Chapitre 1 : La jeune sorcière et le Dieu Cornu 

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Notre histoire commence en l’an 1545 quand Gaïana, une enfant née d’une maman sorcière et d’un père druide au cœur de la Bretagne venait tout juste de naître. Gaïana au cours de son développement grandit entourée des divinités, de la nature et des chats. Le bébé était d’un naturel curieux et joueur, explorateur et avec une envie dévorante d’apprendre ! Elle fît tout très rapidement, nous le verrons très vite. Accompagnée de son chat Charbon, elle explora la maison dans tout les recoins. Elle assistait aux rituels et aux fêtes païennes de ses parents, Nolan et Cerridwen, et était même au cœur de ces derniers parfois. Notamment en cas de maladie, Gaïana était soignée par sa mère, spécialisée dans la magie de guérison. La forêt qui entourait leur domicile avait été exploré par la petite famille qui la connaissait même mieux que leur propre cabane.

Gaïana et son mystérieux ami imaginaire ne cessaient de rester ensemble. Ce compagnon, que Gaïana appelait « Nono » était constamment avec la petite-fille. La jeune maman, Cerridwen, surprit même sa fille à apprendre à créer des cercles de protection magiques. C’était une prouesse, quand on sait qu’elle n’avait seulement dix mois à ce moment-là. Sorcière en devenir, sa mère n’en avait jamais douté.

Une nuit, dans un étrange rêve qu’elle se garda bien de révéler à qui que ce soit, elle vit apparaître Cernunnos, une divinité celte, celle de la chasse et de la masculinité. Celui-ci lui annonça qu’il serait le protecteur de sa fille, et que cette dernière était vouée à faire de grandes choses. La jeune mère qui n’avait jamais vu la divinité apparaître que sous forme de statuettes, avait à ce moment-là devant ces yeux endormis le Grand Cerf, vaillant et charismatique. Lorsqu’elle se réveilla, elle ne vit plus jamais sa fille de la même manière.

Dès ses premiers mois, Gaïana montrait déjà des signes de précocité intellectuelle. Très jeune, accompagnée de « Nono », elle jouait avec son chat, Charbon. Elle tissa une relation forte avec Charbon, son chat noir qui le voit grandir de jour en jour. Ils se laissaient partir dans de longues balades tous les trois, qui inquiétaient son père qui lui n’était guère au courant de la nature réelle de « Nono ». Charbon mourut subitement par empoisonnement, revenant d’une balade, lorsque Gaïana avait précisément douze mois et demi. La petite-fille était effondrée, mais elle fît son deuil à une vitesse spectaculaire. « N’avait-elle pas de sentiments ? » se questionna sa mère, face au deuil vitesse éclair de sa fille. Frustrée de ne pouvoir communiquer avec elle, elle s’était déjà bien résignée à l’avenir tumultueux qu’attendait sa fille. Sa mère le savait, elle avait conçue une guerrière.

La jeune maman, de grande taille avait les cheveux noirs et les yeux d’un bleu très clair. Vêtue d’une robe bleue aux légères nuances de vert, elle avait tout de la sorcière de son époque. Sa fille qui n’était pour l’instant qu’un petit enfant, lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, à l’exception de ses yeux, qui étaient bleus, mais presque violet, comme ceux de son père. Nolan quant à lui, était un grand homme blonds. Il avait une longue barbe défraîchie, des yeux tirant vers le violet et il était d’un naturel combatif. Pas du genre à se laisser faire, il se battait pour tout ce qui lui tenait à cœur : sa famille et ses croyances en priorité.

Gaïana, partie sur sa lancée, continua à apprendre beaucoup de choses en très peu de temps. Surtout, elle le faisait bien plus rapidement que les autres enfants de son âge. Lorsqu’elle avait un an et demi, elle exprima ses premiers mots. Sa mère, Cerridwen, pourrait en parler pendant des heures. La petite fille semblait jouer comme n’importe quel des enfants de son âge quand soudainement, elle se mit à parler, comme à quelqu’un que connaissait bien Cerridwen.

– « Merci, Cernunnos. disait-elle en riant, comme à un ami imaginaire. »

Lorsque sa mère, entendit cela, elle avait aperçut quelque chose qui faisait comme une ombre derrière la porte de la chambre de Gaïana. Une ombre avec des bois, similaires à ceux que Cernunnos portait lors de son apparition à Cerridwen. Pour la jeune maman, il était évident pour elle qu’il ne s‘agissait aucunement d’une coïncidence, mais pour son père, Nolan, le grand et irremplaçable druide du village, il s’agissait tout simplement d’une circonstance environnementale.

