Comprendre (1)

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Mon air morose se fait sentir j'essaye d'être gentil quand on me parle, mais ils voient bien que je ne suis pas d'humeur. Le vieil homme est allé faire coucher les enfants, les filles dans une maison et les garçons dans l'autre, nous nous serons logés dans la maison ou tout le monde mange, la dernière bâtisse doit-être là ou dort le vieil homme. Nous sommes dans un étage ouvert avec une fenêtre vu que je n'arrive pas à trouver le sommeil je me lève, je remarque que l'un des lits est vide celui de Droposia. Je m'avance vers la fenêtre et l'ouvre, j'observe la nuit étoilée le ciel est saupoudré de rouge :

–Peut-être une lune écarlate ? Tout du moins pour bientôt.

Je sors une vieille pipe de ma sacoche, mamie me l'avait donné il y a bien longtemps maintenant, elle est finement gravée et sculpté on dirait que le bois forme un nuage de fumé, je la remplie de tabac et la dépose entre mes lèvres, cette odeur et cette chaleur m'est familière cela fait un long moment maintenant que je n'ai pas fait cela. Je me détends un peu et fixe l'horizon sans d'autre raison, j'entends des voix étouffées, je regarde autour à la recherche de l'origine des bruits, je les remarque. Ils sont dans le coin de la maison à l'opposé de là ou je suis, j'essaye de tendre l'oreille j'entends des bribes de leur conversation, j'abandonne après quelque seconde. Je suis trop loin pour bien comprendre et surtout j'en ai absolument rien à faire de ce qui se dit.

Droposia :

J'ai beaucoup parlé avec le vieil homme, je connais même son prénom maintenant Nazo, il me parle de chacun des enfants comme quoi ils sont tous différents et qu'ils s'apprécient tous comme une famille, il finit par me parler d'Hélène je lui demande :

–Maintenant qu'on en parle, pourquoi tu m'as fait confiance tout à l'heure ?

–Quand je t'ai vus la première fois c'est cela ? À ce moment-là j'ai juste fait le pari de croire que des brigands ne s'amuseraient pas à soigner quelqu'un qu'il comptait tuer juste après.

–Oui c'est logique en quelque sorte...

–Et aussi ton visage me semblait familier.

–Ton intuition était bonne ...

–Tu as connu la garderie je suppose ?

–Euh ?! Je tourne la tête vers lui, tu y étais toi aussi ?

–Oui cela fait plus de seize ans maintenant.

Un lointain souvenir me revient un passé brumeux, je me souviens de ce moment qui a changé ma vie. C'était dans un endroit qu'on appelait la garderie, il n'y avait que des enfants hybrides, la plupart étaient donnés, d'autre enlevés. On venait tous d'endroits différents tous les hybrides du monde étaient remis à cette "garderie", personne ne savait vraiment qui était à la tête de cette garderie, mais ils étaient suffisamment puissants pour pouvoir enlever des bébés royaux hybrides, mais cette "garderie" existait seulement pour faire des expériences sur nous. Les hybrides sont des sources de questionnement pour les différents scientifiques de ce que je sais il y avait trois phases. La première phase était qu'on nous séparait en plusieurs groupes, la deuxième on nous donnait un numéro comme nom gravé au fer rouge, la dernière était qu'on passait durant plusieurs jours des batteries de test, plus ou moins dur, plus ou moins long à la fin de chacun des tests on nous faisait une piqûre et on recevait un bonbon pour nous récompenser de nos efforts. Je fus très vite séparée des autres enfants à cause de ma nature demi-démone, je fus transférée dans une partie du bâtiment jamais utiliser par les autres enfants. J'étais enfermée dans une pièce blanche, avec des habits noirs pour seul vêtement. Mon seul contact avec l'extérieur était un panier repas et les cris d'un enfant, toujours les mêmes qui traversaient les murs, toujours à la même heure assourdissante et puis un beau jour tout s'est tu. L'heure était passée et aucun bruit, le panier repas n'est pas arrivé et aucun cri, je m'étais recroquevillée dans un coin de la pièce attendant quelque chose, quelqu'un, un signe, mais rien il s'est passé une heure ? Deux ? Trois ? Peut-être même une journée entière puis ma porte s'est ouvert avec fracas. Je relevai la tête, la porte était pliée en deux le couloir était en feu, une silhouette d'enfant sortant de nulle part m'ordonna :

–Sort d'ici ! Les adultes ne sont pas tous morts !

–Pour aller où ? Nous n'avons nulle part où aller de toute manière !

Il courut vers moi et me tira le bras :

–Il faut savoir saisir sa chance tant que cela soit possible, nous somme les derniers enfants hybrides ici.

