20. Deuxième étoile à droite et tout droit jusqu’au matin - Liang
I guess Peter Pan was right
Growing up's a waste of time
So I think I'll fly away
Set a course for brighter days
Je suppose que Peter Pan avait raison
Grandir est une perte de temps
Alors je pense que je vais m’envoler
Fixez le cap pour des jours meilleurs
Anson Seabra - Peter Pan Was Right
Samedi 19 juin 2021
Axel : Hello, j’ai mené l’enquête sur la fille aux cheveux verts, mais j’ai rien trouvé
Liang : mince ca me semblait une piste intéressante
Axel : a croire que toutes les filles aux cheveux colorés ne sont pas à Arc-en-ciel
J’ai essayé d’ignorer Axel, mais c’est impossible. Déjà parce que je pense beaucoup trop à lui. Ensuite parce qu’il a tout simplement débarqué chez moi, il était inquiet.
Il a eu un petit moment un peu étrange, puis les choses sont redevenues naturelles entre nous. J’ai réalisé à quel point il m’avait manqué.
Liang : On se voit toujours demain ? On va se balader ?
Je garde le téléphone en main un moment, espérant une réponse qui ne vient pas. Il passe la soirée avec Tristan. Il faut que j’arrive à l’accepter sans que je sois aigri, sinon ça va me bouffer.
Au moment de me coucher, j’ouvre le tiroir de ma table de nuit et prends le foulard. Mais cette fois-ci j’hésite. Est-ce que j’ai vraiment envie de ça ? Qu’est-ce que ça m’apporte si ce n’est encore plus de frustration ? J’échange le foulard contre la pierre prêtée par Axel : le Quartz hématoïde.
Allons explorer sous terre.
Je tiens délicatement la coque dans la main et le passe devant la lumière, comme Axel me l’a montré. Les cristaux sont translucides. Je souris en voyant les paillettes à l’intérieur. Cette pierre est comme lui, pleine de surprises.
Je la tiens ensuite entre mes deux mains, ferme les yeux et laisse les souvenirs apparaitre. Ce qui arrive en premier, c’est l’obscurité, puis la fraicheur et enfin ce silence intense. Le noir complet. Rien ne respire, rien ne bouge. Le calme absolu.
Puis j’entends une petite mélodie, au départ, je la trouve un peu agaçante, car elle trouble ma solitude. Une lumière aveuglante, mes yeux mettent quelques instants à s’habituer. Petit à petit, je découvre ce qui m’entoure. Il a changé tout mon monde, bougé mes limites. Les murs humides de la grotte, le plafond aussi haut que celui d’une cathédrale. Les couleurs apparaissent, toutes les teintes du rouge à l’orange. Il chante, je ne reconnais pas l’air. Il se penche au-dessus de moi, il porte un casque équipé d’une lampe, des mèches de cheveux humides s’en échappent. Ça lui donne un look assez improbable, mais son sourire est toujours aussi charmant. Des mains chaudes qui me caressent, puis m’observent.
— Magnifique ! Toi tu viens avec moi !
Je me retrouve dans une poche, tout contre lui, l’odeur de sa peau. Je me sens au chaud, apaisé et je ne veux plus jamais le quitter.
Je vais peut-être me faire mal, mais tant pis je prends le risque. Je ne veux pas laisser mes peurs paralyser ma vie. J’ai envie de passer du temps avec Axel, même si je sais que les choses n’iront pas plus loin.
***
Dimanche 20 juin 2021
Je suis tiré de mon rêve par un bruit étrange. J’allume la lumière. Tout semble calme, si bien que je me demande si ce n’est pas mon cerveau qui me joue des tours. Au moment de me recoucher, je l’entends de nouveau. On toque à l’extérieur. J’ouvre les volets roulants puis la fenêtre.
— Mei… tu peux pas passer par la porte ? râlè-je. Je dormais bien !
Mais ce n’est pas Mei.
— Si tu voulais esquiver ma grand-mère, à cette heure si, elle est au lit…
— Pardon de te réveiller… dit Axel.
— Je crois que je dors encore. J’étais en train de rêver de toi.
Je pose ma canne et lui tends la main pour l’aider à enjamber la fenêtre, puis je referme.
— Tu rêvais vraiment de moi ? demande-t-il.
— Oui, on prenait un gouter au fond d’une grotte avec des créatures magiques.
— Wouah, ça avait l’air cool ! Désolé de gâcher ce moment… j’aurais aimé être avec toi.
