Aerin et Wilwarin

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De la Lumière primordiale, deux Elfes, deux frères, sont nés. Biens qu’ils se ressemblaient comme deux rayons de soleil, le cadet était bien plus beau que son aîné. Lómion était envié par tous les autres Elfes. Les jeunes filles, de tout Royaume confondus, étaient toutes tombées sous son charme candide et pur. Lómelindi n’était nullement jaloux de son cadet. Lómion n’était pas l’héritier du trône ; il pouvait donc assurément jouer au bourreau des cœurs.

Malheureusement, tout comme son aîné, Lómion dut se marier. Afin de préserver la paix entre Asgard et Alfheim, il avait été décidé que les frères de Lumières devraient épouser une Asgardienne. Lómelindi s’enticha d’une jeune femme Freyja, qui n’a aucun lien de parenté avec le dieu Freyr. Quant à Lómion, il fut lié à Lagertha. Celle-ci ne supportait pas le caractère espiègle et libre de Lómion. Alors, un jour, elle le trouva en train d’embrasser une autre. Jalouse, se sentant trahie par celui qu’elle aimait, elle décida de se venger. Etant une disciple du dieu Loki, Lagertha créa un alliage de plusieurs métaux pervertis par de la magie noire. Cet alliage avait la capacité de blesser le corps et de changer le tempérament d’une personne, aussi pure soit-elle. Personne ne pouvait résister à ce pouvoir. Pas même un des deux Jumeaux de Lumière. Lagertha offrit ce métal maudit, sous la forme d’épée, à son époux. Celui-ci vit sa puissance s’accroître. Il était devenu plus fort physiquement mais son mental s’affaiblissait. Plus il utilisait l’épée maléfique, plus son corps s’en trouvait scarifié, plus son esprit changeait.

Ce n’est qu’après le meurtre de Freyja par sa main que Lómelindi comprit que quelque chose n’allait pas. Après avoir fait son deuil, et juré vengeance, il alla confronter son cadet. Dans un soudain éclat de lucidité, Lómion l’implora de le tuer. Il n’était plus que l’ombre de lui-même. Sa peau, autrefois du plus pur des blancs, était devenue du plus obscur du noir. Sa chevelure platine luisait de nuances bleutées et violetées. Quant à ses yeux, tantôt d’un puissant bleu, brillaient d’un rouge semblable à celui du sang. Ses pupilles étaient d’un doré liquide. Lómelindi ne reconnaissait plus celui qu’il appelait son frère. Il exauça alors son dernier souhait. D’un coup d’épée dans le cœur, il le tua.

De la noirceur de son sang perverti et de sa rancune de s’être fait trahi par celle qu’il aimait, d’autres Elfes naquirent. Des Elfes Noirs. Ils étaient plus grands, plus puissants, plus séduisants que les Elfes Lumineux. Ceux-ci les chassèrent jusqu’à un autre Royaume. Un Royaume de Ténèbres : Svartalfheim.

Il est dit qu’un jour, une Elfe née, elle aussi, de la Lumière primordiale, réussira à unir les deux Royaumes Elfiques. Il est dit que deux larmes de la Noirceur primordiale prendront forme elfique : l’une sera de la beauté scandaleuse de Lómion, l’autre aura la bonté de Lómelindi pour ne faire ensuite plus qu’une larme.

Aerin ferma le vieux livre de conte qu’elle tenait entre ses fines mains opalines. Ses délicates paumes se posèrent sur la couverture fragile du livre. Un long soupir épuisé sortit d’entre ses lèvres roses. Elle releva la tête et fit face à dix adorables petits Elfes qui la contemplaient, silencieux et émerveillés. Elle leur adressa un sourire des plus radieux.

- Alors les enfants, ça vous a plu ? leur demanda-t-elle, affectueuse.

- Oui ! s’écrièrent-ils, en chœur. Une autre ! Une autre ! tonnèrent-ils.

- Assez, assez ! fit une voix masculine et suave. N’allez pas fatiguez Aerin, elle a encore bien des choses à faire, continua cette voix, quelque peu moqueuse.

