Chapitre 2
Les oiseaux cueillirent des branchages, apportèrent des feuilles mortes. Tous travaillèrent avec courage. Et comme le travail n'est vraiment efficace que si le travailleur est bien nourri, Belle cueillit un gros tas de délicieuses herbes pour les ouvriers.
Enfin, au soir, comme tous les travailleurs étaient bien fatigués, le rossignol se percha non loin d'eux et chanta sa jolie romance pour les réconforter. Il est vrai que lui-même n'avait rien à craindre de la chasse (les hommes ne tuaient jamais les rossignols) . Mais il tint tout de même à manifester sa solidarité à ses frères et soeurs de la forêt : jamais sa voix ne fut plus mélodieuse que ce soir-là.
Ensuite chacun rentra et chez lui pour dormir, épuisé par cette journée.
Le lendemain les animaux se hatèrent de retourner à leur chantier : à vrai dire ils furent bien déçus de considérer le résultat de leurs efforts à la lumière du soleil ... Cela n'avait guère avancé :
- Nous n'arriverons jamais à creuser assez profond, se lamenta Zip. La chasse ouvrira avant que nous soyons prêts.
Même Pimpin se décourageait un peu. Il avait les membres endoloris et bien du mal à crreuser encore... Quant à Pimpinou, il avait la fièvre et avait dû rester au terrier ce matin. D'ailleurs ce n'était qu'un enfant et il n'avait encore que peu de force...
"Nous aurions bien besoin d'aide ! pensait Zip, nous ne sommes pas assez nombreux !"
Tout à coup, on le vit s'approcher de Pimpin et lui chuchoter quelque chose à l'oreille. Puis tous deux s'éloignèrent à bonds rapides en direction de la ferme.
Un peu plus tard, il se trouvaient dans le jardin potager de la fermière, devant les hautes grilles des clapiers. Depuis longtemps, on disait, dans la forêt, qu'il y avait au village des lapins qui vivaient en prison. Pourtant, Zip et Pimpin furent étonnés de les voir : ils étaient gros et gras, mais leurs regards étaient éteints. Comme ils avaient l'air de s'ennuyer ! Certains mâchonnaient tristement une herbe sèche, d'autres somnolaient dans leur coin.
- Psst, psst, fit Zip pour attirer leur attention.
- Coucou le lapin !
Tu ne mangeras plus de foin !
Suis-moi dans la prairie,
Et tu auras des pissenlits !, lança Pimpin.
Etonnés, les prisonniers s'approchèrent des grilles :
- Comme vous avez de la chance, d'être libres ! se plaignit une lapine noire. Il paraît que le monde est si vaste !
- Veux-tu le connaître ? Je te délivre ! A une condition cependant...
Et Pimpin expliqua aux lapins de la ferme ce que faisaient leurs collègues des bois et à quoi ils pourraient être utiles.
Tous acceptèrent d'apporter leur aide, sauf un seul, mais les autres confièrent à Pimpin et à Zip que c'était un vieux ronchon, et que de plus, il était un peu fou.
Ouvrir les cages ne fut pas chose facile. Pimpin dut faire la courte échelle à Zip, qui tomba trois fois du dos de son ami. Enfin, parce qu'il était très agile, le lièvre parvint à dégager les clavettes et les prisonniers furent libérés !
Ils bondissaient de joie au milieu des choux et des salades en criant : "libres, libres, nous sommes libres !" Il fallut même que Pimpin leur rappelle combien il était dangereux de rester dans le potager où la fermière pouvait venir d'une minute à l'autre.
Tous ensemble, ils franchirent la haie, traversèrent le pré, et ne tardèrent pas à atteindre la chère forêt.
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