Cantique I : A ceux qui rêvent sans fin

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Cantique I : A ceux qui rêvent sans fin

Golgotha Samuel a dit : « J’ai entendu Sainte Sophia dire ceci : - Au commencement fut la Gnose, sagesse profonde et vérité cachée, lumière scintillante dans l'ombre de l'ignorance humaine. Car Gnose signifie connaissance, non pas celle qui est commune et éphémère, mais celle qui est sacrée et éternelle, mystère révélé aux cœurs purs. Elle ne se révèle pas à tous, mais à ceux qui, dignes, cherchent avec ferveur, elle promet libération. La Gnose est la clé, la porte étroite qui mène à la compréhension de la condition humaine, appelant les hommes à sortir de la prison de leur sommeil. Mais voilà, à travers les âges, cette connaissance a été persécutée, crainte par les autorités qui règnent dans les ténèbres, car elle détient le pouvoir de renverser les trônes et d'ouvrir les yeux des aveugles. Les rois et les prêtres, gardiens de l'illusion, ont combattu la Gnose, la cachant, afin de garder les peuples dans les chaînes de l'obéissance et de l'ignorance.

(Rapporté par Golgotha Samuel dans sa Vérité n°1903)


L’institut Sainte-Sophia était une vaste et belle école bâtie en pierre au commencement du siècle dernier par le luminaire Frédéric Hazard, Pneumatikos de la faculté de Canaan, et Eon du secteur Groening de 870 à 880. Cet établissement était un véritable palais. Chaque élément, des salles de classe à la vaste cour, respirait la grandeur. Depuis le toit, on avait une vue panoramique sur tout Arcadia. Au rez-de-chaussée, dans la salle à manger - une galerie longue et somptueuse - Frédéric Hazard avait déclaré son intention devant les douze Archontes : ouvrir l'éducation à tous les enfants, quel que soit leur milieu social. La salle était ornée de répliques de leurs masques, et la date historique de cet engagement, le 9 aeonis 899, était inscrite à l'entrée en lettres d'or.

Dans les premiers jours du mois de sotéria 930, une heure environ avant le coucher du soleil, trois ombres avançaient d'un pas furtif vers les latrines du gymnase. A l’intérieur, l'air, imprégné d'une odeur âcre de désinfectant, luttait en vain contre les effluves d'urine.

Dos au mur, Anthony, un être petit et frêle, attendait son jugement.

— Tu nous as tellement manqué ! La voix de Romain, empreinte d'une fausse cordialité, rompit le silence. Il se pencha, sa haute silhouette enveloppant le jeune garçon. Alors, tu as ce qu'on t'a demandé ?

Dans un murmure à peine audible, Anthony acquiesça sans oser lever le regard. De sa main tremblante, il sortit 200 arc de sa poche, les tendant avec la révérence que l’on doit à un mauvais esprit.

— Oh, Sainte Sophia ! On t'adore, t'es vraiment notre Pépite ! s'exclama Romain, lui arrachant le précieux papiers avec la voracité d’un vautour.

A côté, Paul Fritz, imposant et sombre, formait un contraste saisissant avec l'humeur de son comparse. C’était un jeune homme de moyenne taille, trapu et robuste, en pleine possession de ses moyens. Ce physique imposant, il le devait aux années passées à travailler, aux côtés de son père, dans les ateliers de la Manufacture. Malgré son jeune âge, ses épais sourcils encadraient un regard dur et froid.

D'un geste autoritaire, il prit le butin des mains de Romain.

— Et les excuses qui vont avec ? dit-il du ton dont on réprimande.

A peine eut-il prononcé ces paroles que, tout à coup et sans transition, il projeta avec mépris les billets au visage de sa victime.

Ce dernier, désemparé, observa les économies de toute une vie virevolter, tels des feuilles mortes. Il pensa aux nombreux sacrifices que son frère avait dû faire pour réunir cette somme, ce qui fit monter un rouge de honte et de colère à ses joues, qu’il fit aussitôt taire :

— P-Paul, je ne voulais pas te vexer... Vous m'avez demandé de l'argent, alors j'ai...

