Aerin et Elendë
Aerin finit par entrer dans la demeure de son amie. Des huldras descendaient les escaliers avec fureur et rapidité. Un sourire amusé s’étira de ses belles lèvres pleines, sa tête dodelina avec douceur alors qu’elle leva les yeux au ciel. Elendë avait vraiment un don pour mettre les huldras, ces belles créatures paisibles à la queue de vache, en colère. Aerin laissa sa tête se dodeliner avec douceur, un sourire amusé s’épanouit mincement sur son visage opalin alors qu’elle montait les escaliers menant à la chambre de sa meilleure amie.
Chambre qui semblait avoir été réaménagé en un atelier de couture vu les rouleaux de tissu de toutes couleurs confondues qui jonchaient paresseusement le sol. Aerin avait donc vu juste ! Elendë l’avait fait venir pour sa robe de mariage ! Elle avait abandonné Wilwarin pour ça ? Hors de question. Elle devait absolument parler à Elendë et lui dire qu’il était hors de question qu’elle lui fasse sa robe ! Mais… Pour lui parler, encore faudrait-il qu’elle puisse la voir… Il est vrai que sa meilleure amie était très petite pour une Elfe. Mais, grâce à sa petite taille, elle pouvait entendre tout ce qui se disait sur Alfheim ! Et, Aerin devait admettre que c’était assez drôle, et assez pratique.
- Elendë ! Elendë ! Sors de ta cachette ! Je t’assure que je ne vais pas te disputer parce que tu m’as privé de passer une journée avec Wilwarin… promit-elle, faussement.
- Grandiose ! s’exclama une douce voix ravie.
Soudain, une pile de tissu éclata, une Elendë excitée apparut alors. Elendë était une Elfe très mignonne. Ses douces joues opalines étaient encore un peu rebondies, une frange blonde recouvrait son front. Sa chevelure blonde était nouée en un haut chignon, quelques filaments dorés maintenaient son élégante coiffure. Sa peau blanche était saupoudrée de poudre rose et bleue, ses yeux azurés pétillaient de milles étoiles. La jeune Elfe portait un unique verre circulaire entouré d’une bague argentée, une chaine en argent reliait le verre au col de sa longue robe orange qui moulait à la perfection son corps mince et sa petite poitrine.
- Je suis heureuse que tu ne m’en veuilles pas de t’av… commença-t-elle avant de se taire.
Les lèvres roses de Aerin se retroussèrent en une douce moue réprobatrice, ses traits fins se crispèrent d’agacement et d’impatience. La rune Lathain fit saigner la paume de sa main.
- Elendë, c’est la dernière fois que je te dis qu’il est hors de question que tu t’occupes de ma robe, prévint-elle. Sinon, je n’hésiterai pas à utiliser Lathain contre toi.
- Lathain, c’est la rune de Wilwarin, n’est-ce pas ? questionna la jeune Elfe.
- Exact.
- Ecoutes, Aerin, je suis navrée, vraiment mais je me devais de faire ça !
- Comme la fois où tu m’as forcée à sortir de chez moi pour t’accompagner au spectacle des Deux Soleils ?
- Si je ne t’avais pas forcée à m’y accompagner, tu n’aurais jamais rencontré Wilwarin ! Tu devrais me remercier !
Aerin ne put s’empêcher de sourire. Il est vrai que c’était grâce à elle et à son caractère enjoué qu’elle a put faire la connaissance de son fiancé. Un sourire tendre s’esquissa dans une douceur niaise sur son visage alors qu’elle repensait à ce fameux jour. Les muscles de son corps se décontractèrent, la quiétude s’empara de ses membres. Si bien qu’elle ne sentait pas quand Elendë soulevait ses bras pour en prendre la mesure.
Cependant, le contact froid d’un objet rectangulaire la sortit de sa torpeur, le ravissant visage de Wilwarin s’estompa, son superbe sourire s’évanouit aussi de ses pensées. Ayant retrouvée contenance, Aerin vit Elendë debout sur un petit banc en bois qui la faisait grandir. Son amie tenait son bras à l’horizontale, une règle en fer y reposait. Elle nota que des aiguilles se trouvaient entre les lèvres fines de la petite Elfe, un mètre ruban en tissu était enroulé autour de son cou délicat. Aerin rêvait-elle ou son amie était en train de prendre ses mensurations ? Alors qu’elle essayait de se défaire de la forte emprise de son amie sur son bras, elle l’entendit claquer des doigts.
Aerin ferma ses délicats yeux d’azur, soudainement effrayée. Elle sentit un tissu doux sur sa peau opaline. Un tissu nouveau et léger qui moulait ses formes. Elle rouvrit alors avec prudence alors les yeux. Ses billes de jade s’écarquillèrent avec soin sous le coup de la surprise. Elle ne portait plus sa robe colorée d’un délicat bleu ciel, une autre robe était venue la remplacer. Cette nouvelle robe était d’une magnifique couleur pourpre pareille à celles des lotus. Les fines manches courtes retombaient avec douceur sur ses délicats bras neigeux. Son décolleté mettait en valeur sa poitrine ferme sans que ça ne soit vulgaire, la robe fendue permettait de mettre en valeur ses longues et fines jambes. Des fils d’argent dessinaient la forme d’une délicate fleur de lotus, symbole de sa maison. La robe était superbe… Elendë avait bien travaillé… Sa tenue n’était ni vulgaire ni trop chargée. Elle était sobre et correspondait à ses attentes. La jeune Elfe était sous le charme. De petites étoiles affectueuses scintillaient avec force dans l’azur de ses doux yeux alors qu’elle releva le regard en direction de son amie dont les billes bleues brillaient d’une douce fierté.
- Elendë… Merci, elle est magnifique… soupira-t-elle, extasiée. Je suis navrée de ne pas t’avoir fait confiance.
Les mains jointes, une once de tendresse dans ses billes fières, la petite Elfe effaça, d’un revers gracieux de la main, quelques perles salées qui coulaient avec tendresse sur ses joues blanches.
- Ce n’est rien… Attends de voir le maquillage et la coiffure que j’ai préparé ! s’exclama-t-elle, enjouée.
D’un coup brusque, Elendë lui prit le poignet et l’attira en direction d’un meuble où milles nuances de violet et de rose se mélangeaient, un miroir tenait avec équilibre sur le meuble peint de maquillage. Aerin fut forcée de s’asseoir dans un siège confortable face à la coiffeuse. Elle rencontra alors son reflet.
Aerin ne se considérait pas comme la plus belle des Elfes, même si Wilwarin disait le contraire. Bien sûr, elle était belle, charmante mais elle ne possédait pas un visage doué d’une grande beauté, contrairement à Wilwarin. Ses yeux azurés étaient tirés en amande, ses sourcils châtain étaient dessinés avec soin. Ses lèvres pulpeuses semblaient être naturellement colorées de pourpre, contrastant ainsi avec la blancheur neigeuse de son visage. Ses traits fins s’harmonisaient. Certes, elle était séduisante mais elle ne pouvait pas rivaliser avec la vénusté scandaleuse masculine de Wilwarin… Enfin, peu lui importait. Ils s’aiment, et pas qu’à cause de leurs plaisants physiques. Alors qu’elle commençait à apprécier la caresse brusque de la brosse à cheveux dans sa longue chevelure de blé, Elendë brisa le silence qui s’était installé entre elles.
- Dis, commença Elendë, tu te souviens du jour de votre rencontre ? questionna-t-elle, tendre.
- Comme si c’était hier, soupira Aerin.
Un doux sourire empli d’amour s’épanouit sur son délicat visage en repensant à ce moment qui changea sa vie.
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