19. Celui qui cultive un jardin - Axel
I just want flowers and
Lillies and lilacs will you tend to me at night
petals on my bed cause I already said that
I just want flowers and sex
Je veux juste des fleurs et
Des lys et des lilas, veux-tu t’occuper de moi la nuit
Des pétales sur mon lit parce que je l’ai déjà dit
Je veux juste des fleurs et du sexe
Emeline, smle - flowers & sex
Jeudi 17 juin 2021
Depuis que Liang est venu chez moi, les choses sont étranges entre nous. On ne s’est pas revus, mais même par message je sens le malaise. J’ai essayé de lui en parler, mais il me soutient que tout va bien. Je n’arrive pas à savoir si c’est lié à moi ou s’il traverse une mauvaise période, mais je déteste ça. Si j’ai merdé, je ferais ce qu’il faut pour arranger les choses. Et s’il a des problèmes, je veux être là pour lui.
J’ai envie, non, besoin de le voir. Il me manque.
Trente minutes plus tard, je suis devant chez lui, décidé à régler le problème. Au pire, si je le soule, il me mettra dehors, mais je dois le voir et lui parler.
J’ouvre le petit portillon en bois et entre dans le jardin. Une femme d’un certain âge, toute vêtue de mauve, est en train de jardiner. Je la salue de loin.
— Bonjour, je viens voir Liang.
Elle me fait signe d’approcher
— Je ne crois pas te connaitre, me dit-elle en me dévisageant.
— Non, pas vraiment, enfin, on s’est juste croisés, je suis Axel. J’ai beaucoup entendu parler de vous !
— Pas moi.
Je ris à sa blague, mais en voyant son visage figé, je ne suis pas sûr qu’elle plaisante.
— Pardon. Je suis un ami. On fait les trajets ensemble pour la fac… Je voulais le voir.
— Il ne m’a rien dit. Vous aviez rendez-vous ?
Elle a un énorme sécateur à la main qu’elle referme sur une tige et couic !
— Non… j’étais dans le coin et…
Son regard est le même que celui de Mei : inquisiteur. Elle sait ! Et merde, pourquoi est-ce que j’essaye de mentir, alors que je suis nul à ce jeu.
— J’ai bien peur que tu ne sois venu pour rien.
— Oh, tant pis, c’est ma faute, j’aurais dû prévenir. Est-ce que vous pouvez lui dire que je suis passé ?
Elle acquiesce. Je m’apprête à faire demi-tour, lorsqu’elle m’interpelle.
— Attends un peu, tu as l’air costaud. Tu veux bien m’apporter le sac de terreau qui se trouve dans l’abri de jardin ?
— Bien sûr !
Je regarde autour de moi, un peu perdu. Elle m’indique une direction. Derrière les bambous, il y a effectivement une petite cabane en bois. La porte est ouverte. L’intérieur est petit, mais bien rempli. Une accumulation d’objets qui donne un côté insolite au lieu. Des outils accrochés à des clous sur le mur de droite, au fond des pots de toutes tailles, des tuyaux d’arrosage, des tuteurs, des bouts de ficelles. Et au sol, le sac de terre, qui est bien plus gros et bien plus lourd que ce que j’avais imaginé. Je le charge sur mon épaule en me demandant comment la grand-mère fait habituellement. Puis je ris tout seul en imaginant Mei soulever ce sac, sans difficulté, elle a une force incroyable !
Heureusement, la grand-mère de Liang porte un chapeau de paille et une tenue colorée, ça me permet de la repérer au milieu de la végétation. Je n’ai jamais vu un jardin comme ça. Je la retrouve dans un potager, ce lieu est vraiment plein de surprises, j’adore !
— Oh, mais c’est trop cool, vous faites pousser vos propres légumes ?
— Oui, me répond-elle avec un fier sourire.
Je dépose le sac dans un coin et observe.
— Salades, poireaux… et ça c’est des radis ? demandè-je.
— Oui, tu veux en gouter un ?
Elle arrache un gros radis bien rose, le passe sous le robinet, l’essuie avec un tissu et me le tend. Je croque dedans à pleines dents et j’ai immédiatement la bouche en feu.
