Les braves de Pryck

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A notre arrivée à la ferme, tout le monde nous accueillit chaleureusement. Il faut dire que beaucoup d'ouvriers avaient déjà atteint un certain âge et que voir de jeunes mains à la rescousse devait les soulager. Nous fîmes la connaissance de monsieur Larsen et de sa fille, Pryck. Le premier était quelqu'un de très occupé qui se déplaceait souvent. Nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de lui parler pendant la première année. La deuxième ne travaillait pas à la ferme. Son père avait parfaitement compris l'importance de l'éducation et la possibilité qu'offrait la fédération d'élever au rang de nobles de simples fermiers comme il l'était. Aussi, elle recevait l'éducation de plusieurs tuteurs et on ne la voyait qu'à la fin de la journée, lorsqu'elle félicitait ses "braves", comme elle les appelait.

De temps à autres, Pryck nous donnait des chocolats et des permissions de sortie comme si nous étions des enfants. Elle était d'une grande générosité mais pouvait être bien naïve, surtout face à quelqu'un comme Otto.

Il appréciait les travaux de la ferme, qui lui permettaient selon lui de devenir plus complet -un mot qui l'obsedait de plus en plus-. Cependant, la servitude l'insupportait. Alors, il profitait de chaque occasion pour faire croire à une maladie, une course ou une chose importante à faire, et Pryck lui accordait systématiquement le repos.

Moi, je ne me plaignais pas spécialement. En même temps, lorsque je fatiguais, Fayora était toujours là pour m'encourager, me bercer, me pousser à continuer. Je repensais souvent à ce que j'avais dit à Jotdvergr, ce jour-là. Sur l'effet que me faisait ma vie. Pourquoi continuer, alors ? Je n'en savais rien. Quelque chose d'étrange en moi commençait à germer. Deux choses plutôt, deux choses très contradictoires. J'aimais la vie, et je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'elle ne servait à rien.

Etait-ce de vivre en collocation avec un autre esprit qui provoquait en moi ce conflit ? Je l'ignorais. Toujours est-il que je continuais, un jour après l'autre, à donner le meilleur de ce que j'avais.

A la fin de la première année, l'une des fermes de monsieur Larsen fut donnée en dot à un riche bourgeois de Sonas qui venait d'épouser son autre fille. Aussi, il fit de notre domaine son lieu de vie. Dès les premiers jours où il arriva, il me fit convoquer dans son bureau. Seul, sans Otto avec moi.

- Tu t'appelles Esvet, c'est bien cela ? dit-il d'une voix lancinante, sans détacher son regard des feuilles qui trainaient sur son bureau.

L'odeur du fromage mélangée à celle du parfum qui embaumait la pièce était la marque de ces fermiers propriétaires ambitieux.

- Oui, monsieur.

- Tout le monde m'a parlé de toi. Tu donnes du courage aux autres, paraît-il, et tu fais le travail de deux hommes.

- Je fais seulement ce que j'ai à faire sur une journée, monsieur.

- C'est très bien. Et tu es lettré, je crois.

- Oui, monsieur.

- Tu connais ma fille, Pryck ?

- Oui, monsieur.

- Elle est un peu dans les nuages, Esvet. Un peu trop, à mon goût. Je vais être franc avec toi, je veux que tu l'assistes, en mon absence.

- Vous en êtes sûr, monsieur ? Je ne suis pas certain que...

L'homme leva enfin les yeux.

- J'ai toujours besoin de tes bras. Tu continueras à travailler avec les autres. Seulement, je vieillis, je le sens. Je ne peux plus être partout, Esvet, il me faut un peu d'aide. Aide ma fille à sortir de sa niaiserie. C'est tout ce que je te demande. Penses-tu pouvoir le faire ?

- Oui, monsieur.

Il ne me manquait plus que d'être roi ou prince et j'avais experimenté tous les échelons de la société. J'avais été fils de chef, recrue, vagabond, paysan et j'étais devenu contremaître.