– « Nolan, et si Cernunnos lui venait ? Je suis persuadée d’avoir vue l’ombre d’un cerf. Et si elle était habitée par un pouvoir qui nous dépasse ? Ce n’est pas anodin comme premiers mots, toi qui est le druide du village, tu devrais le savoir !

– Cesse avec ton entêtement à la voir comme une surdouée, une prodige de la magie ! La magie n’est jamais innée, elle s’apprend, elle s’apprivoise !

– J’ai toujours su que tu ne méritais pas ta réputation. Voilà qui me le confirme.

– Cette discussion est terminée ! Notre fille voit des amis imaginaires, point. Il est évident qu’elle parle de Cernunnos quand elle assiste à nos rituels, nos sabbats et j’en passe. Notre fille choisira ou non de prendre la voie de la magie, si elle ne le souhaite pas, tu seras dans l’obligation de respecter son choix. »

La petite famille vivait dans une cabane de bois en pleine forêt, à l’écart de la petite bourgade bretonne. Ici pouvaient se dérouler les différents travaux magiques des deux sorciers expérimentés. Il y avait tout, la nature, l’espace, la présence certaine des divinités.

Jusqu’en 1546, tout se déroulait à merveille. La petite-fille évoluait dans un environnement rempli d’amour et de magie. Entre temps, Cernunnos lui avait secrètement apprit quelques sorts de protections, comment le faire apparaître et autres techniques magiques pour débuter. Son père, prenait en consultation les malades, repoussait les mauvais esprits dans les maisons et faisait office de chef religieux du village en célébrant les sabbats et esbats. Dans le même temps, l’armée catholique Royale s’imposait de plus en plus dans toute la Bretagne, laissant derrières elle des milliers de morts. Leur crime ? Ils avaient pratiqués la magie. Non contents d’avoir la Bretagne en rebellions face aux injustices catholiques, ils pendaient, mettaient au bûcher qui le méritait selon eux.

Un jour de 1547 où l’armée catholique était de passage à Saint-Malo, la petite cabane familiale qui avait été soigneusement rangée pour l’occasion fût fouillée de fond en comble.

– « Alors, comme ça, on veut jouer les magiciens ? À la moindre preuve, on vous met au feu. D’abord ce sera le druide, puis après, ce sera la mère et la fillette.

– Je maudis Jésus-Christ ! laissa échapper Nolan.

– Répétez un peu pour voir ?

– Excusez-le, il ne le pensait pas. dit Cerridwen au chef des gardes.

– Rien trouvé chef !

– Rien à foutre ! On le fout au bûcher !

– Mon mari ! Non, ne lui faites pas de mal, je vous en supplie ! dit Cerridwen avant d’assister à une scène qui la marquera jusqu’à la fin de sa vie. »

Nolan, le druide du village, celui dont les croyances et pratiques devaient être brûlées avec lui, à été pendu puis mis au feu. Gaïana n’avait que deux ans, mais elle pria Cernunnos. De ses yeux, elle vit avec effroi et tristesse l’âme de son père quitter son corps. Elle pria Cernunnos de tout son cœur, lui demandant de lui réserver une vie calme et sereine pour la prochaine fois. Mais, ce qu’oublia la petite-fille qui ne connaissait encore peu de choses au vaste monde de la magie, c’est que Cernunnos n’en serait pour rien de tout cela. La nature seule en décidera. Il en était ainsi.

– « À bientôt papa ! Sois bon dans ta prochaine vie. dit-elle à voix basse en regardant les flammes prendre d’assaut le corps de son père. »

Les gardes catholiques, bien déterminés à éradiquer toute trace de ce qu’ils appelaient le paganisme, partirent avec de sévères recommandations :

– « Que le prochain que l’on surprenne à faire de la sorcellerie soit condamné au même sort ! crie le chef des gardes. »

Les jours qui suivirent étaient emplis de rage, de tristesse et d’un vide profond qui planait sur la cabane familiale. Cerridwen enchaînait les rituels pour pouvoirs trouver du sens, des réponses. Puis, elles ne pouvaient pas rester ici, si proche de l’armée catholique, au pays des Papes et de leurs mœurs sanglantes et guerrières. Pour Cerridwen, c’en était de trop. Trop d’angoisse et de rage régnaient ici, elles devaient partir. Lorsque Cerridwen accomplissait silencieusement un de ces multiples rituels, elle se fît surprendre par la jeune apprentie sorcière.

