28. Y’a de l’amour dans l’air - Liang
Don't ever say it's over if I'm breathin'
Racin' to the moonlight and I'm speedin'
I'm headed to the stars, ready to go far
I'm star walkin'
Ne dis jamais que c’est fini si je respire
La course au clair de lune et à toute vitesse
Je me dirige vers les étoiles, prêt à aller loin
Je marche sur les étoiles
Lil Nas X - STAR WALKIN’
Mardi 29 juin 2021
En sortant de la douche, je remarque quelque chose sur le miroir embué. Dans le coin à droite, un petit smiley est dessiné. Axel, forcément. Il sait me donner le sourire. J’effleure le miroir du bout des doigts et aussitôt, je ressens sa présence. Sa silhouette se dessine, torse nu, les cheveux trempés qui gouttent sur ses épaules. Il se mordille la lèvre et se déhanche lentement, sans musique. Il est tellement beau. La tête me tourne légèrement, je me retiens au lavabo, puis j’éclate de rire, seul dans ma salle de bain.
Axel me fait totalement perdre la tête et j’adore ça. Depuis samedi soir, je suis sur un petit nuage.
Liang : j’ai bien eu ton message ♥
Axel : lequel ?
Liang : ah parce qu’il y en a plusieurs ?
Axel : peut etre…
Liang : dans la salle de bain
Axel : :-p
Liang : merci
Axel : avec grand plaisir Lapinou
Axel : c’était pour pas que tu m’oublies
Liang : aucun risque
Liang : on se voit toujours ce soir ?
Axel : bien sur !
Comment est-ce que je pourrai l’oublier ? Je pense tout le temps à lui. Après m’être habillé, je m’installe à mon bureau, il est tout juste 10 h, les résultats doivent être en ligne. En me connectant au site de la fac, je sens la pression monter. J’essaye de me raisonner, c’est trop tard pour stresser, les jeux sont faits, mais mon cerveau ne veut rien entendre. Je me relève pour attraper le dernier T-shirt laissé par Axel. Je le serre contre moi et m’imprègne de son odeur, de son rire. Je n’ai qu’à fermer les yeux pour sentir sa chaleur. Je respire mieux grâce à lui. Je le garde avec moi et me décide à cliquer.
Je vérifie plusieurs fois. C’est bien mon nom ! Je suis admis ! Je laisse échapper un long soupir de soulagement et attrape mon téléphone.
— Lapinou ? Tout va bien ? me demande Axel.
On s’envoie des tonnes de messages, mais on ne s’appelle jamais, ce qui explique son étonnement.
— Oui, ça va ! le rassurè-je. J’ai eu mon année, j’avais envie de te le dire.
— Bravo ! C’est génial ! dit-il essoufflé.
— Je m’attendais pas à avoir d’aussi bonnes notes, j’ai tout eu.
— Normal, t’es le meilleur !
J’ai du mal à l’entendre, sa voix semble loin, c’est un peu frustrant.
— Désolé, je te dérange ? lui demandè-je.
— J’étais sorti courir, mais non, tu me déranges pas ! Jamais ! Liang, je suis content de t’entendre ! Et encore bravo ! Du coup, t’as plus qu’un an à faire à la fac.
— Oui, en théorie. Et l’avantage c’est qu’avec ce master en poche, je devrais facilement pouvoir trouver un poste de statisticien !
Il rit.
— T’es le seul mec que je connais qui fantasme sur les chiffres !
— Pourtant, c’est un trope classique sur les sites pornos.
— Quoi ? s’étrangle-t-il. T’es sérieux ?
— Non…
Il éclate de rire.
— Mais oui, j’aime les chiffres, ça m’apaise, expliquè-je.
— Hum, tu as dit la même chose de moi. Tu sais, je vais commencer à me poser des questions !
— J’ai des gouts étranges, c’est pas la première fois qu’on me le dit.
Nous rions en cœur. Un doux frisson me parcourt. Je me mordille la lèvre, troublé. On s’est vus hier, et pourtant, il me manque déjà. Ses bêtises, ses câlins et ses baisers.
— Je vais devoir te laisser…
— Je préfère quand tu me lèches, me coupe-t-il.
— Moi aussi, dis-je en riant. Mais me chauffe pas trop, je dois aller annoncer la bonne nouvelle à ma grand-mère et à ma sœur.
— Attends, ça veut dire que je suis le premier ?
— Oui.
— Rohhhhh, t’es trop mignon.
— J’ai hâte de te retrouver.
— Moi aussi.
