffles courts
Et l'on s'affaire autour du lit immaculé
Le cœur des hommes et des femmes avant l'heure
Une vie sans famille pour qu'une vie soit sauvée
Le courage ne suffit plus et semble désarmé
Et si parfois l'envie leur prend de plier un genou
Ce n'est ni pour prier, ni par renoncement
Mais par fatigue depuis le commencement
Sachant que le combat se passera debout
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Cette nuit, je visite les ruines de mon sommeil
Et demain soir, je commencerai à reconstruire mes rêves
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Les arbres et les fleurs n' ont pas les mots pour se défendre
Juste leur beauté et leurs parfums
Et leur amour pour l'homme
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Le réel est un rêve dominé
Et le rêve, l'aboutissement de nos réalités
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Le soleil et la nuit passent chaque jours dans nos yeux
Et puis peu à peu ne passe plus que la nuit
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La poésie chez les animaux ?
Leur présence
Le dialogue des images et le désert des mots
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Un coquillage délabré sur le vitrail de tes yeux
S'enfonce inexorablement dans les sables mouvants de la paupière
Tes cheveux ont au bout de leurs parties ossues des doigts qui ressemblent à des mains
Et ton cœur s'envole comme une pierre vers le ciel
Alors s'évapore le soleil en gouttes de lumière, de pleurs et de rires
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L'aube de la phrase : la majuscule
Le point : le crépuscule
Et le monde minuscule
S'accorde avec l'univers
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Mes pieds ne pouvaient plus parler
Boursouflés, ensanglantés et troués
Leurs ombres grimpaient le long de mes jambes blanches
Pour échapper à l'inquisition du soleil
Devais-je avouer que le ciel était vide ?
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J'ai marché sur mes pas
J'ai trébuché sur mes pas
Pas à pas j'ai vécu
Mon ciel s'est couvert
De roses aux épines glacées
Aux pétales de verre
Chaque fois que l'hiver
Vient, je fuis
Le froid glace mes pas
Pas à pas je vis
Ma vie écaillée
Pas à pas je pleure
Des larmes chagrinées et rares
Sur ma peau asséchée
Le rose de mes joues se fane
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Les étreintes viennent de partout
Aux bras trop longs
Aux corps trop courts
Le baiser se fait plus doux
Sur les quais de gare
Sur les avenues, sur les genoux
Parfois il suffit d'un regard
Pour que le rouge à lèvres s'ouvre
Les yeux fontaines coulent
Ruisselants et déferlants
Se noie alors le cœur dans l'anathème
Du partir
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La virginité de la porte sans serrure
Douce comme une peau de pêche
Repousse les racines du péché
Sur le chemin de toutes les libertés
Ce paradis nous est interdit
La porte condamne les vivants
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Les grands tourments sont dans les gorges
Les râles et les mots d'amour et les gloussements
Tout un monde qui veut sortir
Une lave lavée durcissante et agissante
Elle,
Sa gorge enflammée par le désir s'enfle de chair
Expulse le parfum moqueur en gouttes de brume
Puis vient déposer la bulle criante dans l'air chaud des ciels de lit
Lui,
Son corps marbré parle aux horizons courbés
De sa bouche traînante s'échappent les saisons humides, les vents et les marées
Son corps est un bateau qui coule doucement entre les cils de la source
Remonte puis recoule puis s'échoue sur le dos en silence
Eux,
Pour ne rien oublier
Pour ne rien regretter
Écrivent leur histoire d'amour
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La maison est aussi son sanctuaire
Sur son bougeoir, elle se tient droite comme une pique vers le ciel
Son lien entre la terre des hommes et l'univers
Ce qui doit être essentiel ou futile se trouve dans sa trajectoire lumineuse
C'est un buste enflammé qui joue avec le centre du plafond
Elle s'épuise toute seule à vouloir échapper à son image
Son corps blanc s'évapore en un filet de fumée noire
Maintenant elle danse pour moi pour me faire plaisir
Mais elle ne sait pas encore que sa fin arrive
Je lui laisse ses illusions de jeunesse
Bientôt elle ne sera plus qu'un amas de cire
Et n'aura vécu que dans la lumière et l'ombre
Éclairant les vivants pour étonner les fantômes
Drapeau flamboyant de l'armée des étoiles
Brûle ! Brûle ! et éteins-toi héroïne du bal
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Ô cil ! merveilleux de lumière
Donne un plafond au ciel de plâtre
Arc-en-ciel laiteux, éphémère
Rends jaloux le plus beaux des âtres
Que cet œil en feu à ma vie
Soit l'herbe verte de ma mort
Feu follet ! je veux que tu ris
Sur le toit des tombes, la nuit
Faisant danser tous les remords
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Seule au monde et tellement esseulée
Sans espoir et tellement désespérée
Si seulement le ciel s'ouvrait pour elle
Si seulement une aile s'ouvrait sur elle
Protégée des rayons de lune aplatis
Seule en scène et tellement applaudie
De chapiteaux célestes en marchands de tapis
Que restera-il de nos os sous la terre ?