Il sourit légèrement, mais maintenant que j’ai repris mes esprits, je comprends que quelque chose cloche. Pourquoi est-ce qu’il débarque comme ça en pleine nuit ? Il est essoufflé, légèrement en sueur comme s’il venait de courir. Il regarde tout autour de lui, mais sans vraiment fixer son regard.
— Axel, ça va ?
Il baisse les yeux et fait non de la tête. Je pose ma main sur sa joue. Sa peau est froide.
— Est-ce que… tu veux un calin ? demandè-je.
Pour toute réponse, il se colle contre moi si fort qu’il manque de me faire tomber. Je referme les bras autour de lui, de plus en plus inquiet.
— Quelqu’un t’a fait du mal ?
— Non… Est-ce que je peux juste rester un peu comme ça ? Après je te laisse tranquille.
Je ne veux pas qu’il me laisse tranquille, mais je ne proteste pas. Je passe ma main dans ses cheveux, ils sont humides.
— Pardon… je suis tout crado, gémit-il. À chaque fois que tu veux me faire un câlin, je pue !
— On s’en fout, dis-je en le gardant contre moi. Et non, tu ne pues pas.
Bien qu’il soit un peu plus grand que moi, il pose sa tête sur mon épaule et cache son visage. Il tremble légèrement.
— Tu as froid ? Tu veux un sweat ? proposè-je.
— Non, ça va. Et merci pour le calin, dit-il en se détachant de moi. J’en avais besoin.
— Avec plaisir, murmurè-je. Quand tu veux.
— Pardon de te réveiller comme ça en pleine nuit. J’ai pas vraiment réfléchi… je me suis retrouvé là, devant ta fenêtre.
— Probablement une connexion avec mon rêve !
Je souris et essaye de me montrer rassurant, mais ça ne semble pas suffire.
— Axel, tu as bien fait de venir. Si tu as envie de parler, je suis là. Et si tu n’as pas envie de parler, je suis là aussi.
— Merci, souffle-t-il.
Je ne veux pas le brusquer, mais j’ai peur pour lui. Je tire sur la couette pour refaire rapidement mon lit, je m’installe dessus et l’invite à me rejoindre. Il s’assoit en tailleur à côté de moi.
— Mes parents vont divorcer, dit-il d’une voix cassée. Je viens de l’apprendre… et… je…
Il secoue la tête, ses poings se serrent, ses yeux se mettent à briller.
— Et tu es sous le choc, complétè-je. C’est normal.
— Je ne sais pas quoi faire !
— Dans ce genre de situation, malheureusement, tu ne peux pas faire grand-chose.
— Oui ! Je subis et je dois fermer ma gueule ! Mon père m’a également annoncé que je vais avoir une petite sœur… J’imagine donc qu’il va partir de la maison. De son côté, ma mère a aussi quelqu’un… et si… si elle part vivre avec ? Qu’est-ce que je vais devenir ?
— Ce sont tes parents, ils ne vont pas t’abandonner. Ils te proposeront surement de vivre avec l’un ou l’autre.
Il secoue la tête et proteste.
— Non ! Je ne veux pas avoir à choisir entre mes parents ! Je ne veux pas vivre avec des inconnus ! Je ne veux pas de petite sœur… et surtout je ne veux pas partir de chez moi ! J’ai toujours vécu dans cet appart ! C’est chez moi ! Ma chambre ! Je ne veux pas que les choses changent ! Je ne veux pas grandir.
Les larmes coulent sur ses joues. J’attrape un mouchoir que je lui tends. Il se mouche bruyamment puis soupire.
— Je ne veux pas que ma vie change ! J’aime pas le changement.
— Je comprends, moi non plus. Mais je t’assure que tu vas t’adapter. Ta mère t’a dit qu’elle n’allait pas garder l’appartement ?
— Non… mais…
— Je comprends ta frustration, mais attends de voir comment ça va se passer avant d’imaginer le pire.
— Oui… tu as raison.
— Ce n’est pas de toi dont il s’agit, c’est leur histoire qui est finie, mais ce sont toujours tes parents et ça, ça ne changera jamais.
Il approuve d’un nouveau hochement de tête. Je me laisse glisser un peu plus sur le lit. Il pose sa tête sur mon torse. On reste un moment silencieux, jusqu’à ce qu’il ait un sursaut.
— Morte-couille… je suis tellement con… je viens pleurer dans tes bras sur mes parents qui se séparent, alors que les tiens ne sont plus là ! Pardon Liang ! Je me sens vraiment minable.