Douze baisers et cinq minutes plus tard, on arrive à raccrocher. Je lâche son T-shirt, quitte mon lit et ma chambre.
Je n’ai pas loin à chercher, Nainai et Mei sont toutes les deux dans le salon. Ma sœur lit un manga, allongée sur le canapé. Elle répond à mon bonjour d’un signe de la main, sans lever la tête de son livre. Quant à ma grand-mère, elle est en train d’arranger sa collection d’animaux en verre.
— Tu en as un nouveau ? lui demandè-je.
— Oui, une pieuvre !
Elle me montre l’objet, mais sans me permettre d’y toucher. Je ne lui en veux pas, plus jeunes, nous en avons cassé un certain nombre Mei et moi. Xin a pris dignement notre suite.
— Elle est très mignonne !
Elle range le précieux animal dans sa vitrine dont elle prend soin de refermer la porte.
— Tout va bien ? me demande-t-elle.
— Oui, très bien ! J’ai eu mon année.
— Ton année ? répète ma grand-mère, circonspecte. Tu parles de la fac ? Tu as eu tes résultats ?
— Oui, à l’instant. J’ai obtenu tous les modules.
— Je suis très fière de toi mon grand, me dit-elle en me tapotant l’épaule. Mais tu sais, tu n’as pas besoin de te mettre tant de pression, je suis là encore pour quelques années pour veiller sur vous.
— Je sais Nainai, mais je pourrais aider.
— Bravo, s’exclame Mei qui nous a rejoints.
— Je vais préparer des jiaozi pour fêter ça ! propose Nainai.
— Pas ce soir, je vois Axel.
— Encore ? s’exclame ma sœur, mais t’es tout le temps avec lui !
— Ah, la jeunesse ! J’aimerais avoir votre fougue ! Propose-lui de venir, tranche ma grand-mère. Qu’on passe un petit moment en famille pour fêter tes résultats, et ensuite vous sortirez tous les deux.
Elles me fixent toutes les deux.
— D’accord, je vais lui proposer.
— Et bien entendu, Valentin est également le bienvenu, ajoute ma grand-mère. On fera du riz sauté !
***
En fin d’après-midi, en me connectant au chat de groupe de la fac, je suis content d’apprendre qu’Abinaya, Flavie et Marco ont également eu leur année. Les échanges de félicitations pleuvent. Cela me crée une légère euphorie. J’avais l’impression de bien vivre ma solitude, mais depuis que je suis retourné à la fac, je réalise le plaisir d’avoir des amis.
Abi m’envoie un message en privé.
Abi : hello, comment tu vas ?
Liang : bien ! je suis reposé et toi ?
Abi : pas reposée, mais bien aussi !
Abi : je t’embête pas longtemps
Abi : Le clan des cuillères se réunit la semaine prochaine, si ça te dit de venir
C’est une association pour les personnes porteuses de handicaps, dont elle fait partie. Elle m’en a parlé plusieurs fois, sans insister, mais j’ai bien senti qu’elle me tendait une perche.
Liang : c’est gentil de me proposer, ça consiste en quoi ?
Abi : une rencontre informelle pour qu’on discute des difficultés rencontrées cette année
Abi : je sais que ça peut paraitre con de faire ça quand l’année est terminée… mais ça sert aussi de groupe de parole
Liang : non, c’est pas con, ça peut servir à d’autres
Abi : exactement
Liang : je vais y réfléchir
Abi : pas d’obligation hein, je ne serai pas vexée, c’est seulement si tu en as envie
Liang : merci ♥
Liang : je te dis ça rapidement
Je n’ai pas le temps de réfléchir plus au sujet que j’entends toquer à ma porte, alors qu’elle est ouverte.
— Gege, je te dérange ? me demande Mei.
Je fais pivoter mon fauteuil vers elle.
— Non, entre.
Elle se dirige vers mon lit, observe je ne sais quoi sur le mur, puis fait quelques pas vers moi.
— Est-ce que je peux te parler d’un truc ?
— Bien sûr, toujours meimei.
Elle se balance d’un pied sur l’autre.
— Est-ce que Valentin va bien ? demandè-je doucement, inquiet de son comportement.
Elle sourit et acquiesce.
— Oui oui, je l’ai invité pour ce soir, il va venir.
— C’est chouette.
Elle approuve d’un nouveau hochement de tête.
— Demain soir, on fait un barbecue chez lui, tu veux venir ?
— Oui, avec plaisir !
Elle continue son petit numéro sans me dire ce qui la préoccupe, elle tourne en rond dans ma chambre. Je l’observe sans poser de questions, j’attends qu’elle soit prête à me parler.