Cette place recouverte et rectangulaire
Un certain jour de l'année, fleurie
Non ! je la veux pour moi vivante
Sur son épaule dessiner la ligne courbe
Des territoires inconnus, des caresses savantes
Où le cœur s'aventure et parfois s'embourbe
Et laisse l'imagination au creux de la tourmente
Oui ! je la veux pour moi esseulée
Et désespérée
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Les cieux ne sont pas aussi vastes que l'on croit
Les jardins de bleuets de tes yeux sont parfois
La preuve que le paradis existe ici
Une croix attachée autour d'un cœur conscrit
À la guerre de l'amour je veux bien mourir
Ou sur ta bouche aux parfums fleuris me nourrir
Alors tes mains cueilleront mon corps déchiré
Sous les sanglots profonds de nos âmes damnées
------------
Ô loin ! mon épaule adorée
Couchant le ciel d'un drap orange
Écoute-les aux vents mêlés
Ces brebis guidées par un ange
Un fil coupe de l'océan
L'or et l'argent, le bleu du blanc
Ô astres ! Belles fleurs dans un vase bleu
Invisibles le jour pour nos regards dépolis
Deuil de la nuit n'efface pas tout
Laisse les étoiles à défaut de lumières
Et l'amour du céleste à défaut de prières
Nous montrer le passage vers d'autres univers
Ô lasse ! ma bouche érodée
Divague sans trouver ses mots
Quand s'avance la vraie beauté
Du feu de la nuit sur les flots
Le ciel trouve enfin le repos
Là tout s'endort, tout est bercé
Ô cœur ! mon cher cœur courtisé
Brille sous la lune grisée
Comme le sont tous les amants
L'étoile aussi veut son serment
Mais mon cœur trop triste, mourant
S'endort lui aussi doucement
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C'est un parfum encore vivant dans mon cœur
Celui de l'enfance aux barreaux de cristaux
Où tout est illusion et ressemble au bonheur
Sur le banc d'une école regarde le petiot
Dans sa blouse grise on dirait une église
Comment ne pas pleurer quand la mémoire s'enlise
Dessinées à la craie sur le grand tableau noir
Les lettres majuscules, les déliés du savoir
Dehors sans partage le soleil rigole en cadence
Au rythme lancinant des nuages capricieux
Alors que dans la classe règne le silence
Les oiseaux batifolent dans les arbres, dans les cieux
Aussi loin que portent les yeux
On ne trouve que du vitrail
De la sueur et des vœux
Que l'odeur du travail
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Avec ma main je défais l'hiver
Je dénoue le tricot de neige
Sur ma paume j'accueille le soleil
Qui s'est échappé des limbes
Le chêne sort de son sommeil de pierre
Pour se gorger d'air et souffler sur le vent
Les planches en cuir de ses branches craquent
Je raccroche mon rêve à un nuage pour demain
Un jour de plus et je serai sauvé
Un bel arc-en-ciel ; je le prends
Il a perdu sa pluie et ses orages
Un couloir de feu dans les ruines
Des moissons arrosées de la nature
Un jour de plus et elle sera sauvée
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La critique négative... Une flèche d'arbalète
Qui vous transperce le cœur mais ne change pas le cours de la guerre
La critique positive... Une arme de destruction massive
Qui vous fait croire que vous avez gagné la guerre
---------------
Mon amour, ma vie, mon rocher
Là, l'âme exposée au doux rythme
Des vagues qui fuient au levant
Las du chaos, le vent m'abîme
