Chapitre 20

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J’y étais. Je me tenais devant l’école Edison, l’école des prodiges. Nombre d’étudiants en art ou en sport rêvaient de pouvoir accéder à cette école et à ses enseignements. Je n’avais jamais imaginé y mettre les pieds et pourtant voilà que je m’y rendais sous conseil d’un de mes professeurs. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre mais bon après tout pourquoi. Je ne m’engageais en rien en venant voir de mes yeux et en allant rencontrer…

Je sortis le papier que m’avait donné monsieur Garten et le relus.

Julien Avilier

Bureau B203

Professeur d’art moderne

Bon et bien il ne me restait plus qu’à trouver ce monsieur Avilier et surtout à ne pas me perdre. Moi qui trouvait que l’école d’archi était grande, Edison en faisait facilement le double.

Les bâtiments étaient aussi beaucoup plus anciens. Une petite plaque était accrochée devant les deux grands piliers qui constituaient l’entrée. On y lisait dessus qu’il s’agissait autrefois d’un asile pour les blessés et réfugiés de la première guerre mondiale.

Je m’avançais à l’intérieur sous les regards inquisiteurs des autres élèves. Contrairement à eux, je ne portais aucun uniforme. Je faisais tâche au milieu de ces tailleurs bleu nuit et de leur cravate ocre. Je me fichais de leurs remarques j’étais trop abasourdie par l’architecture des lieux. Le bâtiment principal vers lequel je me dirigeais avait conservé son immense façade en pierre et les fenêtres étaient en arc, toujours d’époque. Malgré les rénovations, ils avaient conservé le charme de la bâtisse avec brio.

Même l’intérieur m’étonnait, le hall était immense et sa hauteur de plafond spectaculaire. Le seul bémol était l’acoustique de tel lieu. Les étudiants s’amassaient un peu partout dans ce lieu et créaient un véritable brouhaha. J’avais du mal à m’entendre penser. Je me dirigeais vers l’arrière du bâtiment et emprunta un premier couloir complètement vitré. Il donnait sur ce qui devaient être les anciens jardins arborés de l’époque et qui aujourd’hui accueillait de nombreux bancs, tables et chaises.

Il était amusant de repérer d’un simple coup d'œil les différentes filières des jeunes présents ici. Les sportifs d’un côté, les artistes de l’autre. Je devinais pour ceux montaient comme des armoires à glace le rugby, tandis que je penchais plus pour des dessinateurs de paysages ceux qui se baladaient avec crayons et carnet à la main en regardant les arbres et les fleurs de la cour.

Je continuais mon chemin et finis par emprunter un escalier en bois massif magnifique. Les fins de rambardes avaient été sculptées en arabesques fleuries magnifiques.

Je montais jusqu’au second étage et alleluia les numéros de bureau étaient indiqués. Je pris à droite et lut chaque nom jusqu’à enfin trouvé le B203 de monsieur Avilier. Je sentis mon pouls s’accélérer alors que je m’arrêtais devant sa porte. J’avais à la fois très envie de passer cette porte mais aussi envie de prendre mes jambes à mon cou pour repartir. Je n’avais aucune idée de ce que j’allais lui dire. Je ne savais même pas s’il était au courant de ma venue. Peut-être même qu’il n’était pas dans son bureau, peut-être était-il en train de donner un cours quelque part.

— Je peux vous aider mademoiselle ?

Un homme d’une trentaine d'années sûrement était en train d’arriver à mon encontre.

— Euh… Oui, je venais voir monsieur Avilier mais je ne sais pas s’il est dans son bureau, bégayais-je.

— Il va l’être vu que c’est moi. Vous pouvez entrer, on va discuter à l’intérieur.

Je me mis à sa suite et m’installais dans un fauteuil qui devait appartenir aux années 50 pendant qu’il s’installait dans un siège de bureau parfaitement neuf.

— Alors dîtes-moi, vous êtes l’élève que m’a envoyé monsieur Garten ?

— En effet, oui. Il m’a dit de venir pour vous montrer ce que je faisais et avoir votre avis. Selon lui, je m’en sors plutôt bien.

— S’il m’a contacté, c’est que selon lui, vous vous en sortez plus que plutôt bien. Vous auriez des œuvres à me montrer.