Je me rendis compte que Pryck n'était en fin de compte pas si idiote, il lui manquait simplement un peu de conscience de la réalité. Autrement, elle était d'une grande générosité et pouvait s'avérer de bon conseil. En un rien de temps, elle comprit où se trouvait l'équilibre entre gentillesse et fermeté.

En voyant quel professeur j'avais été et quel résultat cela avait donné, je regrettais qu'elle dusse se marier. Elle aurait fait un excellent maître du domaine.

Trois années plus tard, monsieur Larsen remarqua le travail accompli et me convoqua pour me féliciter une fois de plus. Il me dit qu'il était déjà au crépuscule de sa vie, et qu'il devait déjà se préparer à passer le flambeau. Il n'avait pas eu de fils, seulement des filles, et il ne connaissait personne d'assez digne de confiance pour lui léguer des terres. Personne à part moi.

Peut-être que la vieillesse l'obligeait à se précipiter, peut-être qu'il avait un pressentiment, mais il me proposa d'épouser Pryck.

- Est-elle au courant ? Lui demandais-je.

- Oui, Esvet. Cela fait bien quelques semaines.

Quelques semaines ? Et elle ne m'en avait même pas parlé. Je ne savais vraiment pas quoi en penser. Je sentais que Fayora était émue en moi. Elle voulait que je dise oui, mais ça ne faisait que me rendre dubitatif.

- Monsieur Larsen, je crois que vous savez ce qu'Otto et moi attendons de vous. Nous sommes venus travailler ici pour un domaine sur les terres de Jotdvergr. Vous le savez, n'est-ce pas ?

- Qu'est-ce qui t'empêcherais de disposer des miennes, en plus des tiennes ? Tu aurais un plus grand domaine que ce que j'aurais pû espérer de mon vivant.

- C'est que je n'y aspirais pas vraiment, monsieur Larsen.

- Alors à quoi aspirais-tu, hein ? Je t'offre deux cents hommes, bon sang, ma fille, et tout ce que j'ai construit. Est-ce mon rang qui t'insupporte ?

- Pas du tout.

- Alors, réfléchis-y. Mais décide-toi vite. Avant que je ne change d'avis.

Sur la route du dortoir, je croisai Pryck. Elle me sourit, et quand elle vit l'expression de mon visage, elle comprit que je savais et pensa que j'avais répondu "non".

- T'aurais pu me le dire, Pryck, lui dit-je.

Elle se décomposa et rentra dans sa chambre.

"Ce n'est pas tellement une manière de parler", me dit Fayora.

- Fous-moi la paix.

Pryck avait dû entendre ce que je disais à Fayora, la pauvre.

La porte du dortoir était grande ouverte et il me tardait de dormir un peu pour y voir plus clair. J'y trouvai Otto entrain de préparer ses bagages.

- Qu'est-ce que tu fais, lui demandais-je.

Il eut l'air un peu étonné.

- Ben, c'est pas ce que t'as dit le grand chef ? On va bientôt pouvoir se tirer, alors je réunis quelques affaires !

- Attends, quoi ?

- On a payé notre dette, Esvet. C'est un émissaire qui est venu me le dire aujourd'hui. On est restés quatre ans dans ce bled, tu te rends compte ? Quatre ans ! Et maintenant, on se casse. Putain, qu'est-ce que j'ai hâte.

- Arrête de jurer, comme ça.

- Mmh, ouais. S'tu veux.

J'ai peiné à trouver le sommeil. Tant d'années passées à ne penser à rien et voilà que j'avais une seule nuit pour faire un choix. C'était Otto ou Pryck. Merde, quoi.

Je n'ai rien dit de toute la journée du lendemain. J'ai vu qu'Otto continuait à se préparer et il a vu que moi, je ne me préparait pas. Il a compris.

Je sentais qu'il enrageait de devoir partir tout seul, mais je savais aussi que ça lui passerait. De toutes façons, je passerais forcément le voir un jour ou l'autre.

