Anciens poèmes déjà publiés remasterisés (ou pas)
Même principe que dans le premier chapitre... À la queue leuleu :)
Commentaires et annotations dans la tête du lecteur
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Je la vois dans tes yeux de cristal de bohème
Une mer infinie sous un cadre de verre
Es-tu une fée ou une âme délétère
Tu te ris de mes mots, te soucies de mes peines
Quand je serai parti dans un monde de terre
Tu viendras déposer des baisers sur ma tombe
Je resterai passif à choisir la colombe
Au ver dans le corps dévorant mon sanctuaire
La vie sans moi en vaudra-t-elle la douleur
Puisque tant d'épaules soutiendront ton chagrin
S'éplorer au grand jour deviendra un refrain
Mon galbe souvenir s'effaçant en douceur
Et si demain tu pars avant moi de ce monde
Je n'aurai de repos que de fleurir mes mains
Pour que tu vois du ciel sans relâche à quel point
Mon cœur battait d'amour pour toi chaque seconde
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Derrière la vitre
Immobile
Tu sembles triste
Guindée
Devant la soie des murs
La silhouette figée
Seule
Sophistiquée
Tu joues l'artiste
Dans des habits de fête
Tu es parfaite
Habituée
Tes grands yeux
S'ils sont bleus
N'ont jamais vu le ciel
Maquillés
Chaque jour est pareil
Tu n'as pas d'histoires
À nous raconter
Inanimée
Les passants s’apprêtent
À voir une poitrine qui respire
Se dresse alors un sein de cire
Sous le corsage en satin
Asexuée
Tu t’accommodes de la mode
On t'habille et te déshabille
Comme une poupée adulte
Tes jambes fines aux bas de soie
Jamais ne connaîtront de draps
Mannequinée
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Non ! Ne pleurez pas sur ma tombe
Je suis parti vers un ciel pur
Au milieu de mille colombes
Et bien heureux, je vous l'assure
Ne croyez pas que je sois triste
Je ne veux pas me retourner
Peut être un peu trop artiste
Dans ce monde pour exister
Écoutez brave gens l'histoire
De ce pauvre rêveur des villes
Convaincu que les rues le soir
Se vident de leurs désespoirs
Qu'en toute lumière qui brille
Se cache une étoile noire
Sous le fin litham du brouillard
Et la fumée des cheminées
Le crépuscule en étendard
Tombe comme un rideau brûlé
Après sa guerre sans victoire
Battu sans avoir bataillé
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Ce soir il pleut des gouttes d'or
Le ciel s'est embrasé de cris
Une douce violence dort
Le bleu s'est habillé de gris
Ce soir il pleut des gouttes d'or
Le ciel a embrassé la nuit
Une douce caresse encore
Sur des bleus habillés de pluie
Ce soir il pleut des gouttes d'or
Mon cœur s'est embrasé de vie
Une douce lueur décore
De bleu l'intérieur du nid
Ce soir il pleut des gouttes d'or
Mon corps s'est épuisé si vite
Une douce odeur s'évapore
Du parfum bleu de l'aconit
Ce soir il pleut des gouttes d'or
Ce soir il pleut jusqu'à l'aurore
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J'entends le cor sonner en moi
L'hallali a commencé
Les jours me sont comptés
Le pendule du temps s'est enrayée
Et je me réveille auprès de toi
Et je ressens à nouveau la vie en moi
Les heures s'envolent
Dans un ciel céruléen sans atmosphère
Où mon cœur gravite comme le premier spoutnik
En danger d'amour éternel
Et pourtant je suis bien
J'accepte la douce sentence
Ma gorge ne sortira plus de mots
Parler deviendra inutile
Je serai le vent du matin
La brise du soir d'été
Le dessous de ta peau
Égratignant ton sang
Effleurant tes veines
Pour atteindre l'âme de ton cœur
Je deviendrai la silhouette immobile
À tes côtés toujours
Protectrice des attaques déguisées
De la promesse d'une lune tactile
Qui viendra se poser sur tes lèvres
Une nuit où je ne serai pas là
Où je ne serai plus
Pour t'emmener vers l'illusoire
Mais je saurai garder tes yeux fermés
Et ouvrir tes pupilles à mon soleil
À veiller sur ton sommeil
Comme on veille sur un trésor
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Le dernier poème
Celui qui nous ressemble
Que l'on voudrait universel
Mais que l'on écrit seul
Le dernier poème
Que l'on pense éternel
Dès que nos mains tremblent
Et que le cœur s'isole
Le dernier poème
Oublié sur le bord d'un ciel
Par une nuit qui rassemble
Murs blancs et camisoles
Le dernier poème
C'est une raison ivre
Dont on connaît le sort
Même s'il veut vivre
Il est déjà mort
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La fenêtre est ouverte, il pleut
Presque impeccablement
En petits éclats creux
Presque à bout touchant
Goutte à goutte la pluie pareille
Le ruisseau qu'elle éveille
Du toit, on dirait que le lierre
Étire sa robe vers la terre
Le lilas frissonne
Quel beau branle-bas !
L'herbe, elle, s'ébat
Le jardin discourt
Les nuages touchent les blés
Les enveloppent de son drap
La fauvette troue le rideau mouillé
Sous l'œil étonné du chat
La pluie s'est enfin arrêtée
Laissant place aux clapotis
Que mon cœur écoute meurtri
Comme si c'était le dernier été
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Il est des choses éternelles
Les amours, diamants purs
La douceur intemporelle
D'une main sur une main jumelle
Serrent les âmes, point d’azur
Il est des écrits éternels
Les beaux mots, diamants purs
Douceurs ou douleurs rituelles
Divisent les corps rebelles
Colorent le sang, prison d’azur
Il est des sons éternels
Les beaux chœurs, diamants purs
S'évadent de tous les ciels
Traversent tous les soleils
Cassent les chaînes et les murs
Il est une chose éternelle
Ton amour, diamant pur
Soleil et point d'azur
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Demain, il pleut
Il pleut beaucoup même
Et alors c’est quoi le problème?