Nous nous sommes enfuis puis plus rien, j'avais juste mal au dos. À mon réveil j'étais au soin urgent du Hie Exercitus, Nazo continue :

–Mais n'en parlons pas, il lève la tête vers le ciel, tu t'en sors durant les lunes écarlates ?

–J'arrive à me maîtriser et généralement je suis celle qui assomme ceux qui perdent le contrôle, je regarde dans la même direction que Nazo, c'est vrai qu'elle est prévue dans pas longtemps.

–Moi j'ai toujours autant de mal même après tant d'année, j'ai toujours réussi à ne pas dépasser les bornes et les enfants ... ont juste eu un peu peur la première fois, c’est aussi à cause de cela que j’ai coupé mes cornes.

–Je sais que c'est indiscret, mais tu as quel âge j'avais entendus dire qu'il laissait les adultes hybrides partir.

–C'était juste pour donner de l'espoir aux enfants qui faisait des burn-out, ils vous faisaient des choses horribles pour que vous oubliiez ce qui vous attendait, les adultes hybrides communs faisaient différents travaux manuels, les hybrides qui étaient rares eux étaient soit vendus aux enchères, soit ils étaient parqués dans les labos souterrains.

–Il y avait un labo souterrain ?

–C'était juste un grand souterrain il n'y avait qu'un seul étage.

–Tu étais dedans ?

–Dès le début, j'ai réussi à cacher ma véritable nature, ils m'avaient classé dans la catégorie normale ont faisait des travaux partout du coup on voyait un peu ce qui se passait, jusqu'au jour où j'ai eu un accident et ma jambe fut broyé, je fus mis en tant qu'agent d'entretien je nettoyais après les expériences et ...

–Et ?

–Je devrais m'en arrêter là, le reste est entre moi et numéro 001.

–Un enfant à un chiffre ?

–Ouais les enfants à un chiffre ne sont pas marqués au fer rouge, ils avaient un collier autour du cou avec leur numéro marqué dessus.

–Je n'ai connu que des enfants avec trois chiffres du moins jusqu'à ce qu'on me sépare et qu'on m'enferme.

–Alors tu ?

–Oui, je soulève la manche qui recouvre mon bras droit, pour laisser entrevoir mon numéro, numéros 013.

–Oui les demi-démons sont plutôt rares, tu as dû en voir des atrocités.

–Je m'en souviens pas, je me rappelle juste de cette pièce blanche et de ces cris tous les jours à la même heure, j'en fais encore des cauchemars !

–Ils devaient te droguer tu n'aurais pas été capable d'endurer ce qu'ils te faisaient, les cris ça devait probablement être numéro 001.

–Tu sais ce qu'il est devenu ?

–Non au moment de l'explosion nous avons été séparés, mais je suis sûr qu'il s'en soit sorti.

–Une explosion ?

–Ouais un joli feu d'artifice ! C'était risqué, mais il était prêt à tout pour ne plus être torturé, l'explosion a laissé ses cicatrices sur moi, je suis devenue en partie aveugle ce jour-là, je distingue presque plus les visages.

–Dur.

–Je tenais à m'excuser aussi pour tout ce que j'ai fait.

–Pourquoi ? Tu te sens coupable ?

–Un peu.

Il n'en dira pas plus je change de sujet :

–Tu penses que ça ira ? Par rapport à ta vue ?

–Tant que je peux entendre et sentir ça me va, mais mon odorat à lui aussi baissé en efficacité, je n'ai pas réussi à te sentir dès ton arrivée avec Hélène.

–Déjà ?

–Ouais je suis vieux et nous ne vivons pas bien longtemps.

–Bientôt la fin ?

–J'en ai encore pour dix ans tout au plus.

–Tu as peur ?

–Je n'ai pas peur de la mort, j'ai réussi à vivre malgré ce funeste passé et à faire ce que je voulais durant ces seize ans, mais je doute, je me demande comment vont faire les enfants sans moi et les futurs abandonnés.

–Il y a quelqu'un pour prendre la relève ?

–Je ne me vois pas demander à quelqu'un de le faire et aucun enfant ne veut rester ici éternellement.

–Moi aussi je doute.

–Tu aimerais reprendre le flambeau ?

–Non ce n'est pas cela, je ... nous avons une lourde tâche à accomplir et ...

–Tu ne sais pas comment appréhender la fin ?

–Notre voyage est semé d’embûches et on risque de mourir au moindre moment d'inattention et même si on a pas eu trop de problème pour l'instant, le jour ou on sera dans la merde, je ne saurais pas comment réagir, j'ai toujours fait des missions en solo, rarement en duo et jamais en groupe, je ne sais pas comment je vais réagir pour la faim.

–La faim ? Tu veux dire le goût ?