J'obtins de plus grandes responsabilités au sein de l'exploitation. Je reçus même la visite de Jotdvergr en personne, qui me félicita pour avoir choisi de rester. Je ne préférais pas trop parler du mariage à monsieur Larsen, bien qu'il me relançait tout le temps. Je lui disais que cela se ferait un jour ou l'autre, mais pas maintenant.

Pryck ne m'en parlait évidemment pas, comme si aucun de nous n'était au courant. Depuis que l'idée du mariage était dans nos têtes, j'avais l'impression d'être en apnée à chaque fois que nous étions seuls. Pourtant, je sentais qu'elle voulait passer de plus en plus de temps avec moi. Elle me demandait de lui apprendre à manier l'épée et le couteau, à faire un feu ou à éplucher les pommes de terre...

J'y prenais du plaisir, il n'y avait pas de souci, mais je n'arrivais pas à ressentir quoi que ce soit d'autre pour elle. A chaque fois que j'y réfléchissais et que j'arrivais à cette conclusion, Fayora hurlait en moi et me disait que Pryck m'aimait, et qu'elle n'avait simplement pas le courage de m'avouer que bla bla bla... Je ne l'écoutais plus. Et je n'avais pas le temps pour ceux qui n'avaient pas de courage.

Un jour, puisqu'il fallait bien que cela arrive, monsieur Larsen tomba malade. Pryck vint me chercher dans l'après-midi pour que j'aille le voir. Bien sûr, son état s'était lentement dégradé depuis que je le connaissais, mais aujourd'hui, il semblait bien plus fatigué qu'à l'accoutumée. Comme si dix ou quinze ans l'avaient soudainement rattrapé.

- Esvet.

- Monsieur Larsen.

- Tu vas épouser Pryck. Tu vas épouser ma fille.

- Monsieur, je.

- Je dois pouvoir compter sur toi Esvet, je n'ai pas besoin...

Il cracha des glaires noirâtres dans un bol que venait d'apporter une servante.

- Je n'ai pas besoin que tu tournes autour du pot, aujourd'hui.

- Oui, je comprends, monsieur.

- Est-ce que tu comptes faire de ma fille une Nurvuaidh ? Je partirais bientôt, je le sens.

- Je ne me suis jamais présenté sous ce nom.

- Et pourtant, je sais qui tu es. Tu es le fils du chevalier Alexander.

Merde. Il était donc au courant. C'est là que nous commencions à comprendre, Fayora et moi. Ce n'était ni par charité, ni grâce à mon travail qu'il comptait faire de moi le nouveau propriétaire. Il voulait rejoindre ma lignée par crochet. Celle vers laquelle j'avais refusé de retourner.

Je ne saurais dire pourquoi, mais cela me dégoûta. Je voulus lui dire que je ne disposais d'aucun héritage, que ma lignée s'était arrêtée avec mon père, mais je ne le fis pas, par orgueil.

- J'épouserais votre fille, monsieur. J'épouserais Pryck.

Les larmes de l'homme qui se trouvait devant moi rappelaient toute la souffrance qu'il avait dû falloir pour arriver à cet instant. J'avais presque honte de lui voler tout ce qu'il avait construit. Mais il pouvait se rassurer, j'allais bien m'en occuper.

- Merci. Merci, Esvet, dit-il avant qu'une quinte de toux ne le reprennes.

Je sortis un instant. Bordel, je n'avais jamais eu autant l'impression d'avoir raison et tord à la fois. J'allais faire ce que l'on attendait de moi de toutes mes forces et, en même temps, je n'en avais pas envie. Mon coeur était froid mais mon âme, ardente.

"Calme tes pensées", me dit Fayora.

Je la fis taire. J'en avais assez, de l'entendre.

Pryck sortit les larmes aux yeux de la chambre de son père. Je l'entendis se rapprocher de moi, petit à petit. Elle voyait ô combien j'étais perturbé et me caressa le dos de la main.

Qu'est-ce que tu fais Pryck, bon sang ? Je vais mourir, un jour, moi aussi. Pourquoi est-ce que j'ai l'air d'être le seul à le comprendre ? Tu me débectes.