Elle rit en me voyant grimacer.
— Ça pique !
— Oui, ceux-là sont un peu forts, je les fais mariner.
Dans un coin, je remarque des petites plantes en pot qui attendent.
— Vous allez planter quoi ?
— Ce sont mes semis, explique-t-elle. Des choux Pak Choï, des tomates et des aubergines.
— Vous avez besoin d’aide ?
J’écoute attentivement ses consignes qui sont très précises. Mamie Wang sait ce qu’elle veut ! Je commence par arracher les mauvaises herbes. Puis, armé d’une bêche, je m’applique à retourner la terre.
— Vous vous êtes disputés ? me demande-t-elle soudain.
— Avec Liang ? Non… mais…
Je cherche mes mots, moi-même je ne suis pas sûr de savoir ce qui se passe, alors comment l’expliquer ?
— Il s’est passé quelque chose ? me questionne-t-elle.
— Pas vraiment. Enfin… peut-être un malentendu. Je suis là pour arranger les choses et m’assurer qu’il va bien !
Cette fois, je la regarde, je veux qu’elle sache que je suis sincère et qu’elle peut avoir confiance en moi.
— Liang a peu d’amis, ajoute-t-elle, inquiète.
— Ça, c’était avant ! Depuis son retour à la fac, il en a ! Liang est un mec super.
— Oui, mais peu le comprennent et l’acceptent vraiment comme il est. Mon petit-fils peut s’avérer solitaire et il est parfois complexe.
— Ça tombe bien ! Parce que moi, je suis la simplicité même ! On est complémentaires !
Elle sourit et je réalise mon sous-entendu.
— Parler est souvent une bonne solution, conclut-elle. Bien, maintenant on va installer ces planches-là sur le sol pour faire comme un chemin.
— Et marcher dessus sans se foutre de la terre partout ! C’est malin !
Lorsque je mets les pieds d’aubergines en terre, je ne peux pas m’empêcher de me marrer. Je l’aide ensuite à nettoyer les outils et à tout ranger dans l’abri de jardin.
Passé la déception de ne pas pouvoir parler à Liang, j’ai passé une bonne après-midi. Gratter la terre c’est vraiment relaxant. De plus, j’étais heureux de faire connaissance avec sa grand-mère, elle est marrante, je suis sûr qu’elle s’entendrait super bien avec mes grands-parents.
— Merci pour ton aide, me dit-elle.
— Avec plaisir, c’était cool ! Est-ce que je pourrais revenir voir quand ça aura poussé ? demandè-je.
— Oui, bien sûr ! Et puis un bon assistant c’est précieux, je risque de faire de nouveau appel à toi !
— N’hésitez pas !
Elle dit une phrase dans une langue que je ne comprends pas.
— Ça signifie : « Celui qui cultive un jardin cultive le bonheur. »
— C’est beau ! dis-je en souriant. Je m’en souviendrais. À bientôt !
Je me dirige vers la rue.
— Tu vas partir comme ça ? me gronde-t-elle.
— Euh… pardon, on a oublié quelque chose ?
— Ce pour quoi tu es venu ! Parler avec Liang !
— Il est rentré ? Je ne l’ai pas vu !
— Il n’est jamais sorti, dit-elle avec un petit rire.
Je comprends qu’elle m’a fait mariner, comme ses radis.
Je sonne à la porte et c’est Mei qui m’ouvre.
— Axel ? Qu’est-ce que tu fais là ?
J’entre d’un pas tranquille, mais assuré.
— Je viens voir Liang.
Je l’aperçois, il est là dans le salon, juste à côté. Et le sourire qu’il m’adresse me rassure aussitôt. Il se lève et vient me faire la bise. Il passe sa main sur ma tête.
— Tu étais en forêt ? Tu as plein de trucs dans les cheveux.
— Non, j’ai donné un coup de main à ta grand-mère dans le potager.
Mei me fixe toujours d’un air curieux et Liang se met à rire.
— Tu t’es fait exploiter ?
— Alors au départ, elle m’a un peu fait peur avec son sécateur, mais après on a sympathisé et j’ai proposé mon aide ! C’était cool ! J’ai appris plein de choses !