Sans que je puisse respirer
Sentir la ramure dorée
De l'âtre jaune au firmament
Regarde-le comme il se vrille
Les embruns salés et volants
Tournent autour de moi, m'habillent
Se dérobent en gouttes d'or
Et mon cœur de pierre vacille
Quand tout s'éteint et que tout dort
Les sillons d'eau à crêtes blanches
Gorgent l'océan de bleuets
Sur l'horizon le ciel s'épanche
Et laisse tomber ses reflets
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La vie est enceinte de jours crispés
Où tout prémature un bonheur délavé
Par nos propres mots bientôt oubliés
Par des naissances et non des renaissances
Il nous faudra réapprendre un langage
Si nous voulons de nouvelles aubes
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Pas de plaines sur les sommets perpétuels
Quand la barbarie est l'ombre du marécage
Les mots sont des loques devant la mort d'un amour
Et les silences se figent sur les cœurs froids
Pour s'endormir avec la lune dans un œil et dans l'autre le soleil
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La clé du bonheur n'a pas de serrure
Il faut juste pousser la porte
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Le poète est un danseur de French Cancan qui fait le grand écart entre la terre et les étoiles
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Sinon rien
Sinon tout
Déjà la lune
Déjà l'aurore
J'ai dormi tout ce temps
Sans un seul souvenir
À part qu'il n'y avait rien
Que tout était en place
Comme un bel avenir
Devant un mur de glace
Déjà trop tard
Déjà dépassé
----------
Quel est ce cœur qui déborde de joie ?
Qui fait rire ses veines à plein poumon
De l'eau, du sang, de l'alcool pourquoi pas
Jour de fête pour un jour sans démons
Que veut dire ce rictus sur les lèvres
De cette bouche qui ne riait plus
Et ces yeux tout à coup qui se lèvent
Vers un ciel dégagé de son jus
Débarrassé enfin du triste voile
Laisse passer la lumière des étoiles
Car demain sera aussi un jour meilleur
Puisque l'amour est entré en ma demeure
----------
Les fruits de la mer se récoltent en janvier
Quand les vent violents les font tomber des vagues
Avant que les digues de la côte se targuent
De rire au nez des tempêtes arrimées
Les sardines seront plantées en été
Disait le jardinier à la belle marinière
Elles s'emboîtent mieux quand le soleil les fait
S'habiller de robes tressées de lumière
Les goélands suivent les camions de crevettes
Dans la froideur picarde des plages du nord
Espérant trouver dans le sable quelques miettes
Du crustacé gelé à la sauce roquefort
Je suis sorti du ventre de la terre
Ne chercher pas, ma mère est la terre
Et les poissons du ventre de la mer
Ne chercher pas, la mer est leur mère
-------------
Quand la vie n'est que destinée
Que le bonheur a disparu
Reste sous le cou parfumé
Les volutes de ce corps nu
Que l'on voudrait ressuscité
Et qui meurt sans avoir connu
La flèche dans le cœur plantée
Combat d'une guerre perdue
L’absence et son éternité
----------
La vie ne tient qu'à un fil
Le bonheur ne tient qu'à un fil
Avancer sur ce fil sans se casser la gueule
Quel miracle !
Être suspendu à tes lèvres
Ne pas décrocher un mot
Lire dans tes pensées
Quel miracle !
Remuer ciel et terre
Disparaître en fumée
Avancer à reculons
Quel miracle !
Je ne crois pas aux miracles !