Elle se rapprocha pour m'enlacer, mais je ne voulais pas de son amour.

- Il y a du travail, dis-je en me détachant d'elle.

Ce qui devait arriver arriva, et monsieur Larsen mourrut. Alors même que je n'étais pas encore marié avec Pryck, il me désigna comme son héritier.

On m'encourage à porter des fringues de bourgeois, mais je supporte pas tout à fait ça. Je garde un foulard au cas où il fasse froid, mais je demande juste à mes hommes de teindre en rouge ma veste brune. On ne croirait pas comme ça, mais j'ai moi même un certain sens du style.

Quoi qu'il en soit, j'ai promis à monsieur Larsen d'épouser sa fille. Je prends sur moi et je me dis que c'est surtout une question d'administration. Pryck est une gentille fille, elle me laissera sans doute assez libre pour que je puisse m'occuper de mes affaires.

Le jour de mon mariage, elle porte une grande robe à fleurs verte et blanche qui a dû coûter une fortune. Ses cheveux blonds et frisés lui tombent sur les épaules et j'avoue, à ce moment-là, la trouver très belle. Moi, j'ai seulement fait laver mes vêtements et ma servante, Aunn, insiste pour me coiffer et me tailler la barbichette. Oui, j'ai un peu plus de pilosité faciale maintenant.

On m'amène de belles bottes bien cirées, un plus grand foulard et une ou deux bagues que je dois porter pendant la cérémonie. Apparemment, c'est ce qui se fait chez Jotdvergr. Un sorte de notaire commence un discours dans une langue bien désuéte et enchaîne en langue commune :

- Portez, mariés, l'espérance d'une vie unie. Que votre vieillesse soit pareille à votre jeunesse. Une perpétuelle Rencontre. Ceignons les amours par l'acier.

L'homme vient nous attacher les hanches ensemble avec une sorte de grande ceinture de fer qui nous fait nous coller l'un a l'autre. Pryck m'enlace, je fais de même. C'est la procédure.

- Resserons les promesses par les cordes.

Quatre servants et trois notables de la région prennent des cordes et commencent à nous enrouler dedans. Un tour, deux tours, trois tours. Nous sommes plaqués l'un contre l'autre et je sens Pryck devenir brûlante, comme si elle avait de la fièvre.

- Scellons l'alliance par les anneaux.

Alors que nous pouvons à peine bouger, je sens sa main contre la mienne. Discrètement, alors même que l'on ne peut presque pas nous voir dans l'entrelat de fer et de corde, nous glissons l'un à l'autre l'anneau que nous tenions dans nos mains.

On vient nous enlever les cordes, plus la ceinture de fer, mais nous restons l'un contre l'autre.

- Toute vie rencontre une autre vie...

Pryck approche son visage du mien, et m'embrasse.

- ...pour renaître, et revivre.

Le soir même, j'expérimente pour la première fois le sommeil dans le même lit qu'un autre individu. C'est pas spécialement agréable, c'est même carrément craignos quand on n'a pas l'habitude. Je compte pas le nombre de matins où je veux tuer le coq quand il chante parce que j'ai reçu des coups de pieds toute la nuit.

Je sens que Pryck s'attend à quelque chose venant de moi pour ce qui est du devoir conjugal, mais ses tentatives sont infructueuses. Ce n'est pas qu'elle ne me plait pas, mais j'ai la constante impression d'avoir mieux à faire. Dormir, par exemple, pour me remettre d'une précédente nuit de coups de pieds.

Il faut dire que j'apprécie de plus en plus mon train de vie. J'ai plus de responsabilités, c'est sûr, mais je gère plusieurs centaines d'ares de terrain et reçois parfois la visite des émissaires de Jotdvergr pour me féliciter. Finalement, je me demande si Otto avait raison. D'accord, je paye l'impôt et je délègue, mais je suis heureux.

Et pourtant, je sais que quelque chose cloche, au fond de moi. Quelque chose me gêne et je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.

