Chapitre 24
J’étais arrivée un peu tôt aux terrains. Je n’avais pas envie de la dernière et je voulais profiter d’être là avant tout le monde pour parler avec Antonin avant que l’effervescence de la fête ne s’empare de nous et nous fasse oublier cette discussion importante que nous devons avoir.
Je n’avais pas spécialement fait d’effort cette fois. Déjà car je n’étais pas avec Emma quand je m’étais habillé, donc je n’avais pas eu le droit à ses précieux conseils mais aussi car je n’avais pas envie d’en faire des tonnes. Je voulais juste être moi.
C’est Lucas qui m'accueilla en premier lorsque j’arrivai.
— Hey Mélanie ! Je suis content de te revoir. Tu sais par rapport à ce qu’il s’est passé l’autre soir.
— Ne t’en fais pas, le coupais-je. On a tous eu nos torts, moi la première en vous mentant sur ma situation.
— J’avoue que c’était un peu bête, me railla-t-il. Mais bon on n’est pas facile à vivre aussi donc c’est aussi notre faute.
— Mélanie ! s’écria Antonin en arrivant en petite foulée à notre hauteur.
— Je vous laisse, a plus ! s’échappa alors Lucas.
— Ça te dit qu’on aille marcher un peu ?
— Je te suis.
On alla jusqu’à son petit appartement. Il était bizarre pour moi d’y revenir. J’avais l’impression que cela faisait une éternité que je n’y avais pas mis les pieds. En tout cas, j'étais heureuse de pouvoir y entrer à nouveau. On s’installa sur le canapé du salon et on resta là quelques minutes sans rien dire.
Je ne savais pas par où commencer et lui non plus il semblerait vu qu’il n’arrêtait pas de se toucher les cheveux.
— Comme je te l’ai déjà dit, me jetais-je à l’eau, je suis désolée de t’avoir forcée à aller rencontrer ton père. Je me rends compte maintenant que je n’aurai pas dû agir ainsi.
— Ce n’est pas grave. C’est vrai que je t’en ai voulu mais ce n’est pas directement ta faute. C’est juste que ça ne s’est pas passé comme je l’imaginais quand j’étais là-bas.
— Tu veux me raconter ?
— A vrai dire, il n’y a pas grand chose à raconter en fait. Quand je suis arrivé devant chez lui, je l’ai vu, il était dans le jardin. Sauf qu’il n’était pas tout seul. Il y avait une femme avec lui et trois enfants, trois jeunes enfants. Il a une famille là-bas. Je n’ai tout simplement pas pu aller le voir. Je n’avais pas le courage de débarquer comme ça dans sa vie et de remettre en question sa vie. Je n’avais pas le courage de le faire. Alors je suis resté quelques jours à l'hôtel et puis j’ai finalement décidé de rentrer. Cela ne servait à rien que je reste là-bas.
— Antonin… Je suis désolée… C’est ma faute, je t’ai poussé à y aller sans savoir si tu étais prêt, sans même penser à comment ça serait là-bas.
— C’est vrai que je n’étais pas prêt à lui parler, mais je suis content de l’avoir vu, de savoir qu’il est bien entouré. Si ma mère l’a aimé c’est que c’est un homme bien. Il mérite d’avoir une belle famille et je suis heureux de savoir qu’il va bien. Et puis peut être qu’un jour j’y retournerai et que cette fois-là je pourrais lui parler. Mais pour l’instant, tout ce qui m’importe c’est d’être ici avec Alexis, avec les autres du quartier et puis aussi avec toi. Tu m’as manqué Mélanie.
Il ne m’en fallut pas plus pour me jeter dans ses bras. Je respirai son parfum et fermai les yeux alors que je posais ma tête sur son torse. Je sentis une de ses mains caresser délicatement mes cheveux, puis l’autre s’insinua sous mon menton et il me fit relever la tête vers lui pour finalement poser ses lèvres sur les miennes.
Son contact était doux et ses lèvres avaient le même goût de fraise que dans mes souvenirs. Je ne voulais plus jamais que ce moment s’arrête. Je voulais rester là au creux de ses bras et ne plus jamais les quitter. Lorsqu’il s’écarta de moi je ne pu défaire mes yeux de sa bouche. J’en voulais encore, je le voulais encore et toujours. Je me penchai vers lui pour réclamer un nouveau baiser qu’il me rendit avec encore plus de douceur que la première.