Il s'accroupit précipitamment pour ramasser les billets, mais la botte de Paul s'abattit brutalement sur sa main droite. Un cri étouffé de douleur s'échappa de ses lèvres.

Romain assistait à la scène, qui lui paraissait s'étirer inutilement.

D'une voix hésitante, il intervint :

— Laissons tomber. Nous avons obtenu ce que nous voulions, non ?

Paul le dévisagea un instant, il retint un tremblement.

— Ce que je veux dire, c'est que si quelqu'un nous surprend, on pourrait avoir des ennuis. Mieux vaut régler ça hors de l'Institut, en toute discrétion ! En toute DI-SCRE-TION, insista-t-il précipitamment.

L’expression de Paul, jusqu’alors sombre et dure, s’empreignit d’un mélange de stupéfaction et de doute ; son camarade avait raison. Après un silence tendu, il leva enfin sa botte.

Ce garçon rude n’était pas dépourvu d’intelligence. Il possédait celle propre aux brigands, celle qui écarte les gestes superflus, celle qui enseigne que trois petits méfaits sans conséquence valent mieux qu'un grand coup risqué. Alors, quel intérêt y avait-il à agir ainsi ? Cette simple question le tourmentait. Avait-t-il bien conscience de tout ce qui se passait en lui ? Voyait-il distinctement tous les éléments dont se composait sa colère ? Il exigeait des excuses, de cela il était convaincu. Mais pour quelle faute ? Était-ce en rapport avec le tragique destin de Lenore ? A cette idée, il réagit en secouant la tête avec véhémence. Cependant, la vue de sa victime, se redressant péniblement, déclenchait en lui un élan de fureur, une douleur profonde que seul Anthony semblait apte à apaiser. Dans son cœur, il y avait une plaie et non une cicatrice ; mais il lui manquait, sans doute, un cœur intelligent pour le comprendre.

Paul s’approcha d'Anthony, son visage à quelques centimètres du sien :

— Alors, murmura-t-il, sa voix coupant l'air comme une lame. Tu croyais vraiment pouvoir échapper à ta peine ? Après l'avoir laissé mourir ?! Elle n'est plus là à cause de vous ! A cause de toi !

Le petit garçon effaré le regarda, puis commença à trembler de la tête au pied, et, après quelques secondes de stupeur, se mit à sangloter.

— Ce n’est pas ma faute, je n’étais même pas présent ce jour-là. Je ne savais pas, je ne savais pas ! dit-il comme se parlant à lui-même.

Mais il fut très vite interrompu par un coup brutal porté à son abdomen, le privant durant quelques secondes de souffle. Son estomac vide se contracta violemment. Sans pitié, Paul le frappa à nouveau.

L’embarras de Romain croissait. Il balbutia :

— Paul, ça va trop loin. On risque vraiment d’attirer l’attention !

Mais ses paroles se perdirent, emportées par la fureur de Paul. Chaque coup avivait la rage de ce dernier et éteignait un peu plus la lumière dans le regard d'Anthony.

— La ferme ! Il doit payer ! S’il ne paye pas, qui le fera ?!

Ce dernier, comme possédé, semblait se délecter de sa propre brutalité, son esprit hanté par des visages familiers – son père, sa mère, son frère, et enfin celui de la belle Lenore – défilaient comme des ombres fugitives.

Romain, désormais silencieux, se sentait dépassé par les événements. Il ne saisissait pas comment leur "service", terme qu'il affectionne pour décrire leurs agissements, avait pu dégénérer en un conflit autour d'une camarade disparue. Mais peu importait à ses yeux : il se conformerait aux volontés de son ami comme il l'avait toujours fait. Si cela signifiait acquiescer à ce qu'Anthony soit battu à mort, alors il s'y résignerait. Il appartenait à cette race de tièdes qui se laisse emporter par les courants les plus divers. Parfois, il lui venait à penser que la fin de son frère d’arme serait la sienne.

Depuis quelques minutes, une silhouette se dressait silencieusement derrière les trois adolescents.

— Cela suffit-il à présent ? La voix, bien que douce, portait en elle une autorité incontestable, celle des personnes habituées à commander.

