Chapitre 2
A peine arrivée, je voyais Emma qui me faisait de grands signes, l’air toute excitée. Quand elle était comme ça c’était qu’elle avait une grande nouvelle à annoncer. Enfin grande… Selon son échelle à elle.
La dernière fois qu'elle m'avait annoncé une catastrophe, c'était son esthéticienne qui avait loupé sa manucure.
Pas très grande mais fine, avec ses cheveux bruns, ses grands yeux noisette et son assurance à toute épreuve, elle en avait fait fuir plus d’un, pourtant si on savait y faire, elle avait vraiment un cœur en or.
A nous voir ensemble, on pouvait se demander comment on se supportait. Et pourtant, c'était un duo qui fonctionnait. Elle, extravertie et hyper sociable, et moi, plutôt froide et pratico-pratique.
— Elena ! Tu ne devineras jamais la nouvelle de ce matin !
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Nous avons un nouveau prof de statistique !
— Génial, il était temps. Ça fait quand même 2 mois qu’ils ont virés le précédent. Ils ont déjà reprogrammé tous les cours ? Parce que ça en fait pas mal à rattraper et je vais certainement devoir voir avec le boulot pour m’arranger !
— Pff tu ne penses vraiment qu’à ça ma chérie ! Attends de le voir et tu reverras tes priorités. Il est vraiment trooop canon.
Qu’est-ce que je disais … Je levais les yeux au ciel et soupirais. Nous n’avions pas tout à fait la même échelle d’évaluation. Je voulais avant tout finir mon année pour m'assurer un job correct derrière. Elle, elle draguait tout ce qui bouge. En même temps, elle savait qu'elle était destinée à succéder à son père à la tête de l'entreprise familiale. Elle avait eu la chance de naître avec une cuillère en argent dans la bouche. Pour autant, elle n'était pas prétentieuse.
— Emma, tu sais bien que je n’ai pas le temps pour ça. L’important c’est que ses cours soient bien faits. Je suis là pour un diplôme, pas pour un mec.
— Faudrait que tu te décoinces ! Mais tu verras par toi-même, on commence par lui.
Assises au dixième rang de l’amphithéâtre, elle était déjà en train de baver. Je voyais plusieurs autres groupes de filles en train de glousser. Les cruches du fond. Elles s’étaient mises devant et étaient en train de se remaquiller. Quand celles-là s’y mettaient, c’était que leur cible valait le coup d’œil. Sinon, elles ne se donnaient même pas la peine de venir. Bon ok, elles ne manquaient à personne.
— Mesdemoiselles, messieurs, votre attention merci. Je suis Axel Heron, votre nouveau prof, comme on vous en a informé.
Je finis de sortir mes affaires avant de le regarder, et à ce moment je dus admettre qu’Emma et les cruches n’avaient pas minimisé l’effet qu’il provoquait. Sa voix grave gardait une touche de sensualité, elle donnait envie de l’écouter, et plus si affinités. Et ce physique qui allait avec, les cheveux noirs légèrement ébouriffés, les yeux bleus, le t-shirt qui laissait voir ses bras musclés. Il devait faire près des deux mètres et avoir la trentaine, il avait plus la carrure d’un militaire que d’un prof d’éco, son regard sauvage ne faisait que renforcer cette impression. Est-ce que sa peau était aussi douce que ce qu’elle paraissait ? J’y ferais bien courir mes mains tient.
Oula il fallait que je me ressaisisse, je n’avais pas le temps pour ça et de toute façon, qu’allait-il bien pouvoir faire d’une étudiante alors que vu son allure, il pouvait visiblement avoir toutes les bimbos qu'il voulait à ses pieds ? Soyons réalistes.
Au moins son cours serait calme, en tout cas du côté des filles, il suffisait de tourner la tête pour voir tous ces yeux papillonnants. C’en était pathétique, un beau gosse et elles ne tenaient plus en place dans leurs petites culottes, enfin quand elles en avaient.
Il nous observait les uns après les autres, son sourire en coin indiquant qu’il était parfaitement conscient de l’effet qu’il produisait. Pourtant ses yeux restaient froids. Il nous fixait chacun dans les yeux quelques secondes. Nous étions une cinquantaine et il prenait le temps d’établir sa domination, c’est comme ça que je le ressentis. J’entendis Emma pousser un soupir quand ce fût son tour. Et dire que j’allais devoir entendre cela pendant un an, heureusement que je l’adorais.
Et là ce fût à moi, je ne voulais pas lui donner la satisfaction de baisser les yeux. J’avais beau être plutôt timide je n’étais pas un mouton docile qui cède au premier regard. Je fus bien obligée de le regarder, de plonger mes yeux dans les siens, me perdre dans cette immensité bleue. Aussi bleu qu’un ciel sans nuage, aussi profond que la pleine mer, un délicat mélange de tout cela. Je ne savais pas comment j’avais pu remarquer tout cela en quelques secondes, pas un tressaillement de sa part ne me fit penser qu’il avait pu ressentir la même chose que moi. Je devais me faire des idées.
-- Wahou je pense que tu lui fais de l’effet ma chérie, chuchota fébrilement Emma
Je secouais la tête en levant les yeux au ciel à cette remarque.
Le reste du cours se passa remarquablement bien, il était clair et concis. Comme je m’en doutais, bien que ce fût un cours de 4h, nous entendions à peine un mot de temps en temps. J’avais parfois l’impression de sentir son regard peser sur moi, mon imagination sans aucun doute. A croire que malgré tout mes beaux discours, je n’étais pas totalement insensible à son charme. Pensive, je me mordillai les lèvres.
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