30. Celui qui aime être au-dessus - Liang
J’ai des cicatrices plein la peau et quelques-unes dans mes souvenirs
Y a des rescapés partout, je suis qu’un exemple, ça va sans dire
Ça doit se sentir, faut pas se mentir, la vie c’est aussi la guérison
Grand Corps Malade - Mental
Jeudi 1er juillet 2021
J’ai réussi à lui dire, et ce avec une étonnante assurance.
Les secondes me paraissent une éternité avant qu’il me réponde.
— Moi aussi ! Moi aussi, je t’aime !
Allongé sur lui, peau contre peau, je n’ai pas assez de deux mains et d’une bouche pour le savourer. Axel me tient par les hanches et accompagne les lents mouvements de mon bassin. Nos sexes gonflés se frottent délicieusement l’un contre l’autre. Je glisse mes genoux de chaque côté de ses jambes, puis me redresse pour le contempler. Son sourire espiègle, son torse musclé et ses mains tendues vers moi, je suis totalement sous le charme. Je me penche sur lui, pour l’embrasser, mais là, je chavire.
— Merde ! pestè-je.
Je tombe sur Axel qui m’accueille dans ses bras en riant. Mais en voyant mon visage, il s’arrête.
— Tu t’es fait mal ? me demande-t-il.
— Non, juste mon égo qui en a pris un coup.
— Désolé mon lit est tout petit.
— C’est pas le lit le problème ! ralè-je.
Je m’allonge sur le côté, contre lui. L’euphorie du moment retombe d’un coup, emportant une bonne partie de ma confiance en moi .Je me sentais pourtant si bien.
— Tu voulais te mettre comment ? Je vais t’aider.
— Non, ça sert à rien ! m’ennervè-je. C’est ma jambe ! Laisse tomber.
— Ok…
Il se tourne vers moi et m’entoure de ses bras. Il me câline tendrement. Il est adorable et moi je l’envoie balader, je ne suis qu’un idiot. Une boule se forme sans ma gorge.
— Pardon, dis-je tout bas, c’est pas contre toi. C’est ma jambe, elle m’emmerde !
— Liang, c’est pas grave…
Si…
Je me sens minable et me cache dans ses bras. Ses doigts effleurent ma nuque, il embrasse mon crâne.
— Lapinou, je suis là.
Blotti contre lui, je ferme les yeux et m’enivre de l’odeur de sa peau.
— Tu sens bon.
— T’as vraiment des drôles de gouts, mais ça m’arrange ! Tu veux essayer de m’expliquer le problème ?
Je laisse échapper un gros soupir de frustration en relevant la tête.
— Je me suis un peu trop emballé. Et comme un con, j’ai oublié cette maudite jambe.
— J’adore quand tu t’emballes ! Et aussi quand tu te déballes.
Il arrive à m’arracher un sourire
— Et puis, le con du couple, c’est moi ! Alors merci de ne pas me piquer mon rôle ! Tiens-toi à celui de l’intello.
Il me tire la langue, je lui donne un petit coup de coude.
— J’ai tout gâché, lachè-je. Je bande même plus.
— Hum, je peux facilement arranger ça !
Il se passe la langue sur les lèvres d’un air gourmand. Nos bouches se rejoignent pour un long baiser et je me retrouve de nouveau allongé sur lui.
— T’aimes bien être au-dessus en fait ! dit-il amusé.
— C’est juste que comme ça, je peux t’embrasser et te caresser partout !
— Et aussi avoir le contrôle ?
— Non ! me défendè-je.
— Attends, je m’en plains pas !
Est-ce que je cherche à avoir le contrôle ?
Si c’est le cas, je ne m’en suis pas rendu compte. Je n’ai pas eu beaucoup de partenaires, j’étais jeune et ils étaient tous plus expérimentés que moi. J’ai toujours laissé l’autre mener la danse. Avec Axel c’est différent.
— C’est juste qu’avec toi, je me sens à ma place, expliquè-je. En confiance pour essayer des choses.
Il me sourit tout fier.
— Tout ce que tu veux ! Je suis ton cobaye sexuel volontaire !
Tout étrange que soit la proposition, clairement, elle m’émoustille.
— Si tu veux tout savoir, je voulais te chevaucher, mais avec ma jambe c’est impossible
— Tu es sûr ? Tu veux qu’on essaye ?
— Non, ça va être gênant, et je serais encore plus frustré.
Je déteste ces moments où tout me ramène à mon corps dysfonctionnel. Le sien est si parfait.
Il frotte le bout de son nez contre ma joue pour me sortir de mes pensées.
— Tu sais, celui qui est au-dessus n’est pas forcément celui qui contrôle.
Je lève les yeux au ciel, mais je ne peux pas m’empêcher de sourire.