Romain sursauta, détournant brusquement son regard vers l'intrus. Son cœur manqua un battement lorsqu'il identifia la silhouette :

— C-ca-cassandre !

La jeune fille, statue vivante aux cheveux de jais, semblait un spectre échappé de la nuit. Véritable lampade. Elle portait l'uniforme de l'institut : une robe noire qui épousait sa silhouette gracile et accentuait son aura chtonienne. Ses yeux vert émeraude, d'une intensité saisissante, capturèrent le regard de Romain, le faisant chanceler.

Il se retourna vers son partenaire, la peur dans la voix.

— Paul ! Paul ! Paul ! s'écria-t-il, chaque appel devenant plus pressant.

Mais le possédé, en transe et le visage en sueur, continua son cruel rituel. Dans un élan de courage, Romain le poussa.

Ce dernier se redressa, les yeux injectés de sang :

— Quoi encore ?! Tu veux que je m’occupe de toi aussi ! hurla-t-il.

Son regard était de ceux auxquels on ne réplique pas.

— Paul... quelqu'un est là, balbutia Romain, en désignant d’un doigt tremblant l'étrange visiteur.

Paul, d'abord réticent, jeta un œil par-dessus son épaule. La vision de la jeune fille fit s'évanouir son élan furieux. Reprenant son souffle comme après un combat héroïque, les mains tremblantes et le visage couvert de sueur, il afficha un sourire crispé :

— Si tu veux participer, attends ton tour ! Mais bon, les Marchants préfèrent observer, n'est-ce pas ? Bande de sales pervers.

Cassandre, avec une sérénité déroutante, ignora ses paroles et s'avança d'un pas mesuré vers Anthony. Elle jouait distraitement avec ses longs cheveux noirs, une mèche s'échappant entre ses doigts comme un filet d'obscurité ; ses doigts étaient longs, blancs et délicats, ceux d'une jeune fille qui n'avait jamais connu le labeur.

Son regard se posa sur la silhouette d'Anthony, gisant au sol.

— Maitre Ishtar s'inquiète. Vous avez disparu depuis près d'une demi-heure. Mais je vois que vous aviez... une leçon en cours.

Puis élevant la voix, comme après avoir constatée l’étendue des dégâts :

— Paul, je te savais idiot, mais pas au point de frapper à mort un élève au sein même de l’Institut, dit-elle avec une voix teintée d'une froideur aristocratique.

Paul suivit son regard. Il s’écria avec un rire :

— Ah, çà ! A mort ?

Dans ce rire, il y avait de la glace.

Il asséna un nouveau coup de pied à Anthony, qui ne poussa qu'un léger gémissement.

— Hum. J'ai peut-être été un peu loin cette fois. Mais il s'en remettra. Je lui ai rappeler l’un des piliers de la Gnose : le repentir.

Paul fit une pause, et continua avec un ton empreint de lassitude :

— Toi aussi, tu la vois, n'est-ce pas ? Je sais que tu la vois, insista-t-il. Cassandre garda le silence. Qu’importe ! Elle a jeté sur nous tous une malédiction. Romain, ramasse l'argent ! Nous allons au cinématographe, j'ai besoin de me distraire.

Son partenaire, le visage pâle, semblait sur le point de s'insurger, mais fut brusquement interrompu.

— Elle ne parlera pas.

Paul lâcha ces mots avec la froide assurance d'un prophète.

Sur ces mots, le duo s'éloigna.

Libéré du joug de ses oppresseurs, Anthony tenta de se redresser, en vain. C'est alors que la voix de Cassandre, telle une caresse, enveloppa son esprit meurtri :

— Ne lutte pas davantage. Tu souffres, n'est-ce pas ?

Elle s'avança vers lui, ses pas feutrés rappelant ceux d'une mère approchant le lit de son enfant malade. Avec une infinie tendresse, Cassandre s’agenouilla à ses côtés, lui offrant ses genoux comme refuge.

— Tu as eu peur, n'est-ce pas ?

À cette question, un frisson parcourut le corps d'Anthony, et un sanglot étouffé s'échappa de ses lèvres

— Les hais-tu ? ajouta-t-elle d'une voix douce en lui caressant délicatement les cheveux comme un mère.