— Tu dis qu’il n’y a rien qui t’intéresse, mais dès que tu es dehors, entouré de plantes, tu es heureux.
— C’est vrai, dis-je songeur. Et ta grand-mère a dit que j’étais un bon assistant !
— Elle t’a laissé faire les plantations ? demande Mei.
— Oui ! dis-je tout fier.
— Bravo, ajoute-Liang. C’est rare qu’elle laisse des gens toucher à son potager. Viens…
Je le suis jusque dans sa chambre. Je sors de mon sac une tablette de chocolat.
— C’est pour toi, dis-je en lui tendant.
— Au lait et aux noisettes ! Mon préféré !
— Jai pas trouvé celui à la carotte.
— Normal, il est très rare, tout comme celui aux glands.
Nous éclatons de rire.
— Désolé de débarquer comme ça, mais… tu me manquais et j’avais envie de te voir.
— Ah, j’ai cru que tu rendais visite à ma grand-mère ?
Il s’est assis sur son lit et m’invite à le rejoindre.
— Est-ce que tu vas bien ? lui demandè-je.
Son visage change légèrement, comme s’il reprenait cet affreux masque qu’il affichait la semaine dernière.
— Oui, dit-il, mais le cœur n’y est pas.
Je m’en veux un peu d’insister, mais j’ai besoin de savoir.
— T’es sûr qu’on est ok tous les deux ?
— Oui.
Juste oui, mais il ne me demande pas pourquoi. La question ne l’étonne pas. Ce qui prouve que j’avais raison, il y avait bien un truc.
— Liang, si je t’ai blessé, j’en suis sincèrement désolé.
— Tu n’as rien fait de mal.
Cette réponse avait l’air plus spontanée, mais alors, pourquoi cette distance ?
— Écoute… lui confiè-je. Je sais que je peux être too much. Si jamais je suis trop collant, trop tactile, trop envahissant… j’aimerais sincèrement que tu me le dises. Si tu as besoin d’espace, je comprends.
Il se rapproche de moi et passe son bras autour de mes épaules. Je me laisse glisser contre lui. Son contact est tellement agréable que je ferme les yeux pour apprécier complètement le moment.
— Axel, tu es trop plein de choses, c’est vrai, mais c’est pour ça qu’on t’aime.
— Pour ma connerie ?
— Aussi ! Mais surtout pour ta bonne humeur, ta gentillesse, ton humour…
— Ma belle gueule ?
— Oui et ton corps sexy…
Il dépose un baiser sur ma joue.
— Moi aussi, je suis désolé. J’ai cru que c’était plus facile de te fuir que de te parler… mais je me suis trompé. Toi aussi tu m’as manqué.
C’est à mon tour de déposer un baiser au coin des lèvres. Liang s’écarte soudain et pendant deux secondes j’ai peur d’être allé trop loin. Puis j’entends Xin et je comprends.
— Axel ! T’étais vraiment caché sous le lit ?
Avant que je puisse comprendre la question et y répondre, elle pousse un cri de joie et me saute dans les bras.
— Dis… Tu sais pourquoi les canards sont toujours à l’heure ? me demande-t-elle tout excitée. Et Liang tu dis rien !
— Euh… parce qu’ils sont dans le coin ?
Liang éclate de rire et Xin me fixe, perplexe.
— Nan… parce qu’ils sont dans les temps. Mais pourquoi le coin ?
— Dans le coin, expliquè-je, ça veut dire pas loin, et les canards font coin-coin.
Son regard s’illumine et elle rit.
— Ah ouais, elle est pas mal aussi !
— Moi je préfère la version d’Axel, dit Liang.
Ça la laisse songeuse quelques instants.
— Faut que je la raconte à Nainai, savoir laquelle elle préfère ! Vous dites rien !
Elle repart aussi vite qu’elle est venue.
— Wouah c’est tout le temps comme ça chez toi ?
— Non, là c’est calme, ricane-t-il. D’ailleurs, la revoilà…
— T’aimes les crêpes ? demande Xin en sautant sur le lit.
— Ça a un lien avec les canards ?
— Mais non ! Des crêpes qu’on mange ! explique-t-elle.
— Alors oui, j’adore les crêpes !