----------
Dans mes yeux le reflet de tes larmes en vain
Dessine des cercles de brumes parfumées
Aux amertumes suivent éveils et matins
Les mots désuets, les syllabes raffinées
La paupière fermée qui ne veut plus s'ouvrir
Lourde et languie par les promesses éternelles
Plantées au fond du cœur et dont on se nourrit
Mais que l'on oublie sous le poids de la querelle
Aux amours mourantes au creux des oreillers
Je préfère le soleil des amours nouvelles
Quand un vent vif s'étale sur le drap du lit
Embuant les fenêtres de rideaux de pluie
Le corps virevolte de la soie au coton
S'abandonne à la joie et sous le doute plie
Sanglots retenus puis jeux de séduction
Jamais ne tarissent les feux de toutes vies
Emprisonnant de beaux souvenirs dans le temps
Pour qu'il ne reste rien de nos âmes bannies
Juste un amour trop fort pour penser aux serments
----------
Un matin où le soleil titube de sommeil
Dans sa couverture de nuages en laine
L'oiseau dans le nid ne réveille plus le coquelicot
L'hiver approche
L'herbe peint le matin de blanc après le noir obscur
De la nuit sans étoile, sans lune, éteinte
Les rues accouchent de petits soleils parasites
Et font gronder le ventre de la ville sous une lave jaune et rouge
Je ne dors plus du sommeil des enfants
Ma journée commence là où finissent mes mauvais rêves
Je me lève et prends ma place dans la boîte à jouets
----------
L'horloge de mon cœur s'est mise à l'heure d'hiver
En battements brisés je l'entends réunir les ruines
De la nuit sans rêve et pleine des désastres
Du banal désespoir aux bains de cailloux
Sur le pas des loups elle résonne dans ma tête
Le ciel a encore baissé son rideau de délices
Qui profite aux autres sans jamais sauver mon aube
Aucun rayon de soleil ne vient toucher ma peau
----------
Pourquoi la peindre si je n'ai de souvenir d'elle
Qu'une épaule cachée sous un voile de dentelle
Que ce départ soudain comme un vol d'hirondelles
Et ce retour soudain sous un drap de flanelle
La pensée vidée de nos ébats charnels
Elle échappe à ma mémoire depuis qu'elle est au ciel
Le bonheur n'est rien quand il est infidèle
L'amour défit la mort mais perd toujours le duel
----------
Retranchés
Morts ou vifs
Les mains au bout des griffes
Le ciel en ex-voto
Entends-tu les morts parler
Du doute d'être vraiment nés
Écoute la triste voix du vent
Qui se moque bien du temps
Quatre mois de novembre
À écrire mon nom sur la cendre
Pourquoi ? Pour qui veut entendre
Le son des mots, pas du canon
Sur la cendre j'écris mon nom
----------
Le mérite ! Quel mot insolite
Qui écarte tous les autres
Les met au rang de monolithe
Et dans la niaiserie se vautre
Pour un don de sa personne
Faut-il attendre une médaille
Petit objet perdu sur le poitrail
Le temps que le clairon sonne
----------
Mon âme volée, ma jeunesse
Volatile comme l'air
Pardonne mon insouciance
Je n'étais qu'un papillon sans ailes
Je ne croyais pas aux caresses
Pourtant, je remuerais ciel et terre
Moi le roi sans souffrance
Pour retrouver celle
Qui brûlait mes nuits
Autant que je brûlais sa vie
De la manière la plus vile
Sur des mots malhabiles
Je pensais être fort
Armé de certitudes
Je vivais sans efforts
Cerné de solitude
Aujourd'hui je suis las
Éperdu
Loin
----------
Un miroir flottait sur un lac brillant
Mille feux s’échappaient du ciel
Réfléchi et conscient ce petit diamant
Répondait des mots bleus artificiels
Que seul pouvait comprendre le soleil
Des mots tendres comme un enfant
Et le ciel le couvrait de doux baisers
Le miroir endormi par le calme régnant
Dérivait doucement sur le grand lit mouvant
Comme une Déesse nue et résignée
Se laissant porter après l'acte d'amour
Exposant sans pudeur son corps au petit jour
Lasse de ses aventures de femme égratignée
Perdu à la tombée de la nuit brune
Son chemin devint vide et désespéré
Prisonnier du marbre blanc de la lune
Il disparut dans l'onde du petit vent d'été
----------
Le poème
Comment l'écrire