Cette fois-ci, ce fut moi qui m'éloignai. Je le regardai et osai dire en première ce qu’il m'avait déjà dit avant de partir.
— Je t’aime Antonin.
— Je t’aime aussi Mélanie.
L’entendre en retour me réchauffa le cœur. Nous étions, enfin, tous les deux ensemble, et maintenant il était hors de question que je le laisse s’éloigner de moi. Et encore plus important, plus de mensonges, ni prise de décision pour l’autre.
On resta dans les bras l’un de l’autre à discuter et à profiter de la présence de l’autre jusqu’à ce qu’on entende la musique provenant de la fête. Du monde devait être arrivé et on ne pouvait, malheureusement, pas rester ici toute la soirée.
C’est main dans la main qu’on descendit pour rejoindre les autres au niveau des terrains. Il y avait du monde mais je ne vis ni Emma, ni Martin, ils ne devaient pas encore être arrivés. J’aurai aimé un peu mieux les présenter à Antonin. On se dirigea vers le bar improvisé avec une planche et deux tréteaux et on se servit à boire.
— Je peux t’emprunter Mélanie un instant ? demanda Alexis qui était arrivé dans mon dos.
— Seulement si tu me la ramène ensuite, répondit Antonin en lui adressant un clin d'œil avant de nous laisser pour aller rejoindre ses amis.
— Je sais qu’on ne s’est jamais très bien entendu tous les deux et ce principalement à cause de moi et je tenais à m’en excuser. J’ai beaucoup de mal à accorder ma confiance avec tout ce qui est arrivé dans ma vie et je ne t’ai laissé aucune chance. Antonin est mon meilleur ami et je ne veux que son bonheur et je vois bien qu’il est heureux avec toi. Il serait donc temps que je t’accepte comme il se doit. Alors voilà tu es la bienvenue dans le coin, même quand il n’est pas là. Je serai content de te voir.
— Merci beaucoup Alexis. Cela me touche énormément ce que tu me dis là. Et puis moi aussi je te dois des excuses. Je n’aurai pas dû te mentir à toi et aux autres. Je m’en veux de l’avoir fait.
— Je crois que je ne t’ai pas trop laissé le choix aussi, répondit-il. Mais voilà, je suis content que tout soit rentré dans l’ordre entre nous tous.
— Moi aussi.
Il m’adressa un sourire avant de se détourner pour partir puis revint finalement vers moi.
— Et au fait merci d’avoir repeint les murs. Tu as un style bien à toi, c’est difficile de ne pas reconnaître tes œuvres, ajouta-t-il avant de partir pour de bon cette fois.
J’étais aux anges, plus rien ne pouvait m’atteindre à présent, j’étais sur un petit nuage de bonheur.
La soirée se passa comme sur des roulettes, ou comme sur des palettes, comme avait osé me sortir Antonin. Nous avions passé une très grosse partie de la fête tous les trois avec Emma. On avait beaucoup ri, un peu dansé et surtout beaucoup mangé. On était resté près du buffet avec les chips, les gâteaux et les bonbons et on s’était empiffré toute la nuit.
On avait surtout pas mal comméré. Il fallait dire qu’on avait été abandonnés par notre trinôme et Antonin par son binôme. Alexis et Martin avaient passé l'entièreté de la soirée ensemble. Ils nous avaient complètement abandonnés pour traîner tous les deux.
— Martin est revenu depuis la dernière fois pour voir Alexis, nous avoua Antonin. Ils ont beaucoup parlé et ont passé pas mal de temps ensemble. Je crois qu’Alexis l’aime bien.
— Et c’est réciproque pour Martin, enchaîna Emma. Il va falloir les surveiller, nos deux tourtereaux. On ne sait jamais, il serait capable de ne rien nous dire ces deux là !
On s’amusa de la remarque d’Emma, mais elle avait raison. Connaissant notre ami, il serait capable de tout garder pour lui. Il n’était pas prêt pour l’interrogatoire que lui préparait Emma.
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