Organisation

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Le lendemain, la jeune fille réalise qu’une partie de son monde s’est délité. L’absence de Thérèse s’avère pesante. Elle prépare sans entrain les petits-déjeuners, Lucas l’aide pour encaisser. Ils se retrouvent à neuf heures pour faire le point, dehors, un café à la main, sur la pierre déjà chaude du perron. Plusieurs choix s’offrent à eux :

  • Déjà, nous devons nous organiser pour que tu puisses réussir ton concours, c’est le deal avec ton père, non ?
  • Ça m’est égal, ça. Puis, ce n’est plus pour lui que je le fais, mais pour moi, et je peux attendre une année.
  • Non, non et non. Thérèse serait contre.
  • Hmm, maugrée-t-elle à contre cœur.
  • Je t’y conduirais chaque jour pour gagner du temps. A quelle heure sont les épreuves ?
  • Pas avant 10h le matin, et le soir 17h30 au maximum. Tu sais, c’est l’affluence en ce moment au gîte, la grosse saison des randonnées et je m’en voudrais de le fermer en l’absence de Thérèse, elle a tant fait pour moi...
  • C’est jouable alors de combiner les deux : concours et gîte ouvert. Je t’aiderai pour préparer les repas.
  • Toi ? Rit-elle.
  • Ben oui, c’est quoi ces préjugés, comme si un homme était incapable de peler une patate !
  • Je veux voir ça, s’amuse-t-elle. Mais tu n’as pas du boulot à la ferme ?
  • Mon père se débrouillera avec l’apprenti. Je gère. Tu sais quand j’étais petit, Thérèse m’a quasiment élevé. Il lui doit bien le revers de la médaille…

Ada n’ose répondre, se sentant glisser sur un terrain trop intime.

  • C’est vraiment gentil de ta part de m’aider dans cette galère.
  • Y’a pas de quoi. Je le fais pour tante Thérèse aussi, tu sais. Si elle revient, et qu’elle voit que je n’ai pas mis la main à la pâte, t’imagines pas le savon que je prendrai ! Dit-il en plaisantant.

Oscar se frotte aux jambes d’Ada, réclamant sa balade d’un miaulement rauque à réveiller un mort.

  • Il ne va pas s’y mettre lui aussi ! Ce chat est un vrai chien, ce n’est pas possible !
  • Hé hé, « Oscar : le lascar du territoire ». Son surnom quand j’étais enfant…

Le jeune homme se lève, caresse le gros chat, s’éloigne et sort son portable.

Elle n’entend que des bribes de conversations : Thérèse, chambre 469. il tourne en rond dans le jardinet. Il s’éloigne un moment puis revient, un large sourire sur le visage.

Ada s’empare de l’appareil :

  • Allo ?
  • Oui. Bonjour jeune fille. C’est Thérèse.

Ada déglutit.

  • Comment vas-tu ?
  • Une saleté de tuyau me grattouille le nez, mais sinon ça va à peu près. Fatiguée. La forêt me manque. J’en rêve chaque instant.
  • Il faut te reposer. Reprendre des forces. On va s’occuper de tout ici, en t’attendant, ne t’en fais pas.
  • Merci. Vous êtes adorables… Promets-moi de réussir ton bac et de laisser les clients tranquilles !
  • Promis, Thérèse. J’ai compris la leçon.
  • Je vais te laisser. Je t’écrirai. Ce sera mieux.
  • D’accord. Je t’embrasse.

Silence à l’autre bout. La vieille dame a sans doute raccroché.

Il ne reste à Ada qu’une seule journée pour effectuer ses dernières révisions et les quinze prochains jours seront décisifs. Elle le sait. Le stress commence à monter très sérieusement. Son cœur bat à tout rompre.

Lucas lui conseille la verveine plutôt que de carburer au café, et elle ne peut s’empêcher de sourire en repensant à sa première rencontre avec Thérèse et sa tisane de pisse-mémé.

En son honneur, elle file dans l’arrière cuisine se préparer une infusion, avant de s’engouffrer dans sa chambre pour fignoler ses ultimes révisions.

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