CHAPITRE XVIII : LARS - UN PAS EN AVANT, UN PAS EN ARRIÈRE (2/2)

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Ses mains se mirent à trembler violemment comme à chaque fois que son esprit osait s'aventurer vers l'horrible possibilité qu'il n'y avait plus rien à faire et que Leo était... Non, non, non, Lars secoua brutalement la tête et força son cerveau à se concentrer sur autre chose. L'instant présent, oui voilà, penser à l'instant présent ! Penser à Leïv !



Et Lars ne put s'empêcher de ressentir une pointe d'agacement à l'idée que le dieu était sûrement en train de copuler avec Saint Aldiem à cet instant précis. Non pas qu'il soit jaloux, ce n'était pas du tout son genre ! Enfin, sauf avec Leo... Avant de le rencontrer, Lars n'avait jamais été exclusif. Pas d'attache, chacun était libre de faire ce qu'il voulait. Leïv pratiquait clairement la même politique, et ça ne le dérangeait pas plus que ça. C'était même mieux ainsi... Mais Aldiem, franchement ?! Depuis ce fameux petit déjeuner, Lars ne pouvait plus le voir en peinture. Sa tête niaise l'horripilait à un point !



Pas question de retourner dans cette foutue chambre pour les retrouver en plein ébat ! Ils avaient intérêt à faire vite, Lars était tellement fatigué qu'il serait bien capable de s'endormir sur place...



— Bon, tu veux bien me dire ce qui ne va pas... encore ?



La voix de Leïv le ramena sur terre. Il s'était effectivement assoupi sans même s'en rendre compte. Il ouvrit paresseusement un œil et trouva le dieu adossé contre l'encadré de la porte, les sourcils légèrement froncés. Et Lars ne put s'empêcher de le trouver très sexy comme ça...



Et nous y revoilà, grommela la petite voix dans sa tête. Ce type vient sûrement de fricoter avec l'autre Sainte Nitouche, là ! N'as-tu donc aucune dignité ?!



— Aldiem et toi vous regardez comme deux chats prêts à s'égorger, lança justement le Lion en s'avançant dans la pièce. Autant lui, je comprends qu'il te déteste à cause de ce que tu lui as fait, autant toi, j'ai du mal à voir ce que tu lui reproches.



— Pitié, ne me compare pas à un chat, j'ai une sainte horreur de ces bestioles, soupira Lars en agitant mollement une main dans sa direction. Enfin, toi et... Vous êtes l'exception qui confirme la règle, j'imagine.



— Je ne suis pas un chat, je suis un lion, ce n'est pas pareil, lui rétorqua-t-il sur un ton rieur.



— Ah bon ? Si tu le dis, murmura le sorcier en haussant les épaules. Il le fixa ensuite pendant un instant avant de se passer lentement la langue sur les lèvres. Et maintenant, viens me rejoindre, veux-tu ? J'ai besoin qu'on me frotte le dos...



— Tu es sûr de vouloir tenter ta chance ? répondit Leïv en agitant ses griffes dans un geste sensuel, ce qui lui arracha un petit sourire. Si c'est comme ça que tu espères détourner mon attention...



— Tais-toi et viens près de moi, exigea Lars en faisant la moue. Je te promets d'être très sage...



Mais qu'est-ce que tu fais ? s'écria aussitôt l'horripilante petite voix avec indignation. Si ce n'est pas une invitation, ça... Tu es en train de perdre la tête ! Tout ça pour...



Hop, au coin madame la moralisatrice ! La vérité, c'est qu'il ne savait pas du tout ce qui lui prenait. Ce dont il était sûr en revanche, c'est qu'il en avait envie, c'est tout. Au diable sa conscience... et Saint Aldiem aussi, tiens !



Il reporta alors son attention sur Leïv qui le regardait d'un air indescriptible. Impossible de deviner ce qu'il avait en tête ! Un véritable coffre blindé.



— Toi, sage ? Ce serait bien une première ! lâcha-t-il soudain dans un éclat de rire.



Il ne se fit cependant pas prier pour le rejoindre, après s'être déshabillé. Et Lars fut plus que ravi d'être aux premières loges pour ne rater aucune miette du spectacle.



— Et maintenant, frotte mon dos... ordonna-t-il lorsque le Lion fut enfin à ses côtés. S'il te plait, crut-il bon d'ajouter avec mauvaise foi.