— À propos d’Axel, commence-t-elle sans finir la phrase.
Ah c’était donc ça le sujet ! J’aurais dû m’en douter.
— Il adore le barbecue ! dis-je en me retenant de rire.
Je le revois encore chez Flavie, s’auto-proclamer roi de la saucisse.
— Euh… Oui, bien sûr, répond Mei, gênée, il peut venir.
Elle se laisse tomber sur mon lit avec un soupir qui en dit long.
— Est-ce que c’est sérieux entre vous ? lâche-t-elle enfin.
— Oui.
Elle se frotte le bout du nez en grimaçant.
— Tu sais, reprend-elle, Axel, il est très différent de toi.
— Je sais et c’est ça qui est beau. Je me ferai chier avec quelqu’un comme moi.
Elle hoche lentement la tête.
— Non, mais ce que je voulais dire c’est que… ben il change très souvent de copain…
— Je sais.
Elle écarquille les yeux.
— Et ça ne te dérange pas ? s’offusque-t-elle.
— Mei, c’est gentil de t’inquiéter pour moi, mais tout va bien. Il est plus romantique qu’il n’en a l’air. Et dans le cas où ça ne devrait pas durer, au moins, je vis ma vie comme je l’entends. Je passe de bons moments avec lui.
Elle ne conteste pas, mais continue de me regarder d’un air préoccupé.
— Le principe du yin et du yang, ajoutè-je. Regarde, Valentin et toi êtes aussi très différents.
— C’est vrai, approuve-t-elle.
— Et en plus, sa situation est compliquée. L’avenir est incertain et pourtant tu n’as pas renoncé.
— Bien sûr que non ! Je ne vais pas le laisser tomber !
En voyant mon air satisfait, elle hoche de nouveau la tête, pensive.
— Je crois que je comprends ce que tu veux dire.
Je souris plus largement. L’argument Valentin est infaillible.
— Tu sais, lui expliquè-je, ces questions, je me les suis posées, mais j’en ai marre de passer à côté de ma vie. Axel me fait rire, il me donne confiance en moi, ça me fait un bien fou. Si ça ne marche pas, bien entendu ça me rendra triste, mais je ne veux plus avoir de regrets.
Une petite lumière s’allume dans ses yeux, et avant même qu’elle ouvre la bouche, je sais déjà ce qu’elle va dire.
— S’il te fait du mal, je lui ferai regretter, crois-moi.
Je ne peux pas m’empêcher de rire.
— Je sais que ça part d’une bonne intention, mais non. Je ne veux pas que tu t’en mêles.
— Mais… même si…
— En aucun cas, tranchè-je. Si j’ai besoin d’aide, je sais que je peux compter sur toi, et dans ce cas là, je viendrais te chercher. Mais sinon, je ne veux pas que tu interfères entre Axel et moi. Ok ?
— Bien compris.
Je me lève pour la rejoindre et lui faire un câlin.
— Je suis touché que tu t’inquiètes pour moi, mais tout va bien.
— Je sais qu’Axel n’est pas méchant, bougonne-t-elle, mais parfois il ne réfléchit vraiment pas assez.
J’éclate de rire.
— Moi je réfléchis trop, alors c’est un bon équilibre.
Alors que nous sommes dans les bras l’un de l’autre, une petite tornade débarque.
— Hey, je suis rentrée, annonce une petite voix. Qu’est-ce que vous faitez ici ? Pourquoi je suis la seule qu’a encore l’école ? C’est trop nul !
Xin marque une pause, elle nous fixe, puis elle prend son élan et nous fonce dessus.
— Fusion ! hurle-t-elle.
Nous basculons tous les trois sur le lit, Mei râle un peu pour la forme, puis se joint à nos rires.
***
Mercredi 30 juin 2021
En fin d’après-midi, Mei et moi arrivons chez Valentin, les bras chargés de nourriture. On a eu beau dire à notre grand-mère que c’était un barbecue, elle n’a rien voulu entendre.
» Quand on est invités, on n’arrive pas les mains vides ! » nous a-t-elle répété.
Le jardin a changé d’aspect depuis la dernière fois, il a gardé son aspect champêtre, mais on peut avancer dans l’herbe sans trébucher sur des branches. Axel est déjà là, il est perché sur un escabeau et attache une plante grimpante à la tonnelle. Tristan est à ses côtés, en me voyant, il me fait un grand sourire et un signe de la main. J’avais une petite appréhension à l’idée de revoir Tristan. Je suis soulagé de constater que l’animosité que j'éprouvais envers lui, s’est envolée. Je ne ressens plus qu’une légère honte d’avoir été jaloux.
