De son côté, le prince s’initia patiemment à l’utilisation de son instrument de boulanger. Il testa de nombreuses recettes de pains et mit quelques jours avant de sortir du four un pain croquant et mœlleux à la fois.

Le prince travaillait tard le soir pour pétrir la pâte et faire ses pains. Mais il avait la satisfaction d’être vraiment utile à son royaume quand le lendemain il donnait des pains délicieux à tous ses sujets. Il espérait ainsi réparer sa faute et regagner la confiance de son peuple, comme lui avait demandé son père.

Les jours où il était abattu par la fatigue, le prince sortait respirer l’air frais des champs. Il sentait alors le vent sur son visage et repensait à sa mère, la dame des vents, toujours travailleuse. Revigoré, il repartait de suite au travail.

Le prince se retirait aussi régulièrement dans la forêt comme son père, quand il avait besoin de méditer. Il entendait parfois le son du vent dans les branches et imaginait alors son père et sa mère en train de discuter pour lui porter conseil.

Un soir, il inventa une toute nouvelle recette. Il fabriqua une pâte extrêmement fine et la roula en forme de croissant, en souvenir de son nouveau bras de bois offert pendant un croissant de lune. Quand il offrit son invention le lendemain matin, ses sujets trouvèrent cette pâtisserie merveilleuse et l’appelèrent naturellement un croissant. Et ils furent tous les matins plus nombreux à venir en chercher chez le prince.

Cette histoire passa de bouche à oreille bien au delà des limites du royaume et chaque personne qui la racontait la déformait un peu plus. On disait que la famille royale de Kronk avait disparu laissant le royaume à l’abandon. Profitant de cette liberté, un humble boulanger avait inventé une merveille de gâteau. Selon les dires, un homme aussi bon était plus digne de représenter son pays que l’ancien prince qui était bien trop arrogant. Mais peu de personnes savaient que le boulanger était en fait le prince.