Ch 5 (1/2)
L'amazone jeta la pelisse d'ours, avant de contempler le visage du chaman. En le voyant Marxia eut du mal à en croire ses yeux : une peau brune noire, un faciès bestial et des défenses sortaient de sa mâchoire supérieure. Marxia n'avait certes pas beaucoup voyagé dans sa vie mais elle n'avait jamais entendu parler d'une race qui pouvait s'apparenter à ce qu'elle avait sous les yeux. L'amazone s'assit à califourchon sur la créature qui lui faisait face et médusée souffla :
-Par Djinn'Rha mais qu'est-ce que tu es ?
Udiir sentit quelque chose de chaud maculer son visage, il en reconnut aussitôt l'odeur cuivrée. Du sang coulait de son nez broyé par la frappe de l'amazone. Cette sensation le ramena brièvement à la réalité, il sentit un poids sur lui, quelqu'un était assis sur lui. Par reflex il brandit ses mains devant lui en hurlant :
-AHR'ANGUE IGNIS !!
Un puissant jet de lave jaillit des paumes caleuses du jeune forgeron et expulsa l'amazone qui eut tout juste le temps de protéger son corps avec ses avant-bras. Marxia fut balayée par la déflagration et culbuta dans la boue sur plusieurs mètres avant de se rattraper à l'aide d'une roulade. Elle réprima un grognement de douleur : la lave l'avait brûlée des bras jusqu'aux épaules. L'amazone avait beau avoir été entraînée à supporter la douleur, ces brûlures faisaient un mal de chien. Elle invoqua l'aura de Djinn'Rha, mais en dépit de l'immense pouvoir guérisseur du démon des marques subsistèrent sur les avant-bras de la guerrière.
Udiir se releva en grognant, du revers de sa manche il essuya le sang qui coulait de son nez puis il remit l'os en place avant de soigner sa blessure grâce au pouvoir d'Aquos. L'hématome sur son visage désenfla et les os de son nez se ressoudèrent et il put à nouveau respirer correctement. Machinalement il ramassa son marteau et se remit en garde face à l'amazone.
5.2
La guerrière quant à elle s'était déjà relevée. Sans quitter l'étrange créature qui lui faisait face des yeux, elle ramassa son arme à son tour. Cette guerrière qui depuis le début de l'affrontement éprouvait de la rage et du désir envers le chaman, ressentait à présent un sentiment que seules certaines de ses sœurs avait réussi à lui faire ressentir. La peur, Marxia avait peur de la créature, et cela la mettait dans une colère noire. Ce mâle insolent avait non seulement fait échouer leur attaque surprise mais en plus de cela il arrivait à lui faire peur à elle, une guerrière de la tribu Zarakoune.
Si pour beaucoup d'amazones cela était une insulte, c'est parce qu'elles avaient tendance à oublier que l'inconnu pouvait effrayer n'importe quel individu de quelque race que ce soit, et l'apparence d'Udiir n'avait bien sûr rien de normal. Marxia, peinant à dissimuler sa peur, se mit à son tour en garde. Elle invoqua chaque fibre du pouvoir de Djinn'Rha qui lui restait, l'aura sanglante du dieu démoniaque l'enveloppa une fois de plus, d'un éclat plus sanglant que jamais. Udiir lui resta impassible comme si son adversaire n'avait pas bougé.
L'amazone y vit une occasion et passa à l'attaque en poussant un cri effroyable, Udiir ne bougea pas. Marxia abattit sa hache, droit sur le crâne du chaman, il ne bougea pas. La guerrière enragée était certaine de sa victoire. Elle allait lui fendre le crâne. Mais lorsque le fer de la hache allait atteindre sa cible elle s'évapora.
Udiir avait esquivé l'attaque de l'amazone avec un pas de côté fulgurant. Puis, vif comme l'éclair, le chaman asséna une violente frappe circulaire de son marteau en rugissant :
-BRAH'ZISH BAL'ASH !!
La foudre jaillit du marteau dans un fracas assourdissant, l'arme irradiante d'énergie frappa Marxia en pleine poitrine. La puissance du choc, démultiplié par le pouvoir de Bal'Ash pulvérisa l'abdomen de Marxia. La foudre réduisit ses cottes et sa colonne en cendres avant de ressortir par le dos de la guerrière.
Coupé en deux le corps de Marxia s'écrasa à plusieurs mètres du chaman. Ce n'était plus qu'un tas de chair et d'os carbonisés. Udiir poussa un profond soupir de soulagement, il était épuisé. Mais il savait qu'il n'avait pas le temps de se reposer, il se retourna et contempla l'armée erganienne de ses yeux bleu orage.
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