Axel est en bermuda, torse nu, mon regard glisse sur son dos, ses taches de rousseur. En me voyant, il descend de son perchoir. Il me serre brièvement dans ses bras et embrasse mon cou. Sa peau et ses lèvres sont chaudes.
— Désolé, à chaque fois, je suis en sueur…
— Cette fois, j’y suis pour rien, le taquinè-je.
— Si… j’ai encore plus chaud depuis que tu es là.
Nous échangeons un petit regard complice.
— Si vous voulez demain, on peut aller au Virtuel Center, propose Tristan, pour essayer de voir Vic.
J’adresse un regard interrogateur à Axel.
— C’est la fille aux cheveux verts, tu l’as oubliée ? me demande-t-il surpris.
— Non, du tout, mais je croyais que tu ne voulais plus entendre parler de cette histoire.
Axel hausse les épaules. Tristan nous regarde l’un et l’autre, un peu gêné.
— Je vous laisse en discuter, dit-il avant de s’éloigner.
— J’ai dit ça parce que j’étais contrarié et jaloux de l’autre naze, explique Axel. Mais je trouve que c’est une bonne idée. Je suis inquiet pour Damasio, on ne sait pas ce qu’il leur fait, et on ne sait pas si cette fille va bien.
— Oui, j’aimerais bien la rencontrer.
— Voilà, je savais bien que tu ne lâcherais pas l’affaire, me taquine-t-il, donc je viens avec toi.
— Ça marche, dis-je en lui caressant le bras.
Je n’ai pas le temps de profiter de lui que Mei revient me chercher accompagnée de Valentin.
— Je suis content que tu sois venu, me dit-il.
— Merci pour l’invitation !
— Viens voir l’intérieur, y’a eu du changement ! annonce-t-il fièrement.
Je le suis pour la visite et effectivement la maison a bien changé. J’avais le souvenir de pièces sombres, encombrées et poussiéreuses. Aujourd’hui, c’est lumineux et surtout ça respire la joie de vivre.
Dans le salon, une vieille chaine Hifi attire mon attention. J’effleure les boutons du bout des doigts et la musique se met en route. Derrière moi, j’entends des rires, et découvre un Valentin bien plus jeune qui danse avec une femme blonde. Je l’ai déjà vue ici, c’est sa mère. Ils sont beaux et heureux.
— Liang ! crie ma sœur en me retenant. Ça va ?
— Oui, dis-je en revenant à la réalité. J’ai juste eu une vision.
— Qu’est-ce que tu as vu ? demande Valentin, soucieux.
— Ta mère et toi, vous dansiez…
Sous l’émotion, j’ai du mal à parler, mais je n’ai pas besoin d’en dire plus. Valentin comprend ce dont je parle. Ses yeux brillent, il essuie une larme qui perle au coin de son œil.
— Je suis désolé, dis-je.
— Non, c’est un bon souvenir. C’est juste que…
— Je comprends.
Je connais la douleur de perdre un parent. Valentin et moi nous étreignons brièvement sous le regard intrigué de ma sœur.
— Je n’ai pas eu la chance de connaitre ta maman, lui dis-je. Mais je suis persuadé qu’elle serait fière de voir la maison reprendre vie.
— Merci, souffle-t-il. Elle aimait beaucoup cette maison.
— On s’y sent bien.
Tout le monde se retrouve dans le jardin. Plusieurs tables ont été mises les unes à la file des autres. La journée a été chaude et il fait encore bon. Comme je m’y attendais, Axel prend son rôle très au sérieux. Armé d’une longue fourchette et d’un horrible tablier à carreaux, il s’affaire au barbecue. Personne ne lui volera le titre de roi de la saucisse. Je l’observe de loin. Nos regards se croisent, il me fait un clin d’œil et un léger signe de tête vers la maison. Il pose les armes, puis se dirige vers le bâtiment. Juste avant d’entrer, il me jette un nouveau regard. Je ne suis pas bien sûr de comprendre ce qu’il attend de moi, mais le suis malgré tout, curieux et amusé. Je traverse la cuisine, puis le salon. Personne. Je regarde l’escalier bien raide en espérant qu’il n’est pas à l’étage.
— Axel ? appelè-je.
Aucune réponse. Ce n’est que lorsque je m’apprête à ressortir qu’une main attrape la mienne. Caché dans l’ombre, il m’attire à lui. Nos lèvres se retrouvent, puis nos langues s’entremêlent. Je lâche ma canne, afin d’avoir mes deux mains libres pour le serrer contre moi. Elles descendent sur ses fesses. Il ricane en caressant ma joue.