— N-non, même ça, j-je n’y arrive pas, répondit-il, sa voix teintée de colère envers lui-même.

Un soupir lourd s'échappa de Cassandre, comme le poids d'une vérité accablante.

Sa voix se fit plus douce, murmurant comme si elle se confiait à elle-même :

— Tu as raison. Le principal responsable de tout n'est autre que toi-même. Tu es petit, faible et lâche. Peut-on blâmer un loup de s'en prendre à un agneau ? Mais vois-tu, même en sachant cela, je les hais. Les humains ne peuvent pas oublier leurs émotions, n’est-ce pas ? Avant de croiser le chemin de Lenore, il m'arrivait de m'éveiller avec des pensées macabres, confia-t-elle dans un souffle. "Ah, si seulement le train pouvait dérailler", "Ah, si seulement je pouvais trébucher sur le quai". Qui est las prend le parti de mourir. Et toi, Anthony, à quoi aspires-tu ?

— J-je ne sais pas. Je sais juste que j'ai peur, c'est tout. Peur de l'avenir, du passé, des autres, de moi-même. Lenore… a-t-elle souffert ? A-t-elle eu peur ?

— Non. Elle est partie avec un doux et profond sourire.

— Elle souriait ? reprit Anthony.

— Oui. J'ai réfléchi à sa signification pendant des mois et des mois... La mort est omniprésente, c'est elle qui prédomine dans l'immensité cosmique. La vie n'est qu'une anomalie, tandis que la mort est la constante. Alors, pourquoi sommes-nous en vie ? Dans cette cité, on nous apprend à la vénérer, alors qu'elle n'est peut-être qu'un passage. Lenore le savait !

Anthony enfouit son visage plus profondément dans les genoux de Cassandre.

— Un passage vers quoi ? Le néant ? La Gnose a raison, la mort est la fin, la conclusion inévitable de notre existence. Pourquoi s'attarder sur des chimères ? De ça aussi, j'ai peur.

Sa voix était étouffée par le tissu de sa robe, mais Cassandre le comprit.

— Des chimères ? reprit-elle avec douceur. En effet, c'est ce que Sophia proclama lorsqu'elle redescendit de cette colline : Dieu est mort. Elle a sacrifié sa vie pour avoir énoncé cette vérité. Peut-être que l'Église, en la condamnant à mort, n'était pas dans l'erreur. Car ce que nous considérons aujourd'hui comme une libération n'était, en réalité, qu'une malédiction effroyable : l'existence dans un monde dépourvu de paradis comme d'enfer. Mais sans ces chimères, que reste-t-il aux damnés de la terre ? Que te reste-t-il, Anthony ?

Sur ces mots, elle déposa un tendre baiser sur son front.

Ses paroles agirent comme un sortilège, plongeant Anthony dans un sommeil profond. Il ressentit une étrange sérénité, semblable à celle que l'on éprouve en s'endormant sous une couverture de neige. Dans cette obscurité, la frontière entre rêve et réalité s'estompait. Plus de sensation, plus de conscience, plus de douleur. Seul le goutte-à-goutte d'un robinet fuyant troublait ce calme, tel un cœur battant au loin.

Lorsque Anthony reprit conscience, le froid mordant du sol contre sa joue le ramena à la réalité. Il se souvint alors des événements passés : le visage déformé par la colère de Paul, les cris, les coups, et enfin, le doux murmure de Cassandre.

— Elle est partie, se dit-il, soulagé.

Il s'approcha du miroir et s'observa. Son visage ne portait aucune marque. Il s'y attarda, se scrutant, avant d'être saisi d'un rire grave et inquiétant. Un mot, chargé d'émotions, s'échappa de ses lèvres tremblantes :

— Lâche !

Il quitta les toilettes. L'Institut Sophia, presque désert à cette heure tardive, n'abritait plus que quelques silhouettes furtives. Cela lui importait peu, car il connaissait sa destination : le lieu où Lenore avait fait son choix, six mois plus tôt.

