Milia et Furet (8)
- Viens dehors !
Mon Furet me regarde tourner sous la pluie, les bras écartés, le visage levé vers le ciel pour sentir les gouttes couler tomber sur mes lèvres.
À l'abri devant la maison, il se contente de m'observer. Je ris : son air me fait penser à un chaton effrayé à son premier contact avec le monde extérieur.
- Allez, rejoins-moi dehors ?
- Pourquoi ? Je vais être trempé !
- Et alors ? On se changera ! J'ai envie de danser avec toi !
Il disparaît dans la maison. Interloquée, je reste les bras ballants, sans comprendre. Il m'a vraiment lâchée comme ça ?
Je commence à sentir des larmes me monter aux yeux quand une mélodie s'élève. C'est notre chanson. Il ouvre la porte et j'entends les notes s'égrener plus fort.
D'un pas rapide et assuré, il travers la cour pour me rejoindre. Il s'arrête devant moi. L'eau colle ses cheveux à son visage et détrempe ses vêtements.
- M'accorderez-vous cette danse ?
Il s'incline en une révérence distinguée. Des papillons plein le ventre, je lui accorde ma main avec un sourire ému.
Il m'entraîne dans un valse. Je trébuche sur le pavé mouillé et m'accorche à ses épaules pour ne pas tomber. Sa chemise trempée dévoile sa musculature et je ne peux m'empêcher de jeter un regard avant de rougir.
Je lève les yeux vers lui. Son regard sérieux m'observe. J'ai l'impression qu'il essaye de graver chacun des détails de ma personne dans son esprit.
- Les baisers sous la pluie sont les meilleurs, lui glissé-je.
- Je ne suis pas d'accord.
- Ah oui ?
- Non.
- Tu veux la preuve ?
Je me dresse sur la pointe des pieds et colle mes lèvres contre les siennes. Au goût de caramel se mêle celui de l'ondée.
- Alors ?
Je me recule pour observer sa réaction. Je n'ai pas le temps de l'interroger : il place mes bras autour de son cou, m'enlace et m'embrasse.
Les papillons s'agitent de plus belle et je me blottis contre lui. L'eau dégouline sur nos visage et nos corps entrelacés.
La pluie se fait soudain plus forte. Il attrape ma main et m'entraîne en courant vers la maison. Je le suis en riant. Il m'en faut peu pour être heureuse. Sa main dans la mienne, une danse et quelques gouttes de pluie.
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