– « Maman, qu’est-ce que tu fais ? interrogea Gaïana.

– Chérie, maman est très occupée à chercher un plan et un endroit pour fuir le Royaume. Je fais un rituel pour m’orienter dans mon choix, comprends-tu ?

– Avec quelle divinité travailles-tu maman ? Cernunnos est avec moi en ce moment, il peut peut-être nous aider ? ajouta naïvement Gaïana.

– Dans ce genre de travaux, je travaille avec Oghma. Mais, s’il le souhaite, dit à Cernunnos qu’il peut venir ! répondit sa mère avec tendresse et un brin de curiosité.

– Ouais, super ! »

Gaïana, impatiente de montrer à sa mère ce que Cernunnos lui avait secrètement enseigné pendant qu’elle semblait jouer se mit en action :

« Cernunnos, Gardien du Soleil, Voie masculine Céleste de la Terre, vient à moi et aide ma mère dans l’exercice de ses travaux magiques ! »

Quelques millisecondes plus tard, une lumière jaune jaillit de manière horizontale, un gigantesque cerf, inspirant bravoure et courage en sorti.

– « Gaïana ! Me ferez-vous l’honneur de me présenter à cette Dame ?

– Idiot ! Il s’agit de ma mère ! dit-elle d’un ton léger et amical.

– Voyons Gaïana ! Je ne t’ai pas élevée comme ça ! Je n’en reviens toujours pas. J’avais raison ! C’était bien vous dans mon rêve ! Ma fille est une protégée, une enfant bénie de Cernunnos ! D’ailleurs mon Maître, veuillez me pardonner mon impolitesse, je suis Cerridwen, la mère de Gaïana. Je suis si surprise et en même temps partagée avec la conviction que vous faisiez parti de la vie de ma fille. Ravi de vous accueillir dans mon humble cabane Maître !

– Vous qui êtes la mère de cet enfant, dans ce cas, nul autre choix de vous aider, tel est mon devoir comme indiqué dans la puissante invocation que j’ai appris à votre fille.

– Cerridwen, deux choix s’offrent à vous. Le premier, l’Italie. Là-bas, vous pourrez y rejoindre une communauté de sorcières expérimentées sous le commandement d’Aradia. Ce choix est pertinent et présente peu de risque quant au voyage pour s’y rendre. Pas besoin de bateau. Mais, le plus grand problème est que vous n’arriverez pas à fuir l’évangélisation de masse et imposée étant donné sa localisation proche d’Avignon et de ses Papes. Le deuxième, plus périlleux pour le voyage, mais plus prudent en terme de compatibilité culturelle, l’Irlande. Vous y trouverez des grands lacs, des forêts, autant d’endroits pour vivre, se nourrir et pratiquer les arts magiques en toute sécurité. Seulement, le voyage en bateau prend plus d’une semaine ! Réfléchissez bien ma chère dame. Que mon Pouvoir se disperse ! »

Cerridwen, quelques mois plus tard n’arrivait toujours pas à se décider. Il était pourtant dans un certain sens pour elle simple de choisir. « Il faut inévitablement choisir l’Italie, se disait-elle, là-bas il y a Aradia qui pourra nous protéger et apprendre à Gaïana la magie de combat. Mais, j’oubliais, elle est une protégée de Cernunnos, c’est lui qui lui apprendra ! » Encore stressé et traumatisée du décès de Nolan, la jeune maman appela Gaïana pour demander de l’aide à Cernunnos, encore…

– « Chérie, viens ! Nous allons appeler Cernunnos. J’ai besoin de son aide précieuse encore une dernière fois.

– Cernunnos, Gardien des cinq éléments, Lumière et Masculinité, réchauffe nos cœurs et apparaît à moi.

– Une bonne fois pour toute, choisissez l’Irlande. Vous y serez bien mieux. Je comprends votre inquiétude Madame Cerridwen, mais comprenez que je suis le protecteur de votre fille… Je suis désolé.