Les larmes se remettent à couler et mon cœur se serre.
— Hey… Ça n’a rien à voir.
Je le prends dans mes bras. Ses mains s’agrippent à mon pyjama. Il relève la tête et me fixe.
— Merci, je débarque comme ça en pleine nuit… et toi, tu me consoles.
— C’est normal. Et tu aurais fait pareil.
Il approuve d’un hochement de tête.
— Tu veux peut-être dormir… je vais te laisser tranquille…
— Tu peux passer la nuit ici si tu veux.
— Ici ? Dans ta chambre ? Je sais que tu n’aimes pas la proximité… je veux pas te déranger…
— C’est moi qui propose.
Je sors de mon placard un grand t-shirt propre et un caleçon, et je lui tends le tout.
— J’ai ma propre salle de bain, juste là, fais comme chez toi.
— Ah tu vois que je pue ! ricane-t-il.
— Arrête de discuter et va te laver !
Il affiche un large sourire et fait claquer un baiser sur ma joue.
— T’es un amour.
Pendant qu’Axel se douche, mon esprit s’emballe. Il va dormir ici, avec moi. Je suis pris d’un fou rire nerveux. Je passe mon temps à fuir le contact avec les gens et là je vais devoir me maitriser pour ne pas me coller à lui. Quelle ironie !
Lorsqu’il revient, il ne porte que le caleçon. C’est pas possible, il a dû rétrécir, il n’a jamais été moulant sur moi !
— Elle est géniale cette douche, elle est immense ! On doit pouvoir bien s’amuser dedans !
Je m’imagine agrippé à la rampe, Axel à genoux devant moi, l’eau et la mousse ruisselant sur nos corps.
Respire Liang, respire…
Il se précipite à mes côtés.
— Liang ? Ça va ? s’inquiète-t-il. Si tu as changé d’avis, je comprendrais… Mon père a raison, je ne suis qu’un sale gosse égoïste qui ne veut pas grandir.
— Non, je n’ai pas changé d’avis, tu restes ici avec moi.
Il vient me rejoindre sur le lit. Et pose sa tête sur mon torse, comme tout à l’heure. Je joue avec les mèches de ses cheveux, ses boucles s’enroulent parfaitement autour de mes doigts.
— Tu as le droit d’être triste. Ta peine est réelle et légitime. Et puis, on a encore le temps pour grandir, être adulte… C’est flippant.
— Enfin moi… parce que toi t’es déjà vieux ! vingt-et-un ans !
— Petit con.
Il éclate de rire.
— Tu vois, je suis un sale gosse.
— Trop… Le pire, c’est que j’aime bien ton côté Peter Pan.
— Normal, je suis super sexy avec des collants verts…
C’est à mon tour de m’esclaffer. Nos rires se mélangent.
— Je crois que je suis juste un garçon perdu, dit-il. Je sais même pas ce que je veux faire de ma vie.
— Fais-toi embaucher par ma grand-mère, pour jardiner.
— Tu sais, j’ai vraiment aimé ça, jardiner. C’était cool ! Enfin si on met de côté les regards menaçants. Je crois que ta grand-mère ne m’aime pas trop…
— Elle t’apprécie, crois-moi, sinon, elle ne t’aurait jamais laissé toucher à son potager et encore moins proposé de diner avec nous.
Mais qui peut résister au charme d’Axel ?
— Je sais pas… Je suis sûr qu’elle imagine que je te pervertis ! gémit-il.
Je me remets à rire.
— Tu crois que je t’ai attendu pour ça ? Que je suis un petit garçon tout sage ?
Il sourit malicieusement.
— Et avant que tu demandes, non, je ne te raconterai pas !
Il rit, puis nous restons un moment silencieux.
— T’es en train de penser à tous les trucs sexuels dont tu veux pas me parler ? me demande-t-il soudain.
— Non ! Je me demandais comment serait ta cabane.
— Ma cabane ? répète-t-il. Euh tu parles de votre remise magique au fond du jardin ?
— Non. En tant que Peter Pan, il te faut une cabane. Je verrais bien la tienne dans les arbres. Le seul problème c’est que je ne pourrais pas y grimper.
— Bien sûr que si ! Je te fabriquerai un ascenseur ! J’adorais avoir une cabane.
— On peut s’en faire une, là, maintenant… une cabane de lit !
— Une cabane de quoi ?
— Quand on était petits avec Mei, c’était notre passion de faire des cabanes dans les chambres.