— C’est moi qui ai préparé la pâte ! J’ai bien écrabouillé les grumeaux !
Elle me montre ses muscles !
— Bravo, la félicitè-je.
— Alors c’est d’accord ? Tu restes manger avec nous ?
— Euh, je veux pas vous déranger…
Je jette un regard en direction de Liang.
— Tu ne déranges pas, dit-il. Au contraire.
— Au contraire ! répète Xin.
— Alors oui, je veux bien… avec plaisir !
Elle pousse un cri de joie qui me vrille les tympans.
— Je vais dire à Nainai que tu as dit oui.
La voilà repartie.
— C’est des crêpes chinoises ? demandè-je à Liang.
— Non des crêpes bretonnes. Tu sais, on ne mange pas que des plats chinois, répond-il, amusé.
— Tu es sûr ?
— Sur l’origine des crêpes ?
— Nan…
Il rit.
— Oui, je suis sûr, reste.
***
Les crêpes sont délicieuses.
On joue ensuite tous ensemble aux Aventuriers du rail. C’est un jeu de plateau où il faut développer sa compagnie de chemin de fer. Malgré le fait que j’arrive bon dernier et Mei nous massacre, je passe un excellent moment.
— Ta famille est tellement cool, dis-je à Liang lorsqu’on se retrouve de nouveau seuls dans sa chambre.
— Oui, je les adore.
— Je crois que ça fait bien dix ans que j’ai pas fait un jeu avec mes parents.
Je me sens un peu nostalgique.
— On peut te prêter la boite si tu veux.
— Oui, pourquoi pas, ça peut être sympa ! En parlant de prêter, tu veux que je te prête d’autres pierres ?
Il jette un coup d’œil vers sa table de chevet.
— Ça n’a pas marché ? demandè-je. T’as pas aimé ?
— Je ne l’ai pas encore regardé.
— Oh… ok…
— Je le ferai !
Il ouvre le tiroir de sa table de nuit et en sort le fameux foulard. Il semble se perdre quelques instants, si bien que je me demande s’il est en train d’avoir une vision, mais il le range et se tourne de nouveau vers moi.
— J’ai vu d’autres choses, l’inconnu a eu plusieurs amants. Il y a une fille aux cheveux verts et à la peau noire, le foulard lui appartient. Ça te dit quelque chose ?
— Non, mais je peux demander autour de moi. Pourquoi ?
Il se passe la main sur le visage, puis explique.
— J’aimerais vérifier qu’elle va bien.
— Tu crois qu’il lui a fait du mal ?
— Je ne sais pas, mais c’est une piste pour vérifier. Ce dont je suis sûr c’est qu’il efface leurs souvenirs. Mais je ne sais pas comment ni pourquoi.
— Est-ce que tu crois que c’est un genre de… chasse ?
L’idée du prédateur sexuel me fait frissonner.
— Oui, c’est possible.
— Ça se trouve, il m’a déjà baisé et je l’ai oublié.
Liang fronce les sourcils.
— Je déconne.
Mais ma connerie ne me fait pas rire, l’idée me terrifie.
— Il est dangereux ?
— Je ne sais pas. Je me demande si c’est volontaire de sa part ?
— Comment ça ?
— Je n’ai aucune certitude, mais j’ai envisagé que c’était une sorte de malédiction, déclenchée par le sexe.
— Attends… tu veux dire que lorsqu’il fait jouir quelqu’un, la personne l’oublie ? T’imagines l’horreur ? Le mec est un dieu du sexe et personne ne le sait !
Je ris, mais là encore c’est pour essayer de faire fuir ma peur.
— Dans ce cas là, demandè-je, pourquoi il continue, parce que c’est super glauque pour ses partenaires !
Liang approuve d’un hochement de tête.
— Tu penses que c’est quoi ? le questionnè-je.
— Peut-être un satyre.
— Ok… donc si je vois un joyeux barbu, des cornes, des pieds de bouc et une bite énorme… je me méfie ! C’est noté !
***
Samedi 19 juin 2021
Je suis en vacances. Tristan va mieux. Les choses sont redevenues normales avec Liang. La vie est belle !