— Eh bien, j'ai failli refuser, mais puisque c'est demandé si gentiment...



Sur ce, il plaqua sa main entre ses omoplates et la fit glisser jusqu'au creux de ses reins, appuyant volontairement le bout de ses griffes contre sa peau. C'était terriblement sensuel et Lars ne put retenir un petit soupir de contentement en fermant les yeux, pendant que Leïv continuait de le caresser... euh frotter, oui, oui, frotter. Ses doigts remontèrent lentement sur ses épaules, puis effleurèrent avec douceur sa nuque, son cou... ils continuèrent ce petit manège pendant encore de longues minutes jusqu'à ce que les lèvres du dieu finirent par remplacer ses paumes, pour le plus grand plaisir du sorcier.



— Il faut vraiment qu'on parle, murmura Leïv contre sa peau frissonnante au bout d'un moment.



— Mmmmmm, non, plus tard, on a tellement mieux à faire, là... répliqua Lars d'un ton autoritaire en se tournant vers lui pour presser son corps nu contre le sien et l'embrasser.



Je croyais que tu étais fatigué ! intervint encore la petite voix avec irritation depuis le fin fond de son cerveau. Mais il était beaucoup trop occupé pour lui prêter attention. Il attrapa les cheveux de Leïv à pleines mains pour prendre entièrement possession de ses lèvres si addictives, tout en se collant davantage contre sa peau ardente...



— Mais... j'ai des choses à te demander... Au final... je ne sais rien de toi, alors que moi... je t'ai déjà tant confié... sur moi et mon fardeau... protesta son compagnon sans grande conviction alors que le sorcier faisait lentement courir le bout de sa langue sur sa mâchoire, puis dans son cou.



— Quoi ? Tu veux me faire passer un interrogatoire ? Tu as des menottes, au moins ? J'adore ça, plaisanta-t-il au moment où il se redressait pour le regarder d'un air amusé.



— Non... Mais je crois que je peux y remédier...



— Ah oui ? demanda aussitôt Lars en faisant glisser ses doigts le long de ses bras, puis dans son dos. Il esquissa un petit rictus ravi en sentant le Lion frissonner sous ses caresses... jusqu'à ce que, subitement, celui-ci le repousse doucement.



Quoi ? Mais non !



— D'abord on parle, et après je te montre...



— Tu n'es pas drôle, ronchonna Lars en s'écartant de lui, franchement vexé.



On ne la lui avait encore jamais faite, celle-là ! C'était encore pire que de se prendre un vent !



— Ne fais pas cette tête, bien sûr que j'ai envie de toi, mais j'ai envie de te connaitre aussi...



— Quoi ? Tu vas m'inviter à dîner ? grinça le jeune homme en le fusillant du regard.



— Eh bien pourquoi pas, tiens, puisque tu le proposes ? C'est comme ça que les humains font, non ? Et à ce que je sache, ça leur réussit pas mal. Je suis au courant que je suis incapable de manger, mais je voudrais faire les choses bien... Ce n'est absolument pas dans mes habitudes, et l'exception est tombée sur toi, ''pas de chance'', tu dois te dire...



Lars écarquilla les yeux de surprise. Il ne s'était pas du tout attendu à cette réponse donnée avec tant de candeur... Mais alors, pas du tout !



— Tu es sérieux, là ? Tu veux vraiment... qu'on dîne ensemble ? demanda-t-il, l'air perplexe.



— Si ça me permet de mieux te connaître, bien sûr. Sauf si... c'est une méthode trop intrusive, ou personnelle, ou je ne sais quoi qu'un humain pourrait mal prendre ?



— Je... eh bien, c'est vrai que... c'est... bizarre... mais pourquoi pas. D'accord, dînons ensemble ! répondit le sorcier sans même y réfléchir à deux fois.



Le visage du Lion s'illumina tellement à cette réponse qu'on croirait réellement y voir un soleil. Et Lars ne put, à son tour, retenir un sourire de contentement, tant sa bonne humeur était contagieuse. Il en oublia presque le vent qu'il venait de se prendre.



— Merveilleux ! J'attendrais ce moment avec une grande impatience ! Maintenant...



Leïv se rapprocha à nouveau de lui, aussi soudainement qu'il s'en était séparé, l'ingénuité dans ses yeux ayant fait place à un désir brûlant.



— ... Où en étions-nous, déjà ?

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