Chapitre 11 (partie 2)
Royaume d’Héllibore. Galiorn.
Le son grave d’une sirène se répercuta de plus en plus intensément, le genre de son qui annonce le risque d’embrasser la mort. Nelson sauta immédiatement de son lit. Il savait parfaitement ce que cela signifiait : des largages de poussières explosives. Ce genre d’attaque mené par l’usurpateur était fréquent mais à fuir au plus vite. Quiconque respirait cette poussière rouge mourait dans la dizaine de minute à suivre suite à l’éclatement des poumons.
Connaissant la procédure par cœur, pour l’avoir déjà tant de fois réalisé, il courut rejoindre le laboratoire. Une vague d’êtres vivants submergea les couloirs, les transporteurs étaient sollicités à chaque instant. Les gens vivant en ville, dans les villages et autres, arrivaient par les tunnels souterrains. Les entrées d’air se fermèrent et la ventilation s’arrêta déclenchant à la place le générateur d’oxygène.
Par obligation le médecin ainsi que le personnel du secteur des éteints devaient rester auprès de leurs recherches et des jeunes enfermés dans les compartiments. Cinq gardes accoururent en renfort aux scientifiques. Tous s’activaient. Quelqu’un hucha à Nelson :
— Surveilles les éteints, moi je vais aux médicaments !
— J’y vais, affirma le médecin.
Nelson passa en revue chaque éteint afin de s’assurer de leur sécurité. On pouvait voir dans leurs yeux qu’ils sentaient que quelque chose se tramait, néanmoins le gaz les affaiblissait trop pour qu’ils ne réagissent. Beaucoup dormaient dont H-14.
Les gardes distribuèrent une arme à feu aux chercheurs en cas d’éventuelle infiltration. Une fois le protocole respecté, Nelson tira profit de ce moment au laboratoire pour continuer sa piste sur un antidote malgré les bombardements.
Il sortit son calepin de sa poche et parcourut absolument toutes les pages noircies de ses idées ratées et incomplètes.
Il y a un an les scientifiques y avaient tous crus à ce remède miracle. L’idée en soi était plutôt bonne, ils pensaient réellement l’avoir trouvé de plus l’éteint qui servait de cobaye réagissait bien. Tellement bien même qu’il était parti avec un air apaisé. Nelson était convaincu que le problème venait du dosage des solutions et qu’un ou divers ingrédients manquaient.
La veille il en avait profité pour disposer de nombreuses plantes médicinales avec un échantillon de sang d’un des éteints. Les plaquettes de tests se trouvant dans son bureau il partit les chercher après s’être assuré que les gardes se montraient aussi attentifs que lui.
Avec le matériel en main il s’installa à une table de façon à avoir à l’œil chaque individu puis entama ses analyses et comparaisons. Ses résultats étaient formels, la florambely attaque directement le poison mais cette plante qui, certes, peut guérir, affaiblit grandement.
Un bip répétitif et strident commença à s’affoler. Sans réfléchir Nelson chercha le clignotant rouge au-dessus d’un des compartiments. Il s’empressa de rejoindre la cellule d’où provenait la complication et découvrit la rouquine inconsciente et toute rouge. Des soignants le rejoignirent en urgence. Deux entrèrent avec des masques tandis que les autres aménagèrent l’espace alentour.
— Amenez-la ici ! Vite ! s’agita Nelson.
Ils déposèrent la jeune fille sur un lit blanc flottant qu’ils réglèrent au niveau le plus bas afin d'avoir un meilleur accès à H-14.
— Comment sont son pouls et sa ventilation ?
— Pouls et ventilation absents. Il faut entamer une réanimation cardio-pulmonaire immédiatement !
— Massage cardiaque tout de suite ! Et 1, et 2, et 3, et 4…
— Envoyez l'oxygène.
— On a intérêt à la sauver c’est celle en qui nous portons le plus d’espoir en ce moment ! fit prendre conscience Nelson.
— On sait. Prêt à charger ?
— Chargez ! Toujours rien. On continue !
L'équipe médicale fit de nouveau un massage. Tandis que les impulsions parcourant H-14 depuis quarante minutes claquaient la tête de la jeune fille contre la planche matelassée, Nelson passa sa main dans sa barbe naissante, signe d'une grande anxiété. H-14 était à ce jour une mine d'espoir dans ses recherches, il ne pouvait la laisser ainsi mourir. La voire inerte malgré les nombreux chocs délivrés le rendait fou. Il se remémorait chacun des visages similaires à cette rouquine qu'il avait eu en face de lui : des mines évanescentes aspirées par la mort. Un nouveau bond pris otage du corps.