— C’est fou comme t’es sexy, me dit-il.
J’attrape son doigt pour l’embrasser.
— Au fait, pourquoi est ce qu’on se cache ?
— À cause de ta sœur ?
Sa réponse ressemble plus à une question qu’à une affirmation.
— Mei t’a fait une remarque ? lui demandè-je.
— Non, rien ! Et c’est bien ça qui m’inquiète. Aucune réflexion hier ni aujourd’hui ! C’est super louche ! Je suis sûr qu’elle mijote quelque chose et qu’elle a un plan me concernant !
Je secoue la tête en riant.
— Non, t’inquiète pas. C’est juste qu’on a pris le temps de discuter.
— Tu lui as parlé de moi ? Tu lui as dit quoi ?
Sa voix monte légèrement dans les aigus, trahissant son émotion.
— Juste qu’elle n’avait pas à s’inquiéter. Donc pas besoin de se cacher.
Il se presse de nouveau contre moi, puis se précipite sur ma bouche et m’embrasse avec fougue.
— … enfin ça dépend, dis-je entre deux gémissements. Tu comptes vraiment me chauffer ?
— J’ai rien fait et t’es déjà chaud Lapinou !
Sa cuisse se frotte contre mon sexe et c’est à mon tour de laisser échapper un râle de plaisir.
— Ok, j’avoue, dis-je en embrassant son cou.
— Voilà pourquoi on se cache, on peut pas faire ça devant eux ! On provoquerait une émeute. Ensemble, on est bien trop bandants.
Collé à lui, je mordille sa peau, et m’enivre de son odeur, mais quelque chose a changé. Je m’écarte légèrement de lui, troublé.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Tu sens bizarre…
— Le sexe ?
— Non… plutôt la saucisse !
— Merde ! Le barbecue ! Liang, tu sais que je t’aime, mais j’ai une mission à accomplir !
Il m’embrasse plus maladroitement.
— Je suis désolé bébé, faut que je file, sinon ça va cramer.
Un nouveau baiser et il m’abandonne. Je reste un instant sans bouger, le sourire aux lèvres et le sexe toujours gonflé.
Il m’aime, bon ok pas autant que le barbecue, mais il m’aime.
J’ai envie de lui hurler que moi aussi.
Une fois calmé, je ressors de la maison pour regagner ma place aux côtés d’Ambre et Hicham. Tous deux me fixent. Je comprends que je dois avoir les joues rouges et le sourire le plus niais du monde. Ambre approche sa chaise de la mienne.
— Je rêve où il se passe un truc entre Axel et toi ?
Je me mordille la lèvre inférieure.
— Peut-être, dis-je en prenant un air mystérieux.
— Sans déconner !
— Je te l’avais dit, ricane Hicham.
Les yeux d’Ambre font plusieurs allers-retours entre Axel et moi.
— Vous êtes ensemble ? Je veux tout savoir !
— Mais quelle fouineuse, s’amuse Hicham. J’y crois pas comme t’es curieuse !
Il se marre alors qu’Ambre me jette un petit regard en coin.
— Pardon, me dit-elle. C’est vrai, ça me regarde absolument pas.
— C’est tout récent, lachè-je, ça ne fait que quatre jours.
— Je te l’avais dit, répète Hicham. Tu me dois un kebab.
Ambre fait la moue. J’essaye de comprendre.
— Vous avez parié sur Axel et moi ? demandè-je.
— Yes et j’ai encore gagné ! s’exclame Hicham. Normal, je suis le dieu de l’amour !
— Et Modeste est ton deuxième prénom, ironise Ambre.
Il lui envoie un baiser, mais elle l’ignore et s’adresse à moi.
— C’est inattendu, mais c’est super ! Je suis super contente pour vous deux. Vous êtes deux mecs géniaux.
— Merci, dis-je.
Je suis touché par ses mots, tout comme ma sœur, elle n’est pas du genre à faire dans la flatterie.
— Comment tu as su ? demandè-je à Hicham.
— J’ai du flair, répond-il en se touchant le bout du nez. J’avais déjà eu un doute y’a quelques mois. Samedi dernier, à la marche des fiertés, Axel a parlé de toi plusieurs fois. Et ça m’a confirmé qu’il y avait un truc.
— C’est arrivé après, dans la soirée.
— Ouais, mais clairement, y’avait déjà de l’amour dans l’air !
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