— J’ai jamais fait ça ! s’exclame Axel. j’ai l’impression d’avoir raté mon enfance.
— On va rattraper ça. Tout de suite !
En voyant le sourire sur son visage, je me sens une énergie folle.
— Tu veux qu’on fasse une cabane ? demande-t-il. Ici ? En pleine nuit ?
— Oui ! C’est exactement ça.
Il me saute dans les bras et me couvre de petits bisous.
— Je t’adore ! me dit-il.
Je me sens tout chose. Je m’apprête à lui dire que moi aussi, lorsqu’il bondit hors du lit.
— Ok ! Je dois faire quoi ? Ta grand-mère a dit que j’étais un bon assistant… musclé !
— Euh. Attends, laisse-moi réfléchir. Je n’en ai jamais fait dans cette chambre-là.
J’étudie les lieux, il m’observe sagement.
— Je sais !
Je tire sur ma couette et la fais tomber entre mon lit et le mur.
— Dis-moi quoi faire ! insiste-t-il. Je veux participer !
— On va la plier et l’installer au sol.
— Ok chef !
Il s’exécute.
— Tu préfères que je t’appelle chef ou maitre ?
Je secoue la tête et fais mine de l’ignorer.
— Fallait pas dire que tu aimais les sales gosses ! ajoute-t-il.
Je lève les yeux au ciel de manière théâtrale tout en me retenant de rire. Puis je lui lance un coussin qu’il attrape parfaitement au vol.
— Faut les mettre tout autour.
— Pour faire un nid ? demande-t-il, amusé
— Oui, c’est l’idée.
Une fois tous les coussins au sol, il se jette dessus en riant.
— C’est trop cool ! Tu viens ?
— Attends, c’est loin d’être terminé, il nous faut un toit ! Ça va être le plus dur. Je compte sur tes muscles !
Il se remet sur pieds et gonfle ses biceps.
— À tes ordres, maitre !
Il fait trainer le dernier mot, me fixe et passe sa langue sur ses lèvres. Je dois faire appel à toute ma volonté pour ne pas lui sauter dessus.
— Liang ?
— Euh oui… ?
— Tu bugges comme Mei ! dit-il, hilare.
— Pardon… je réfléchissais…
…à toutes les manières de t’embrasser.
— Pour cette étape, je ne vais pas pouvoir beaucoup aider. Tu vas faire basculer le matelas pour que ça fasse le toit de la cabane. De ce côté-là, en appui sur le sommier et de l’autre sur le mur.
Je mime le mouvement avec mes mains.
— Bien compris chef !
Une fois le toit en place, on admire notre œuvre.
— Tu vois que tu pourrais être architecte, me dit-il. T’es un génie ! Je peux entrer ?
— Oui, je te rejoins.
Je récupère dans mon placard la veilleuse en forme de lapin que j’avais enfant. Je pose ma canne, me laisse glisser au sol, puis je rampe à l’intérieur. La petite lumière éclaire le visage tout souriant d’Axel
— C’est génial. Merci. Je me sens beaucoup mieux grâce à toi.
— Tant mieux, c’est le principal.
Quel idiot j’ai été de vouloir m’éloigner de lui.
— Mais y’a un souci… Maintenant, je vais vouloir vivre dans cette cabane et ne plus jamais en sortir.
— Je sais. C’est dur de sortir. Mais des fois ça vaut le coup, on fait de belles rencontres…
— Dans des toilettes ! complète-t-il.
— Oui, voilà et on a encore plein de choses à découvrir !
Il approuve d’un hochement de tête.
— Je t’ai pas encore montré tous mes coins préférés de la forêt !
Nous sommes déjà très proches, mais il s’avance encore vers moi, lentement.
— Est-ce que je peux… ? demande-t-il.
Je réponds immédiatement « oui » avant même de savoir de quoi il s’agit. Son corps se colle au mien. Ses lèvres effleurent mon cou, je frissonne des pieds à la tête. Je me mords la joue pour ne pas gémir.
Je suis brutalement rappelé à la réalité par des coups donnés à ma porte. Je laisse échapper un juron et plaque ma main sur la bouche d’Axel.
— Liang ? Je sais que tu ne dors pas… Je vois la lumière sous ta porte.
Je reconnais la voix de Mei. Elle essaye d’entrer, par chance j’ai verrouillé la porte. Je sens des chatouilles dans ma main et laisse échapper un petit cri. Axel me jette un regard malicieux. Cet idiot s’amuse à glisser sa langue entre mes doigt. Derrière la porte, Mei insiste.