Ce cheval fougueux
Il s'échappe puis revient pour manger
Dans ma main puis se laisse caresser
L’œil noir devient paysage de bohème
Il n'est plus nuageux
Et me fait rire
Ou bien pleurer
----------
Quelle beauté que le mot beauté
B-e-a-u-t-é
Sur la femme s'est déposé
Comme l'oiseau dans l'arbre creux
Un sentiment d'amour heureux
Le nid douillet de la volupté
Le saint des saints au ventre rond
Où dort la vie de l'humanité
----------
Dans mon âme réside encor de la verdure
Petit coin perdu où s'ébruite l'onde éparse
J'y vois un château et tout autour la nature
À l'abri du vent du temps ; Lasse des regards
J'y laisse mes souvenirs ainsi que mes chaînes
Seuls les oiseaux de nuits ont l'apparence humaine
Et bien malgré moi et malgré tous mes efforts
Je ne peux emmener le reste de mon corps
Si je crie mon nom personne n'entend ma voix
Personne non plus n'est là pour la moindre étreinte
Des bêtes sauvages libérées dans les bois
Une lune de miel d'amour jamais éteinte
----------
Le sommeil du chien a sa propre volupté
Allongé sur le ventre à la clarté des lampes
Le cœur funeste devant le tombeau dressé
Les ténèbres flamboient tout au bout de la rampe
Des femmes pleurent près de mon carton doré
La piéta se fige autour du mausolée
Des bras blancs m'entourent afin de me porter
Et après que mon corps soit sorti de la rue
Mon chien, mon bon compagnon que deviendras-tu ?
----------
Gardons-nous toujours cette sombre nuit en nous ?
La lumière ne peut traverser nos matins
Là, gisent nos rêves sur le bord du chemin
Comme des corps enfumés et des âmes à genoux
Serions-nous assez bête et sans discernement ?
Pour confondre à tord bel hiver et dur printemps
Garderons-nous toujours la sombre nuit servile ?
Pour ne pas déplaire à tous ces lutins habiles
Rêve ! Tu ne vaux pas l'éternité des mots
Mots ! Tu ne décris pas l'ambiguïté du rêve
----------
Et la plaine encore blême sous le vieux vent
Enchaîne ses rouleaux de vagues vert opale
Balaye tous les espoirs de mon cœur d'enfant
De voir en décembre le soleil sous son châle
Si le ciel solitaire ne revenait plus
Enfermé par la nuit dans une tour d'ivoire
Alors un nouveau ciel et nouvelle vertu
Raconteraient sur terre une nouvelle histoire
----------
La tristesse se vautre la nuit dans mon cœur
Comme une belle femme au lit que l'on délaisse
Elle prend parfois la place de la rancœur
Pour un mot de trop à une soirée d'ivresse
Mon cœur écorché vif saigne de passion
(Toujours de la femme, éternelle faiblesse)
Je l'entends sangloter à travers la cloison
Je lui parle avec des mots que je crois sincères
Écrits avec l'eau des yeux rougis par le sang
Ces mots susurrés au creux des âmes amères
Que l'on éponge d'un revers de manche, quand
Entre amis on refait le monde autour d'un verre
----------
Fin de l'automne, reste à côté de ton Père
Dépose à ses pieds toutes les grandes armures
Qui protègent du froid surtout pas de l'hiver
Cet hiver intérieur brise les cœurs purs
La Sainte Croix s'élève pour toucher l'étoile
Le corps nu éventré s'étouffe dans son voile
Et laisse des traces de pas sur le parquet
Une traînée de chants mêlés sous les bouquets
De fleurs déracinées et le collier d'épines
Signe naturel d'une allégorie divine
Dans l'église des Hommes, regarde ton Père
Naître des automnes et se nourrir de prières
----------
Suis-je seul au monde à comprendre qui je suis
L'autre n'existe donc qu'à travers mes écrits
Les images ne sont que des mots emmêlés
Suis-je seul au monde à pouvoir les déchiffrer
Quand mon cœur pleure je n'entends que des violons
Pas de fanfares ni de fêtes à flonflons
Un glas sans fin qui s'éternise dans le vide
Mon corps s'accroche à lui que veux-tu que je dise
----------
Rossignol rime avec chignole
Ce n'est pas une bonne rime
Je vous l'accorde
En français, en espagnole
Les vers sont des cordes de guitares que l'on accorde
Je vous l'accorde
Pourtant les bons mots sont dans nos cordes
Mais à quoi ça rime ?
