3. Le trench-coat
Madame SKy est abasourdie par ce qu'elle vient d'entendre. Pour gagner du temps avant de répondre, elle retire lentement son trench-coat. Ce faisant, elle observe la salle : les yeux écarquillés de la foule, la bave aux commissures des lèvres de la plupart des personnes présentes, la colère et la rage dans les pupilles des autres.
Madame SKy semble à l'aise, ou du moins, elle donne le change ; au contraire du juge qui transpire à grosses gouttes, la bouche ouverte, son regard parcourant le corps de la jeune femme de haut en bas et de bas en haut.
Débarrassée de son trench-coat, l'accusée dévoile une robe à fleurs. C'est un vêtement assez simple, mais dont tout le monde a entendu parler. Pendant toute la durée de l'enquête et les mois qui ont précédé cette audience, cette toilette apparaît maintes fois sur les films visionnés avec zèle par les patrouilleurs de la vertu, le juge, les jurés et toutes les personnes autorisées, ainsi que quelques-unes de leurs connaissances à la moralité en dessus de tout soupçon.
Le matin au lever du soleil, sous cette robe portefeuille que Madame SKy enlève d'un geste nonchalant avant d'entrer dans l'eau, elle ne porte jamais rien. Cette absence habituelle de sous-vêtements turlupine le juge ainsi que toute les personnes présentes qui se demandent soudainement ce qu'il en est à ce moment précis. La robe n'est pas transparente, alors les yeux cherchent des signes, des indices : marques d'élastiques, de bretelles... ou au contraire, témoignage du froid et de la fermeté des tissus.
Le silence qui règne dans la salle en dit long. Madame SKy est sommée de répondre à la question qui lui est posée. Elle respire un grand coup avant de prendre la parole, ses yeux plongés droit dans ceux du juge.
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