Chapitre 4
Chapitre 4
Lorsqu'elle pensait à Yvan, dorénavant, c'était avec dégoût. Elle ne supportait plus son odeur, son corps, sa voix, sa manière même de lui faire l'amour. Dès que ses mains se posaient sur sa peau, elle serrait les dents à s'en faire mal à la mâchoire et essayait de toutes ses forces de penser à autre chose. Mais comment aurait-elle pu se refuser ? Il n'avait jamais supporté l'idée même qu'on puisse lui dire non. Alors Lana faisait semblant, jouait la comédie, par la force des choses. Et lui, obnubilé par son seul désir, ne semblait rien remarquer. Cependant, depuis quelques jours, elle s'était enfin décidée à lui avouer que tout était fini entre eux.
Mais combien de fois avait-elle pris cette décision, en vain, fléchissant au dernier moment ? Où trouver le courage de se confronter à lui ? Lana savait par expérience qu'il n'hésiterait pas à se servir de ses poings. Elle estimait avoir eu de la chance jusque-là : quelques contusions, une côte cassée, plusieurs sutures au niveau des lèvres et du menton. Cette «bonne fortune» ne durerait pas éternellement. Pour s'être renseignée sur le sujet, elle savait qu'en France, une femme mourait tous les trois jours sous les coups de son compagnon et elle ne voulait pas faire partie des prochaines statistiques.
Et pourtant, si elle se rendait dans le commissariat le plus proche et expliquait sa situation en détail, la jeune femme était presque persuadée que ceux qui l'auditionneraient ne pourraient s'empêcher de sous-entendre à demi-mot «qu'il n'y avait pas de fumée sans feu» et Lana n'était pas prête à écouter ce discours. De toute façon, comment ces hommes auraient-ils pu comprendre le calvaire qui était le sien ? S'étaient-ils jamais mis à la place d'une femme ? Comment parviendraient-ils à la protéger ?
Ce dont elle était sûre, c'est qu'il ne la lâcherait pas et la traquerait où qu'elle aille. Jamais il n'accepterait de lui rendre sa liberté. Lana lui appartenait, elle était sa chose. Elle en avait, bien évidemment, parlé à Stéphane, mais il était loin d'imaginer la violence dont Yvan pouvait faire preuve. Il ne comprenait pas ses réticences à le quitter et mettait ses tergiversations sur le compte de sentiments encore bien réels à l'égard de son mari. S'il avait su...
Judith, à l'origine du fameux rendez-vous de sa belle-fille avec Stéphane, avait par la suite cessé tout contact avec lui. Mais dévorée par la curiosité, elle n'avait pu s'empêcher de questionner son fils. Comment allait sa bru ? Était-elle revenue à de meilleurs sentiments ? Étonné qu'elle s'en préoccupe autant, il avait fini par lui répondre sèchement que tout allait bien entre eux, sa femme semblait enfin rentrer dans le rang !
Mais au fond de lui, contrairement à l'aplomb qu'il affichait, il n'en était pas persuadé. En effet, depuis quelque temps, il la trouvait différente, comme absente. Bien des fois, il avait eu le sentiment désagréable de l'interrompre dans ses rêveries. Et ce petit sourire qu'elle arborait quand elle n'avait pas l'impression d'être observée... En vérité, il sentait qu'elle lui échappait et cela le mettait dans une rage folle !
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