Axel : Hello, j’ai mené l’enquête sur la fille aux cheveux verts, mais j’ai rien trouvé.
Liang : mince ca me semblait une piste intéressante
Axel : a croire que toutes les filles aux cheveux colorés ne sont pas à Arc-en-ciel
J’ai passé la soirée chez Tristan. En rentrant, chez moi, j’ai un petit moment de stress en entendant du bruit dans la cuisine. Puis je me rappelle que pour une fois, mes parents ne sont pas partis en week-end. Mais c’est quand même étonnant qu’ils ne soient pas couchés, il est bientôt minuit. Je les entends parler à voix basse.
— C’est moi, lancè-je en rangeant mes chaussures.
Ma mère vient à la rencontre.
— Bonsoir Chéri.
— Comment ça se fait que vous êtes encore débout ? Vous avez fait des folies ?
— Non, on t’attendait.
Je sais que certains parents ne peuvent pas dormir tant que leur progéniture n’est pas rentrée au nid. Heureusement pour eux cela n’a jamais été le cas de mes parents, d’où mon étonnement.
— Pourquoi ?
— On doit te parler, me dit-elle.
Je la suis dans la cuisine. Elle s’assoit et me fait signe de faire de même. Ses yeux sont rouges. Mon père, quant à lui, a l’air tendu et évite mon regard. Je commence à me demander ce que j’ai fait.
On se retrouve tous les trois autour de la petite table dans une ambiance pesante.
— Qu’est-ce qui se passe ? demandè-je. Quelqu’un est mort ?
Je regrette aussitôt mes paroles en pensant à mes grands-parents.
— Non, tout le monde va bien, me rassure ma mère. Mais on doit te parler d’une chose importante.
— Les capotes ? Ça fait un moment que j’ai trouvé la notice !
— Tu peux pas être sérieux deux minutes ? gronde mon père.
— Ok… Qu’est-ce qui se passe ?
— Nous allons divorcer, annonce-t-il.
Je les regarde l’un après l’autre, puis je ricane.
— Arrêtez vos conneries !
Mais comme aucun ne réagit, je commence à flipper.
— C’est quoi le délire ? Papa nous fait une crise de la quarantaine et se tape une collègue ?
Mon père serre les dents. De plus en plus nerveux, je me lève d’un bond.
— Non, mais c’est pas vrai ! Mais qu’est-ce qui s’est passé ? Et toi tu dis rien ? demandè-je à ma mère.
— Non je suis au courant, nous en avons parlé. Et j’ai aussi quelqu’un.
Je me laisse retomber sur ma chaise, sonné.
— Alors là, j’hallucine. Vous essayez de me faire croire que vous êtes un couple… comment ça s’appelle ? Libertin ?
— Axel…
Ma mère essaye de parler, mais je continue à cracher ma colère. J’ai besoin que ça sorte.
— Vous allez dans les clubs échangistes aussi ? Et après, vous vous permettez de me faire des réflexions ?
— Tu ne comprends rien. Ça n’a rien à voir avec toi, me réprimande mon père, ce sont des histoires sérieuses !
Je ris nerveusement.
— Sérieux, je vois, pas comme moi ! Ahh ben super ! Si tout le monde est content comme ça, ben continuez ! C’est quoi le problème ?
— Non, ce n’est plus possible, dit ma mère. Tu n’as pas besoin de connaitre tous les détails, c’est notre vie. Mais tu peux comprendre…
— Non, hurlè-je, je ne comprends rien à votre délire.
— Axel, gronde mon père. Change de ton ! On dirait un gamin pourri qui fait sa crise ! Que ça te plaise ou non, c’est notre décision, tu n’as pas ton mot à dire. Tout ne tourne pas autour de toi ! T’es censé être adulte maintenant ! Alors grandis !
— Non je ne veux pas être grand ! Oui je suis égoïste ! Et j’en ai rien à foutre ! Vous ne vous séparez pas ! On reste ici tous les trois !
— C’est impossible, dit ma mère.
Les larmes coulent sur mes joues.
— Mais pourquoi ?
Mon père se lève, il pose une main sur mon épaule. Je le repousse.
— Parce que tu vas avoir une petite sœur, lâche-t-il.
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