Comme une seule entité, les enfants se retournèrent vers cette voix. Aerin contempla le jeune homme face à elle. C’était son fiancé, le prince Wilwarin. Il était le plus bel Elfe d’Alfheim. Bien que son teint de porcelaine soit quelque peu bruni et que ses yeux de biche soient colorés d’un ravissant or, il ne faisait aucun doute qu’il était un Elfe de Lumière. Il était d’une grande beauté. D’une beauté pure et innocente. Ses doux yeux étaient dessinés en amande. Ses lèvres étaient pareilles à un bouton de rose: délicates, fragiles, magnifiques et pleines. Un minuscule grain de beauté venait attirer le regard sur ses belles lèvres. Sa chevelure de jais était nouée en une haute queue de cheval, aucune mèche désobéissante ne venait entraver son splendide visage. Il possédait une silhouette svelte et élancée. Tous ses mouvements étaient d’une grande élégance, d’une grâce sans nom. Aerin remarqua que son magnifique fiancé ne portait pas ses habits princiers. En effet, Wilwarin avait opté pour une simple tunique bleue qui venait épouser la forme sculptée de ses bras d’une douce couleur tannée. Ses avant-bras restaient dénudés de tout tissu. Une demi-veste d’une nuance plus sombre de bleu couvrait juste son bras et la partie gauche de son corps. Il avait enfilé un bas ample qui couvrait ses longues jambes. Aerin remarqua qu’il portait autour de son cou le collier qu’elle lui avait offert lorsqu’ils n’étaient encore que des enfants. Son fragile poignet droit était orné d’un misérable bout de tissu lagon.

La jeune elfe ne pouvait plus détacher les yeux de son fiancé. Ses joues neigeuses se colorèrent d’un vif rouge, un sourire timide s’épanouit sur ses traits. Sa tête s’abaissa avec douceur alors que ses délicates oreilles pointues lui fit parvenir le sons précipités des chaussures des jeunes enfants qu’elle gardait. Ceux-là s’étaient tous levés pour se ruer sur leur prince.

- Majesté, commença le plus vieux des enfants, pouvez-vous nous laisser Aerin encore un moment ? Mes frères et moi aimons ses histoires !

- Je n’en doute pas ! s’exclama le prince dans un éclat de rire. Mais, Aerin et moi avons des choses à faire. Des choses sérieuses, précisa-t-il sur un ton malicieux.

- Des choses d’adultes si tu vois ce que je veux dire, marmonna le plus vieux des enfants à un autre.

Les petits Elfes éclatèrent alors de rire. Le couple se retrouva gêné ; piégé entre les éclats de rire des enfants. Aerin sentit ses joues opalines s’enflammer. Elle n’osa même pas regarder son aimé en face tant elle avait honte. Cependant, bien que Wilwarin était, lui aussi très confus par cette soudaine et explicite insinuation, il sut faire face à ces chenapans.

- Les enfants, si vous ne voulez pas que j’utilise la rune Lathain, je vous conseille de nous laisser seuls, les prévint-il, sombre.

Les jeunes Elfes, apeurés de recevoir les effets de la rune de l’orage, de la colère ou encore de la douce averse qui annonce le sommeil éternel, prirent leurs petites jambes à leurs cous et partirent en courant. Aerin, amusée et reconnaissante, osa relever la tête vers son aimé. Celui-ci portait la fierté avec charme. Les mains sur la taille et les yeux pétillants de joie, il n’en était que plus séduisant encore. Elle le vit secouer avec douceur sa tête, un adorable gloussement franchit ses exquises lèvres pleines. La jeune Elfe, alors silencieuse, se leva d’un bond gracieux et se dirigea, dans une volupté élégante, en direction de son fiancé. Elle lui prit la main et enroula leurs doigts fins les uns avec les autres. Sa tête se reposa avec nonchalance sur son épaule musclée. Elle contempla le superbe paysage doré qui se tenait devant elle, tentant, tant bien que mal, de faire abstraction des violents coups que donner son cœur fou. Wilwarin enroula son bras autour de ses épaules avec tendresse, sa tête se posa avec affection sur la sienne.

- Sales mioches, pesta-t-il.

Cette injure sonna délicieusement aux oreilles sensibles de Aerin qui ne sut réprimer un éclat de rire.

- Ne crois-tu pas que nous étions ainsi lorsque nous étions enfants, Aegnor ? questionna une voix masculine et exquisement railleuse.

L’interpellé se retourna soudainement. Confuse, Aerin fit volte-face à son tour. Devant elle, un autre Elfe magnifique leur faisait face.

- Aeglos ? interrogea Wilwarin, surpris.

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