– Non, je comprends. »

Dès le lendemain matin, sans perdre de temps, elles se rendirent au port de Saint-Malo. Un vieux marin à priori fortement alcoolisé accostait les passants pour émigrer vers l’Irlande. Coup de chance se dit la jeune maman, malgré le profil du marin peu ragoûtant. La petite famille monta à bord du bateau. Très peu de monde était présent à bord, et étrangement, pas besoin d’argent pour monter sur le navire. Le bateau, semblant très vieux, voire en fin de vie, prit congé de la France pour l’Irlande, où la jeune maman et sa fille espéraient y laisser malheur et désespoir.

Ce vieux bateau, qui était dirigé par un marin apatride, ne faisait certainement pas ce voyage gratuitement, d’après les dires d’une autre passagère semblant effondrée.

Le vieux marin, réputé pervers, demandait apparemment aux femmes qui ne pouvaient régler avec de l’argent de payer en nature, afin de pouvoir entretenir son bateau ou dans le second cas, son pilote, disait-elle.

En allant voir le marin, elle vit ce vieil homme, cerné par la fatigue et l’alcool qu’il buvait visiblement à longueur de journée. En s’approchant de lui, elle sentit une odeur étrange, ressemblant à l’odeur de ses herbes qu’elle faisait brûler pour ses rituels, mais en plus fort et désagréable. Une fois arrivée sur le pont du bateau, elle engagea la conversation.

— « Excusez-moi monsieur, j’avais quelques renseignements à vous demander au sujet du règlement du voyage jusqu’en Irlande. N'ayant à peine de quoi payer mes impôts lorsque j’habitais dans mon petit village, je n’aurais malheureusement point assez d’argent pour rémunérer votre travail. dit-elle d’une voix basse, inquiète de sa réaction.

— De l’argent, je ne vous demanderai pas à vous ma p’tite dame, je connais bien votre situation et jamais je ne pourrais vous demander plus que ce que vous pouvez me donner ma p’tite dame. lui répondit le vieillard avec un léger accent du nord de la Bretagne.

Il ajouta :

— Vous savez, beaucoup de catholiques essaient tant bien que mal de me décrédibiliser en racontant des rumeurs à mon propos, tout cela parce que je n’ai jamais voulu me convertir en leur Jésus-Christ. Comme vous pouvez le voir ma p'tite dame, des pentagrammes sont disposés de partout, je suis bien un sorcier moi aussi. »

La maman, qui tenait son enfant, tout juste âgée de deux ans et demi, se sentait soulagée et en sécurité, elle le remercia et repartit à l’intérieur du vieux bateau.

Après avoir passé deux jours sur le bateau, agité de la mer et l’alcoolisme du vieux marin, venait le moment où les autres réfugiés devaient régler leur voyage.

Organisés en file indienne, ils passaient chacun leur tour à donner l’argent au vieux monsieur.

Alors arrivé au tour de Cerridwen, le vieillard qui se souvint, malgré les quantités d’alcool qu’il consommait, laissa passer la mère et sa fille sans une seule pièce.

Les autres voyageurs, scandalisés de devoir payer après ce qu’ils percevaient comme une injustice, se mirent à crier et à s’agiter.

Effrayée par l’agitation, Cerridwen, son enfant dans les bras, remercia le vieillard et partit en courant.

Espérant pouvoir trouver une forêt éloignée de toute forme d’activité humaine, elle tomba sur un immense domaine. Malheureusement, c’était un domaine privé appartenant à un noble local de la ville de Cork.

Mère et fille passaient la journée à marcher avant de tomber sur une immense forêt qui entourait un lac. Elles s’endormirent au gré de la nuit tombante dans le froid humide de la ville Irlandaise. Munie de sa seule hache, Cerridwen alla couper du bois. Elle passèrent trois nuits à dormir dehors, dans le froid, faute de cabane encore construite. Mais une fois passés les trois jours de construction, la cabane au milieu de la nature était fin prête. Mère et fille dormirent à l’abri du vent et des bêtes sauvages qui rodaient. Le lendemain matin au réveil, Cerridwen s’inquiétait de savoir sa fille confortable dans son nouvel environnement, elle l’interrogea.

– « Qu’en penses-tu, ma fille ?

– C’est l’endroit idéal ! Je t’aime maman. »

Et Cerridwen fût rassurée.

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