Si la pensée est en désaccord
Vous n'êtes pas d'accord ?
----------
Les heures, les jours, les années sont encornés
Beau! le calendrier de la douleur fétide
Comme des trophées exposés aux invités
Ô ! Banquet de la vie autour d'un ventre vide
L'odeur de pourriture embaume les débats
Nous ne voyons qu'en la vertu de la lésine
Puisse la société sous ses plus beaux appas
Rongée par le remords du poids de la vermine
S'endorme en crapotant la fumée d'un houka
----------
La longe ombilicale étrangle nos élans
Comme un gros chien galeux au repas délicat
Nourrit nos âmes, mange nos restes fumants
Les mères nous guident mais effacent nos pas
Le sein nourricier devant les anges s'expose
Offrant aux bouches goulues nard et ambroisie
L'éternité au petit monstre rabougri
Le crime maternel de n'être qu'une chose
Naîtra plus tard son affect de l'apostasie
Sans pour cela le rendre moins bon je suppose
Car au fond des églises s'éteignent les cierges
Petites flammes de nos hérédités vierges
L'ennui aura conçu son expiation
Avant de s'enivrer des rayons du soleil
Dans ce ventre nageant dans un rebut vermeil
Il vivait l'espoir d'une bénédiction
----------
Quel cancre ce cœur
Il n'a rien apprit de la vie
N'a rien gardé en mémoire
Que le souffle du vent
----------
La pluie traîne dans le ciel ses barreaux humides
Inonde mon cœur de la plus triste prison
Et tisse sa toile jusque dans l'horizon
Larmes brodées d'eau de l'abyssal génocide
Quand l'arc-en-ciel transperce les nuages lourds
Tel une arche avec sa pâle cariatide
Je sens au fond de moi que tout n'est pas sordide
De ma douleur j'exhume encore de l'amour
----------
Mes visions nocturnes peuplent mes pupilles
Ce matin encore roulent comme des billes
Ma tête déverse leurs lots de pacotilles
Au milieu de la rue, je vois mes funérailles
Ces gens trempés de pleurs que je ne connais pas
Tous ceux qui rigolent sur un air de samba
Une muse s'amuse à danser sur mes pas
Pour décorer la rue, le plan d'une muraille
---------
Que l'on boive, que l'on rit, et puis que l'on baise
Allongé sur le velours, assis sur la braise
Les corps se meuvent et meurent à ma santé
Si de tous mes méfaits un autre doit trinquer
Ainsi parlait ce diable d'homme respectable
Bon père de famille et tout à fait affable
Ne plus voir les fleuves d'un rouge carminé
N'était pas en sorte de ses priorités
----------
Taciturne et pourtant j'adore tes blasons
De la voûte aux milliards de lumières nocturnes
Des lieues de nuits sombres éloignent ma raison
Tu me fuis dans tes infidélités diurnes
Je t'aime mon ciel pour ton immensité belle
Ton chœur d'étoiles au début de l'univers
Cette chaleur je la chérie car éternelle
Grâce à toi, je dors sur le halo des hivers
----------
Métamorphose des cieux du haut de sa chaire
Le sermon de l'ange déchu au cœur amer
Que restera-t-il de la comédie humaine
Le récit de poèmes sur l'époque lointaine
Où l'honneur n'était pas que dans les mots d'amour
De dire NON semblait un acte de bravoure
La rébellion sous ordonnance médicale
À chacun de couper le lien ombilical
Qui relie les cuisses du pouvoir à nos bouches
Et nous laisse comme un nouveau-né dans sa couche
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L'espoir est une île
Seuls les naufragés la connaissent
Personne ne peut l'atteindre par le bonheur
Son sable est plus brûlant que le feu et plus fin que le vent
Chaque matin elle sort du brouillard
Entourée d'une mer de solitude
Comme une émeraude dans du bleu de chine
Impénétrable mais pas inaccessible
À chacun son île
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L'abandon des autres puis l'abandon de soi