Je demande parfois ce que c'est à Fayora, mais elle ne me répond plus. J'ai dû la vexer, je pense.

Un type vient parfois tenter d'acheter mes terres. C'est un riche propriétaire du clan Dalman qui récupére chaque jour un peu plus de terre sur le territoire des Jotdvergr. Ca a beau être alléchant, je préfére savoir que mon monde reste entre mes mains.

Une nuit d'hiver, je suis réveillé par une odeur de brûlé. Je sors de la maison et je vois tout le domaine calciné. La terre est retournée, la plupart des hommes sont morts et les autres pleurent ou s'arment, la grange crâme.

Je revois ce type. Le costaud des îles aux cheveux longs. Je prends ma rapière et je descend pour en découdre. Je dis à Pryck de se cacher.

- On est quittes, maintenant, me dit le gaillard.

J'ai pas le temps de l'écouter, je dégaine et lui entaille la gueule. Il sort un énorme sabre et se met à distance de repos.

- Putain, on peut vraiment pas discuter, avec toi, qu'il me dit en essuyant le sang sur son front. La blessure que je viens de lui infliger est trop superficielle.

- T'es qui ? Qu'est-ce que tu me veux ?

- Tu sais ce que je veux, me dit-il alors que ses larbins trucident les gars que je cotoie tous les jours.

- Arrête, putain, dis-leur d'arrêter.

- Je peux avoir ta parole ?

- Sale ordure, t'as pas d'honneur, pour attaquer en pleine nuit ?

- Parce que tu crois que le monde s'arrête la nuit, que les monstres se reposent ? Non, tu le sais. Sinon, les maisons seraient pas construites en pierre. Tu t'es vraiment embourgeoisé.

Mes gars se font laminer, je sais même pas si il en reste un. Alors, je vois une des jeunes femmes s'enfuir dans ma maison, le seul bâtiment à ne pas être en feu. Un des mercenaires la suit.

- D'accord, d'accord, je lui dit. T'as ma parole, je vais t'aider. Dis-leur de s'arrêter, bon sang.

Le gars pousse un hurlement bestial, je me demande d'ailleurs s'il est complètement humain ou croisé avec un taureau. A ce moment là, tout le monde s'arrête et le mercenaire sort de la maison, la déception se lit sur son visage.

- Va dire au revoir à ta femme.

Je regarde un peu partout pour voir ce qu'il reste de chez moi, et ce n'est pas grand chose. Il fallait que ça disparaisse un jour, de toutes façons. Comme tout le reste. Je demande à ceux qui restent de rentrer chez moi, auprès de Pryck.

- Esvet, me dit-elle alors que son regard est devenu vide et froid.

- Pryck. J'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi.

Elle ne me répond pas.

- Hé, oh, Pryck.

- Quoi ? Qu'est-ce que je peux faire ?

- Prends tout ce qu'il reste. Les bêtes, l'argent, les réserves... Partage-les à ce qu'il reste de nos gens. Ensuite, va voir le Dalman qui vient souvent ici, et vend lui nos terres. Il aura vite trouvé le moyen de s'en servir.

- Et mes...

- Ecoute-moi. Une fois que ce sera fait, part pour Caldis avec l'argent. Je ne sais pas qui est au pouvoir là bas, mais tu y rencontreras sans doute Emilie Caldis, ma grand-mère.

- Quand nous rejoindras-tu ?

Je ne sais pas trop quoi lui dire. Je la regarde dans les yeux et elle se met à pleurer. Elle comprend.

- Je reprends la route.

- Mais, mais... Et nous... Et... Et mon père et...

- Je ferais ce que je peux.

Le grand mercenaire entre dans la maison. Il n'y a plus qu'un homme, une dizaine de femmes et notre couple.

- Bon alors, tu te dépêches, Esvet ?

J'ai envie de lui faire manger ses propres yeux. Je me détache de Pryck qui sanglote silencieusement.

- Si tu croises la route de Jotdvergr, tu lui diras que je suis celui qui sait que tout finit par brûler.

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