Chapitre 18
J’avais passé une grande partie de mon weekend enfermée dans ma chambre. J’étais sortie seulement pour manger et prendre ma douche. Sinon, j’avais dessiné tout le reste du temps. J’avais griffonné mille et une esquisses. J’étais plus fière de certaines que d’autres. Étrangement, ou pas, celle que je préférais et que je pensais avoir le mieux réussi était en lien avec le basket. Je ne pouvais me défaire de tous les merveilleux moments que j’avais passés là-bas. J’espérais qu’avec le retour d’Antonin je pourrais de nouveau retourner aux terrains et essayer d’arranger les choses avec Alexis. D’ici là je préférais être patiente et j’essayais de ne pas trop me prendre la tête.
— Mélanie descend s’il te plait, cria ma mère du bas des escaliers.
Il était bientôt l’heure du repas. La nuit était déjà tombée dehors et je devais retourner en cours demain matin. Il ne me tardait pas de recroiser Roman, je ne savais pas comment j’allais réagir en le voyant. Je chassai ces idées de ma tête et sortit de mon antre.
Contrairement à ce que je m’attendais. Le repas était encore en train de mijoter et mes parents m’attendaient bras croisés et regards lourds juste en bas des escaliers.
— Tu peux nous expliquer ? demanda ma mère avec un regard noir.
— Expliquer quoi ?
Je ne comprenais pas où elle voulait en venir.
— Ce qu’il s’est passé chez les Caussieux. Il nous a appelé tout à l’heure pour nous dire que Roman s’était plaint de ton comportement chez eux.
— Tu t’es cru tout permis il semblerait, ajouta mon père. Tu as essayé d’inviter des jeunes des quartiers à cette soirée sans demander son avis à Roman.
Qu’est-ce qu’ils étaient en train de raconter ? Enfin non, qu’est-ce qu’on leur avait raconté à eux ? Je devais être en plein cauchemar.
— Ce n’est pas du tout ça, commençais-je à me défendre.
— Arrête de nous mentir jeune fille, m’arrêta ma mère avec un ton qui ne laissait pas la place à une quelconque objection. Et puis d’où sortent ces soi-disant jeunes des quartiers ? Ne t’a-t-on pas assez dit qu’il fallait éviter certains endroits de cette ville ? Ces gens ne sont pas fréquentables.
J’étais sans mot alors que je sentais une colère sourde monter dans mon ventre et accélérer mon rythme cardiaque.
— Tu nous déçois énormément jeune fille. On comprend mieux ta baisse de résultat à l’école. Tu te fais embobiner par ces jeunes, il va falloir remédier à tout ça. On ne peut pas les laisser gâcher ta carrière. Ils sont en train de te manipuler et de t’empêcher de t’accomplir pleinement.
— Stop ! hurlais-je sans me contrôler stupéfiant mes parents. C’est vous qui m’empêchez de m’accomplir ! Je suis à l’étroit ici, j’en peux plus. Vous contrôlez chacun de mes pas sans même vous souciez de si ça m’intéresse ou non. Vous prenez toutes les décisions pour moi sans m’écouter ! Je m’en fiche de l’architecture, je m’en fiche de vos envies et de vos plans de carrière pour mon avenir ! J’en veux pas ! Je veux juste être moi. Moi, vous savez la fille que vous ne regardez pas, que vous n’écoutez pas ! Vous ne savez rien de moi alors cessez de faire semblant de vous préoccuper de ma vie !
Je sentis des larmes de colère perler sur mes joues. J’étais en train de sortir tout ce que j’avais intériorisé jusqu’à présent. Et punaise qu’est-ce que ça faisait du bien. Il aurait fallu que je sorte tout ça depuis un sacré moment. Je sentis un poids s’envoler de mes épaules alors que mes parents restaient là stoïque face à ma fureur.
Je n’attendais aucune réaction de leur part de toute façon. Je rejoignis ma chambre, rangeais mes affaires de cours dans mon sac-à-dos pour le lendemain et préparai quelques affaires que je fourrais dans ma petite valise.
Il était hors de question que je reste une minute de plus dans cette maison. Je n’en pouvais plus d’être dans cette atmosphère où chacun de mes faits et gestes étaient épiés. J’avais besoin qu’on me laisse tranquille, qu’on me laisse prendre mes propres décisions. Il s’agissait de ma vie.
Une fois mes affaires prêtes et sur le dos. Je retournai dans le salon. Cette fois, il n’était pas question de faire le mur en cachette. Je voulais qu’ils sachent que je partais.
— Que fais-tu jeune fille ? me demanda mon père en se levant d’un coup du canapé en me voyant arriver.
— Je pars. Je vais chez Emma.
Je ne pris même pas la peine de ralentir pour annoncer cela. Je ne voulais plus perdre une seule seconde dans cette maison.
— Nous t’avons privé de sortie, je te rappelle, arriva ma mère.
— Je sais. Mais comme vous vous fichez de ce que je pense, maintenant, j’ai décidé de ne plus prêter attention à ce que vous, vous pensez.
J’ouvris la porte d’entrée et la refermai derrière moi. Aussitôt, un léger vent frais passa sur mon visage. Je pris une grande inspiration. Cela faisait du bien. J’avais l’impression d’étouffer à l’intérieur alors que là, je pouvais enfin respirer.
Je me mis en route en direction de chez mon amie et sortis mon téléphone portable de la poche. J’avais dit que je me rendais chez elle mais je ne lui avais même pas demandé.
Hey Emma, t’as de la place pour
accueillir une personne ce soir ?
Toujours ! Quelle question ! Je te
prépare ton lit.
Tu me raconteras en arrivant ?
Tout dans les moindres détails.
Je ne savais pas comment cette fille faisait pour me supporter. J’avais l’impression d’être la pire amie possible tandis qu’elle était toujours là pour moi. Heureusement que je l’avais. Sans elle, je crois qu’il y a bien longtemps que je me serai effondrée.
Elle était celle sur qui j’avais toujours pu compter. Sa bonne humeur était contagieuse et redonnait le sourire en des temps records. Il faudrait que je lui dise plus souvent qu’elle était l’amie que tout le monde rêvait d’avoir et que je me sentais chanceuse de l’avoir dans ma vie.
En arrivant devant chez elle, elle m’attendait sur le pas de la porte. Elle me fit entrer et je m’excusais auprès de ses parents de cette arrivée impromptue. Aucun des deux ne sembla vraiment gêné et je les remerciais chaleureusement de me recevoir ce soir. Je ne sais où j’aurai fini s’ils n’avaient pas accepté.
On monta dans la chambre d’Emma où elle nous fit nous asseoir sur son lit.
— Alors ? Raconte-moi. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Ces simples mots de ma meilleure amie ouvrirent toutes les vans en moi et aussitôt les larmes affluèrent dans mes yeux et je me mis à pleurer.
Je mis toute la soirée à tout lui raconter. La dispute avec mes parents qui avait été de trop, comment celle avec Alexis et les autres garçons m’avaient énormément affligé également, le manque que je ressentais pour Antonin. Tout était de trop pour moi.
Elle écouta tous mes déboires sans jamais me juger, sans jamais critiquer. Elle était une oreille attentive et compréhensive. Je pus enfin vider tout mon sac.
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