–Il y a ça aussi, mais j'ai toujours cette impression que quelqu'un me broie l'estomac de toujours avoir cette faim qui me ronge de l'intérieur.

–Que t'ont-ils fait ?

–Tu n'es pas affecté par ce phénomène ?

–Non, qu'est-ce que tu prenais durant tes repas à la garderie ?

–Je sais plus, maintenant j'utilise ma main ou je prends ce sucre.

Je lui montre ma sacoche, il la prend et regarde minutieusement un morceau de sucre :

–Intéressant, il lèche le morceau, ils t'ont dit les effets ?

–Ils ont résumé par "ça calmera ta faim".

–Hum ... cela à l'air d'être plus une drogue qu'autre chose, ça calme ta faim effectivement, mais doit y avoir des effets secondaires.

–Qu'est-ce que je devrais faire ?

–N'en prends plus pour l'instant, utilise plutôt ton pouvoir.

–On croise plus trop de monstre ces derniers temps.

–Parce que les membres du Hie Exercitus ont des scrupules ?

–Comment tu le sais que je suis du Hie Exercitus ?

–Je suis vieux pas aveugle !

–Bah si justement ...

–C'était juste ta tenue et pour ta question de tout à l'heure, tu devrais juste rester toi-même et tu réussiras à outrepasser tes doutes.

–Être soi-même ?

–Tu es une demi-démone, alors agis comme tel.

–Ouais, il faut que j'accepte ma nature de démone, pff pourquoi il faut qu'il ait raison.

–Qui ?

–Ed. Je tourne la tête vers l'étage de la maison, c'est lui qui me disait qu'il fallait que j'accepte ma nature, je vois une lueur bouger au niveau de la fenêtre et de la fumée en sortir, c'est qu'un crétin qui à un sérieux problème au cerveau.

–Le demi-immortel hein ? C'est un hybride intéressant, je me demande s’il y était lui aussi.

–Il est amnésique enfin c'est ce qu'il dit, il ne parle pas souvent de lui un peu comme le reste du groupe, il faut croire qu'on arrive pas à se faire confiance les uns les autres.

–Et pourtant vous êtes ensemble pour une quête dangereuse apparemment, si vous ne vous faites pas confiance vous risquez fortement d'échouer.

–Ouais ... tu as totalement raison, mais comme je l'ai dit, je sais pas travailler en équipe et faut dire que je ne suis pas vraiment doué pour les interactions sociales

–Tu t'en tires très bien avec moi.

–Effectivement ... Je vais essayer de faire des efforts et parler avec les autres.

–C'est une sage décision pour votre groupe.

–Je ne le fais pas pour le groupe.

Je me lève et lui tourne le dos :

–Hum ?

–Je le fais pour moi.

–Tant que tu sais ce que tu fais ...il se lève... sur ce bonne nuit.

Il s'en va :

–Bonne nuit.

Erdrick :

Ils partent chacun de leur côté c'est la fin de leur petite discussion, elle revient et rentre dans la maison elle monte les escaliers qui nous sépare et arrive lentement vers moi :

–Tu nous espionnes ?

Je souffle en disant :

–Franchement, j'ai autre chose de plus intéressant à faire !

–... À part fumer et regarder le ciel, tu fais quoi d'intéressant ?

–Rien ! J'appréciais le moment.

–Je devrais arrêter de douter.

–De moi ?

–De vous tous, je devrais vous faire plus confiance si nous voulons avoir des chances de réussir la quête qui nous a été confié.

–Bonne chance ! Y a du chemin à faire, même si notre quête nous oblige à bien nous entendre, se faire confiance c'est autre chose.

–Si on s'y met ensemble on devrait pouvoir réussir.

–Ça aurait des chances si chacun de nous avouait ses petits secrets, serais-tu prête à te mettre à nu devant tout le monde ?

–Je pense que j'aurais quelque réserve, mais je suis prête à tout pour vivre même si pour cela il faut que l'on me déteste.

–Quelle est la raison. De ce soudain changement de comportement ?

–Que veux-tu dire par là ?

–Il y a encore quelques heures tu serais restée là à écouter, sans vouloir t'approcher tel un animal apeuré, en faisant tout pour ne blesser personne et te voilà maintenant devant moi en train de défier notre destin.

–Quel mal y a-t-il à cela ?

–Aucun justement ...

–Et ?

–Tu devrais commencer par Maeve, c'est je pense la personne la plus apte à te faire confiance.

–Merci pour l'info.

Je descends de la bordure de la fenêtre et me dirige vers mon lit :

–Je vais me coucher sinon quelqu'un va encore devoir me porter.

–Bonne nuit dans ce cas.

–Hum ... J'espère.

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