Piano magique
ANNE : Je ne veux pas parler aujourd'hui.
HAZEL : Comment te sens-tu ?
ANNE : Je me sens immobile, dans un brouhaha constant. J'aimerais que le monde soit silencieux quand il devient trop bruyant.
HAZEL : Qu'est-ce que le silence t'apporterait ?
ANNE : Le calme, l'apaisement brusque, la descente de la pression auditive, juste pouvoir reprendre son souffle.
HAZEL : Ne peux-tu pas le faire dans un endroit plus silencieux qu'une terrasse de café ? On peut aller ailleurs si tu veux, dans une librairie par exemple.
ANNE : Ça ne changerait rien. Le bruit serait dans ma tête.
HAZEL : J'ai une idée. Tiens, mets ce casque.
ANNE : Okay. Tu as des initiatives perturbantes parfois.
HAZEL : Attends, tu vas voir. Écoute bien.
…
HAZEL : Ça fait le même effet à tout le monde.
ANNE : C'était magique.
HAZEL : Alors, ce vacarme ?
ANNE : Disparu, perdu dans les notes poétiques du piano. J'ai pu respirer. Ressentir la vie. Et te voir vraiment.
HAZEL : Et qu-as-tu vu ?
ANNE : Une fille dont les doigts se resserrent autour des miens, une fille au prénom qui chuchote des promesses, une fille qui ne m'abandonnera peut-être pas.
HAZEL : Je ne t'abandonnerai pas.
ANNE : Ne dis pas des choses aussi fausses.Tu m'y emmènes à cette librairie ?
HAZEL : Oui, bien sûr. Je pourrai y acheter Vers la beauté.
ANNE : Je t’ai donné envie de le lire ?
HAZEL : Non, mais je veux goûter à ton univers, à ce qui touche ton cœur. Je veux te connaître, Anne.
ANNE : Si tu savais comme j’aimerais ne pas me connaître, moi.
HAZEL : Je veux assez te connaître pour deux. Jusqu’au moment où tu voudras te connaître, nous ferons en sorte de cesser le chaos bruyant de ton esprit.
ANNE : Je suis sûre que commencer par prendre ma main aiderait.
HAZEL : C’est une demande ?
ANNE : Je dirai plutôt une invitation. Je ne connais pas le chemin. De la librairie.
HAZEL : Viens, je te guide et tiens, je t’offre ma main un moment.
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