— Liang !?
— Elle risque de réveiller tout le monde, pestè-je.
— Oui ? Attends… Faut que je t’ouvre…
J’ai du mal à sortir, Axel doit me tirer par les jambes. On étouffe un fou rire.
— Liang ? demande ma sœur derrière la porte. Ça va ?
— Oui, oui, j’arrive !
Axel ricane.
Mei est en pyjama et elle me fixe, sourcils froncés. Je dois avoir les cheveux en bataille et les joues rouges.
— Qu’est-ce que tu as ? demande-t-elle. T’es tout bizarre.
Je secoue la tête.
— Qu’est-ce que tu veux ?
— C’est Tristan. Il panique parce qu’Axel a disparu. Il m’a appelée et réveillée pour savoir si Alex était ici. Ses parents le cherchent, j’ai demandé pourquoi il serait là…
— Il est là.
— Hein ?
J’ouvre la porte en grand et la laisse entrer. Elle se précipite à l’intérieur.
— Tu as fait une cabane ?
Je la rejoins.
— Axel, tu peux sortir…
Il réapparait, pas plus vêtu que tout à l’heure. Mei cligne des yeux plusieurs fois. Je cherche comment je vais pouvoir expliquer ça.
— Tu vas bien ? lui demande-t-elle simplement.
— Euh oui, répond-il.
— Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais Tristan et tes parents te cherchent, ils sont inquiets.
— Bien fait pour eux ! Enfin, pour mes parents, pas pour Tristan, il n’y est pour rien…
— Bon, dit Mei. Je sais ce qu’on va faire. Je vais préparer du thé et toi, tu vas les appeler.
— J’ai pas pris mon téléphone, bougonne-t-il.
Mei s’apprête à rétorquer, lorsque je la coupe.
— Le thé était une super idée, je m’occupe de lui.
Elle acquiesce et repart.
— Elle a raison, appelle au moins Tristan pour le rassurer.
Je lui tends mon téléphone.
— Je te laisse le temps quelques minutes que tu puisses parler tranquillement, ok ?
Il approuve d’un hochement de tête.
Je rejoins Mei dans la cuisine
— Je suis pas sure de bien savoir ce qu’il faut faire. Est-ce qu’il faut sortir la crème glacée ?
— Non ça ira, merci beaucoup.
Elle met le thé dans la théière et y verse l’eau chaude.
— Je suis désolée, dit-elle.
— Pourquoi ?
— Pour la dernière fois ! Quand tu m’as posé la question sur Axel et Tristan. Je n’avais pas compris pour Axel et toi. Je me suis fait engueuler par Valentin ce jour-là. Il m’a dit que tu avais des sentiments pour Axel et que je t’avais fait du mal… je n’ai pas voulu le croire. Pourquoi tu m’as rien dit ?
Je secoue la tête.
— Axel et moi… On s’entend bien, mais on n’est pas ensemble.
Elle fronce les sourcils, tapote son doigt sur ses lèvres.
— Je comprends plus rien…
Moi même je serai incapable de définir notre relation, mais je m’en fous.
— C’est prêt, dit-elle.
Elle a préparé un plateau avec deux tasses et une théière. Je la serre brièvement contre moi.
— Merci, c’est super.
Lorsque je reviens dans la chambre, Axel a les yeux rouges. Nous buvons le thé en silence.
— Ça va ? lui demandè-je en reposant ma tasse.
— Oui, finalement j’ai appelé ma mère, on a un peu parlé.
Il laisse échapper un long soupir et attrape mon bras.
— On peut retourner dans la cabane ?
On s’y glisse de nouveau. Je l’entoure de mes bras et il se blottit contre moi.
— Tu sens bon… Tu crois qu’on peut dormir là ?
— Oui.
— Ça va aller pour ta jambe ? Ça ne risque pas de te faire mal ?
— Non, je suis bien. Faudra juste que tu m’aides à sortir.
— Nan, plus jamais, on reste là tous les deux !
Je ris doucement tout en caressant ses cheveux. Sa respiration se fait plus lente. Il ne tarde pas à s’endormir.
Quelle nuit étrange. Axel est bouleversé par la séparation de ses parents et moi, je ne peux pas m’empêcher de me réjouir qu’il soit là, dans mes bras. Il est venu toquer à ma fenêtre au beau milieu de la nuit. Je suis heureux qu’il me fasse autant confiance. Et surtout, j’espère avoir pu lui apporter un peu de réconfort.
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