#10 À bout de souffle
J’ouvris péniblement les yeux et ma gorge brûla quelques instants, cherchant à tout prix de l’oxygène pour mes poumons. Lorsque je me mis à respirer correctement à un rythme régulier, j’observai autour de moi. Mon champ de vision se résumait à un étrange endroit où la seule couleur que je pouvais distinguer était le blanc, un blanc tellement éclatant que mes yeux avaient du mal à s’y habituer. Après un rapide tour sur moi-même qui m’avait indiqué que j’étais la seule à être piégée dans cette curieuse prison, j’entrepris de marcher en avançant devant moi, sans me retourner une seule fois. De toute façon, il n’y avait rien à voir. C’était le vide, le néant.
Mes pieds étaient en feu et ma tête tambourinait au fur et à mesure que je progressais vers l’inconnu. D’étranges frissons parcoururent mon corps. Il était grand temps de faire une pause et je m’asseyais en tailleur à même le sol. Comment avais-je atterri ici ? Des fragments de souvenirs me revenaient soudainement. J’étais installée sur mon lit et une crise d’angoisse m’avait prise par surprise. Pour essayer de la calmer, je m’étais allongée un moment et j’avais fermé les yeux. J’étais donc dans mon subconscient ? Y trouverais-je la solution au problème qui me rongeait lentement depuis des semaines ?
Le sol se mit à trembler. Je me levai soudainement, surprise, me demandant comment une telle chose pouvait être possible dans un tel endroit. Désormais deux portes me faisaient face : celle de gauche représentait un paysage serein avec un magnifique jardin rempli de verdure, de fleurs multicolores et d’un ciel bleu complètement dégagé. Celle de droite avait un décor totalement différent. Il était beaucoup plus sombre parsemé de taches noires et rouge bordeaux sur un fond de guerre apocalyptique.
Que devais-je faire ? En choisir une et l’ouvrir ? Pourquoi deux portes et non pas trois ? Machinalement, j’approchai vers celle de gauche.
— Es-tu sûre de ton choix ? raisonna une voix qui me fit sursauter.
Je m’arrêtai net.
— Ne voulais-tu pas régler un problème ? Se précipiter n’apportera pas obligatoirement la bonne solution.
Je reconnus la voix, c’était la mienne. Je devais donc réfléchir sur ce qui me chiffonnait depuis si longtemps. C’était pourtant simple, je ne savais pas si la bataille que j’avais voulu entreprendre valait la peine ou était-ce plus simple d’abandonner et de déclarer forfait ? Pouvait-on vraiment croire aux paroles qu’une autre personne nous disait ou est-ce qu’il fallait constamment douter ? J’étais tiraillée entre la confiance que je voulais accorder à une personne et à mes sentiments que je pensais fausser mon jugement. Je regardai à nouveau les portes, laquelle était la bonne ?
Deux ombres se matérialisèrent sur les côtés des portes : elles représentaient toutes les deux cette personne. Voilà, le moment décisif était arrivé. L’ange et le diable allaient se disputer pour savoir quelle porte j’allais choisir. Je fermai les yeux et laissai mes émotions prendre lentement le contrôle. Petit à petit, des souvenirs heureux envahirent l’endroit. Devais-je me battre pour cette personne et ainsi pouvoir créer d’avantages de souvenirs ? Mais est-ce que l’attendre était un choix judicieux ?
Le souvenir disparut et un autre prit sa place. J’eus un mouvement de recul. J’avais le droit cette fois à un mauvais souvenir qui n’avait pas hésité à utiliser certaines de mes peurs. Et si l’attendre était une erreur qui finirait par briser cet esprit combatif que j’avais eu tant de mal à reconstruire ?
— Pourquoi ne pas prendre la porte de gauche ? Le bonheur t’y attend, tu ne souffriras pas. Personne ne pourra te faire souffrir si tu te mets à l’abri.
J’étais en proie au doute. Cette vision idyllique était certes attirante, mais était-ce vraiment ce que je voulais ? Je m’approchai à nouveau de la porte de gauche. Je voulais rester auprès de cette personne et être heureuse. J’avais la main sur la poignée quand je m’arrêtai. Pourquoi choisir la facilité ? Parfois il fallait passer par le chemin le plus long ou le plus dangereux pour apprécier le but final.
Sans me poser davantage de questions, j’ouvris finalement celle de droite. La bataille avait commencé depuis longtemps, depuis où le jour où je l’avais laissée me manipuler. Mais cela ne voulait pas dire que le match était perdu, au contraire… Il était temps d’inverser la donne.
Annotations
Versions