— C’est bon, on la tient ! s’exclama un des soignants soulagé. Son cœur est reparti. Son pouls et sa ventilation aussi mais ils restent faibles.
— Appliquez les soins nécessaires, ordonna Nelson en s’affaissant sur une chaise. Je veux qu'elle soit en pleine forme le plus rapidement possible. Il me faudra aussi un constat sur les séquelles de cet arrêt cardio-respiratoire. Tenez-vous prêt s'il y a la moindre rechute.
Le personnel s'activa sous les ordres de Nelson. Celui-ci avait, en plus, sollicité l'aide d'une délivreuse qui gardait à l’œil la rouquine et serait présente à ses côtés jusqu'à son rétablissement.
— Merci délivreuse Janeesy.
La jeune femme brune s'empara du lit flottant abritant l’éteint qu’elle dirigea vers une autre pièce, non sans un sourire bienveillant adressé à H-14.
De son côté Nelson réfléchissait toujours plus. Comment cela était-il arrivé alors que les constantes d'H-14 se distançaient des autres éteints au mieux. Quel était l'origine de cette détresse ? Pourquoi si subitement ?
— C’est étrange tout de même ce qu’il vient de lui arriver, marmonna Nelson. Il n'y a pas d'explications logiques. Elle est pourtant censée être plus résistante alors comment se fait-il que…
Une illumination soudaine emplit les yeux du médecin.
— Oh ! Elle s’est risquée à faire ça ! Elle est bien déterminée et surtout intelligente. Mais surtout... Comment a-t-elle bien pu faire cela ?
— Dîtes-nous, réclamèrent les autres chercheurs et médecins qui tentaient de saisir les paroles de Nelson.
— Je ne sais comment mais cette petite est parvenue à provoquer son arrêt cardio-respiratoire. Cela peut paraître fou seulement comme je vous l'ai déjà dit cette fille est exceptionnelle. Elle est capable de choses qu'aucune autre personne ne peut et qui sait ce qu'elle est capable de faire d'autre ?
— Certes, mais de là à penser que ce soit elle qui a fait cela j'en doute. Pourquoi un éteint voudrait-il mourir ? Ils ne sont pas programmés pour se tuer mais pour nous combattre. La seule chose qu'ils ont en tête est de servir cet usurpateur de malheur, contesta un autre chercheur.
Chacun des scientifiques se disputaient pour savoir qui était le plus à même d'avoir la réponse. Les avis restaient diversifiés, départager les opinions devenait une aventure fastidieuse. Nelson reprit tout de même le dessus de ce capharnaüm.
— Calmez-vous ! En effet cette petite nous pose bien des problèmes et questions, si nous continuons à nous disperser ainsi nous n'avancerons pas. Je propose que chacune de vos idées soient rapportées dans une salle que je vais dédier uniquement à l'étude d' H-14. Ainsi on y verra sûrement plus clair.
Aussitôt dit on put voir tous les chercheurs approuver d'un signe de tête ce que proposait Nelson. Celui-ci les conduisit dans une pièce avoisinante.
— Cette salle n'a pas de réelle utilité, c'est donc ici que nos observations sur la jeune fille auront lieu.
D'un pas certain Nelson approcha un tableau holographique et y inscrivit sa thèse : « H-14 a provoqué son arrêt, après avoir fait semblant de dormir en nôtre présence, dans le but probable de mourir ou bien afin de nous forcer à tester un prototype d’antidote sur elle. » Une fois le raisonnement digne d'une bombe écrit sur le tableau, les autres scientifiques abordèrent un regard incertain.
— Ce n’est pas possible qu’elle puisse penser à tout cela sous l’effet du gaz !
— Ne la sous-estimez pas. Je suis certain qu’elle est capable de bien plus. Bien, assez de temps perdu ! Chacun à son poste je vous prie, recommanda Nelson.
A peine eurent-ils le temps de mettre un pied devant le premier que la voix d’Edyson White, le général, s’éleva dans le palais entier.
— L’ennemi vient de cesser ses frappes aériennes. Nous vous rappelons qu’il est strictement interdit de sortir à l’extérieur pour votre sécurité et celle de votre entourage pendant les deux jours à venir. Les résidus de poussières explosives sont encore actifs ; nos experts font tout leur possible pour que vous puissiez retourner chez vous au plus vite. Nous ne déplorons aucun mort pour le moment. Si quelqu’un manque à l’appel venez nous l’informer au bureau des urgences. La salle commune est libre pour ceux ne vivant pas dans le château, vous y trouverez tout le nécessaire pour les deux journées. Ne cédez pas à la panique.
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