— Mais je m’en fiche d’avoir le contrôle.
— Tu me veux plus tout entier ? me taquine-t-il.
— Si.
— J’ai une proposition à te faire…
Il marque une petite pause et me fixe. Je hoche la tête, très attentif.
— … C’est moi qui vais me mettre à califourchon sur toi, mais tu gardes les commandes.
Il me prend dans ses bras, me soulève légèrement pour me mettre sur le dos, puis s’installe sur moi comme j’ai tenté de le faire quelques minutes plus tôt.
J’apprécie tous les efforts qu’il fait pour moi, mais intérieurement je rumine encore ma chute. Et j’ai peur de ne pas réussir à retrouver cette belle légèreté. Je me sentais bien jusqu’à ce que ma jambe me rappelle à l’ordre. J’aimerais juste qu’elle me foute la paix quelques heures.
— C’est confortable pour toi ? me demande-t-il.
— Oui.
Mes jambes sont coincées sous lui, mais mes mains sont libres. Il se tient droit et se dandine légèrement.
— Que veux-tu que je fasse ? me demande-t-il. Je suis à tes ordres…
— Pour combien de temps ? Fais attention à ce que tu dis.
— J’assume, me provoque-t-il. On a tout l’après-midi pour nous.
Il met ses mains dans le dos, prenant un air innocent, mais avec son sexe fièrement dressé, c’est peu crédible.
— Embrasse-moi, soufflè-je.
Nos bouches se percutent. Je plonge ma langue entre ses lèvres comme si ma vie en dépendait. J’ai besoin de lui pour reprendre mon souffle. Mes mains courent sur son dos musclé jusqu’à ses fesses qu’il bouge sensuellement.
Quand il se relève, il jette un petit coup d’œil ravi à mon sexe. Je suis étonné de le voir de nouveau en érection.
— T’as vu, il est reparti tout seul, sans les mains ! fanfaronne-t-il.
— Tu es très doué, dis-je en le dévorant des yeux.
— Merci ! Et toi, tu dois me montrer le stokholm ?
J’explose de rire.
— Le scrotum ! Nan, mais là, c’est pas possible ! Tu le fais exprès ?
Son petit sourire m’indique que c’est effectivement le cas.
— C’était pour te faire voyager ! explique-t-il. Bon tu veux toucher ou pas ?
— Oui !
Il avance vers moi, dressé sur ses genoux. Je glisse ma main sous ses bourses pour les caresser.
— C’est réellement très doux !
— Comme des pétales de rose, dit-on en cœur.
J’approche mon autre main de son magnifique sexe. J’effleure son gland de mon pouce. Son sourire et son regard amoureux me font totalement fondre.
— Donc si j’ai bien compris, tu vas rester comme ça sans bouger ?
— Oui ! Sauf si tu me le demandes. Tu peux faire ce que tu veux de moi !
Je le prends en main. Il fait tout son possible pour rester stoïque, mais après quelques aller-retour, il se met à gémir, ce qui m’excite encore plus.
— C’est pas possible que t’aies jamais touché de pénis avant !
— T’es au courant que je suis également équipé ? dis-je en ricanant.
— Je m’en suis rendu compte oui, et même s’il n’a pas de nom, je l’aime beaucoup !
— Il n’a pas de nom, mais il te réclame !
— Enfin ! s’exclame-t-il.
Nous nous caressons mutuellement. Puis, il vient frotter mon sexe contre le sien.
— Ça aussi c’est très doux, dis-je.
— Oui…
Nos mains se rejoignent pour entourer nos deux verges et les masturber ensemble.
Une vague de plaisir intense envahit mon corps. Je suis le premier à jouir dans nos mains. J’ai un petit moment de gêne qui s’envole lorsque je vois le sourire ravi d’Axel.
— Ça glisse encore mieux comme ça.
Je le regarde se caresser, fasciné. Mon esprit vrille et je viens de nouveau, avec lui, dans un cri de plaisir.
Une fois calmé, il se met à rire.
— Il s’est passé quoi là ? me demande-t-il.
Je me sens flotter.
— J’ai senti ton plaisir en plus du mien, murmurè-je, essoufflé.
— Oh trop cool !
On se serre l’un contre l’autre, fort. Lorsque mon cœur ralentit enfin, je crois que je somnole un peu. Je suis allongé sur le côté, Axel est derrière moi, en cuillère, sa tête proche de mon oreille.
— Qu’est-ce que tu fais ? lui demandè-je.
— Je regarde ton oreille.
— Qu’est-ce qu’elle a ?
— Rien ! Je l’observe. Elle est jolie, c’est bien fait, avec ces plis et ces creux.
