Le lycée à l'heure du déjeuner est toujours un peu chaotique. À chaque fois j'essaie de m'asseoir dans un coin discret et calme, pour ne pas attirer l'attention et pouvoir manger tranquillement.

Aujourd'hui, je ne suis pas seule. Un garçon à l'air banal, ni très beau, ni très grand, au sourire sympathique s'asseoit à côté de moi. Il tente de sympathiser et j'accepte avec amabilité de discuter avec lui. Discuter ce n'est pas accepter des avances ou quoi que ce soit.

Il a de l'humour et une de ses blagues sur un professeur me fait rire. Je l'aime bien, on pourrait être amis. Il montre son téléphone et me demande s'il peut avoir mon numéro pour m'inviter à une compétition de skate.

Une main se pose sur mon épaule avant que je n'ai le temps de refuser. Je ne donne jamais mon numéro à quelqu'un que je connais à peine. S'il veut me revoir, il lui suffit de me retrouver dans le bahut pendant une récréation ou à la sortie.

Je me retourne, surprise. Furet est là. Il me semblait pourtant qu'il mangeait avec le deuxième groupe et je fais partie du premier. De plus je ne l'ai pas entendu arriver. Et enfin il a l'air énervé et je ne comprends pas pourquoi.

Il s'assoit en face de moi, me regarde dans les yeux avec sérieux et demande qui est ce "charmant garçon". Gentiment, je lui présente M*****. On vient seulement de se rencontrer, il m'a tenu compagnie pour ce repas et m'a proposé de sortir ce weekend avec ses amis.

Furet secoue la tête, sombre et furieux. Il se tourne vers le garçon et le foudroie du regard. L'autre soutient l'éclair gris avec un sourire qui se veut assuré mais est néanmoins un peu tremblant.

• Tu veux me faire croire que tu veux être amie avec elle ?
• Ne t'énerve pas, il ne m'a rien fait.
• À toi pas encore. Je l'ai vu ce matin frapper L*****. Il a harcelé des garçons de sa classe aussi.

Il fixe M**** avec emportement.

• N'espère même pas t'approcher d'elle. Elle est à moi.
• Ferme ta g*ule, c*onnard ! Je n'ai rien fait alors arrête de raconter n'importe quoi ! Tu n'est qu'un gros mytho !

La colère froide envahit Furet. M***** s'est levé avec rage et essaye de le frapper. Alors Furet l'attrape par le col il lui colle son poing à la figure. Le nez en sang, il vacille. Tout autour des groupes se sont formés et les ados haineux parient sur l'un ou l'autre.

Furieux M***** se retourne vers moi pour me frapper. Il ne parvient même pas à m'approcher. Furet l'attrape une deuxième fois et lui enfonce un genoux dans le ventre.

Vaincu, il s'écroule sur le sol, mal en point.

• Ne t'approche plus jamais d'elle. Je te laisse pour le moment, mais si tu oses toucher ne serait-ce qu'un de ses cheveux tu es mort.

Derrière lui, je peine à comprendre ce qu'il se passe. Sans vraiment savoir pourquoi, je me trouve au centre de l'attention, du cercle qui s'est formé autour moi.

Je tire Furet par la manche.

• Calme-toi. Il ne m'a rien fait.

Il se retourne vers moi. Son regard est glacial. Je le connais assez pour savoir qu'il cache sa peur : que je sois blessée, que je disparaisse. C'est pour cela qu'il est aussi énervé.

Je me rapproche pour le rassurer.

• Je suis là, ne t'inquiète pas.

Il ne sourit pas et je sens son émotion. Il m'attrape par la main et m'entraîne dehors. Je l'arrête dès que nous sommes loin des regards.

• Maintenant tu te calmes.

Sans un mot, il me plaque contre le mur et m'embrasse avec passion. D'abord surprise pas ce mouvement, je passe les bras autour de son cou et lui rend son baiser. Ses épaules se détendent. Il est rassuré.

• Je ne compte pas te laisser, d'accord ?

Il enfouit sa tête dans mon épaule et je caresse doucement ses cheveux.