Même si la peine se dilue dans la joie
Reste ! Reste mon cœur
Les solitudes ont forgé des âmes fortes
Et même si les jours de pluie souvent l'emportent
Reste ! Reste mon cœur
Écrire pour les autres, écrire pour soi
Même si la plume peut se perdre parfois
Reste ! Reste mon cœur
La certitude arme le bras du cloporte
Et même si les amours n'ouvrent plus les portes
Reste ! Reste mon cœur
La renaissance de l'autre et la mort de soi
Même si le ciel se dilue dans la foi
Reste ! Reste mon cœur
La béatitude comme unique convoi
Et même si les 'peut-être' font des 'pourquoi'
Reste ! Reste mon cœur
Ne t'en va pas
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Je suis emporté parfois par un aigle fou
Alors qu'au clair de la nuit le soleil est roux
Dans ma chair au plus profond les serres se logent
Je n'ai rien fait pour mériter le bel éloge
Il me porte vers le ciel pour me desservir
Quand il perce mon cœur afin de le ravir
La chaleur de ses griffes comme un élixir
Brouille mes envies au point de vouloir mourir
Je regarde en bas ce berceau que fut la terre
Et me laisse bercer par les vents de l'enfer
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Toi, qui m'as forcé à mettre un genoux à terre
D'une lame profonde as transpercé mon cœur
As fait de tous mes démons mes meilleurs amis
Je te pardonne
Toi, dont le fait de chanter sur mes infamies
D'une longue complainte as forgé mon malheur
Brisant ma liberté comme on brise du verre
Je te pardonne
Toi, qui maintenant repose six pieds sous terre
Qui viendra visiter cette tombe sans fleurs ?
Et priera en veillant ta longue agonie
Je te pardonne
Toi, tes plaisirs ont humilié mon esprit
Tes mains de plâtre au faste de la douceur
Laissent mon sang froid mais amuseront les vers
Je te pardonne
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Plus l'on vieillit, plus les certitudes s'envolent
Ce qui semblait acquis se dilue dans le temps
Nos actions fortes fondent au gré du vent
Et le jour du bilan tous les compteurs s'affolent
Le passé buvard perd de ses couleurs pastel
L'encre noire soumet le pinceau à la plume
Nos mots sont des vaccins quand les cerveaux s'enrhument
Pleure bel innocent que l'on prive du ciel
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Je ne suis pas un écorché vif
Quelques cicatrices tout au plus
J'aime le présent de l'indicatif
Le futur m'attend aussi vois-tu
Le passé m'a semblé imparfait
Peut-être la mauvaise conjugaison
Des époques et conjonctions
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Où es-tu mon âme dorée
Étoile brillante des nuits
Sombres rêves évanouis
Où es-tu mon âme dorée
Quand la nuit douce de l'alcool
Me prend la main comme une amie
Réveille en moi la belle envie
De ne plus être jamais seul
Au doux parfum de tes paroles
Tu étais l'arbre et moi le fruit
À chaque saison j'ai grandi
Brûlant un feu devant l'idole
Où es-tu mon âme dorée
Étoile brillante des nuits
Sombres rêves évanouis
Où es-tu mon âme dorée
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Fini la presse et les journaux
Je veux mourir incognito
Être à l'article de la mort
Aura suffit à mon décor
Que je sois l'acteur de mon sort
La vedette du Paradis
Ou le copain de Lucifer
À quoi me servira l'enfer
Sans tous mes fans et mes groupies
Je cherche un petit coin tranquille
Éloigné du bruit de la ville
Voyez ! Ce genre de cimetière
Qui pousse autour de la bruyère
Et s'endort au chant du corbeau
Buvons, jouons à ma mémoire
Un petit morceau de guitare
Profitons qu'il fasse encor beau
Pour visiter les locataires
Leur donner une bouffée d'air
Faisons bruire leurs oripeaux
