Moments emprisonnés
HAZEL : J'ai trouvé de vieilles photos de moi.
ANNE : Je veux absolument les voir !
HAZEL : Tiens. Sur celle-ci, il y a mon oncle, ma tante et moi. Le blanc et noir de la photo renforce une nostalgie familiale passée.
ANNE : Cette photographie me procure de douces sensations auditives.
HAZEL : C'est-à-dire ?
ANNE : Quand je la regarde, j'entends le vent qui achemine sa course dans les hêtres, les enfants qui crient sur la place du village et la lointaine mélodie des vagues.
HAZEL : Je n'arrive pas à entendre.
ANNE : Ferme les yeux et imagine. Le vent dans les hêtres. Les enfants sur la place. La mélodie des vagues.
HAZEL : Le monde dans lequel tu vis est fascinant. J'aimerais faire revivre des moments emprisonnés, comme tu le fais si bien.
ANNE : Ne crois-tu pas qu'il est mieux de laisser certains instants dans le passé ?
HAZEL : Si, mais certains instants méritent qu'on leur redonne la flamme de l'existence.
ANNE : Oui. Mais leur beauté s'éteindrait. Leur passage soudain n'égayerait pas l'instant unique. Ils ne vivraient que par cupidité humaine et travers temporel.
HAZEL : Lorsque tu m'embrasseras, je voudrais tout de même revivre ce baiser pluvieux indéfiniment, ne pas le figer dans le temps, qu'il soit immortel comme la gaieté du printemps.
ANNE : Parce que je vais t’embrasser ?
HAZEL : Je ne sais pas. Tu le voudrais ?
ANNE : Tu n’aurais pas besoin de faire revivre ce baiser indéfiniment, je t’en offrirai plein d’autres qui auront une saveur éternelle.
HAZEL : Waouh, Anne. Tu ne m’as pas répondu. Tu voudrais m’embrasser ?
ANNE : Seulement si ce n’est pas le dernier.
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