Je posais mon téléphone sur son bureau et attrapais dans mon sac mon portfolio. J’avais pris entre autres ma peinture de ce matin, plusieurs esquisses que je gardais toujours sur moi. C’était à mon goût les meilleurs que j'ai pu faire.

Je les posais toutes sur son bureau et je le laissais regarder. Il s’en empara de plusieurs et les scruta avec attention. Je ne savais pas trop quoi faire, ni quoi dire alors je me rassis dans ma chaise et attendit qu’il ait fini. Je vis mon téléphone s’allumer plusieurs fois, je recevais des messages d’Emma mais impossible pour moi de voir ce qu’il en était exactement.

J’attendis de longues minutes comme ça jusqu’à ce qu’il finisse par reposer mes feuilles. Il se réinstalla à son tour et me regarda un moment, j’avais l’impression qu’il essayait de lire en moi ou je ne sais quoi avec ses yeux d’un noir presque absolu.

— C’est vous qui avait peint ça également ? finit-il par me demander en pointant mon téléphone qui s’était allumé une nouvelle fois.

J’avais toujours les terrains de basket en fond d’écran.

— La fresque ? répondis-je étonnée. Oui, je l’ai fait pour des amis.

— Impressionnant… se contenta-t-il de répondre avant de replonger dans ses pensées sans rien ajouter de plus.

Il se mit à trafiquer sur son ordinateur puis finit par se lever pour aller récupérer les feuilles qu’il venait de lancer à l’impression. Il revint avec et les agrafa avant de me les tendre.

— Tenez, il s’agit du formulaire d’inscription. Remplissez-le et ramenez-le moi avant les vacances d’hiver, vous serez ainsi inscrite pour le prochain semestre ici. Je m’occuperai alors de votre changement d’établissement avec monsieur Garten.

Je pris les documents en balbutiant un petit merci, rangeais mes affaires à la hâte, comme si j’avais peur qu’il change d’avis et je sortis de son bureau.

J’avais un peu de mal à y croire. On venait vraiment de me proposer d’intégrer l’école des prodiges. C’était tout simplement fou. Jamais je n’aurai cru cela possible.

Perdue dans mes pensées, je ne pris pas le même chemin pour partir. Résultat, je me retrouvais je ne savais pas trop où, au milieu de d’Edison. Je décidai d’errer un peu à l’aveuglette jusqu’à retrouver mon chemin. Ça me permettait de visiter un peu plus les lieux comme ça.

L’école était un parfait mélange entre ancien et moderne. Pour quelqu’un en architecture comme moi, il était beau de voir une si merveilleuse osmose entre les deux.

Je marchais admirant plus la magie du lieu qu’essayant de retrouver ma route quand un bruit que je commençais à très bien connaître arriva jusqu’à mes oreilles. Des ballons qui rebondissent sur un terrain. Je suivis ce son jusqu’à arriver dans un gymnase presque entièrement vitré. Je me trouvais juste au-dessus des tribunes et avais vu sur l’ensemble du terrain de basket où l’équipe de l’école devait être en train de s’entraîner.

Je m’arrêtais un moment pour les regarder jusqu’à ce que je bugue sur l’un des joueurs. Je l’avais déjà vu. D’un coup, tout prenait sens dans ma tête. J’avais sous les yeux Simon et toute son équipe, l’ancienne équipe d’Alexis. Avant son accident, Alexis était à Edison. Il avait été dans cette école. Je n’en revenais pas.

Je me doutais au vu de ses exploits encore aujourd’hui que le meilleur ami d’Antonin était un expert du basket, mais jamais je n’avais imaginé qu’il avait été un prodige. Sa jambe lui avait bien valu sa carrière.

J’étais en revanche encore plus étonnée de l’ambiance qu’il y avait ici. Il semblait que le talent divisait les joueurs plus qu’il ne les liait et je trouvais ça bien dommage. Après cette découverte je n’avais plus l’envie de rester ici. Les savoir dans cette école me refroidit même à remplir mon dossier d’inscription. Si tout le monde ici avait la même mentalité que les joueurs de basket, j’allais avoir du mal à trouver ma place contrairement à ce que pensait monsieur Kizo.

Au moins, cette découverte me permettait d’un peu mieux comprendre Alexis.

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