Le bal est le miroir de la société, il fait danser les consciences.

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Dans « Cadets souviens-toi ! » j’ai pris plaisir à écrire des scènes de bal ou les corps s’éveillent au son de la musique, ou les esprits s’enivrent d’alcool et les gestes deviennent caressant. Mais sous le prétexte du divertissement, le bal de cette époque, vise des enjeux liés au pouvoir et exalte la grandeur de la société.

A l’époque moderne (XVI, XVII et XVIII siècles) On se doit de participer ou d’assister aux bals dont les plus importants se dansent en public depuis la fin des années 1620. Sous l’impulsion du cardinal de Richelieu, le genre est en effet devenu un indispensable outil de propagande qui contribue à l’émergence d’un véritable « esprit à la française »

Bal musette, bal populaire, bal d’école, mais aussi bal de Cour, bal des débutantes ou bal courtois, ce ne sont pas les déclinaisons qui manquent pour évoquer cette forme de divertissement qui, entre ordre et désordre, possède ses codes et ses rites selon les lieux et les époques et dont l'histoire remonte à la plus haute Antiquité lorsque jeunes gens et jeunes filles se réunissaient dans un cadre champêtre pour danser au son de la flûte en honorant le dieu Pan.

Les premiers bals en tant que réunion mondaine furent ce que les anciens appelaient la "danse des festins" qui, comme le laisse supposer son nom, réunissait les convives après les repas (Philostrate en attribue l'origine au dieu Comus) et, cette pratique qui pousse des individus à se regrouper pour partager les plaisirs de la danse traversa les siècles, reflet chaque fois de la société du temps.

Le mot "Bal" désignait au début du Moyen-Age une danse provençale, et ce n'est qu'un peu plus tard qu'il fut employé plus largement pour décrire une scène dansée par plusieurs personne puis une réunion dansante et, beaucoup plus tard encore, les lieux où celles-ci se tiendront.

De l'époque médiévale à la Renaissance la danse est associée aux fêtes de toutes sortes et nobles et paysans pratiquent les mêmes danses, mais dans des lieux différents: caroles, branles, courantes, passe-pieds (danses collectives en rondes ou en farandoles) ou gaillardes, voltes (danses en couple) participent aux noces et autres réjouissances "hors du château", tout comme "au château", et à côté de l'humble bal de village les petites cours du sud de la France mettront au XII et XIII siècle la danse au cœur de l'art courtois (L'art de faire la cour). Si la danse anime bien évidement aussi les fêtes populaires, le bal est fortement lié au développement des élites et reste au XVIII siècle une pratique identitaire de la noblesse et de la haute bourgeoisie: on y danse entre soi, c'est à dire au sein d'une société éduquée avec un cérémonial particulier et il faut se montrer si possible dans ses plus beaux atours pour exister...

Louis XIV s'y donne en spectacle et Versailles ne bruisse que de bals somptueux qui fâchent certains esprits économes en raison de leur coût, mais réjouissent la grande majorité de la noblesse. Et ce bal, qui devient alors un spectacle en lui-même, chorégraphié par des maitres à danser, va influencer largement les autres Cours européennes.

Si le bal est un lieu de sociabilité, ce n'est pas un lieu de mixité sociale, car chaque bal à sa spécialité et sa clientèle et lorsqu'il s'agit de bal privé ou sur invitation la restriction est encore plus importante. Cénacle des élites ou rendez-vous populaire, il s'impose toutefois comme un loisir pratiqué par tous : l'étudiant qui va guincher avec une grisette dans un bal de quartier, le fonctionnaire que sa carrière oblige à se rendre avec son épouse au bal de l’intendance, le bal masqué qui permettait aux convives d'être totalement anonymes, cachés derrière leurs masques ou la jeune fille qui fait ses débuts lors de l'un de ces bals réservés à la haute société donnés en automne et en hiver pendant la saison mondaine et dont la fonction la plus importante est la préparation des alliances matrimoniales.

Les bals du XVIII sont des évènements d’une importance capitale qui rythment la société. On se doit d'y briller et d'entretenir des relations. Reflet de la société, le bal fait le lien entre la danse le spectacle et le savoir-être. Il évolue avec les codes de bienséance mais reste souvent un moment romanesque ou le jeu subtile de la séduction est le plus abouti.

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