Qui a bouffé la grenouille?
Je l’aimais bien, elle me rappelait ma maîtresse d’école
Qui sautait d’un sujet à l’autre
Et nous on s'marrait
Dans le marais, y a Notre Dame qui rigole du haut de ses gargouilles
Je l’aime bien, elle me rappelle mon prof de math
Tout voûté
C’est quoi le problème?
Plein de théorie sur des théorèmes et rien sur le thé
Ô Rome ! Y a le Colisée qui tourne en rond
Je l’aime bien, il me rappelle un fiancé
Mariage heureux, mariage pluvieux
Tout ce cirque pour quelques gouttes
Des pères, des mères, des frères, des sœurs qui s’écoutent, s’égouttent
La fiancée aussi tourne en rond
C’est quoi le problème?
Veut pas lever sa robe à cause de ses cuisses de grenouille
Je l’aime bien, elle me rappelle un curé dans sa robe
Des pères, des mères, des frères, des sœurs qui s’égouttent, écoutent
Les bruits de fond, et ça tourne en rond
Théorie, théorèmes, anathèmes un peu, beaucoup, sur l’eau
De là, à arrêter la pluie
C’est quoi le problème?
Je l’aime bien la pluie, elle me rappelle la mer
Supérieure... Hautaine... En froid avec son coupe-vent
Tempête sur tout, n'arrête pas de s'marrer bassement
Elle divague vaguement aussi
Tout le contraire de mon psy
Je l’aime bien mon psy, il me rappelle ma mère
Supérieure... Hautaine... En froid avec son couvent
C’est quoi le problème?
Demain il pleut
C’est bien… L’eau efface tout
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Verrai-je en cet enfant un être sans pouvoir
Pousser, devenir grand, pleurer sera sa gloire
Sur l'hélice du vent tourné vers les étoiles
Il prendra tout son temps l'amour sera son Graal
Bien sûr il n'est pas né pour être sans valeur
Des jambes bien plantées comme sont les tuteurs
Dans la terre fertile, la tête dans les nuages
Je le vois de ceux que la vie ne fait pas sage
Je lui dirai où chercher le bonheur
Se perdra dans des bras recouverts de couleurs
Des pays tamisés par les pluies boréales
Apprendra les langages dans des livres vivants
Se couchera le soir sur son lit de cristal
Et mourra vieux sans regrets ni tourments
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Tu es de mon village
Tu es de mon pays
Tu es de mon ciel
Et pourtant
Tu es de mes livres
Tu es de ma mémoire
Tu es de mes salons
Et pourtant
Tu es de mes valises
Tu es de mes voyages
Tu es de mes rencontres
Et pourtant
Tu es de mes sentiments
Tu es de mes pensées
Tu es de mes peurs
Et pourtant
Tu es de tout
Tu es de rien
Tu n'as pas de nom
Tu es la page blanche
Tu es le sang noir
Couché sur le vélin
Réveillé chaque fois
Que les mots décident
De ne pas dormir
Tu es l'eau
Tu es l'air
Tu es l'amour
Ô poésie
Qui es-tu vraiment ?
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Solitude sereine dans mon cœur blessé
Voyez ces souvenirs comme ils sont effacés
Les nuits glacées d’effroi les ont tant remplacés
Je vous sais fantômes sans vous avoir touché
Vous semblez si frileux, il faut le reconnaître
Arrêtez de glousser que vous m’avez vu naître
Resterez-vous fidèles dans l’inimitié
Ou bien oubliez-moi que je puisse oublier
Partez, allez-vous en ! Je veux ma vie d’avant
J'étais jeune amant me nourrissant du présent
Pourquoi l’avoir choisi puisqu'elle aimait la vie ?
Désir d'être immortel et nous ôter l’envie
Pour que dans l’aphasie, je crie son nom chéri
Profiter du néant, revoir mon Ophélie
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Mes yeux fermés à sa lumière
Éblouis d'amour à la fois
Je perds courage à ma manière
En m'éloignant d'elle, je crois
Son visage est une bannière
Qui vogue dans le vent, le froid
Je reste assis c'est ma manière
De voir passer les jours, les mois
L'émoi n'est plus de mon cortège
Je suis le fou devenu roi
Mes joies s'avèrent feux de neige
Pour se rallumer loin de toi
Ma passion se veut des ailes
Mais s'enfonce dessous les draps
Cachée sous la couche irréelle
D'un voile de nuages gras
Mon cœur ouvert à sa lumière
Sous les hanches bleues du soleil
Pleure des gouttes d'or légères
Fait de toute douleur un miel
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Ils n’ont pas quatorze ans et déjà l’âme en peine
Un petit chagrin, une touche de pastel
De l'eau salée sur une joue de porcelaine
Une bulle de savon pour remplir le ciel
Les couleurs du savoir que donne l'ignorance
S'en aller au plus loin du nid familial
S'abolir de ce corps, de la peau de l'enfance
Mettre leurs amourettes sur un piédestal
Pour un regard croisé, une belle parole
Côtoyer les cimes dans l'éphémérité
S'embraser de ce feu que l'on a pour l'idole
Et se briser le cœur sur un mot égaré
Les esprits sont rieurs mais surtout pas risibles
De leur force va naître la fragilité
La jeunesse leur paraît un atout nuisible
Sans savoir que demain n'est que sérénité
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