22.
La seringue remplit d’un liquide jaunâtre est posée sur la paillasse. L’homme remonte la manche de sa chemise. Il a longtemps attendu ce moment mais il sait être patient. Il veut faire les choses biens. Il enroule l’élastique autour de son bras et serre le nœud à l’aide de l’autre main et de ses dents. La veine palpite sous ses yeux. L’aiguille s’insère dans une piqure douloureuse mais cette souffrance lui est agréable. Une fois vidée, il pose délicatement la seringue à côté de sa montre fêlée, dont les aiguilles sont depuis longtemps arrêtées.
***
Nikita siffla pour signaler à son frère qu'il était en place. Pas de réponse. Il recommença et un court sifflement lui indiqua que Gabriel était désormais en position. D'un bond preste, Nikita se transforma en loup et rejoignit le soupirail dont Luciole leur avait parlé. Certes, le hangar était hautement sécurité, mais il fallait bien l'aérer. Il arracha les bareaux de la fenêtre avec sa puissante patte, brisa la vitre, écouta attentivement, et reprit forme humaine. Il se faufila à l'intérieur du bâtiment, une pochette noire serrée contre lui. Il atterit dans une remise plongée dans le noir, s'écorchant les pieds à cause des morceaux de verre amoncelés sur le sol. Il fit trois pas en avant avant de se cogner la tête dans un meuble de métal. Il décida de se retransformer.
De son côté, Gabriel faisait le guet. Il avait dans son champ de vision son parrain visiblement penché sur une carte étalée sur le capot de son pick-up.
Nikita fonça sur la porte, l'arrachant violemment de ses gonds dans un vacarme métallique. Il resta figé un instant, sur le qui-vive, puis repritla découverte des lieux. Il était à présent dans une grande salle remplie d'armes et autres objets visiblement dangereux. Luciole avait parlé de cette pièce. Ainsi, continua-t-il comme indiqué, vers le côté nord du hangar. La partie complexe du plan commençait. Il s'approcha du mécanisme de verrouillage, observant le scanner rétinien dans un premier temps. Il déposa la pochette pleine de bave et se retransforma. Il en sorti des tournevis, des câbles et des pinces. Avec délicatesse, il ôta le boîtier du scanner pour acceder à la puce électronique. Après quelques gestes experts incompréhensibles pour un observateur lambda, un bip sonore indica qu'il avait réussi à brouiller le système. Il laissa pendouiller les câbles et s'occupa du deuxième système de verrouillage. La tâche était ici plus simple : il enfila un gant puis le déposa sur la surface lisse. L'écran s'alluma et le laser descendit verticalement, prenant l'empreinte de la paume du jeune homme. Pendant ces interminables secondes, le coeur du garçon avait cessé de battre. Puis la porte s'ouvrit enfin.
Gabriel se faisait un sang d'encre. Il essaya de contacter son frère par la pensée, en vain. Cela faisait trois jours que leur don ne fonctionnait plus, les obligeant à recourir à des moyens de communiation plus classiques. L'homme repliait désormais la carte, la rangea dans la portière passager et resta un moment le front appuyé contre la tôle froide de son véhicule. Il semblait tourmenté.
Nikita découvrait horrifié les géôles. Il s'approcha des cadenas et testa leur solidité. Une vive brûlure fit grésiller la peau de sa main au contact du métal. Merde, de l'argent... Ils auraient dû y penser... Pourquoi Luciole ne les avait-elle pas prévénus... Ne pouvant rien faire pour les prisonniers, il continua son chemin en direction de la dernière porte, celle du labo. Juste avant, il passa devant la cellule où Luciole était enfermée.
Gabriel se transforma en toute hâte, courut vers le soupirail et sauta à l'intérieur du bâtiment. Lancé à pleine vitesse, il traversa l'armurerie au galop, et une fois dans la pièce-prison, redevint humain. Il claqua la porte derrière lui, paniqué. La pièce était vide, les cellules non. Bordel, Niki, t'es où ?
Marko, le regard déterminé, ouvrit la porte d'entrée principale , pénétrant dans le hangar.
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