Il passe son petit doigt le long des courbes ce qui me donne plein de frissons
— Arrête tu me chatouilles ! dis-je en me débattant.
On rit, on chahute et je lui grimpe dessus.
— Et non, j’ai pas d’oreilles de lapin, si c’est ce que tu cherches à vérifier.
— Et la queue ? demande-t-il. Faut que je vérifie !
Il pose sa tête sur mon ventre et embrasse ma peau.
— Axel… Je suis tout sale, dis-je un peu gêné.
— Tu sens bon le sexe ! ricane-t-il. On va à la douche ?
Il se lève plein d’entrain, ramasse nos vêtements éparpillés sur le sol. J’en profite pour admirer son corps, en particulier ses fesses bien rondes.
— Ma douche est pas aussi grande que la tienne, mais… Oh merde !
Je me redresse dans le lit.
— Un problème ?
— La douche… je suis désolé, j’y avais pas pensé, mais ça va être galère. C’est pas une vraie douche. On prend la douche dans la baignoire, y’a juste un rideau. Et y a pas de barre ni rien pour se tenir.
Il a l’air totalement dépité.
— Je suis désolé, répète-t-il. J’y avais pas pensé.
Je me lève pour le rejoindre et l’entoure de mes bras.
— Axel, je me doute que ta douche est pas équipée pour moi. T’y es pour rien. Je comprends. On va trouver une solution, tu me montres ?
Il serre en retour, puis me prend par la main pour me conduire dans la salle de bain. Le bord de la baignoire est effectivement trop haut pour que je puisse y entrer seul. Et il n’y a aucun endroit où me tenir.
— Si tu me soulèves pour y entrer, proposè-je, et que tu restes avec moi, ça devrait aller !
— Avec plaisir !
Il affiche un large sourire. Je réalise que par le passé, Axel a plusieurs fois proposé de me porter, j’ai toujours refusé. Aujourd’hui, c’est moi qui lui demande et sans m’en sentir gêné.
Après un petit moment d’adaptation, c’est finalement agréable. J’arrive à m’assoir au bout de la baignoire, sur un renfoncement. J’ai les mains libres et je suis à la bonne hauteur pour lui savonner les fesses.
— Tu te souviens d’Abinaya ? lui demandè-je.
— Oui oui, très bien.
— Elle fait partie d’une association d’étudiants porteurs de handicap et elle m’a invité à une réunion la semaine prochaine.
— C’est cool !
— Je sais pas. Ça me fait me poser pas mal de questions.
— Par rapport au handicap ?
— Oui, déjà, mais aussi sur moi. Je râle souvent que les choses ne sont pas adaptées, mais je ne fais rien. Je me sens lâche.
— Déjà tu as le droit de râler et la société devrait être capable de prendre en compte tout le monde, sans que chacun ait à se battre pour ses droits. Et non, ce n’est pas lâche, c’est important de penser à soi avant tout.
Je hoche la tête, pensif.
— C’est vrai.
Il m’aide à me lever, et me savonne délicatement, alors que je m’accroche à lui.
— Mais cette réunion tu as envie d’y aller ? me relance-t-il.
— Une partie de moi a envie, je crois, mais ça me fait peur.
— Qu’est-ce qui te fait peur ?
— Je ne veux pas être réduit à mon handicap. Il prend déjà beaucoup de place dans ma vie.
— Mais tu dois faire avec, ajoute-t-il.
— Exactement !
— Et cette réunion, t’es obligé de prendre la parole ? Ou tu peux juste observer ?
— Bonne question, je vais lui demander !
— Merci, dis-je en l’embrassant.
J’ai l’impression d’y voir un peu plus clair. Je ne suis pas sûr de vouloir m’engager, mais je suis curieux de rencontrer d’autres personnes qui vivent la même chose que moi.
— Dis, qu’est ce qui t’a poussé à t’engager à Arc-en-ciel.
Il toussote de manière forcée.
— Je me considère pas du tout comme engagé, je suis juste un touriste. En plus, à la base, je me suis inscrit là-bas pour draguer…
J’écarquille les yeux.
— …Oui, c’est l’occasion de rencontrer d’autres mecs gays. J’aime pas les applis de rencontres…. ok, c’est une excuse de merde.
— La marche des fiertés, tu y es allé aussi pour draguer ?
Il marque un petit temps de réflexion.
— Non, c’est vrai, j’y suis allé pour moi et pour être avec les autres, mais principalement pour moi. D’ailleurs, je dois t'avouer un autre truc, depuis quelque temps, je ne drague plus du tout.
Il me lance un petit regard en coin, absolument charmant.
— Comment ça se fait ? demandè-je, le coeur battant.
— Y’a un mec qui m’obsède tellement que je ne pense plus qu’à lui !
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