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Vaste pays où s'éteint l'étoile du Nord
Où les chemins sont démontés par les orages
L'orge se couche sous une pluie de mirages
Et les cœurs endormis battent beaucoup plus fort
Les rires s'en vont mourir sous des nuits d'opales
De vils crachats sortent de la bouche des Dieux
Quant aux soleils leurs rais ne font plus mal aux yeux
Les rêves compensent nos pulsions tribales
Dans la léthargie je trouve ma foi, ma force
Et tous ces ténébreux paysages m'apaisent
Dans ma gorge d'homme une voix lactée s'efforce
De trouver sans cesse la beauté du malaise
Personne ne peut combler le vide des mots
La blancheur des paroles ne fait pas débat
Les livres entrouvrent la cage de l'oiseau
Qui s'envole des pages mais ne revient pas
Puis-je faire plus admirable que d'attendre
Une douce attente pour d'horribles tourments
Je suis le chef d'orchestre et l'instrument du vent
La partition du temps n'est pas souffle tendre
Je me sens condamné sans cachot ni geôlier
À vivre les plaisirs de raison de l'ascète
Me sentir aussi vulnérable que l'insecte
Quand le pied du destin écrase les fiertés
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Ballotté par la vie comme un fétu de paille
Je me sens dans mon froc aussi nu qu'un bébé
Les mots extrudés défilent vaille que vaille
Ô tant de souvenirs et destins avortés
Baffles et sunlights m'avaient trop chauffé la tête
Le paradis promis n'a duré qu'un été
Son beau corps de braise n'enflammait que la fête
Et je me traînes comme un animal blessé
Depuis, le matin ressemble à un champ de mine
Des buildings d'assiettes séjournent dans l'évier
Le salon s'évapore sous la paraffine
Les bougies, nouveaux soleils dans le ciel cuivré
Paradent en rang serré devant les miroirs
Le casque d'or frémissant sur la blanche cire
L'armée sous le feu consume mes espoirs
Je m'accroche à toi comme le lierre au cirrhe
Ô souvenirs lointains mais tellement vivaces
Ces bruissements de bouches pour ne rien trahir
Laissent aux yeux le rôle de sauver la face
Jouer l'indifférent quand le cœur veut mourir
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Misérable que je suis devant le pardon
Agenouillé, devrais-je trouver la prière
Boire de la ciguë au bon goût de poison
Ou penser finalement que j'ai l'âme fière
Trouver ma raison dans les écrits de Platon
Ou boire le vin des raisins de la colère
Misérable que je suis devant la question
Le sommeil, mon ami, résout tous les mystères
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Une joue en larmes que la bise essuie
Pétales de roses sur le dôme gris
La bouche fermée par les rides de pluie
Comme les hivers semblent creuser leurs lits !
Le futur ne suit que la voie de l'église
Le passé fleuri se fane au gré du temps
Les amours inoubliables fuient sans crises
Reste la carcasse assise sur un banc
Une tête agenouillée libre du mal
Liberté chérie! accompagne ses gestes !
Les mots déversés comme un flot lacrymal
Se veulent moins du chagrin que de la peste
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Bien après que la nuit soit morte
Les rêves viennent me hanter
Pourquoi cette femme m'escorte
Et ne veut jamais me troubler
Toutes les fois en quelque sorte
La vie s'acharne à me venger
De l'illusion touchant la porte
D'un désir prêt à me blesser
Je suis un poisson dans la nasse
Noyé dans un édulcorant
Dans le piège je me prélasse
Rêver ! Rêver comme un enfant
Offrir son cœur à la demande
Ne jamais trouver le repos
Trouver dans la mort une offrande
À celles qui rient dans mon dos
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