Ses pas, inéluctables, le menèrent au toit de l'Institut, là où le ciel et la terre se confondent. Le parcours, comme dans un rêve, s'accomplit en un instant. Le cœur battant, il s'avança vers l'abîme, hypnotisé par la promesse d'un repos éternel. Le soleil déclinait et touchait presque à l’horizon. D'un geste presque automatique, il franchit la balustrade et se retrouva face à l'immensité d'Arcadia. En son centre, la Tour Neuro dominait, une flèche d'acier perçant les nuages. Autour de ce pilier central, la ville se déployait en douze districts, épanouis comme les pétales d'une immense fleur. Au centre de chacune de ces pétales, un bâtiment en forme d’œuf se dressait. Une forêt de croix noires hérissait chaque toit. Léthé, tel un serpent argenté, traversait la cité, divisant celle-ci en deux parties distinctes. Ses eaux tumultueuses reflétaient la lumière du soleil couchant, créant un spectacle saisissant.

Jamais, la Cité n’avait paru aussi belle à Anthony. Mais la vie, tel un immense feu, dévore tout ce qui est inflammable autour d’elle. Or, autour du garçon, il ne restait plus rien à brûler.

— Quel monde merveilleux ! s’exclama-t-il.

Et, comme pour répondre au garçon, la Tour Neuro fit resonner l’Angelus. C'était le cri de l'homme à Dieu, et le cri de Dieu à l'homme. Suspendu entre rêve et réalité, tel un oisillon, il était sur le point de prendre son envol pour la première fois. Malheureusement, ses ailes faites de larmes et de regrets semblaient incapables de le porter plus loin qu’un unique saut. Mais une force le retint au dernier moment.

— Anthony ! Réveille-toi !

Se retournant, ébloui par l'éclat d'une gemme rouge scintillant au creux d'une croix sombre, il mit un instant à reconnaître l'homme :

— Maître Ishtar ? dit-il l'air étonné, comme sortant d'un long sommeil.

Les cheveux bruns et la peau hâlée du jeune homme formaient un contraste saisissant avec le feu de ses yeux écarlates. Dans son regard, Anthony percevait une détresse véritable.

— Te voici enfin, lança Joshua avec un sourire teinté de tension. Magnifique coucher de soleil, n'est-ce pas ? Mais ce n'est pas une raison pour te tenir aussi près du bord. Si quelque chose te pèse, parlons-en. Mais pour l'heure…

Ces mots semblèrent avoir l'effet contraire sur l'Oisillon. En luttant pour se libérer de l'emprise de Joshua, son visage se crispa et les veines saillantes sur ses tempes trahissaient une profonde détresse.

Anthony, la voix tremblante, balbutia :

— J-je... ne suis pas un lâche !

Un éclair de colère traversa le regard de Joshua.

— Évidemment ! Car tu ne vas pas fuir ! N'est-ce pas ?

Se figeant subitement, l'expression du garçon se transforma en un mélange de douleur et de confusion. Joshua, resserrant doucement sa prise sur le bras d'Anthony, prit une grande inspiration, tentant de contrôler l'émotion qui l'envahissait

— Je ne peux pas imaginer ce que tu ressens. Mais je refuse de te laisser affronter ça seul ! Je ne laisserai personne mourir encore devant mes yeux !

Anthony hocha la tête lentement, et ses yeux brillants de larmes non versées se posèrent sur le vide.

— C'était comme un cauchemar... Je...

Avant qu'il ne puisse terminer sa phrase, Joshua le rapprocha doucement de lui, l'enveloppant dans ses bras. La résistance d'Anthony s'effondra, et il se laissa emporter par l'étreinte apaisante de Joshua.

— Anthony, pardon...

Les mots de Joshua s'éteignirent dans un murmure et l’Oisillon se mit à pleurer à chaudes larmes. Anthony pleura longtemps. Il pleura à sanglots, avec plus de douleur qu’un nouveau-né, tandis que Joshua le serrait contre lui, comme pour le protéger du monde entier.

Au même moment, au centre du secteur Golgotha, une immense horloge émit un grincement. Ses engrenages grincèrent avec une mélancolie discrète, et la grande aiguille, dans un mouvement presque théâtral, marqua une seconde de retard.

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